Lancé sur les routes avec un premier volet en 1979, la saga Mad Max n’a pas cessé d’inspirer une grande partie des dystopies mises en place depuis. Et même si 30 ans séparent le dernier volet de la trilogie de sa récente résurrection, l’ombre de Max plane toujours sur le cinéma d’action.
Quoi de plus normal que de vous rafraîchir la mémoire, ou de prendre le bolide en marche, avec un gros dossier maison juste avant la sortie du film ? De la trilogie initiale au jeu vidéo en passant par les versions comics et le futur de la franchise, ce dossier se charge d’explorer pour vous toutes les facettes du plus grand western sur roues de tous les temps.
Accrochez-vous, ça risque de secouer !
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Mad Max : les origines du cowboy de la route
Nombreux sont les fans à avoir découvert l’univers de George Miller à partir du second épisode, celui-là même qui a forgé le mythe maintes et maintes fois repris du monde post-apocalyptique aux allures de western spaghetti poussiéreux et désespéré. Les choses s’expliquent en grande partie par une reconnaissance en demi-teinte du premier opus, largement censuré dès son arrivée en 1980 dans nos contrées. Anecdote qui peut vous faire sourire aujourd’hui : le film échappe de peu à la mention pornographique, mais écope d’une interdiction pour un public de moins de 18 ans et d’une absence d’aide qui lui vaut de n’être diffusé que dans les salles pour films X — salles qui ne sont pas réputées pour leur technologie de pointe. Autre souci : le pitch, légèrement trompeur. Toute la communication se construit autour d’un film de vengeance, celle d’un policier qui voit femmes et enfants tués par un groupe de motards. Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est qu’une facette qui intervient dans le dernier tiers du film. Beaucoup de choses ont joué en sa défaveur, pourtant le premier Mad Max reste un film important, un film choc qui pose les bases d’une légende.
À 21 ans, pour son premier rôle au cinéma, Mel Gibson interprète Max Rockatansky. Max est un « interceptor », comprenez un flic équipé d’un bolide dont la mission se résume à pourchasser des anarchistes aux allures de punks lancés à toute vitesse sur les routes australiennes. L’univers du jeune réalisateur George Miller (34 ans) prend racine après une première apocalypse, même si celle-ci reste encore de surface et ne répond pas à l’esthétique mise en place dans ses suites. Le film ne fait cependant aucune concession sur la violence de son univers. Violence visuelle des carcasses qui explosent, des mutilations et corps brûlés, mais violence morale surtout, soutenue par ses hommes devenus des prédateurs fanatiques et par toute l’horreur suggérée des scènes hors champ. C’est véritablement la naissance du mythe, le moment où Max le justicier devient Mad Max. Comme tout point de départ qui se respecte, on retrouve déjà tous les ingrédients qui feront la richesse de cette saga : les grandes lignes droites de bitumes qui traversent le désert, les bolides lancés à toute allure, les pneus qui crissent, la poussière (et la tension) qui ne retombe jamais, les méchants grandiloquents, et bien sûr, les accidents de la route et exécutions spectaculaires.
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Mad Max 2 : le western post-apocalyptique dans toute sa splendeur
Sans conteste, l’épisode le plus réussi de cette trilogie.
Comment ne pas garder un souvenir ému de cet univers poussiéreux qui pose les bases du genre (le désert à perte de vue, les vêtements et habitations rustiques, etc.) ? L’univers de Mad Max s’étoffe, il s’élargit et gagne en cachet au prix d’une ambiance peut-être moins perturbante, mais tout aussi marquante. Le premier épisode posait les jalons d’un univers sans limites où la violence et la sauvagerie régnaient en maître, Mad Max 2 va plus loin et prend place dans une zone de guerre où le pétrole est devenu une denrée rare. L’épisode précédent, plus ancré dans le réel, peut paraître un peu fade tant ce second film réinvente ses propres ressorts et pose les bases d’une fiction d’une rare brutalité. Mad Max 2 est tout de même moins oppressant, ce qui lui permet de bénéficier d’une diffusion plus large et d’un succès beaucoup plus retentissant (au prix d’une censure encore présente, mais moins lourde). Ce succès réhabilite dans la foulée le premier film, le point de départ officiel laissé sur le bas-côté au profit de cette nouvelle incursion dans l’univers de Max.
Depuis les évènements du premier film, Max erre sans véritable but, si ce n’est assurer sa propre survie et mettre la main sur de la nourriture et de l’essence. Une succession d’évènements le pousse aux abords d’une raffinerie tenue par un groupe de survivants qui subit les assauts réguliers d’une bande de pilleurs en cuir/moustache aux commandes de bolides délirants. Le film ne se perd jamais en palabres et en mise en place laborieuse. La sauvagerie, la vitesse, l’absence de tout espoir jusqu’à l’apparition de Max… tout s’imbrique parfaitement, tout semble évident. Chaque élément joue son rôle à la perfection jusque dans la grande rencontre finale qui replace tout ce beau monde dans une gigantesque course poursuite dans le désert — course poursuite devenue la marque de fabrique de Mad Max, au cœur de l’intrigue du nouvel épisode Fury Road.
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Mad Max 3 : l’épisode « un peu différent »
Le mal aimé de la série.
Pourtant Beyond Thunderdome est loin, très loin d’être dénué d’intérêt malgré son rythme un peu bâtard et les libertés prises par rapport aux deux premiers volets. Max demeure ce cowboy fantomatique qui traverse les terres arides d’une nouvelle apocalypse nucléaire. Encore une fois détroussé au début du film, il atterrit à Bartertown, sursaut de civilisation dans un monde toujours en proie à la loi du plus fort et qui règle ses problèmes dans le dôme du tonnerre. « Deux hommes entrent. Un homme ressort » comme le dit si bien Entity incarnée par une surprenante Tina Turner.
On peut reprocher de nombreuses choses à ce troisième opus, les éléments « impardonnables » qui tranchent complètement avec l’ambiance des deux premiers épisodes sont légion. Max s’assagit, se prend d’une subite passion pour la défense des opprimés, et finit même dans un village constitué d’enfants sauvages qui ressemble à s’y méprendre à un mélange entre Hook et les Goonies. On met un peu de côté de l’énergie et de la violence de Mad Max pour tomber dans une fiction édulcorée dépourvue de cette rage et de cette folie propres aux protagonistes proposés jusqu’à maintenant par George Miller. Est-ce pour autant une mauvaise chose ? Pas vraiment. On nous montre simplement un autre aspect de la fiction post-apocalyptique, certes plus proche du film familial, mais dans laquelle les personnages secondaires gagnent en épaisseur. On s’éloigne des routes brutales et assourdissantes pour se concentrer sur ce qu’il peut y avoir en marge, sur le fonctionnement d’un monde qui se relève après des années d’anarchie totale. On y découvre un microcosme intéressant fait d’ouvriers, d’esclaves et de peuples nomades qui tranchent évidemment avec les punks et les gladiateurs des deux premiers épisodes. Mad Max 3 conserve tout de même une certaine forme d’héritage, une passion pour les bolides, les courses poursuites poussiéreuses et les accoutrements extravagants. Il n’est pas bien méchant, il est juste différent.
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Mad Max Fury Road : suite ou reboot ?
Les trois Mad Max se suivent, mais ne se ressemblent pas. Au milieu de toutes les catastrophes (crise du pétrole, hiver nucléaire), il est difficile de mesurer les écarts entre deux films. Les corrélations sont loin d’être évidentes et c’est quelque part la force de ces aventures qui se suffisent chacune à elles-mêmes. Le seul point d’ancrage au final, c’est ce bon vieux Mel Gibson qui traverse les trois films et gagne un peu plus de rides et de cheveux à chacune de ses apparitions. Dans ce contexte, difficile de placer le petit dernier.
Bon point pour la cohérence générale, le papa de cet univers (George Miller) reste aux commandes. Loin d’être un comeback opportuniste , l’idée d’une suite germe dans sa tête depuis 1997. Seulement, le chemin a été long pour arriver au film que l’on s’apprête enfin à découvrir — la faute aux projets de Miller en parallèle, à la longue phase de production et aux conditions terribles sur le tournage (pluies torrentielles, conflits armés). Un tel écart dans le temps, c’est à se demander comment Fury Road compte respecter la trilogie initiale, d’autant plus que Mel Gibson, devenu réalisateur et un poil trop vieux pour renfiler le cuir de Rockatansky, laisse sa place à Tom Hardy pour assurer la relève. Est-ce alors l’histoire du même Max que l’on veut nous raconter 30 ans après ? Oui et non.
De là à parler de reboot parce que l’on change l’acteur principal, c’est une réponse un peu précipitée. Parlons d’une relecture du mythe de Mad Max. D’une version alternative qui pourrait tout aussi bien se positionner juste après les trois premiers, pourquoi pas entre le 2 et le 3, ou tout simplement se suffire à elle-même. C’est là tout le défi de ce film qui doit à la fois s’inscrire dans la tradition de l’épopée post-apocalyptique sans tomber dans les pièges du blockbuster moderne. George Miller promet quelque chose d’aussi franc et raccord avec l’imaginaire mis en place depuis 1979, et surtout, de rester dans la continuité de la saga initiale tout en offrant un spectacle digne de ce nom. Fury Road n’existe pas encore qu’il part d’emblée avec une pression incroyable sur les épaules. Heureusement que le réalisateur de 70 ans continue de ne rien faire comme tout le monde.
Fury Road commence par l’élaboration d’un storyboard ultra détaillé de 3 500 tableaux avec Brendan McCarthy (un célèbre dessinateur de comics). Une course poursuite de deux heures qui couvre l’ensemble du film, tout ça avant même d’envisager écrire une seule ligne du scénario. Preuve s’il en est que c’est une tradition visuelle et sonore que George Miller s’attache avant tout à transmettre. Petit à petit, au fil des rumeurs et des vraies infos, Fury Road se constitue une aura d’authenticité en termes d’effets spéciaux. Costumes, maquillages, cascades et carambolages… toutes les cascades ont été filmées par le réalisateur, le numérique ne jouant qu’un rôle d’embellissement et de cache-misère. À en juger par les images de tournage, Fury Road garantit surtout un western mécanique complètement fou dans sa façon de penser le cadrage grâce aux fantaisies permises par l’Edge Arm.
Il est trop tôt pour se prononcer, mais ce « Mad Max 4 » porte en lui toutes les attentes que l’on attend d’une suite spirituelle digne de ce nom.
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Mad Max en jeu vidéo ?
Une des composantes essentielles de Mad Max est sa propension à inventer des bolides de plus en plus fous. De l’Interceptor au V8 en passant par une ribambelle de tous-terrains, la saga Mad Max s’en est toujours fait une spécialité, voire un enjeu majeur dans un univers qui mise une grosse partie de son désespoir et de sa sauvagerie sur l’absence de carburant, et par extension sur la fin d’une civilisation. C’est à se demander du coup comment un jeu vidéo Mad Max digne de ce nom n’a pas vu le jour plus tôt ?
Pour accompagner la renaissance de la saga en salle, Fury Road s’accompagne d’un jeu qui reprend les composantes de son univers. « Un jeu à licence » vous diraient les lecteurs du Journal du Gamer en tentant de réfréner une légère grimace, tradition dans le monde du divertissement qui vise à accompagner à tout prix un film de son pendant vidéoludique. Même s’il est mauvais, surtout s’il est mauvais tant les contre-exemples sont légion et continuent de sortir au même rythme depuis des années. Et pourtant, Mad Max (sans aucun sous-titre) débarque avec de belles promesses : celles de fournir aux PlayStation 4 et Xbox One un peu chiches en grosses sensations un vrai bac à sable nouvelle génération. Sans oublier le PC supérieur, bien évidemment.
Quoi de plus normal que le jeu vidéo Mad Max mise tout sur l’exploration d’un gigantesque désert et l’acquisition de bolides de plus en plus puissants ? Challenge accepted par Avalanche Studios (célèbre pour son délirant Just Cause) qui nous prépare une sorte de condensé de tout ce que Mad Max peut nous offrir de mieux en terme de survie en milieu hostile. Le jeu se pose en parfait complément à Fury Road, il se déroule avant, mais reste plus proche de l’héritage des premières versions à en juger par la dégaine de son héros (qui fait tout de suite penser à Mel Gibson) et aux décors visités. On y aperçoit en effet quelques clins d’oeil amusants, de la V8 d’origine (et modifiable) aux lieux traversés comme le dôme du tonnerre du troisième film dont le rôle exact reste encore à définir. Autre élément de taille dans le jeu : la physique du véhicule qui tient une place prépondérante dans nos traversées suivant que l’on décide d’ajouter plus ou moins d’éléments pour l’améliorer — du blindage au moteur décuplé en passant par l’acquisition d’un bélier pour défoncer tout ce qui bouge. Entre autres.
Ah, et entre deux virées sablonneuses, ne soyez pas étonnés de vous faire régulièrement assaillir par de nombreux ennemis et de devoir les calmer au prix d’hectolitres de sang déversés sur votre carrosserie. N’oubliez pas qu’on reste dans un univers malsain, quelque chose de nettement plus proche de l’ambiance des premiers films.
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Et les comics Mad Max dans tout ça ?
Quatre préludes à Fury Road seront édités par Vertigo (le label indépendant de DC que l’on connaît pour des comics tels que Preacher ou Fables) vers la fin du mois de mai. Quatre histoires co-écrites par George Miller en personne, réparties sur quatre mois, qui se chargent de retracer le parcours des personnages principaux jusqu’à leur arrivée dans le film. Nux et Immortan Joe ouvrent le bal, suivis de Furiosa, puis de Max qui aura le privilège d’être aux commandes d’une histoire de deux chapitres. Les connaisseurs reconnaîtront instantanément le trait de l’excellent Tommy Lee Edwards sur l’ensemble des couvertures — un artiste malheureusement trop rare en ce qui concerne les parties intérieures.
Ces histoires s’accompagnent du traditionnel pavé d’illustrations à réserver pour les amateurs d’artworks. Plus que de simples story-boards ou des photos du tournage, Mad Max: Fury Road: Inspired Artists regroupe 65 artistes qui livrent en dessin leur vision du monde post-apocalyptique imaginée par George Miller. Beaucoup de séquences dans le désert, des gangs, des portraits de personnages phares de la saga, le tout mis en images par des pointures du comics game comme Bill Sienkiewicz, Paul Pope, Lee Bermejo, Cliff Chiang ou la française Stéphanie Hans. Cerise sur le gâteau, les anecdotes de George Miller viennent souligner ces nombreuses doubles pages. On sent la patte du concepteur qui n’en a pas fini de raconter des choses sur son univers, ce qui est tant mieux pour nous.
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Vers une nouvelle trilogie Mad Max ?
Tout excité de retourner derrière la caméra pour faire joujou avec son oeuvre fétiche, George Miller nous promet qu’il n’a pas fini de développer son univers. Sachez que deux autres scripts sont d’ores et déjà prêts, dont l’épisode Furiosa qui reprendrait la suite de Fury Road. Si c’est confirmé ce serait une première pour une saga qui a toujours raconté jusqu’ici des histoires qui se suffisent à d’elles-mêmes en deux heures de temps.
Furiosa raconterait en toute logique les aventures du personnage interprété par Charlize Theron. On sait déjà que le personnage possède un fort caractère et une place tout aussi prépondérante que Max dans l’épisode Fury Road. De cette alliance jusqu’ici inédite entre Max et un autre personnage féminin pourrait naître un épisode qui décide d’inverser la vapeur et de redéfinir les rôles de chacun. Et pourquoi pas un spin off ? L’idée est tentante, loin d’être idiote pour un cinéma pop corn qui aime de plus en plus multiplier les personnages et les interactions (coucou le MCU, coucou les X-Men).
La présence de Tom Hardy est en tout cas assurée. Selon une interview donnée dans Esquire, l’acteur anglais aurait signé pour jouer dans trois autres films de la franchise après Fury Road. La thèse de la trilogie avec un spin off quelque part au milieu pourrait se concrétiser, à voir si les deux acteurs continueront de bien s’entendre (ce qui n’était pas toujours le cas selon certaines rumeurs).
Tout va surtout dépendre des chiffres que va réaliser Fury Road en ce premier week-end d’exploitation et de son impact sur le box-office.
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Super dossier!
Bonjour, je trouve le dossier bien réalisé, mais ça ressemble trop a de la pub pour être honnête :/
Sérieux ? Donc on a droit de rien dire, de rien aimer, de plus traiter d’actues ?
Dans l’ensemble c’est un bon dossier mais réussir à parler de Mad Max sans citer Vanishing Point c’est un manque grave de connaissance de l’univers de George Miller.
Je l’ai vu hier, il m’a réconcilié avec le cinéma.
C’est sanglant, déjanté, féministe, écolo, glauque, marrant… du grand art.
Je l’ai également vu hier, je confirme que ce film a vraiment de quoi plaire !
Très bon dossier, bien de le lire avant d’aller voir le nouveau film.
Il est assez cool.
Mad max un film culte que je ne raterai sans aucun doute!!