Après une guerre entre deux factions extraterrestres dont l’issue n’a jamais fait aucun doute, l’humanité est contrainte de fuir une Terre coincée entre ces feux croisés. Détruite, elle laisse donc l’Homme orphelin, errant dans l’univers à la recherche d’un nouvel endroit où s’installer et survivre. Rattrapé par l’ennemi, l’un des vaisseaux de cet exode, la Baleine Blanche, s’écrase sur une étrange planète, apparue soudainement et absente de toutes les cartes spatiales, Mira. Une fois sur place, le genre humain débute sa colonisation en réveillant les rares survivants en stase, afin d’explorer ces nouvelles terres. Ils ne tardent pas à être harcelés par le Ganglion, la force alien ayant détruit leur monde. Débute alors une résistance acharnée et une course vers l’Arche de Vie, module contenant le reste de la population, perdu lors de l’atterrissage en catastrophe.
Une mise en bouche alléchante qui ne s’arrête pas à ce simple concept et réserve une surprise très bien vue, transformant la nécessité en urgence. Durant toute l’aventure, un compteur indique sans cesse l’arrivée des derniers moments de l’humanité, et l’implication du joueur n’en est que plus forte. Le sentiment de solitude, d’espoir mince, bafoué par le Ganglion encore et encore, donne une impression permanente de tension et de danger. Le joueur un minimum impliqué ressent le besoin de venir au secours du genre humain dont la vie ne tient qu’à un fil électrique. Constellée d’échecs, la quête semble être une plongée vers l’abîme qui n’aura pas de dénouement heureux. Sans rien révéler, l’histoire aborde des sujets passionnants, comme la notion d’existence, ce qui définit un être ou encore la difficulté de faire des choix face à sa propre extinction. Malheureusement, si les idées sont là, le traitement qu’elles reçoivent est loin d’être à la hauteur. Chaque piste est dissoute dans une trame qui elle aussi se liquéfie au fur et à mesure, et si des réponses arrivent à la fin du jeu, elles ne participent pas à la réflexion. Elles sont uniquement présentes parce qu’il fallait bien expliquer les événements. Le parallèle avec Kojima, toujours. D’autant que l’ensemble est très mal raconté, la faute d’une part à des missions extrêmement longues à déclencher, qui noient donc le propos dans des heures et des heures de gameplay et à des chapitres bouche-trou qui servent à rallonger artificiellement la durée de vie. Et s’il n’y avait que ça…
[nextpage title=”Tous ces moments se perdront dans l’oubli”]
Pouvant être condensé sur un jeu de 20 heures tout au plus, cette dernière connaît une progression poussive avec quelques rebondissements, certes intelligents et souvent imprévisibles, mais coincés dans un manque de rythme flagrant. Les intervenants subissent ce qui se passe, réagissent mollement, même la mise en scène semble amorphe. Encore une fois, mis à part quelques soubresauts, il est bien difficile d’éprouver une certaine excitation. D’autant que les rares personnages charismatiques n’aident pas vraiment, Elma en tête, qui ose le rôle de l’individu mystérieux passant toutes les dernières heures à répéter qu’elle a un secret à révéler mais qu’il faut attendre. Et ce, sans raison valable. Comme la trame, chaque partenaire oscille entre le meilleur et le pire, entre la révolution et le cliché sans jamais choisir. Xenoblade Chronicles X ressemble à ces séries animées fleuve dans lesquelles il faudrait enlever 60 épisodes pour les rendre agréables à suivre et en tirer ce qui en fait l’originalité. D’autant que le scénario s’autorise un pied de nez lors de l’épilogue qui fera relativiser ceux qui s’étaient plaint de la conclusion du dernier Prince of Persia. Un final plus que crispant après 150 heures de jeu. Car il en aura fallu surmonter des épreuves et voir du pays pour en arriver là.
[nextpage title=”Over the rainbooooow”]
Un monde sauvage et dangereux, soumis à des changements climatiques intenses qui ont un impact sur les statistiques des personnages, regorgeant d’endroits spécifiques où disposer des sondes. Ces outils permettent de révéler les environs et de collecter des ressources en fonction de leur type, tout en créant des points de voyage rapide. Plusieurs sondes de même niveau mises en relation forment des chaînes et augmentent le bénéfice, donnée importante tant les équipements et notamment les Skells (mechas) coûtent un bras à la fois en crédits et en essence. Il est donc sage de fouiller sous chaque brin d’herbe et d’effectuer une grande partie des missions proposées pour couvrir le maximum de territoire possible. Un principe, qui comme tout ce qui anime Xenoblade X est orienté vers l’exploration à outrance.
Mais davantage que le simple voyage, le jeu pousse sans arrêt le joueur à aller chercher du loot dans une logique purement MMORPG. Si dans les cinquante premières heures, le temps de découvrir les quatre zones et d’obtenir son Skell, le contrat est accepté avec le sourire, le fait d’avoir le stuff comme unique horizon fatigue une fois que le monde offre un peu moins de surprises. Et ce, même si cette limite arrive très tard via un nombre ahurissant de lieux cachés. Le problème vient surtout de l’absence totale d’indications dans certains cas, notamment lors des missions de collectes dans lesquelles les endroits où se trouvent potentiellement les objets n’apparaissent pas. Il faut donc errer de longues heures en espérant ne pas revenir bredouille, ce qui ne serait pas gênant outre mesure si quelques-unes de ces missions n’étaient pas obligatoires. Comme lors du passage de permis Skell. Il est facile de se retrouver à sec, et face aux ennemis des derniers chapitres, la traque du moindre centime sera indispensable pour en venir à bout. Car même s’il est possible de contourner la barrière du niveau en gérant l’ensemble de ses capacités et ses attaques spéciales, customiser ses armes/armures et obtenir des points de compétences prennent un temps fou. D’où la centaine d’heures au compteur avant d’avoir vu le dernier boss et l’impression d’avoir le droit à une avancée scénaristique toutes les 10 heures. La richesse d’un système de jeu offrant d’immenses possibilités de modification contre une progression rythmée, Xenoblade X a choisi. Ce qui en fait un bon MMO offline, encore complexifié lors de l’arrivée des mechas dans l’addition.
[nextpage title=”Les Skells d’Honéamise”]
Dans Xenoblade X il est possible de se faire plaisir, mais rien n’est gratuit, la survie est quelque chose de sérieux. Un aspect sans concession qui participe à l’immersion, dans un contexte d’économies de ressources, mais qui handicape parfois la progression. Les Skells peuvent en effet être détruits et seront remplacés par une assurance dans une certaine limite de destruction. Une idée intéressante qui démontre en un sens l’aspect unique de ces engins et donne le sentiment de réellement posséder une machine personnelle, difficile à dompter. D’un strict point de vue ludique, l’obligation de racheter un mecha qui n’est plus couvert peut rapidement s’avérer très frustrant. L’équilibre entre le trip intense du vol au-dessus de Mira, de l’accès à des combats épiques et la peur de devoir se taper des missions annexes risibles pour se repayer ce type de divertissement est bancal. En revanche le simple fait de piloter les Skells offre une plus-value fantastique, le décollage enfin attendu d’un jeu qui se fait tout le temps attendre. Si la fameuse progression du héros, de son village vers l’universel, n’existe pas ici, elle est remplacée par l’accès au siège du mecha.
[nextpage title=”Hauts combats”]
Cet aspect ne rachète en rien le chaos ambiant visuel, mais apporte au moins un système solide, varié et bien plus dense qu’il n’y paraît. Il faudra pourtant que le joueur se débrouille seul, car si ses alliés ne chôment pas, l’I.A n’est pas la plus maligne qui soit. Malgré une certaine stabilité, il arrive régulièrement que ces derniers se placent n’importe comment et/ou déclenchent des attaques peu logiques. Et comme il est impossible de configurer leur pattern, énorme problème, leurs actions dépendent d’ordres simples loin d’être suffisants. Et ce n’est pas le multi qui sauvera les meubles à ce niveau-là, tant rejoindre une partie précise étant laborieux. Le mieux est donc encore de s’équiper correctement pour faire face à à peu près toutes les situations, en fouillant tous les recoins de New L.A, en passant des heures dans des menus, peu ergonomiques. Xenoblade Chronicles X est un peu jeu à système, qui joue la carte de la découverte, à la fois d’un monde inconnu et des tableaux de stats. Ce qui lui donne paradoxalement une chaleur folle, un supplément de vie que peu de jeux proposent, refroidis par un traitement clinique du scénario et aucun pas en avant vers le joueur.
Xenoblade Chronicles X peut se résumer en deux moments. La première vision d’un panorama fou grouillant de vie et le premier décollage en Skell. Deux instants fascinants qui, du début à la fin, s’accrochent dans l’esprit du joueur comme des promesses. Et sur ces envies que glissent les heures. Rarement un monde imaginaire n’a été aussi convaincant et animé, rarement la colonisation de l’univers n’a été si proche de l’humain. Avec ses thèmes pop/électro/rapesque aux chants kitsch agrémentés de mélodies souvent prenantes, quelques fois somptueuses, d’autres fois parcourues d’un frisson de honte, le jeu de Monolith est un épisode de Gundam géant. Pas étonnant qu’un des scénaristes de Gundam Seed, Kazuho Hyodo et le mecha designer Takayuki Yanase, habitué de l’univers, soient au casting. Tout comme le compositeur Hiroyuki Sawano, qui y est allé de son Gundam Unicorn.
Xenoblade Chronicles X, sortie le 4 décembre sur Wii U
Les visuels qui illustrent ce test sont des visuels éditeurs
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