Les vélos électriques coutent cher. Trop cher parfois. Non pas qu’ils ne le valent pas (bien que certains montants soient totalement injustifiés), mais pour le commun des mortels, qui commence à faire des études de marché pour acheter des pâtes, économiser 1000 euros n’est pas négligeable. C’est l’idée du Air 28 : proposer une configuration basée sur des types de composants, que l’on retrouve d’habitude sur des modèles autour des 2600 voire 2800 euros, au plus grand nombre. Mais ne rêvons pas, la qualité est inférieure. Les deux questions sont alors :
- Pour quels usages cette qualité ne sera pas limitée ?
- Est-ce suffisant pour en faire un excellent rapport qualité-prix ?
Spoiler : oui et oui, surtout lors des (nombreuses) promos.
Design : une oasis de douceur
Il est joli cet Air 28. Le dessin vintage affiche un style hollandais.
Le cadre ouvert, la batterie dans la selle, la courroie, les poignées en faux cuir, l’écran couleur, le porte-bagage, le cintre (guidon) en forme de M avec réglage de la hauteur et de l’inclinaison, le phare au-dessus du garde-boue avant et cette couleur pastel qui inspire calme et volupté.
Il y a bien quelques aberrations. À commencer par le système de batterie amovible logée dans le tube de selle dont le système d’extraction et de connexion est une gageüre, ou encore le garde-boue avant trop court. Mais rien de rebutant à ceci près : la batterie retirée, le tube de selle est ouvert et rien ne vient le protéger. Au fond, il y a les connecteurs. En cas de pluie, rien n’empêche l’eau de s’accumuler à l’intérieur. Car la selle est fixée sur la batterie. Ce qui empêche de laisser le vélo garé à l’extérieur, la batterie retirée en cas de risque de pluie. Tout le monde ne vit pas dans une oasis…
La finition est paradoxale. C’est à la fois très propre, tant au niveau des soudures que de l’assemblage (pour un VAE à un tel tarif en 2024), mais également très cheap. Nous sentons que les éléments sont tous bas de gamme. Maintenant, est-ce un problème ? Non, car nous avons gardé le vélo pendant plus d’un mois. Il a dormi sur le balcon, subissant la pluie incessante quotidienne et rien. Pas une bribe d’oxydation, de condensation, rien. Donc il y a bien une part de perception. Mais ce sentiment s’arrête quand nous commençons à titiller la bête.
Le support smartphone fourni est cool, mais pas suffisamment puissant pour tenir les briques d’aujourd’hui. Toujours au catalogue des attentions sympathiques, le vélo est fourni avec une sonnette permettant de loger un Airtag d’Apple.
Caractéristiques : une belle fiche technique limitée techniquement
Sur le papier, l’ADO Air 28 fait envie. Mais il faut garder à l’esprit que chaque composant est bas de gamme. Mais vous le verrez plus loin, ils font le job. Ainsi, sur cet ADO Air28 de 21kg nous trouvons :
- Un design vintage typé urbain/loisir
- Un moteur de 250W pour un couple de 37Nm (c’est peu)
- Une batterie de 345 Wh
- 41km d’autonomie avec un « cycliste » 110kg dessus
- Une boite de vitesse automatique de chez Mivice
- Une transmission par courroie en carbone
- Des freins à disque hydrauliques
- Un capteur de couple
- Une étanchéité IPX7 (et nous l’avons bien testée)
- Une fourche suspendue verrouillable à l’avant
- Des garde-boues et un porte-bagage de série
- Un bel écran couleur
- Des roues de 28 pouces
Conduite : pour les zones urbaines sans relief
Le dos bien droit, le poids très peu posé sur les poignets, l’Air 28 offre une position de conduite des plus confortables, pénalisée toutefois par une selle, trop dure, qui aura intérêt à être remplacée. D’ailleurs, il faudra bien noter la hauteur de selle qui vous convient, car en la retirant pour la charger, vous déréglez votre position. Il est possible de faire pas mal de kilomètres dessus avant que la selle ne vous rappelle qu’elle est bas de gamme aussi, et plutôt inconfortable.
Sur la route, les pneus font ce qu’ils peuvent sur sol sec, mais sont mauvais sur sol mouillé. Ils sont entourés de petits picots aussi inutiles que désagréables. ADO revendique du kevlar dans la conception de la gomme et communique sur la résistance. Possible, puisque nous n’avons rencontré aucune crevaison. Mais qui dit pneu rigide dit manque de grip. Des Marathon Plus de Schwalbe qui sont pourtant loin d’être une référence en matière d’adhérence s’en sortent mieux. La fourche suspendue à l’avant filtre plutôt bien les petites aspérités de la route et réduit les vibrations sur le guidon. Un bon point. Évidemment, cette fourche est verrouillable si vous souhaitez gagner en dynamisme et couper l’effet de pompage.
Les freins sont étrangement très efficaces, mais peu endurants. Enfin « étrangement », entendons-nous bien : ils font très bien leur travail et c’est attendu puisque nous parlons de freins à disque hydrauliques. Ils freinent fort avec une bonne progressivité. Mais les plaquettes rendront vite l’âme. Il faudra les faire changer assez rapidement.
Le vélo est léger pour la catégorie. La répartition du point est idéale, dans la mesure où l’élément suspendu le plus lourd est sous votre séant. Le rayon de braquage est court et permet de manier le vélo pied à terre très facilement.
Il s’agit d’un vélo accessible, facile à rouler, parfait pour les débutants. L’éclairage frontal, alimenté par la batterie est correct, mais étroit. L’arrière quant à lui puise dans deux piles LR03. Vous oublierez forcément de l’éteindre. Dommage.
Enfin et c’est un bon point, l’assistance continue à sa puissance maximum jusqu’à ce qu’il reste 10%. Ensuite, il faudra compter sur vos jambes. Sans assistance, le moteur est débrayé et n’exerce pas de résistance. Idem pour lorsque vous dépassez les 26 km/h et donc lorsque l’assistance est totalement coupée. Un bon point.
Des vitesses automatiques et un moteur anémique
L’ADO Air 28 embarque une transmission par courroie reliée à un variateur intégré au moteur. Il y a trois vitesses ou trois paliers. Tout est automatiquement géré par le système. Vous pouvez uniquement régler l’assistance étalée sur 3 niveaux : le premier est inutile, le second est le plus adapté pour rouler sur sol plat. Le dernier est utile pour les démarrages rapides en ville par exemple, ou lorsque vous êtes trop fatigué pour pédaler.
Sur sol plat, le moteur Mivice logé dans le moyeu de la roue arrière est idéal. Mais lorsque le dénivelé se présente, il rend rapidement les armes. Le couple trop limité peine. C’est là que le système tout automatique pose problème : sur une transmission classique manuelle (à chaine ou à courroie, peu importe), vous seriez allés chercher le réglage demandant le moins d’effort. Là, vous n’avez pas la main ni le pied d’ailleurs. Vous subissez le manque de latitude du système. Bref, l’ADO n’aime pas les montées.
Une bonne autonomie, mais une batterie galère au possible
L’autonomie est très correcte compte tenu de la capacité de la batterie. Elle doit cela à un poids contenu et un moteur qui manque de puissance. Vous ferez au minimum 40 km, par une température autour des 5°C, avec environ 110 kg sur la selle. Tout ceci moyennant environ 4 heures de charge pour un 10%-100%.
Mais comme il a été évoqué au début de cet essai, le système d’alimentation est une plaie qui finira par en énerver plus d’un.
Premièrement, la batterie nécessite d’être allumée pour que le vélo démarre. Une manipulation inutile qui n’a rien d’une sécurité. Il faut ensuite allumer le vélo via le boitier de commande. Deux manipulations différentes et dépendantes pour un même objectif. Sachant que ne pas éteindre la batterie engendre une décharge lente.
Une fois la batterie insérée, il faut retrouver votre réglage de hauteur. Oui, nous l’avons mentionné plus haut. Ce n’est pas fini. Il faut évidemment verrouiller le système et là encore, il y a deux manipulations : d’abord ramener la manette de réglage jusqu’à ce que le premier verrou s’enclenche. Puis il faut fermer la sécurité via un petit bouton-poussoir. Le souci ? Ce poussoir nécessite une toute petite clé, facile à perdre, et si vous avez le malheur de ne pas désenclencher le poussoir, il sera impossible de refermer le premier système.
Dit comme ça, cela peut faire peur. Dans le monde réel, le pli se prend rapidement. Si vous perdez l’une des deux clés et vous devrez charger sur le vélo directement. Et encore, il ne faut pas avoir enclenché le poussoir de sécurité sans avoir au préalable bloqué la selle avec la manette.
À ce moment-là, vous devez vous dire que nous en faisons un peu trop. Ce n’est pas fini.
Il faut ensuite brancher la batterie au vélo via un câble. Ce câble de branchement a beau être torsadé, il est court et la tension génère un moment (force de rotation) au niveau de la fiche de connexion.
Fiche qui possède son système antidétachement : il est impossible de débrancher la batterie vélo allumé. Nous n’avons pas rencontré de souci, mais nous maintenons quelques doutes sur la pérennité du système.
Pour le vélotaf ou juste pour le loisir ?
Les deux capitaines ! En effet, la norme IPX5 revendiquée n’est pas usurpée et l’ADO Air 28 est à l’aise sous la pluie. Donc vous pourrez rouler avec tous les jours et comptez que l’assistance tant qu’il n’y a pas de montée. Concernant les composants, seuls les freins vont rapidement montrer un signe de faiblesse. La courroie devrait assurer 20 000 km et le moteur a bonne réputation. Il faudra éventuellement changer les pneus et la selle. Mais ce n’est pas impératif.
Si votre objectif n’est pas le sport intense ou les pointes de vitesse, ce qui n’est jamais le cas avec les vélos arborant ce genre de géométrie, vous serez ravi de votre cycle. Sans compter qu’il a un joli style, particulièrement en crème, avec les pneus assortis au cadre.
Où l’acheter ?
L’ADO Air 28 est disponible dés aujourd’hui sur le site official de la marque au prix de 1499 euros, et en trois coloris.
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