L’internet nous a appris plein de choses fascinantes sur Yoshi. C’est un dragon (et pas un dinosaure) qui ne paye pas ses impôts. Ses jeux, eux, ont toujours eu des intentions très claires. Ne pas brusquer le joueur, lui proposer une expérience simple, très accessible, qui fait revivre le genre plate-formes quelques instants. Un jeu Yoshi, c’est relaxant, c’est pépère, d’aucuns diraient « c’est mou ». Proche de son lointain cousin Kirby, donc. Les deux mascottes de Nintendo se sont, depuis des lustres, concentrées sur une direction artistique bien définie – la DA « Rougier & Plé » – ou pourrait-on dire « Nintendo Labo ». De la laine, de la ficelle, du carton partout. Du mignon, du coloré, du positif, que diable ! Une lignée de titres dont les défauts sont notables – souvenez-vous, Yoshi Story, sa durée de vie légendaire d’une demi-heure pour une première partie. Une franchise de jeux cultes : Yoshi’s Island est toujours poncé en speedrun. Aujourd’hui, à la barre : c’est le studio Good Feel, déjà responsable de Woolly World sur Wii U. Alors, Yoshi, un dinosaure toujours au top ?
Un scénario potentiellement oscarisable
Cette nouvelle aventure commence avec un scénario inédit et palpitant : Bébé Bowser est très fâché après avoir vu tous les fanarts crapuleux de son père qui ont fleuri sur Internet l’année dernière. Il rallie Kamek et s’en va se venger sur les Yoshi, briser un bidule et voler d’autres trucs colorés (les gemmes du bonheur, ou quelque chose du genre) qu’il faudra retrouver dans les contrées du titre. Un scénario sans aucune importance – encore une fois, ce n’est pas dans l’ADN de la série. Ce dernier, c’est l’accessibilité, et on vous demande derechef de choisir entre un mode facile (pour assister les plus jeunes joueurs) ou rester dans le normal, dans un jeu déjà très facile et automatique s’il est parcouru avec le mauvais état d’esprit et dans les mauvaises conditions.
Tout joueur d’un titre Yoshi connaît les deux mamelles du gameplay avec le dragon mignon à selle. Maintenir quelques secondes un saut en battant des papattes et en faisant ngGNngnNgn ; et gober des ennemis pour pondre un oeuf qui devient immédiatement un projectile. C’est là qu’intervient un art du level-design assez zélé, où bonnes idées et bonne direction artistique se rejoignent. On le comprend très vite, le monde papercraft de Yoshi est une bonne excuse pour plier, déplier, renverser, couper, mais surtout tout cartonner avec des œufs. À coté, devant, derrière, sur le un autre plan. Vous déviez de cinq centimètres ? Hop, un bonus caché apparaît.
Les niveaux sont truffés de collectibles et d’éléments de décor qu’on peut viser, dans une espèce d’hybridation entre 2D et 3D. Soyez clair : c’est un jeu, en grande majorité, en deux dimensions. Mais vous pouvez parfois prendre quelques bifurcations, retrouver des objets perdus, faire des menus détour tandis que la suite des événements se trouve davantage au fond. Bref, on alterne entre plusieurs plans, et on évite de tomber dans la routine avec un schéma un niveau = une idée de gameplay prépondérante. Pas toujours fascinante, mais toujours exploitée juste comme il le faut dans le contexte : un jeu très simple et smooth.
Un peu d’amour (papier velours) et d’esthétique
Vous l’avez déjà compris, Yoshi Crafted World n’est pas du tout pour les hardcore gamers. Lent, hâché, il s’adresse à des joueurs débutants ou à des inconditionnels qui voudraient le picorer par petites doses, entre deux défis plus relevés. Une ambiance détendue qui se retrouve jusque dans la bande-son, un peu trop limitée, rapidement pénible. Mais le jeu a cette volonté de bien faire, de proposer une expérience un minimum variée. Pour peu – et l’on insiste bien sur ce point – que l’on picore le jeu, parcourir les niveaux est déjà plaisant en soit. S’installe alors une petite replay value, pour ceux qui voudraient parcourir les niveaux à l’envers et ratraper trois chiens en fuite.
Enfin, le gameplay déploie quelques efforts pour proposer d’autres expériences, généralement sur rails. Lancer d’oeufs sur cibles, traverser le plus d’anneaux possibles, ce genre de mini-jeux étrangement difficiles si l’on veut atteindre les meilleurs scores. Difficiles et rigides : Yoshi n’est pas un monstre de dextérité et de fluidité dans ses mouvements. On ne peut pas mitrailler ses œufs avec un grand confort ou une grande précision, ce qui devient un problème quand le jeu vous demande soudainement de vous réveiller et d’avoir des réflexes. Une rigidité qui vient parfois dire bonjour sans prévenir dans d’autres aspects du jeu – quand il vous impose de faire un bout de chemin sur le dos de Poochy, le chien qui avance bille en tête, la ligne entre « frustrant » et « injuste » s’amaigrit.
Se prendre le chou, ce n’est pas ce qui caractérise le reste, même dans les phases de boss : vous aurez compris ce qu’il faut faire à la seconde 1, ce qui vous donnera une espèce d’aura speedrunner involontaire. Pour faciliter le parcours, deux options s’offrent à vous. À tout moment, sur la carte du monde, vous pouvez dépenser vos pièces dans un gashapon. Quelques pièces dans la machin et vous voilà affublé d’un costume qui garantit quelques « coups » d’avance qui ne vous feront pas de mal, et qui vous aideront à atteindre la fin du niveau avec une santé blindée – et donc atteindre un 100% sur le niveau. Ou l’on peut faire appel à un deuxième joueur, Yoshi Crafted World s’y prête bien avec son hybridation plate-forme/exploration.
Mauvais point pour le contrôle technique. Cet univers coloré, enchanteur et détaillé est un cran plus efficace en mode portable. Docké, sur une télé 4K, un aliasing impossible à ignorer et quelques ralentissements rappellent les générations précédentes. Allez Nintendo, tu nous a proposé une expérience parfaite sur ce point avec Mario Kart, un lustre plus tard ça devrait être un standard de qualité !
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