Dans le monde du jeu vidéo, William J. Blazkowicz est une légende. Ces 25 dernières années, le héros d’un des premiers FPS de l’histoire éradique des nazis par palette entière sans se poser de questions. Une légende qui avec le temps, et les nombreux FPS sortis depuis, s’est étiolée. Heureusement pour nous, en 2014, MachineGames s’est attelé à la lourde tâche de reconstruire le mythe autour du brave Blazkowicz.
Comme nous apprenait The New Order, plus question de lutter contre les nazis pour tenter de gagner la guerre, elle est perdue depuis longtemps. Il faut désormais combattre pour mettre fin à la tyrannie qui s’est abattue sur le monde. Après avoir rejoint la résistance, bousillé du nazi sur le Vieux continent et mis fin aux sombres desseins du général Strasse, il est temps pour B.J. de porter le combat sur un autre terrain, celui de l’Oncle Sam.
De Inglorious Basterds à Iron Sky
Wolfenstein 2 démarre immédiatement après la fin du premier épisode. William J. Blazkowicz (que l’on appellera désormais B.J. ou Blazko) est un homme brisé. Son combat contre Deathshead lui a laissé de profondes blessures et il sent venir sa fin. Bref, il n’est pas au meilleur de sa forme. Un homme brisé qu’on vous dit. Attendez, on vous a dit qu’il était mal en point ? Non ? Si vous n’arrivez pas à vous souvenir que B.J. est un homme brisé, pas d’inquiétudes, il se fera une joie de vous le répéter, toutes les trois répliques durant une bonne partie du jeu.
Cette diminution physique se ressent sur le gameplay. Ainsi, on parcourt le premier niveau en chaise roulante, notre barre de vie est réduite pendant la première moitié du jeu, contrairement à notre barre d’armure qui elle est doublée. En jouant à Wolfenstein II, vous allez vite vous rendre compte que la narration a une place importante, au point que le gameplay est souvent à son service.
Car MachineGames prend le contre-courant de ce qui se fait en matière de FPS aujourd’hui et persiste à proposer un jeu de tir à la première personne solo et narratif. Vous pensiez avoir affaire à un FPS bas du front ? Détrompez-vous, vous êtes en face d’un FPS bas du front avec un scénario. Et globalement bien écrit qui plus est. En plus d’intégrer quelques surprises et bonnes idées narratives, que l’on se gardera de vous divulguer, le titre alterne entre humour noir, dans des moments dignes d’un film de Tarantino, et phases plus sombres.
Une fois encore, le studio suédois a mis l’accent sur ses personnages. On découvre ainsi que Blazko n’est pas qu’une simple machine à tuer du nazi, mais qu’il possède un petit coeur qui bat (plus pour longtemps si on l’écoute) et surtout, des sentiments. On en apprend plus sur son enfance difficile, ainsi que sa relation avec Anya, infirmière polonaise rencontrée dans The New Order.
Mais c’est surtout à travers ses relations avec les personnages secondaires que B.J. se dévoile. MachineGames déploie une nouvelle fois une palette de PNJ haut en couleurs. On retrouve des têtes connues telles que Max Hass, Carolin, Bombate. On s’attache aux nouveaux venus, à l’instar de Grace, leader de la résistance afro-américaine ou Super Spech, avocat complotiste persuadé de l’existence des aliens. On rigole avec eux, on est attristé quand certains disparaissent. Bref on prend plaisir à dialoguer avec cette bande de résistants.
Cependant, la narration est loin d’être parfaite et flirte parfois avec les pires séries Z, que ce soit avec des répliques ultra-convenues ou des séquences entières. Le véritable problème survient finalement sur la construction narrative qui est trop proche de celle du précédent opus. Les rebondissements surviennent parfois au même moment dans l’histoire, sans parler du final qui partage trop de similitudes avec celui de The New Order.
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Bienvenue aux États-Nazis d’Amérique
On vous le disait, l’accent mis sur la narration par MachineGames se ressent sur le gameplay. Vous êtes diminué suite aux événements de The New Order ? Hop, voilà un niveau en chaise roulante. New York n’est plus qu’un cratère fumant après avoir été dévasté par l’arme nucléaire ? Pensez à récupérer régulièrement de la vie si vous ne voulez pas succomber aux radiations.
Wolfenstein II nous emmène ainsi dans un road-trip meurtrier à travers les États-Unis, des ruines fumantes de New York au soleil du Nouveau-Mexique en passant par le ghetto qu’est devenue La Nouvelle-Orléans.
Les niveaux, dans leur grande majorité, alternent entre couloirs et zones plus larges. Néanmoins, ils sont plus ouverts que dans le précédent volet et offrent plusieurs chemins pour progresser. Les environnements pêchent cependant d’un point de vue technique. Sur PS4, la qualité des textures est honnête, sans être incroyable. Le souci se situe surtout au niveau de la gestion de la luminosité. Le contraste entre les sources de lumières et les zones d’ombres est mal équilibré. On est rapidement aveuglé par une lampe posée sur une commode, tout en ayant du mal à discerner des ennemis lointain pour peu qu’ils soient dans un environnement peu éclairé.
Pour donner du rythme au jeu, et éviter que l’enchaînement de niveaux où l’on doit juste tuer du nazi devienne trop lassant, Wolfenstein II vous propose de déambuler tous les 2-3 niveaux dans les couloirs du Marteau d’Eva, un sous-marin nazi volé qui sert de base mobile à la résistance. Vous pourrez y accomplir des objectifs secondaires, comme rendre service aux membres de l’équipage pour débloquer des lignes de dialogues supplémentaires ou du matériel (on y reviendra), ou tenter de battre les records du stand de tir.
MachineGames a également fait un effort au niveau de la rejouabilité. La double timeline, en fonction d’un choix à faire au début, fait son grand retour. Tout comme les (très très) nombreux collectibles à dénicher dans les différents niveaux. Ces derniers permettent de débloquer artworks et autres morceaux de musique inédits. Un véritable paradis pour tous les collectionneurs acharnés.
Les contrats d’assassinats font aussi leur apparition. Tout au long de votre aventure, qui dure une douzaine d’heures en difficulté normale, vous serez amené à récupérer des codes secrets sur les corps encore chauds des officiers nazis. Dans la deuxième partie du titre, vous aurez la possibilité, à travers un mini-jeu, de décoder ces codes pour débloquer des missions spéciales. Vous serez alors renvoyé dans des zones déjà visitées pour traquer et tuer des hauts officiers nazis. Des changements bienvenus, mais qui semblent n’avoir été ajoutés que pour allonger la durée de vie.
Adolf il perd (rien pour attendre)
Bien que MachineGames mise principalement sur une trame narrative soignée pour un FPS, le studio n’oublie pas l’essence même de Wolfenstein, à savoir massacrer du nazi jusqu’à plus soif, et de la manière la plus violente qui soit. Et autant dire que là, on est en terrain connu. La formule de The New Order est ici appliquée à la lettre, avec quelques changements mineurs. Les fusillades sont toujours nerveuses, brutales et rapides. Les armes ont un bon ressenti, et on prend toujours plaisir à éclater des SS par grappes de douze au double fusil à pompe.
Une fois encore, le joueur peut choisir de s’infiltrer pour tuer discrètement les soldats du Reich à la hachette ou au pistolet silencieux, ou de débarquer toute pétoire dehors et de mitrailler tout et n’importe quoi. On ne saurait vous conseiller une approche vis-à-vis d’une autre tant l’intelligence artificielle peut s’avérer bête à manger du foin, même si l’option brutale s’avère plus jouissive. En infiltration, les ennemis sont souvent aveugles et du mal à vous repérer. Lorsque l’alarme est donnée, les soldats viendront se suicider sur vos balles sans réellement chercher à se mettre à couvert.
Au rayon des nouveautés, la possibilité d’utiliser deux armes différentes en même temps, et non plus la même arme en double. Ce qui peut donner des combos intéressants, comme avoir un fusil à pompe dans la main gauche et un pistolet lance-grenade dans la main droite. De même, au milieu de l’histoire, le joueur devra choisir une amélioration parmi trois, allant du plastron qui permet de défoncer certains murs, à l’armure qui permet de comprimer son corps et passer dans des endroits exigus, en passant par le méchapode, une paire de prothèse jambière qui permet d’atteindre des plateformes surélevées. Trois capacités spéciales qui sont autant de manières supplémentaires d’aborder un niveau. Si vous avez horreur des choix, sachez qu’il est possible de récupérer les trois améliorations en complétant certains objectifs secondaires. La personnalisation d’armes est également de la partie avec la différence qu’il est désormais possible de les activer et désactiver à n’importe quel moment du jeu. Parfait pour s’adapter plus facilement au type d’ennemi à affronter.
Car en plus du bidasse de base de l’armée nazie, vous aurez à combattre des chiens (classiques), des androïdes (de véritables purges), des robots géants et des membres du Ku Klux Klan (bien que ces derniers soient malheureusement plutôt rares).
Vous l’aurez compris, les vétérans ne seront pas dépaysés et les néophytes ne devraient pas rencontrer trop de difficultés. Mais la formule de The New Order était loin d’être parfaite. On retrouve donc un gros défaut dans The New Colossus, déjà énervant dans l’épisode précédent : la gestion des items. Les niveaux sont remplis raz-la-gueule de trousses de soins, boîtes de munitions et pièces d’armures. Or le brave Blazko ne les ramasse pas automatiquement. on se retrouve donc à spammer le bouton carré (sur PS4) comme un décérébré pour récupérer tout ce qui traîne.
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