De 2001, l’Odyssée de l’espace à Alien, en passant par Matrix, la science-fiction a plusieurs fois permis de repousser les limites visuelles du cinéma. C’est d’ailleurs un des genres cinématographiques les plus prolifique et apprécié par les spectateurs.
Mais comme dans tous les arts, il arrive que certaines œuvres passent au travers des mailles du filet du grand public. Parfois à cause d’un manque de publicité, mais aussi, car elles subissent les affres du temps comme certaines grandes œuvres de notre liste. Voici donc une petite sélection de films qui vous ont peut-être échappé.
[nextpage title=”Il n’y a pas que 1984 et 2001 dans la vie…”]
I / Moon
Moon a bientôt dix ans, et gagnerait pourtant à être plus connu. Réalisé en 2009 par le Britannique Duncan Jones, ce long-métrage offre un rôle de choix au très bon (et trop rare) Sam Rockwell. Non diffusé au cinéma, il a pourtant reçu plusieurs prix attestant de sa qualité.
On y suit le récit de Sam Bell, un homme qui travaille seul depuis trois ans sur la Lune, afin d’en extraire de l’hélium 3, qui permet de pallier à la crise de l’énergie sur Terre. Mais son isolement commence à lui faire voir des choses de plus en plus étranges. À croire que la Lune n’a pas envie de le voir partir… Un film vraiment original.
II / THX 1138
Produit par le grand Francis Ford Coppola, THX 1138 est le premier film de George Lucas. Si le film n’a connu qu’un succès relatif à l’époque, il s’agit malgré tout d’une œuvre d’anticipation très intéressante. Elle permet de découvrir une atmosphère finalement assez inattendue par rapport à ce que l’on connait de Lucas aujourd’hui.
Sorti en 1971, il partage énormément de pistes de réflexion avec d’autres films et livres, notamment l’adaptation de 1984, chef-d’oeuvre de George Orwell. Au XXVe siècle, alors que les hommes ne sont plus désignés que par une suite de lettres et de chiffres, un technicien ordinaire (excellent Robert Duvall) va vivre une histoire d’amour avec une femme alors que la société l’interdit. Une course contre la montre débute alors…
III / Under the Skin
Si l’univers de Under the Skin gravite clairement vers la science-fiction, ce film de Jonathan Glazer penche clairement vers le cinéma expérimental. Librement adapté d’un roman de Michel Faber (Sous la peau), le film met en scène une séduisante extraterrestre, qui se sert de sa beauté pour tuer des hommes. Un script qui pourrait faire penser à La Mutante mais rassurez-vous l’expérience est tout autre.
Ce véritable ovni filmique (c’est le cas de le dire) est en plus porté par une Scarlett Johansson impeccable. Il offre une réflexion sur le principe d’altérité et notre rapport au corps à travers des scènes assez mémorables. Une oeuvre qui divise, et c’est pour ça qu’on l’aime.
IV / Solaris
Solaris est déjà reconnu comme un chef-d’oeuvre de la science-fiction, mais il a récemment fait l’objet d’une remasterisation 4K bienvenue alors qu’il fête ses 45 ans. Réponse du réalisateur Andrei Tarkovski au 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, ce long film est une véritable expérience.
Envoyé sur la planète Solaris pour décider de la fermeture d’une station spatiale, le docteur Kris Kelvin découvre que l’équipage a doucement sombré dans la folie. Alors qu’il se met à voir Khari, sa femme décédée il y a quelques années, il se demande si lui aussi n’est pas au bord du précipice… Long, parfois hermétique, Solaris demande aux spectateurs de lâcher prise et de ne pas chercher à tout comprendre dans l’immédiat. À (re)découvrir absolument.
[nextpage title=”Des robots drôlement humains”]
V / Strange Days
Si elle a acquis sa notoriété avec Point Break, Kathryn Bigelow n’a pas rencontré le succès public avec Strange Days. Le film dispose pourtant d’une mise en scène inventive et d’un scénario innovant pour l’époque. L’excellent Ralph Fiennes y incarne un flic véreux qui trafique des télétrip. Des souvenirs d’étrangers, qu’il est possible de revivre en se branchant un appareil dans le cortex cérébral. Mais témoin du meurtre d’un leader afro-américain, il met les pieds dans une conspiration qui le dépasse largement.
Tout en faisant référence à la sulfureuse affaire Rodney King, Bigelow dépeint une Amérique en proie au chaos, deux jours avant l’an 2000. Elle souligne aussi le rôle des images et leur importance grandissante dans nos vies. Une bonne surprise, qui a déjà plus de vingt ans.
VI / Ex Machina
Passé sous le radar du grand public, Ex Machina propose pourtant une intéressante réflexion sur la robotique et l’intelligence artificielle. Il offre aussi un joli rôle de composition à Oscar Isaac, Domhall Gleeson et Alicia Vikander, tous trois impeccables. Le meilleur employé d’une société informatique a le privilège de côtoyer son patron, un génie égocentrique, pendant une semaine complète. Barricadé dans un luxueux chalet, ce dernier désire lui présenter sa dernière création : un robot nommé Ava.
Petit à petit, il comprend que sa présence n’est pas anodine et fait partie d’un test bien particulier. Le film d’Alex Garland baigne dans une ambiance paranoïaque, et tente de nous interpeller sur les droits dont nous disposons sur nos propres créations. La mise en scène froide et stylisée intrigue et nous maintient en haleine jusqu’au bout. Une très bonne pioche.
VII / Eva
Avec seulement 7 millions d’euros de budget, l’espagnol Kike Maillo arrive ici à livrer un film touchant, même si les thématiques abordées sont déjà connues. Convoqué par son ancienne faculté afin de créer le tout premier robot libre, Alex décide de s’inspirer de sa nièce Eva. Mais Lana, mère de l’enfant et ancien grand amour d’Alex, refuse que sa fille participe à l’expérience. Mais étonné par le charisme et la volonté de la jeune fille, il brave l’interdit.
La création de son futur androïde débute alors… Très peu connu des spectateurs, le long métrage profite d’une belle mise en scène grâce à des effets spéciaux rares, mais maîtrisés. Il laisse une grande place aux acteurs, Daniel Brühl et Claudia Vega en tête, qui s’entendent particulièrement bien à l’écran.
[nextpage title=”Quand science-fiction rime avec réflexion”]
VII / The Man from Earth
Sorti en VOD en 2011, The Man from Earth est un film à petit budget qui se base entièrement sur son scénario original. On y découvre ainsi la vie d’un professeur qui, à l’aube de la retraite, dévoile sa véritable identité à ses meilleurs amis : Il a 14 000 ans. L’occasion de remettre en cause toute les croyances scientifiques et religieuses de son auditoire.
Si la mise en scène est trop légère et le doublage français de piètre qualité (à voir en VOSTFR), la réflexion soulevée vaut quand même le détour. Elle laisse imaginer le bouleversement que provoquerait la découverte d’une telle personne. Un film qui peut constituer le début d’un débat entre les gens. À condition d’avoir l’esprit ouvert.
IX / Another Earth
Another Earth a beau avoir raflé le prix du Jury au festival de Sundance en 2011, il est loin d’être véritablement connu. Il est pourtant tout à fait singulier, même si son atmosphère peut sembler hermétique au grand public. Alors qu’une Terre exactement similaire à la nôtre fait son apparition dans le ciel, la vie de deux êtres complètement différents est bouleversée par un accident de la route.
Et si ces vies brisées s’étaient mieux déroulées sur cette planète jumelle ? C’est à partir de ce pitch volontairement épars que Mike Cahill livre un film profond, qui se sert de la science-fiction comme d’un levier scénaristique. Porté par l’étonnante Brit Marling, le film nous laisse songeurs : voudrait-on vraiment rencontrer un autre soi ? Mais soulever des questions, n’est-ce pas là l’essence même du genre ?
X / Le voyage dans la Lune
Ce film court est un classique, mais avec presque 120 années au compteur, vous l’avez peut-être oublié. Pourtant, il est le fondateur de la science-fiction au cinéma. Réalisé par le « cinémagicien » Georges Meliès, Le Voyage dans la Lune a conservé un aspect merveilleux. Composé de 13 375 images, qui ont été depuis ré-assemblées (et même colorisées), ce film muet ouvre une fenêtre sur un pan de l’histoire du cinéma.
Cette féerie burlesque met en scène des scientifiques habillés comme des mages qui s’éjectent sur la lune à l’aide d’un gigantesque canon. Une fois arrivés, ils font la rencontre des Sélénites, les habitants de notre satellite naturel, qui les emprisonnent et les présentent à leur roi. Arriveront-ils à retourner sur notre bonne vieille Terre ? On vous laisse le découvrir avec la vidéo ci-dessous. Un classique absolu, qui montre le chemin parcouru en un siècle.
J’ai essayé de rendre cette sélection vraiment inédite mais d’autres films, bien plus connus, auraient pu y figurer. Voici, pèle-mêle :
– Bienvenue à Gatacca de Andrew Niccol (1998)
– Les Fils de l’Homme d’Alfonso Cuaron (2006)
– Edge of Tomorrow de Doug Liman (2014)
– L’armée des douze singes de Terry Gilliam (1996)
– Equilibrium de Kurt Wimmer (2003)…
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