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Test trottinette électrique Ninebot P100SE : le poids des limitations

Dans sa volonté de monter en gamme, Ninebot a choisi d’amplifier le concept de la P65, une trottinette certes imposante et lourde, mais remarquablement performante. Dans cette quête, la P65, déjà conséquente en taille, a bénéficié d’améliorations qui la hissent à un niveau supérieur sur presque tous les plans. Toutefois, son poids s’est alourdi, atteignant désormais les 33 kg (ou 32,9 kg pour être précis), fixant son coût à 54,68€/kg. Tel un Pokémon qui évolue, la P65 s’est métamorphosée en P100SE. Reste à déterminer pour qui elle est faite et quel est son rôle exact.

Design : elle aurait sa place dans Blade Runner

La firme Ninebot Segway s’est solidement implantée dans l’univers des trottinettes en offrant un excellent rapport qualité-prix allié à une finition soignée et robuste, notamment avec le modèle G30 Max. La P100SE confirme cette tendance.

La P100SE reprend le design de la P65, en version suspendue. Ça lui confère un style futuriste réussi et plus sérieux que les autres trottinettes qui se la “jouent” Mad Max.

La ligne très futuriste de la gamme P de Ninebot, aux antipodes du style Mad Max de Dualtron.

Ndrl : Nous ne prétendons pas donner de leçons, mais il est vivement conseillé d’utiliser un casque lors de la conduite de tels engins, idéalement un intégral pour moto. Les gants sont également fortement recommandés ; après tout, vos mains sont précieuses. Pour le reste, la prudence est entre vos mains.

Le deck propose une surface de 22 cm de largeur sur 52 cm de longueur. C’est suffisamment spacieux pour accueillir deux adultes, bien que cela ne soit autorisé que sur voie privée car c’est illégal en public. Les suspensions à double bras, rappelant celles de la Xiaomi Pro 4 Ultra, élèvent le deck à une hauteur de 24 cm.

Vous n’avez pas idée du volume de ces claquettes. Ici en taille 45. Et pourtant, il reste de quoi poser encore 3 pieds comme celui-ci. De quoi rassurer les basketteurs.

La Ninebot P100SE est certifiée selon la norme IP55 ou IP65 ; en d’autres termes, elle est censée résister à la pluie, du moins sur le papier. Dans la pratique, elle a affronté la pluie et a même traversé des flaques d’eau sans rencontrer le moindre souci ou panne.

Quant au guidon, il a une largeur de 63 cm et s’élève jusqu’à 130 cm de hauteur. En déduisant les 24 cm de hauteur du deck, la potence affiche une hauteur de 106 cm.

Sur le guidon, on trouve une flopée de boutons :

  • Un bouton switch mode marche / phares. Notez que les phares s’allument automatiquement si la lumière manque râce à un capteur de luminosité.
  • Un bouton à 3 positions pour les clignotants.
  • Un klaxon électronique inutile (on ne l’entend pas).
  • Un bouton d’allumage.
  • Un bouton pour changer de modes (Eco, normal, sport).
  • La gâchette d’accélérateur.
  • La poignée de frein arrière à droite.
  • La poignée de frein avant à gauche.
  • Un capteur NFC permettant d’allumer la trottinette via la carte fournie.

Côté lumière, nous sommes servis. On dispose :

  • D’un feu diurne et d’un phare (allumer l’un éteint l’autre).
  • De clignotants situés de part et d’autre du guidon.
  • D’un rappel des clignotants sur le deck, de chaque côté de la roue arrière. On aurait préféré les avoir aux extrémités du guidon pour plus de visibilité.
  • D’un feu arrière gigantesque qui fait aussi office de feu de stop quand on freine.
  • De deux bandes lumineuses en bas de la colonne de direction.
  • De deux projecteurs au sol affichant “Segway Ninebot” à l’arrière, de part et d’autre du deck.

Les roues de 10 pouces sont chaussées en pneus tubeless avec gelée anti-crevaison.

Les pneus sont très robustes en plus d’offrir un excellent grip, même sur sol mouillé.

Chose très intéressante, le transformateur est intégré dans le deck. Il ne suffit que d’un câble à 3 branches pour recharger la batterie.

Pour arrêter les 33 kg pouvant être lancés à 45 km/h sur voie privée une fois la trottinette débridée, la P100SE dispose de deux freins à disques à câble, doté chacun d’étrier à double pistons.

Le système de pliage est un classique chez Ninebot avec une double sécurité au niveau de loquet.

Niveau esthétique, elle semble sortie d’un film de SF. Les éléments de finition disséminés un peu partout offrent une bonne protection contre les intempéries du quotidien.

Avec 33 kg sur la balance, monter des escaliers ou s’aventurer dans les transports est à proscrire.

Caractéristiques principales

  • Poids : 32,9 kg
  • Moteur de 650W (1300W en crête) situé sur le moyeu de la roue arrière
  • Batterie de 1086 Wh en 36V (6h de charge environ pour un 0-100%)
  • Suspensions double bras avant et arrière
  • Freins à disques mécaniques (non hydraulique) avec étriers à deux pistons (un de chaque côté) avant et arrière
  • Freins magnétique à 3 niveaux d’intensité
  • Vmax bridée : 25 km/h
  • Vmax non bridée : 44 km/h
  • Dimensions dépliée : 1184 x 634 x 1287 mm
  • Dimensions pliée : 1184 x 634 x 640 mm
  • Etanchéité : oui IPX5
  • Clignotants sur guidon avec rappel à l’arrière
  • Démarrage via carte NFC
  • Application : oui et gratuite
  • Alarme intégrée
  • Pneus “cross season” 10 pouces tubeless de 8 cm de large avec gelée anti-crevaison intégrée

Application

Depuis notre essai de la G2, l’application Ninebot a subi une refonte totale. Nouvelle interface, nouvelle expérience utilisateur. On y trouve facilement nos repère. C’est un peu étrange comme organisation, mais c’est joli. Les mises à jour sont suggérées sur le panneau principal.

La P100SE offre une pléthore de réglages. Vous pouvez, par exemple, ajuster la vitesse du mode piéton, définir la vitesse de démarrage (la vitesse à laquelle la trottinette doit atteindre avant que le moteur ne s’active), ainsi que d’autres paramétrages liés à l’éclairage, à la récupération d’énergie et au freinage magnétique.

On trouve aussi un tableau de bord assez ludique remplace aisément celui plutôt discutable de la trottinette.

Côté application, une fonction permet d’activer une alarme. Si cette dernière était efficace sur les versions antérieures, elle présente un souci sur la P100SE : pour l’activer, la trottinette doit être allumée, ce qui semble logique. Toutefois, une fois enclenchée, la P100SE émet une sonnerie continue. Si vous éteignez la trottinette, l’alarme cesse de fonctionner. Face à ce désagrément, j’ai préféré la désactiver. Espérons qu’une mise à jour du firmware viendra rectifier ce problème.

Par ailleurs, l’application offre la possibilité de planifier des itinéraires et d’obtenir un suivi détaillé de vos déplacements.

Usage Urbain

Abordons l’aspect le plus crucial : la conduite avec cette P100SE. Son design a été judicieusement conçu. Avec un guidon culminant à 106 cm de haut, cette trottinette convient aux personnes mesurant entre 1,55 m et 1,90 m. Elle offre un contrôle à la fois précis et stable.

Le confort est renforcé par le deck, si agréable qu’on lui reprocherait uniquement sa difficulté de nettoyage. Grâce à ses pneus adhérents, on peut aisément incliner la trottinette. Cependant, cette adhérence diminue sur sol mouillé, point sur lequel nous reviendrons. En ce qui concerne les suspensions, bien qu’efficaces, elles pourraient gagner en fermeté, notamment pour quelqu’un pesant 110 kg. Vous pourriez suggérer qu’un peu de perte de poids améliorerait les choses, et vous n’auriez pas tort. Cependant, c’est un élément à considérer, car on se retrouve souvent à ras du sol. Enfin, la hauteur conséquente de la trottinette la rend quasi inutilisable sans son assistance électrique : la hauteur est simplement trop importante pour patiner.

Le freinage est loin d’être idéal. Oui ça freine fort, mais :

  • La progressivité du freinage est mauvaise à cause d’une course de la manette des freins trop courte. Soit on ne freine pas, soit on freine trop fort. Il n’y a pas eu une session sans que je ne bloque la roue arrière. Rassurez-vous, la trottinette garde sa trajectoire. Mais sur sol mouillé, ça demande de rester concentré. D’ailleurs l’arrêt 45 km/h => 0 se fait en 12,5 mètres. Le 25 km/h à 0 km/h lui prend 5 mètres. Et cela, avec le freinage magnétique en mode faible.
  • Avec le freinage magnétique au plus élevé, le passage de 45 km/h à 0 km/h se fait en 8 mètres, et le 25 km/h à 0 km/h en seulement 3 mètres.
  • Le poids engendre une inertie non négligeable en virage. Oui la trottinette est maniable, mais elle également lourde.
  • Le freinage régénératif, positionner sur “Fort” est vraiment puissant et implique de contrôler le retour de la gâchette d’accélération, gâchette qui n’est pas des plus précises.

Comme toutes les trottinettes puissantes et bridées essayées jusqu’à présent, on sent que la limitation à 25km/h manque de fluidité. On ressent le plafonnement de la vitesse.

Les clignotants sont placés trop bas et difficile à voir de jour. La nuit, la lueur les rend bien plus visibles.

“La potence est solide et ne présente aucun jeu. Cependant, un léger effet de levier se fait sentir en raison du couple du moteur. Les terrains accidentés ou les sols en terre ne posent aucun défi pour les pneus. C’est frustrant, car cette conception est clairement capable d’offrir plus de performances. On se retrouve donc avec une trottinette “overkill” pour un usage en toute légalité. Une Ninebot G2 serait plus adaptée et moins encombrante.

Notez qu’il existe 3 modes de propulsion : un mode Eco qui bloque à 6km/h, un mode Standard qui pousse jusqu’à 20km/h et un mode Sport plafonne à 25 km/h lorsque la trottinette est bridée, et à 45km/h lorsqu’elle est débridé.

On termine par la gâchette d’accélération. Un enfer sur beaucoup de modèle. ici, elle fait bien le travail, mais souffre d’une amplitude nulle en début de course : on appuie et sur un demi-centimètre, il ne se passe rien.

Usage extra urbain et version débridée

Malgré le débridage, la puissance délivrée reste linéaire et totalement gérée par la structure et les pneus.

Pour débrider la P100SE, il faut installer une application sur un smartphone Android. Les tutos abondent sur internet, donc vous chercherez 🙂

Rappelons d’abord qu’une trottinette débridée est illégale. Toutefois, une fois débridée, ses performances sont impressionnantes, bien qu’elles progressent de manière graduelle. Elle franchit rapidement la barre des 0 à 25 km/h. Au-delà de 30 km/h, l’accélération devient moins vive, nécessitant environ 10 secondes pour atteindre 40 km/h. Quelques secondes supplémentaires sont nécessaires pour atteindre sa vitesse maximale de 44 km/h.

De l’hydraulique pour le freinage aurait offert un contrôle plus fin et une amplitude de freinage plus importante. Les câbles font quand même un bon job.

Cette trottinette semble manifestement conçue pour être débridée. L’accélération est plus linéaire, évoluant de manière progressive, rendant la conduite nettement plus agréable. Grâce à des pneus larges offrant un excellent grip, la maniabilité est précise. Bien que les suspensions soient quelque peu vibrantes, cela n’affecte en rien la conduite de cette Ninebot P100SE : elle est stable, facile à rouler.

Les pneus et les suspensions gèrent aisément des virages pris à 40 km/h. Cependant, il est prudent de rester vigilant face aux nids-de-poule. Les pneus de 10 pouces, combinés aux suspensions, ne peuvent défier les lois de la physique. Il convient donc d’être prudent pour éviter tout déséquilibre soudain, typique des engins de 10 pouces pilotés par une personne debout. Il s’agit de l’effet de levier, du moment exercé, autant de concepts abordés au lycée.

En revanche, la gâchette d’accélération manque de précision. Une partie de la course n’a aucun effet, puis la puissance arrive d’un coup. La course effective est nettement inférieure à la course totale. Il faut donc jouer d’habileté pour maintenir une vitesse stable.

Enfin, la P100SE est une propulsion : le moteur est dans le moyeu de la roue arrière. On peut donc, en gérant un minimum la gâchette d’accélération, jouer à déraper sur le sable ou la terre. C’est un poil dangereux, mais amusant.

Autonomie et recharge

La recharge nécessite du temps : comptez 6h03 pour passer de 0% à 100% et 3h17 pour une recharge de 20% à 80%. Ninebot a astucieusement intégré le transformateur directement dans le deck. De plus, la recharge s’effectue via un simple câble à trois branches standard, ce qui est vraiment pratique !

La P100SE tire son appellation de la promesse d’une autonomie de 100 km. Dans les faits, on en est loin. En mode bridé, l’autonomie atteinte est de 64 km. C’est conséquent, mais en deçà de la promesse initiale. En mode débridé, deux scénarios se sont présentés :

  • En roulant principalement à 40 km/h avec des pointes à 45 km/h, l’autonomie s’est établie à 47 km.
  • Dans un second test, sans dépasser les 34 km/h, l’autonomie a atteint 62 km, se rapprochant de l’autonomie obtenue en mode bridé.

Ces mesures ont été réalisé avec un rider équipé pour un total de 115 kg. Saison oblige, la température extérieure oscillait entre 20°C et 30°C. Il faudra retirer 15% d’autonomie en hiver. Et jusqu’à 20% si la température baisse sous 0°C.

Conclusion

Segway Ninebot semble naviguer entre deux univers avec cette P100SE. Elle est un véritable plaisir à piloter : capable de maintenir aisément les 40 km/h, elle ne présente pas les à-coups habituels lorsque bridée à 25 km/h. Ses pneus offrent une tenue de route exceptionnelle, et son design est des plus séduisants. Toutefois, elle n’est pas exempte de défauts : son klaxon manque de puissance, le système de freinage gagnerait à être hydraulique, et l’autonomie promise n’est pas au rendez-vous. De plus, une fois débridée, elle se retrouve en compétition avec des modèles plus puissants dans la même gamme de prix. Son poids conséquent et sa batterie non amovible la rendent inadaptée aux déplacements en transport en commun ou à un transport manuel dans les immeubles sans ascenseur. C’est là son paradoxe : conçue pour remplacer la voiture en milieu urbain et périurbain pour les déplacements individuels, elle semble oublier que de nombreux immeubles en ces lieux ne disposent pas d’ascenseur.

Donc oui, la trottinette est réussie côté conduite et performance, mais elle impose des concessions qui vont limiter les ventes.

La trottinette électrique Ninebot P100SE est disponible au prix de 1799 euros.

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Notre avis

La Ninebot P100SE se niche dans le segment particulier des trottinettes imposantes. Elle est conçue pour rivaliser avec un scooter voire une voiture. Néanmoins, cela a un coût (1799 euros) et un poids conséquent (32,9 kg). Il est impensable de l'emporter dans les transports en commun, et la monter dans un appartement sans ascenseur s'apparente à un défi.

Sur la route, la frustration est palpable. Cette trottinette est clairement taillée pour des vitesses dépassant les 25 km/h imposés par la réglementation, un seuil que vous ne pouvez franchir qu'en territoire privé - qui demeure, par nature, limité.

Pourtant, le moteur est d'une grande qualité, le contrôleur répartit l'énergie de manière optimale, et la finition surpasse les standards actuels. Honnêtement, débridée, elle pourrait s'imposer comme le moyen de transport urbain par excellence. Néanmoins, la loi est intransigeante, et en mode régulé, la Ninebot P100SE voit ses atouts éclipsés par ses lacunes : un freinage peu progressif, une gâchette d'accélération à la course insuffisante, et un encombrement notable.

Sans la contrainte du bridage légal, elle mériterait un solide 8/10. Mais compte tenu de la réglementation française, lui attribuer plus de 7/10 semble généreux, malgré une qualité de fabrication exceptionnelle. C'est un jugement dur, car elle procure un réel plaisir. La conduire est agréable, la propulsion offrant des glissades divertissantes sur sable ou sol mouillé. Et s'amuser, quand on ne met personne en danger, ça fait du bien.
Note : 7  /  10

Les plus

  • Finition irréprochable
  • Transformateur intégré
  • Excellente autonomie
  • Moteur capable de tout gravir
  • Pneus très efficaces et durables

Les moins

  • Frustrante à 25 km/h
  • Freinage qui manque de progressivité
  • Le poids la rend dépendante de l'ascenseur
  • Klaxon inaudible
  • Impensable dans les transports en commun
  • Ecran illisible en plein soleil
10 commentaires
  1. vous n’avez pas l’impression d’incité au débridage?
    et donc de pousser les gens a être hors la lois…
    le débridage ne devrai mêmes pas être possible….

  2. Le débridage n’est pas hors la loi. Il fais juste passer le véhicule dans la catégorie motocyclettes, ce qui impose le port du casque, une assurance et je ne le rappelle plus quoi d’autres (passer le code peut être). Bref, débrider une trottinette est légal a condition de le déclarer et de se conformer à la loi.

  3. Ce genre d’article, c’est vraiment forcer les gens à débrider illégalement la trottinette… (quoi tout le monde le fait ?)
    A aucun moment on parle des obligations que l’on a lorsqu’on débride la trottinette : port du casque, assurance, plaque d’immatriculation et surtout interdiction de rouler sur les pistes cyclables en France…. Alors qu’en Suisse c’est ok (je sais de quoi je parle)

Les commentaires sont fermés.

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