Un protagoniste en proie au doute
Prey remet les choses à plat quant à son univers. Souvenez-vous, dans le premier Prey, celui de 2006, on incarnait un Cherokee, Tommy, qui se faisait kidnapper avec sa copine et son grand-père par des aliens dans leur immense vaisseau spatial. À l’intérieur, on déambulait façon Half-Life dans des infrastructures assez dégoûtantes, à la fois technologiques et organiques. Le héros se battait avec ce qu’il avait sous la main (une clé à molette, notamment), mais il pouvait également se servir de certains pouvoirs astraux liés au monde des esprits, inspiré de la culture amérindienne. En somme, c’était un gros melting pot assez unique, un patchwork inspirant autant le malaise que la curiosité, à la fois kitch et osé. Un peu série B.
Prey, celui de 2017, ne part pas sur le même genre d’univers. Ce dernier est bien plus cohérent et mieux ficelé. Il partage cependant avec son ancêtre l’idée d’un héros perdu dans un monde qui lui est inconnu. Et si le joueur découvrait un monde inquiétant et déconcertant dans le premier jeu – un sentiment qui sera du coup partagé entre le joueur et le héros qu’il incarne – ici, Morgan Yu est victime du bon vieux truc de l’amnésie. Astuce facile et surannée, mais parfaite pour que le personnage que l’on incarne n’en sache pas plus que le joueur qui le contrôle. Cependant, cette vieille ficelle est soutenue par une mise en scène millimétrée qui fait vraiment effet. Sans en dire plus, disons qu’on se demande franchement comment on va passer de la ville futuriste sur Terre à la station spatiale, Talos-1. À l’instar d’un Bioshock ou d’un Bioshock Infinite, la transition est très réussie. Je ne vous en dis pas plus.
Une fois sorti de cette introduction, on nous donne une clef à molette – tiens donc – et on commence à explorer cette station orbitale rétro futuriste, figée dans les années 70/80, un peu Art déco, mais aussi déserte et où les cadavres jonchent le sol. On est guidé par une personne inconnue au travers d’un communicateur et… Et c’est VRAIMENT Bioshock, bon sang. Hormis les décors en relatif bon état, l’ambiance, la narration environnementale, ce sentiment qu’il s’est passé quelque chose d’horrible il n’y a pas si longtemps… On est vraiment dans des codes actualisés du jeu de tir narratif et bien loin de ce que proposait le premier Prey finalement. D’ailleurs, au-delà la simple action, le jeu va vous demander de fouiller dans les ordinateurs, de localiser des éléments dans la station en fonction de documents que vous trouverez, de gérer des ressources – comme des ordures qu’il faudra recycler, eh oui – et de gérer les capacités de votre personnage rangées dans plusieurs arbres de compétences.
Cet aspect du jeu qui prend la forme de seringues oculaires à glaner çà et là ouvrira des chemins multiples de progression dans la station spatiale. Comme dans un Deus Ex, vous ne serez pas obligés de tout mettre dans la puissance de frappe de votre personnage ou dans ses points de vie. En développant vos capacités de hacking, vous pourrez passer certaines portes verrouillées sans avoir à trouver le mot de passe dans un mail enfoui dans un ordinateur ou localiser la dépouille de l’agent de sécurité qui possède la carte d’accès.
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Se sauver des meubles
Les « mimics », premiers ennemis que vous affronterez, sont des sortes d’araignées qui peuvent prendre l’apparence de littéralement n’importe quoi. Chaise, table, vase, caisse, objet de soin, tout est possible. Nombreuses seront les fois où vous vous dirigerez vers un corps afin de le fouiller et qu’il se change immédiatement en ennemi pour vous attaquer.
Parfois, des petits éléments de mise en scène vous donneront des indices. En bas d’un escalier, vous entendez un bruit et une poubelle dévale les marches, manifestement poussée par quelque chose. Bon, dans ces cas-là, vous savez que la prochaine poubelle que vous rencontrerez prendra un coup de clef à molette sans sommation. Le jeu pousse ainsi à la prudence, car il sera facile de perdre des points de vie bêtement parce qu’on n’est pas resté sur ses gardes. De quoi devenir parano.
D’autres ennemis plus humanoïdes et davantage enclins au combat conventionnel seront également de la partie. Là encore, plusieurs stratégies peuvent être adoptées. L’attaque frontale avec des capacités passives adéquates (dégâts, points de vie, etc.) ou encore la furtivité pour carrément éviter le combat. Certes, vous ne récupérerez pas d’objets sur l’ennemi, mais vos capacités augmentent avec ces fameuses seringues que vous trouvez indépendamment des ennemis tués et pas, par exemple, avec une barre d’expérience. Vous pouvez donc miser sur une stratégie un peu plus pacifiste sans nécessairement en pâtir.
Le jeu semble de surcroît assez généreux en ressources et il existe de nombreux moyens de récupérer ses points de vie. Toute nourriture peut être avalée – après vérification que cette pomme ne se change pas en alien et qu’elle vous attaque, évidemment – pour récupérer plus ou moins de santé. Il est également possible de collecter les déchets organiques (plantes, produits périmés, peaux de banane, vieux cigares, etc.) et les mettre dans une machine qui en retirera les composants essentiels. Une autre machine vous permettra ensuite de créer trousse de soins et autres objets utiles. Vous pouvez également répéter ce processus avec d’autres matériaux (métaux, plastiques) pour créer des balles de pistolet par exemple.
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