No Man’s Sky, c’était avant tout des promesses. La promesse d’un univers ouvert sans temps de chargement. La promesse d’explorer 18 mille milliards de planètes générées de manière procédurale. La promesse de nous faire entrer dans la peau d’un explorateur découvrant des astres que d’autres joueurs pourraient éventuellement explorer à leur tour. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, toutes ces promesses ne sont tenues qu’à moitié.
Il serait simple de juger le jeu sur pièce, de voir ce qu’il a à proposer et seulement ça. Néanmoins, le cas No Man’s Sky est un peu particulier. Jeu indépendant, il s’est très vite vu supporté par Sony, qui nous l’a marketé comme un jeu AAA à 60 euros. De même, Sean Murray ne s’est pas privé de communiquer sur l’aspect multi-joueur du titre, sous entendant (mais n’affirmant pas) que deux joueurs pouvaient se rencontrer, même si la chose était statistiquement impossible. Le bonhomme a été bien décontenancé lorsque l’exploit a eu lieu, le premier jour, et que les deux joueurs en question ne pouvaient pas se voir, puisque placés dans deux instances différentes.
— Pierre Le Goupil (@SireGoupil) 12 août 2016
Des promesses non tenues qui nous éloignent pourtant de l’essence même du jeu : il a d’abord été prévu pour le solo. Et c’est bien là-dessus qu’il faut le juger.
[nextpage title=”Un mix bancal entre Minecraft et Elite Dangerous”]
À la manière de Minecraft, l’astronaute que vous êtes doit récolter des ressources afin de réparer puis d’alimenter son moteur, de se construire de nouveaux outils (armes, scanner, système de survie). Une première heure qui se montre raccord avec le reste du jeu, qui ne consiste qu’à améliorer son équipement afin de partir pour un fantasmé centre de l’univers.
No Man’s Sky est un mix entre Minecraft et Elite Dangerous. Néanmoins, Hello Games n’a fait que reprendre les aspects primaires de ces deux jeux, offrant un mélange un peu bancal.
Beaucoup de Minecraft, d’abord, dans la récolte de ressources puis dans la manière de fabriquer certains objets, qui passent par un arbre de craft. Par exemple, pour fabriquer une cellule de distorsion, il vous faut de l’antimatière, qui se fabrique avec d’autres éléments récoltés sur les planètes, etc. Et une fois que vous avez terminé, vous recommencez.
Nous retrouvons également un côté Elite Dangerous avec l’exploration spatiale des planètes du jeu. Un côté contemplatif, au rythme extrêmement lent où la patience paie plus que la dextérité du joueur. Néanmoins, là encore, on reste en surface, avec des combats spatiaux mous, une exploration certes infinie mais limitée par la génération procédurale, ou même dans la manière d’exploiter son vaisseau.
Une sorte de mélange qui fonctionne néanmoins dans les premières heures. On prend plaisir à améliorer sa navette, à explorer de nouveaux mondes étranges, à scanner la faune aux airs parfois absurdes, tout droit sortie de Spore (elle aussi générée de manière aléatoire), à apprendre des mots extraterrestres pour se faire comprendre des quelques PNJ présents… Malheureusement, Hello Games a oublié d’ajouter quelque chose d’essentiel à son jeu : une réelle personnalité.
La routine de l’espace
Explorer des planètes, se balader sur un astre insensé, voilà tout le sel de No Man’s Sky. Néanmoins, la chose montre ses limites après quelques heures de jeu. Et le plus triste, c’est que le jeu regorge d’actes manqués.
Le frisson de l’exploration s’éteint rapidement, les planètes générées de manière procédurale qui ne changent (grosso-modo) que de skins ou de condition climatique deviennent rapidement ennuyeuses. Les stations spatiales ou avant-postes ne sont que des installations clonées à l’infini. Les planètes découvertes peuvent être renommées avec des noms rigolos. Mais la quasi-certitude de ne jamais revenir les visiter et qu’aucun autre joueur ne vous succède laisse un goût amer au fond de la bouche.
L’ennui pointe donc le bout de son nez. Chaque étape se ressemble et même le changement éventuel de vaisseau ne donne pas cette impression tant attendue de montée en puissance. Avec du recul, Hello Games aurait eu moult façon d’agrémenter son jeu, de le rendre plus intéressant. On pense notamment à un système de quêtes générées de manière procédurale qui aurait cassé la routine ou à un système de marché galactique qui prenne en compte les transactions des autres joueurs. Car quand la routine s’installe dans les voyages spatiaux, c’est qu’il y a un sérieux problème.
Handicapé par sa hype
No Man’s Sky n’est pas un mauvais jeu, mais cela n’en fait pas non plus un bon titre. Handicapé par la hype qu’il a suscité et qui se montre lourde sur ses petites épaules, il offre une bouffée d’air frais dans les premières heures. Au début, on prend plaisir à admirer un paysage pendant de longues minutes ou à explorer telle ou telle grotte. Néanmoins, le manque de contenu ainsi que les grosses ficelles du moteur sautent aux yeux après plusieurs heures d’exploration… et de farm.
No Man’s Sky, disponible sur PS4 et PC (testé sur les deux), 59,99 euros
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