La Switch a beau vivre ses derniers instants, cela n’a pas empêché Nintendo de lui offrir un ultime volet de la saga Zelda. Cinq ans après la sortie du remake de Link’s Awakening, la firme de Kyoto se repose une fois encore sur l’expertise du studio Grezzo pour tenter de rafraîchir la recette classique de sa franchise. Après Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est le premier opus en vue du dessus à profiter de mécaniques modernes déjà approuvées par les joueurs.
Créativité et monde ouvert sont devenus les nouveaux mots d’ordre de la licence, et cette nouvelle aventure a trouvé le moyen de les intégrer parfaitement dans une formule plus rétro. Chez Nintendo, c’est en prenant des risques que l’on parvient à captiver les joueurs et autant dire que ce jeu prend plaisir à briser les codes établis depuis maintenant 38 ans. Link est absent, la Princesse prend la relève et s’offre un attirail encore jamais vu. Ajoutez à cela une exploration non linéaire sur la plus grande carte jamais vue dans un Zelda de ce genre et vous obtenez l’un des titres les plus rafraîchissants de la génération Switch. Echoes of Wisdom est un condensé de bonnes idées qui ne laissera aucun joueur indifférent.
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De la force brute à la sagesse
Pour cette nouvelle aventure, vous pouvez oublier l’épée et les gadgets que le héros tout de vert vêtu a pour habitude de transporter. En tant que représentante de la Triforce de la Sagesse, la Princesse Zelda reçoit un mystérieux pouvoir afin de stopper l’une des plus grandes menaces de l’histoire de la franchise. Dans cette version d’Hyrule, les sujets du royaume ont pour habitude de voir d’étranges failles apparaître ici et là, capables de tout engloutir sur leur passage.
Ce phénomène jusqu’alors sporadique prend une ampleur cataclysmique au début du jeu. Les zones de néant se multiplient et de plus en plus d’habitants disparaissent. Lorsque le mal finit par frapper le Roi d’Hyrule, celui-ci est remplacé par un clone qui menace de faire exécuter la Princesse. C’est alors que Zelda reçoit l’aide de Tri, un esprit habituellement chargé de contenir les failles. En offrant son pouvoir de copie à la Princesse, celui-ci compte bien élucider le mystère derrière la multiplication des failles.
Zelda et Tri partent à l’aventure avec pour seule arme un sceptre capable de créer des “échos” d’objets et d’êtres vivants. Ces prémices et cette mécanique n’ont pas manqué de surprendre suite à leur révélation dans le premier trailer. Pas de combat rapproché dans un Zelda ? Vraiment ? Et pourtant, force est de constater que cette recette fonctionne à merveille. Le nouveau pouvoir peut se montrer déroutant dans les premiers instants, le temps notamment de s’habituer aux contrôles. Mais une fois que l’on maîtrise le système de sélection des échos et leur placement dans l’environnement, on se laisse emporter par le surprenant potentiel de ce pouvoir.
La collection d’écho augmente à vitesse grand V, si bien que l’on se retrouve rapidement capable de faire face à tout un tas de situations. Là où la franchise a parfois souffert d’une progression crescendo trop lente, Echoes of Wisdom ne tarde pas à nous donner toutes les cartes pour progresser comme bon nous semble. Plutôt que de nous mettre des bâtons dans les roues pour nous forcer à revenir élucider un mystère plus tard dans le jeu, le titre met l’accent sur la réflexion et nous pousse à tester ses limites dès les premiers instants. Et c’est là que ce nouvel opus brille, car il semble n’y avoir presque aucun obstacle à notre imagination. C’est bien la première fois qu’un jeu Zelda d’apparence rétro procure un tel sentiment de satisfaction, comparable à ce qu’ont su nous apporter Breath of the Wild et Tears of the Kingdom. Et si jamais l’épée de Link vous manque : sachez que Zelda est capable de lui emprunter ce pouvoir le temps de quelques instants, afin de pallier toute situation.
Attrapez-les tous !
Si les bandes-annonces du jeu ont mis l’accent sur la duplication d’objets, tels que des lits pour créer des ponts de fortune, on se rend rapidement compte manette en main que The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom relève plutôt du monster catcher. Si vous avez toujours rêvé de jouer au dresseur Pokémon à Hyrule, ce titre est fait pour vous. À chaque monstre vaincu (à l’exception des boss bien évidemment), Zelda est capable d’apprendre son écho pour en invoquer des copies grâce à son bâton. Il est alors possible de se créer une garde rapprochée de blobs, de serpents, de moblins et cætera. En ciblant les monstres ennemis à l’aide de la gâchette, nos petits serviteurs prennent l’initiative d’attaquer et donc de nous défendre. À mi-chemin entre Zelda Link’s Awakening et Légendes Pokémon Arceus niveau sensations, la plupart des combats paraissent plutôt automatisés et n’ont rien de très compliqué.
Par contre, cette mécanique brille particulièrement lors des affrontements contre les boss. Dans ces moments, le joueur doit absolument réfléchir à la meilleure combinaison d’échos possible — qu’il s’agisse d’objets ou de créatures — sous peine de ne pas réussir à toucher le point faible de l’ennemi. Et c’est aussi là qu’Echoes of Wisdom fait fort : les monstres font aussi partie intégrante de la réflexion nécessaire pour venir à bout des énigmes et autres défis. Plus que de simples gardes du corps, ces compagnons sont capables de nous ouvrir la voie. Certaines araignées tissent des toiles auxquelles Zelda peut grimper pour surmonter des obstacles. La lance ou le boomerang des moblins peuvent activer des interrupteurs à distance. D’étranges monstres servent même de plateformes flottantes. Tout peut être utile : c’est au joueur de faire ressortir le plein potentiel de chaque écho.
Ce Zelda parvient à mettre nos capacités d’observation, d’analyse et de résolution au cœur du gameplay comme jamais auparavant, sans pour autant complexifier l’expérience au point de la rendre insatisfaisante. Certains opus du passé – dont Link’s Awakening – reposent sur des énigmes parfois injustes, par manque de solutions possibles. Il n’y a rien de plaisant à consulter un guide pour comprendre comment avancer. Alors qu’ici, les vastes possibilités permettent de rendre les puzzles plus intelligents et engageants tout en limitant la frustration. Comme quoi, il est possible de construire des donjons plus complexes sans pour autant les rendre plus difficiles à aborder.
Une fusion des meilleurs éléments
Si The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est aussi efficace, c’est avant tout grâce à l’équilibre entre les différentes ères de la franchise que le jeu parvient à trouver. Malgré son apparence de Zelda “2D”, les inspirations modernes sont pleinement assumées. Le titre emprunte son interface et son système de quête à Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, et propose un système de progression non linéaire (sans être pleinement ouvert pour autant).
Avec une prise de vue par en haut, tout semble plus vaste qu’il n’y paraît. En associant cet effet d’optique à une carte bien plus grande qu’à l’accoutumée, le monde en ressort gigantesque. Les développeurs ont donc pris soin d’intégrer un système de téléportation via des balises à activer : un outil de confort auquel on prend rapidement goût.
Son intégration dans les donjons est d’ailleurs l’un des meilleurs ajouts du titre, avec la capacité de “Synchronisation”. Ce pouvoir permet à la Princesse de déplacer des objets à l’image du pouvoir d’Emprise de Tears of the Kingdom : un outil qui complète parfaitement les échos.
L’aventure et l’histoire se déroulent d’un naturel encore rarement vu dans la licence. On se laisse agréablement porter par l’écriture parfaitement maîtrisée du scénario. L’identité de la Princesse et son caractère permettent d’amplifier le poids de nos actions au fil du scénario. Zelda semble tisser de véritables liens avec les habitants de son royaume, qui se montrent heureux de la découvrir si avenante et puissante. Jamais venir en aide aux Zoras ou au Gérudos n’a été aussi gratifiant. D’ailleurs, c’est aussi la première fois que ses paroles ne sont pas retranscrites. La Princesse n’est pas muette puisqu’on la voit échanger avec les PNJ. Mais ses dialogues n’apparaissent jamais et n’ont pas été doublés, à l’exception de quelques “oh” et “ah” entre autres réactions vocales. Cela permet une immersion totale dans le rôle de Zelda qui est plus que bienvenu.
En offrant une plus grande palette de mouvements à l’héroïne, que ce soit par l’utilisation d’écho ou la simple possibilité de sauter à tout instant via une pression de bouton, cet opus “2D” est bien le plus dynamique d’entre tous. L’exploration des failles aux mondes distordus rappelle la surprenante dimension de Giratina dans Pokémon Platine, mais avec plus de libertés et de possibilités. Quel plaisir de voir la Princesse Zelda s’offrir le titre le plus original de la franchise pour sa première apparition dans le rôle principal. Echoes of Wisdom est une ode au personnage, digne de son statut d’icône forgé au cours des dernières décennies. Jusque dans sa bande son, le jeu profite de nouvelles musiques et de nouvelles sonorités pour permettre à Zelda de son construire sa propre identité, loin de l’ombre de Link.
Malheureusement, tout ne peut être parfait et il faut bien soulever quelques défauts. Outre le manque d’intérêt des combats de monstre, le jeu souffre malheureusement des mêmes soucis techniques que son prédécesseur. Le moteur graphique de Link’s Awakening oblige, le jeu est vraiment magnifique mais subit de trop nombreux ralentissements. Les transitions de 60 images par seconde à 30 images (voire moins) sont trop fréquentes et donnent l’impression que le jeu lag. Un framerate fixe aurait été préférable. La Switch 2 parviendra-t-elle à corriger ce souci pour un sans faute ?
Prix et disponibilité
The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est disponible sur Nintendo Switch depuis le 26 septembre, pour un tarif situé entre 45€ et 60€ en fonction des enseignes et des sites de vente. La sortie du titre s’est également accompagnée d’une console Nintendo Switch Lite dorée édition Hyrule, facturée 229,99€.
Découvrez The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom
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