Passer au contenu

[Test] Destiny 2 [PS4, XBO]

Ah Destiny ! Voilà un titre qui aura fait couler beaucoup d’encre au fil des années. Annoncé en grande pompe par un Activision extrêmement fier, chantre du renouveau pour un Bungie sur les rotules après avoir essoré la licence Halo, ce titre avait pour ambition de révolutionner le FPS (sur console). Rien que ça. Autant vous dire que les réactions furent dithyrambiques, et que de nombreuses personnes y ont cru. Manque de bol pour les acteurs en présence, la sortie de Destiny ne fut pas à la hauteur des attentes, ni des espérances de chacun. La faute, entre autre à une histoire et un monde bien maigrelets, à des années lumières de ce qui était promis au départ, et à quelques autres soucis qui n’ont pas manqué de faire tiquer tout à chacun. Une situation vécue comme une trahison par nombre de personnes, mais qui s’est améliorée au fil des extensions (payées au prix fort par les joueurs de la première heure), jusqu’à accoucher d’un titre au final fort sympathique, à défaut d’être révolutionnaire. De quoi convaincre une communauté forte, impliquée et avide de toutes nouveautés concernant leur jeu préféré d’attendre religieusement la sortie du deuxième épisode de la série. Un véritable enjeu pour Activision et Bungie qui ont travaillé d’arrache-pied sur Destiny 2 avec pour objectif de corriger les erreurs du passé afin de proposer une expérience à la hauteur de leurs ambitions, de conserver les faveurs de son public, et tant qu’à faire, aller draguer quelques Gardiens supplémentaires. Mais qu’en est-il réellement de ce Destiny 2 et surtout, faut-il céder à la tentation ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre dans les lignes qui suivent.

Si vous pensiez avoir déjà éradiqué la plupart des menaces pesant sur la Terre (Cropta, Oryx ou encore ce satané ARIA), vous vous fourriez le doigt dans l’œil jusqu’au coude puisque Destiny 2 vous balance dès ses première secondes un nouvel ennemi dans la face. Après les Vex, les Corrompus et la Ruche, c’est au tour des Cabals de venir vous chercher des noises en la personne de Dominus Ghaul, un wanabee empereur peu amène et diablement bien organisé. Dès la première mission de l’histoire, vous assistez à la destruction de la Tour, à la capture du Guide et surtout, à l’emprisonnement du Voyageur, l’entité galactique qui transmet la Lumière aux Gardiens (mais si, vous savez, la grosse boule qui flotte au-dessus de la Tour). Une situation pour le moins catastrophique qui renvoie en un tournemain votre personnage au plus bas de l’échelle (au revoir doctrines, équipements exotiques et autres ressources acquises de haute lutte dans Destiny) qui vous embarquera à fond de train dans une histoire menée tambour battant. Au programme des réjouissances, des rencontres, des moments de bravoure, un soupçon de souffle épique et un petit tour du système solaire.

Premier point positif de ce Destiny 2 : Bungie semble avoir tiré les leçons du passé et nous propose ici un mode histoire beaucoup plus avenant que celui du premier épisode. La narration y est beaucoup plus intéressante, les enjeux sont clairs et étayés par de nombreuses cinématiques et autres cut scenes qui permettent non seulement de cerner tous les acteurs de ce conflit, mais aussi de s’impliquer dans la destinée de ce monde en proie à la guerre. Et si l’on n’échappe pas à quelques poncifs du genre (oh mon dieu, j’ai perdu tous mes pouvoirs mais je suis l’élu donc je vais gagner à la fin), la progression reste très agréable, avec des moments de bravoures et une montée finale très réussie. Les anciens personnages comme les petits nouveaux sont relativement bien écrits, et viennent égayer chaque mission de leurs commentaires, apportant de la vie à tous les instants. On saluera aussi l’écriture du méchant, qui s’avère beaucoup plus intéressante que celle de ses prédécesseurs.

Avec une grosse quinzaine de missions au compteur, ce mode histoire se déroule assez rapidement, et sert essentiellement à accompagner le joueur vers le niveau 20, tout en lui apprenant toutes les ficelles du contenu end-game au fil de l’eau. Exploration, Assauts, PVP, Patrouilles, toutes les activités sont couvertes au gré des missions. Le jeu s’ouvre ainsi au fur et à mesure du temps, et évite l’écueil de lancer tout son contenu à la face des petits nouveaux. Une initiative pour le moins louable, surtout lorsque l’on constate l’étendue des activités disponibles.

[nextpage title=”Dora l’exploratrice”]

Là encore, Bungie ne s’est pas moqué du monde et a pris en compte les critiques émises à l’encontre de Destiny premier du nom. L’exploration des planètes, qui constituera une grande partie du temps de jeu, s’avère plus plaisante, et bien moins monotone que par le passé. Les nouvelles zones, souvent plus grandes, regorgent littéralement d’activités à accomplir, de petits secrets à découvrir et plus globalement, de défis à relever. Une fois l’histoire principale terminée (et le retour du Passereau), il sera très plaisant de naviguer dans la Zone Morte Européenne, Io, Nessos ou encore Titan pour en explorer les moindres recoins. Chaque jour, il sera par exemple possible d’accomplir de petits défis sur chaque planète (tuer X ennemis, piller des coffres, aller visiter un endroit en particulier) qui obligeront les joueurs à se familiariser avec l’environnement. L’apparition des Secteurs perdus, sorte de petits donjons qui garantissent du loot à chaque visite, la tonne d’objets à scanner qui enrichissent le lore, le retour des patrouilles et des événements publics sont autant d’éléments qui permettent de ne pas s’ennuyer pendant les phases de grind nécessaires à l’accès aux contenus très haut niveau.

Cette montée en puissance s’avère d’ailleurs beaucoup plus « simple » que par le passé grâce à un système de loot beaucoup plus juste. Chaque activité est récompensée à sa juste valeur, ce qui donne au joueur un sentiment de constante progression, qui évacue la frustration. Avec ce Destiny 2, Bungie a réussi à créer une mécanique de jeu addictive qui pousse sans cesse les joueurs à revenir grâce à la multiplication des récompenses. Un principe certes simple, mais important pour des titres du genre qui se basent sur la répétition. Exemple flagrant de cette nouvelle philosophie, la réinvention des événements publics. Dans le premier épisode, il s’agissait souvent de se rendre à un endroit précis sur la carte pour affronter avec les autres gardiens présents sur le serveur (s’ils traînaient dans les parages) un boss, sans pour autant avoir la chance de récupérer une récompense digne de ce nom. Dans Destiny 2, le principe reste globalement le même, à deux subtilités près. Premièrement, l’on est systématiquement récompensé par un coffre empli de loot à la fin du combat. Deuxièmement, et c’est sans doute là le plus intéressant, chaque événement possède une version épique qu’il faut déclencher en accomplissant certaines actions durant le combat. Une subtilité de taille qui apporte non seulement du challenge, mais qui engendre une certaine excitation à chaque fois.

Pour le reste, Bungie n’a pas véritablement changé sa recette. Les assauts, normaux ou Nuit Noire, viennent offrir un challenge supplémentaire aux Gardiens, tout en permettant de récupérer un loot conséquent. Les Raids, dont le premier vient tout juste de débuter, semblent s’inscrire dans la droite lignée de ce qui avait été fait pour les Seigneurs de Fer. Il ne s’agit plus seulement d’avancer et de blaster tout ce qui passe à portée de canons, mais aussi de réfléchir à une véritable stratégie de groupe pour résoudre des problèmes parfois très retors. Une très bonne idée qui vient renforcer l’aspect social et coopératif du jeu, exacerbé par l’apparition des clans. Petit aparté à ce propos d’ailleurs. Si l’idée est très bonne, sa mise en place est absolument catastrophique dans la mesure où la gestion d’un clan se fait essentiellement depuis le site Bungie.net, et que le système d’invitation ressemble à un véritable cauchemar. Côté PvP, on reprend aussi la même recette que par le passé avec des affrontements à quatre contre quatre sur différents modes de jeu assez classiques. Reste que toutes ces activités forment un tout plutôt plaisant, qui se laisse consommer durant des heures sans aucun déplaisir

[nextpage title=”Éteignez la Lumière et commencez le spectacle”]

Nous l’avons déjà évoqué, Destiny 2 reprend de nombreux éléments de son prédécesseur et ce, pour le meilleur comme pour le pire. Le gameplay établi par le premier épisode était, inutile de le nier, plus que correct, surtout pour un FPS console. Un feeling qui ne varie pas d’un iota ici, à tel point que les habitués ne verront même pas la différence. Là où le bât blesse en revanche, c’est que Bungie n’a pas non plus revu son interface et sa navigation. Le menu demeure toujours aussi peu pratique et lourdingue, et le HUD reste par moment, assez peu lisible. On regrettera aussi que l’absence de carte sur le HUD, ou encore l’impossibilité de placer un marqueur personnalisé sur la carte. S’il ne s’agit que d’un détail, un tel ajour aurait pu grandement faciliter la navigation dans les vastes environnements du jeu. Dire que tout va mal serait cependant assez injuste envers Bungie qui a quand même fait quelques efforts. Chaque planète dispose en effet de plusieurs points d’entrée qui offrent des possibilités de déplacement rapide bienvenues, et chaque activité peut être réalisée au fil de l’eau pour peu que l’on croise la balise ad hoc. Une bonne idée dans la mesure où cela évite les allers-retours incessants avec l’orbite, et épargnent de longues minutes de temps de chargement.

Histoire de continuer dans la critique, difficile de ne pas souligner la trop grande familiarité qui se dégage de ce second épisode. A commencer par le bestiaire qui reprend quasiment à l’identique celui du précédent volet. Déchus, Corrompus, Vex, Ruche et Cabals n’ont pas véritablement évolué que ce soit en termes de design ou de comportement. Même constatation à propos des gardiens : on retrouvera les trois mêmes classes et globalement, les trois mêmes doctrines que dans le premier, à l’exception d’un Super qui a changé. On regrette par exemple que Bungie ne nous ait pas proposé une nouvelle classe à se mettre sous la dent, histoire d’enrichir un peu plus son univers et son gameplay.

Côté réalisation et technique en revanche, difficile de faire la fine bouche. Ce test a été réalisé sur une PlayStation 4 première du nom, et le jeu y tourne comme un charme à 30 fps (nous avons pu noter une seule baisse évidente de framerate en cas de surcharge de l’écran, durant l’événement public « Rituel des Sorcières sur Titan). Une fois encore, les équipes créatives de Bungie ont mis le paquet pour créer des environnements à couper le souffle. Chaque zone possède sa propre atmosphère, et fourmille de détails à découvrir au gré de l’exploration. Il ne sera pas rare en effet de resté scotché sur une zone en particulier, ou sur un arrière-plan particulièrement beau et impressionnant. Même constat du côté de la bande son qui offre des morceaux d’une grande beauté, qui accompagnent à merveille l’action se déroulant à l’écran. Une véritable réussite donc, qui régale les sens à chaque instant et qu’il nous tarde de découvrir dans son itération PC tant le gap visuel devrait être impressionnant.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

On ne va pas se mentir, Destiny 2 ressemble tout de même fortement à ce qu’était Destiny premier du nom dans sa forme finale. A savoir un FPS solide, qui offre de belles sensations, des paysages à couper le souffle et de beaux moments de bravoure, mais qui souffre aussi de quelques soucis. Outre l’interface, on constatera encore quelques problèmes au niveau de la navigation (malgré de beaux efforts pour fluidifier les déplacements), une certaine redite au niveau du bestiaire, et plus globalement, un manque de nouveauté concernant les classes et doctrines des personnages. Au-delà de cet héritage certain, Destiny 2 offre malgré tout quelques nouveautés qui valent le détour. A commencer par un gros effort réalisé sur la narration. La campagne se laisse suivre de manière très agréable grâce à de nombreuses cut scene, et à l’intervention de nouveaux PNJ tout au long de chaque mission. La mise en scène s’avère d’ailleurs assez réussie, avec une très belle montée en puissance, et des passages particulièrement bien fichus. Les premières missions à elles seules valent par exemple le détour. La plus grosse amélioration de ce second épisode vient cependant de la gestion de l’exploration. Là où le premier volet se contentait de nous faire tourner en rond pendant des heures pour accomplir les mêmes patrouilles ad nauseam, ce nouvel épisode propose une grande variété d’activités.

Une initiative louable qui permet de farmer et grinder sans que la lassitude ne s’installe. Ajoutez à cela le PVP, les raids, les assauts et autres quêtes secondaires scénarisée, et vous obtenez un cocktail très plaisant qui ne manquera pas de satisfaire les amateurs du genre. Pour ne rien gâcher, Destiny 2 est beau, très beau même avec des environnements léchés qui proposent des points de vue absolument magnifiques, que l’on prend plaisir à simplement admirer. Côté technique, pas grand-chose à redire non plus, même si l’on constatera quelques ralentissements lorsque l’écran est surpeuplé (du moins, sur une PlayStation 4 classique), et que l’on saluera l’effort réalisé sur les temps de chargements, globalement plus digestes. Alors faut-il craquer pour ce Destiny 2 ? Si vous avez aimé le premier du nom, la réponse est incontestablement oui. Si vous êtes un parfait néophyte, ou si vous avez été déçu par le premier épisode, la réponse est un brin plus compliquée. Il reste encore des défauts, c’est indéniable, mais Bungie a tout de même fait des efforts sur bien des points, et ne semble pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. A bien des égards, Destiny 2 propose une expérience certes perfectible, mais diablement addictive, et nous ne saurions trop vous conseiller d’aller y jeter un œil. Qui sait vous pourriez aimer ce que vous y trouvez.
Note : 8  /  10

Mode