Disponible depuis ce 27 juillet, The Great Ace Attorney Chronicles est un titre compilation des deux opus The Great Ace Attorney : Adventures et The Great Ace Attorney : Resolve, tous deux sortis uniquement au Japon sur Nintendo 3DS en 2015 et 2017. Le jeu ouvre donc pour la première fois la porte internationale au spin-off de la célèbre franchise Ace Attorney.
Dans ces deux titres, le joueur a l’honneur de suivre le jeune Ryunosuke Naruhodo qui va se retrouver malgré lui à devoir enquêter sur des crimes, d’abord au Japon puis à Londres en pleine époque victorienne. L’occasion d’introduire un personnage de taille : Herlock Sholmes. Bien que modifié pour les besoins du jeu, on reconnaitra nettement l’influence du plus grand détective fictif né à cette même époque sous la plume d’Arthur Conan Doyle.
Vous l’avez sûrement compris, c’est donc un titre qui s’affranchit de quelques règles instaurées par la saga principale pour en créer de nouvelles, telles que de nouveaux systèmes de jeux ainsi qu’un environnement inédit et particulièrement captivant.
Le Visual Novel dans toute sa splendeur
Le titre appartient au genre du Visual Novel (roman visuel en français) ce qui favorise nettement les dialogues et phases narratives par rapport aux phases plus actives. Dans ce sens, c’est un système de jeu qui se marie vraiment bien avec les titres plus réflexifs comme celui-ci. Cela reste tout de même dommage du point de vue du dynamisme qui ne se fait pas beaucoup ressentir. Le joueur ne peut effectuer que quelques actions clés çà et là après que les personnages aient fini de parler.
Visual Novel oblige, le jeu est très long et a donc une durée de vie conséquente — comptez environ 30 heures pour chaque opus, donc plus de 60 heures au total. Tout ceci, Capcom arrive à le réaliser en évitant au maximum les répétitions et les schémas narratifs trop prévisibles ou rallongés sans intérêts. Si quelques moments d’ennui peuvent vous attendre, ils ne dureront jamais bien longtemps et font partie de la démonstration caractérielle des personnages.
Bien entendu, le scénario et l’écriture de la narration sont des points cruciaux au bon déroulement du jeu. De ce point de vue, cet opus est brillamment travaillé et offre une complexité narrative qui se veut également assez abordable. Cependant en fonction du sens de l’observation et du raisonnement de chacun, certaines conclusions sautent parfois aux yeux tandis que d’autres donnent plus de fil à retordre. Malgré cela, Capcom a réussi à trouver un équilibre qui rend le jeu d’autant plus captivant.
Ryunosuke Naruhodo et Herlock Sholmes sont appelés à la barre
Cet opus introduit une paire de personnages intéressants tant leurs dynamiques respectives se veulent radicalement différentes. Ils sont tous deux charismatiques et possèdent une forte identité propre à chacun. Si Herlock Sholmes est bien plus démonstratif et vif, Ryunosuke Naruhodo lui est un novice qui doute parfois de ses compétences mais réussit finalement à s’imposer en tant que détective hors pair.
Les dialogues entre ces deux personnages, et les personnages secondaires sont réellement bien écrits et on note que Capcom les a retravaillés depuis la sortie des deux opus sur Nintendo DS. Ils sont à la fois emplis d’humour, de caractère et d’indices implicites que le joueur se fait une joie de démasquer lorsque cela est pertinent.
Malheureusement, les anglophobes devront passer leur chemin puisque le jeu n’est disponible qu’en japonais ou en anglais. Contrairement à Monster Hunter Stories 2, également édité par Capcom, les sous-titres en français ne sont pas disponibles et il sera donc bien difficile de suivre l’histoire si vous ne comprenez pas l’anglais, surtout avec un accent aussi fort sur la partie narrative.
Jouez comme un véritable avocat/détective
Du côté de la vraisemblance, Capcom a fourni un réel effort. On retrouve de nombreux termes et expressions en rapport avec le droit qui rendent les sessions au tribunal beaucoup plus immersives et pédagogiques. En effet, bien qu’un procès dans le jeu ne soit pas complètement fidèle à un procès dans la vraie vie, il s’en approche assez pour nous apprendre quelques leçons et nous fasciner tout au long du jeu.
On fait également l’impasse sur tous les bonus magiques et autres raccourcis peu réalistes pour s’en sortir avec un gameplay qui se veut plus posé et plus naturel. Ici, il faut jouer avec les preuves en les examinant et en les soumettant à un regard critique par rapport aux énoncés des personnages. Si cela ajoute un brin de difficulté par rapport aux autres opus de la saga, cela a le mérite de s’ancrer dans un gameplay plus réaliste et moins saugrenu. Le but étant d’utiliser davantage vos capacités cognitives et d’observation que les boutons de la console.
Finalement, dans ce jeu la difficulté de la conclusion et son degré d’évidence importent peu si l’on n’a pas les moyens de la prouver. C’est là qu’entre en jeu un système bien pensé de pièces à conviction, de contre-interrogatoire et de tout une panoplie de véritables armes judiciaires pour essayer de mettre à profit nos intuitions. Afin de nous faciliter la tâche tout de même, la première enquête introductive ainsi que les quelques vies à votre disposition vous laissent quelques chances de vous en sortir comme un maître.
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