Harley Quinn, Deadshot, Slipknot, Boomerang, Enchantress, Katana, Killer Croc, El Diablo. Le point commun entre tous ces super vilains ? Ils ont tous rejoint, plus ou moins volontairement, la Suicide Squad, une bande de têtes brûlées prête à presque tout pour remplir sa mission. Sauf que dans le cas présent, sa mission n’est pas de faire du mal à une bande d’innocentes victimes, comme ça, pour la déconne, mais de servir le bien. Avec des méthodes bien à eux, évidemment (tout le monde a vu les trailers ou lu les comics), mais l’idée est là : un groupe de criminels tous plus dangereux les uns que les autres, qui se retrouve de l’autre côté de la corde, le temps d’une mission (ou ici d’un film de 2h10).
Et si le film mettra aussi le Joker en scène, il y a fort à parier que lui n’aura pas l’intention de ne serait-ce que faire semblant d’être sympa deux minutes. Si la version interprétée par Jared Leto est un tant soit peut fidèle au Joker du comic book, nul doute qu’il n’y a aucun espoir de changement ou de repentance de son côté. Le Joker représente après tout LA figure emblématique du mal, le pendant absolument négatif de Batman, le Yang de l’homme chauve-souris (voir notre article sur sa relation avec Batman).
Et si nombre de super vilains, aussi bien chez DC que chez Marvel, n’ont jamais eu envie de changer de camp, il y en a tout un tas d’autres qui ont un jour ou l’autre décidé de changer d’équipe. Ah ouais ? Bah ouais.
[nextpage title=”Il y a ceux qui essayent…”]
Oui car généralement, dans le cas de ceux qui s’essayent au gentillisme (néologisme, mais j’ai le droit, Mathieu m’a dit qu’on pouvait) et n’y restent pas, c’est que la cause ne leur paraît pas suffisamment noble. C’est donc naturellement dans cette catégorie que l’on trouve des personnages tels que Lex Luthor, qui n’est au final un méchant que parce que, comme il le dit lui-même, il faut un ennemi à Superman qui soit à sa hauteur. Pas du tout mégalo, le gars, déjà. Luthor, qui peut tout à fait s’allier au fils de Krypton si un danger plus grand menace la planète, a tout de même l’intérêt de son peuple en tête. Au point de devenir président des États-Unis. Si ça ce n’est pas un revirement… Pardon ? C’est justement le symbole du mal que d’être président des États-Unis ? Ah non hein, la politique c’est Élodie qui gère. Moi, c’est les gars musclés en slip et collants et avec des capes. Chacun son domaine.
Un autre bon gars qui pense au confort de ses sujets, c’est le docteur Victor Von Doom (Fatalis, chez nous), seigneur de Latvérie. Si on lui retire sa haine absolue de Reed Richards, il en reste un souverain sévère, mais juste, craint mais surtout adulé par son peuple. Un homme qui n’hésitera pas à se rallier à ceux qu’il combat s’il sait que ses sujets – et le reste du monde – sont en danger. Même si le reste du temps c’est lui qui joue les terroristes. Cherchez pas à comprendre, il a perdu sa mère jeune.
[nextpage title=”Ceux qui ont envie d’y croire…”]
C’est plus ou moins ce que s’est dit Eddie Brock, l’homme qui a fusionné avec le symbiote ramené par Spider-Man, pour devenir Venom. Après avoir cherché pendant de nombreuses années à tuer le pauvre Peter Parker, Venom s’est rendu compte que faire le mal, bah c’était pas bien. Sa rencontre avec Carnage, une version jokerèsque de son symbiote, lui ayant très certainement ouvert les yeux, Venom s’est depuis retrouvé régulièrement du côté des défenseurs de la veuve et de l’orphelin en collants (les défenseurs, hein, pas l’orphelin). Plus vraiment méchant, ni totalement gentil, Venom est un genre de Stone Cold Steve Austin, mais avec les deux genoux fonctionnels, et une nuque articulée.
Prendre un méchant et le rendre gentil, est une pirouette scénaristique éculée, dans le monde du comic book. On pourrait même dire que c’est tellement vu et revu que c’est un peu comme quand un super héros meurt : ça nous en bouge une sans toucher l’autre (expression que je n’ai jamais comprise, mais elle semble être de mise). C’est un peu comme dans les plats chez certains traiteurs chinois, c’est une sorte d’épice qui masque le goût un peu rance de l’ensemble. À l’instar de l’école, il n’est pas rare de voir des rivaux devenir copains, et des amis les pires ennemis du monde. Les comics seraient-ils un reflet de la réalité ? Perso je n’ai jamais eu un colosse de deux mètres cinquante avec un casque anti-télépathie dans ma classe. J’ai eu un mec de 25 ans avec le physique de Mike Tyson en cinquième, mais c’est à peu près tout.
D’ailleurs, en parlant d’école, il paraît que c’est important, pour être correctement éduqué. Et quelle est l’école la mieux connue de l’univers des super héros ? L’école pour jeunes surdoués du Professeur X, berceau des X-Men. Véritable vivier à super vilains en transition, cette école a vu nombre d’entre eux y faire un passage plus ou moins éclair. Et si certains sont devenus de très bons élèves, d’autres, adeptes du cancrisme sans doute, sont redevenus des sales gosses. Qu’est-ce que ça dit des méthodes d’éducation de Charles Xavier ? C’est visiblement moins efficace que la pédagogie Montessori qui, pour sa part, n’a jamais engendré de tueur en série. Alors que chez les X-Men, on a pu voir passer des gars tels que le Fléau (demi-frère du directeur de l’école, tu m’étonnes qu’il soit rentré facile…), Dents de Sabre, Mystique (principalement dans les films) ou encore Magneto, le super mutant aux idées quelque peu… radicales. Et aucun d’entre eux n’a su y trouver de bonnes raisons de rester gentil. J’en vois qui blâment les scénaristes. Tout ça parce qu’il ne faut pas critiquer un chauve en fauteuil roulant.
[nextpage title=”Ceux pour qui ça finit mal…”]
Docteur Octopus, par exemple, s’est récemment retrouvé dans le corps de son éternel ennemi, Spider-Man. Décidant alors d’en profiter pour faire des choses bien, et pas seulement des selfies en slip kangourou pour le ridiculiser, Doc Ock s’est autoproclamé « The Superior Spider-Man » (titre que je ne vous ferai pas l’affront de traduire) et a tenté d’être un meilleur Spider-Man que Peter Parker ne l’avait jamais été… avant de mourir et de rendre son corps à l’esprit de Peter Parker. Les comics, c’est magique. Le gars est une ordure pendant toute sa vie, et quand il devient sympa, il se fait tuer.
Un peu comme Azrael (DC), un assassin récupéré par Batman pour le remplacer dans les années 90, à une époque où Bruce Wayne souffre de légers problèmes de dos après une rencontre malheureuse avec Bane, un genre de luchador mexicain avec un humour particulier. Azrael devient un Batman un peu plus radical et violent, ce qui ne plait pas à tout son entourage. Puis Batman redevient Batman, et Azrael, après avoir erré un peu dans les rues, continue à jouer le justicier un peu brutal, avant de finir avec deux balles dans la poitrine.
[nextpage title=”Ceux qu’on est content de voir changer…”]
D’ailleurs, en parlant de personnage au sourire Ultrabrite, difficile de ne pas parler de l’un des super vilains les plus iconiques du Marvel Universe, sur le point de fracasser du super héros en rafale au cinéma : Thanos le Titan. Le mec a été un destructeur en série, un roi, un conquérant, un dieu… et a tout abandonné pour devenir un simple fermier. Au-delà même du sens de la justice, il a compris l’absurdité de ces conflits incessants et a su accepter son désir inconscient d’échec, et il s’est simplement retiré de la partie. Et là où le message aurait pu être fort si Marvel avait réussi à garder ça tel quel, il a fallu que des scénaristes cassent tout et en fassent de nouveau un super vilain.
Marvel tenait là une morale très forte, un concept sur lequel ils auraient pu bâtir énormément de choses, mais non. Dans le monde des super héros, la soif de pouvoir des super vilains n’a d’égal que la bêtise de certains auteurs.
[nextpage title=”Les concours de circonstances…”]
Dans une certaine mesure, le Beyonder est un peu comme ça, mais il ne peut pas vraiment figurer dans cette liste, puisque tout comme Galactus, il fait partie d’un équilibre universel, et ne peut réellement dévier de ce pourquoi il existe.
D’autres, complètement à l’opposé de ces méchants limités intellectuellement, peuvent se retrouver à jouer les gentils parce que socialement, c’est le bon moment. Certains vont même jusqu’à se regrouper en équipe, se faisant passer pour des gentils et prenant de fausses identités, comme l’ont fait les Thunderbolts du Baron Zemo (Marvel). Pourquoi ? Sans doute pour récupérer des likes faciles sur Facebook. Et si, à l’issue de cette excellente série qu’est Thunderbolts, certains sont naturellement redevenus des super vilains, d’autres ont pris goût à la justice et à la liberté (Atlas, Mach et Songbird), devenant ainsi de véritables super héros, avec des raisons nobles et tout le toutim. Ce qui nous amène tout naturellement au chapitre suivant.
Bah oui, c’est fait exprès. Quand même.
[nextpage title=”Sans oublier ceux qui le restent…”]
En effet, force est de constater que la maison des Vengeurs est quasiment un repaire à malfrats, puisque Captain America, dans sa mansuétude légendaire, voulait permettre à d’anciens criminels de se racheter une conduite et une identité en devenant des super héros au service de la justice. Et des anciens bandits en tout genre, il y en a un paquet chez les Vengeurs : Hawkeye, Quicksilver et sa frangine la Sorcière Rouge, Wonder Man ou encore la Veuve Noire, pour ne citer qu’eux. Captain America, c’est un peu l’Abbé Pierre pour la délinquance organisée. Mais avec des muscles. Plein. Et un costume moulant. Et un bouclier en vibranium. Et… Ouais d’accord. Rien à voir en fait.
Mais Cap n’est pas le seul qui ait réussi à redresser son lot de tordus, puisque Xavier, dont on se moquait un peu plus tôt, a tout de même eu quelques bonnets d’âne qui se sont transformés en couronnes de lauriers dans son école. Gambit ou Malicia, par exemple, et plus récemment Emma Frost, qui après avoir été une des pires ennemies des X-Men, est devenue la prof de SVT de l’école. Et en plus elle se tape Cyclope. Tranquille.
Un autre ex-vilain radicalement méchant devenu rapidement un héros, c’est Namor, le Prince des Mers. Au départ un ennemi des Quatre Fantastiques, le mec tombe un peu complètement amoureux de Sue Storm et comprend que tous les humains ne jettent pas leurs emballages de packs de bière à la mer, et que certains sont même végétariens. Du coup, il sort de l’eau, va chez le fleuriste, et essaye de courtiser la femme Invisible. Et en chemin, il en profite pur devenir un super héros. Pas un mec sympa, hein. Mais un super héros quand même. En slip dans la rue. Mais tout va bien.
[nextpage title=”Et puis ceux qui n’avaient pas envie d’être des méchants”]
Nous voici au terme de cette liste non exhaustive de super vilains qui ont, à un moment ou un autre, fredonné la célèbre chanson de Jacques Dutronc (« l’opportuniste », pour ceux qui ont vraiment du mal). De quoi vous la péter auprès de vos potes, la prochaine fois que vous causerez comics autour d’un verre, ou quand vous sortirez de la salle après être allés voir Suicide Squad. Et n’oubliez pas, comme disait Rocky à tout le peuple Russe : « Si j’ai pu changer, et si vous avez pu changer, alors TOUT LE MONDE PEUT CHANGER ! »
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