Tous ceux qui ont joué à Braid se souviennent du troisième monde que l’on traverse. Si Tim, le héros reste immobile, tout se fige. S’il avance vers la droite, tout se met à bouger et inversement, s’il va vers la gauche, toute la scène se rembobine. SUPERHOT se base également sur un concept qui lie déplacement et écoulement du temps. Sauf qu’ici, on n’est plus dans un plateformer, mais bien dans un jeu de tir à la première personne.
SUPERHOT c’est donc une promesse simple : le temps n’avance que si vous bougez. Si vous ne bougez pas, eh bien, le temps avance quand même, mais très lentement, ce qui vous permet de voir les projectiles progresser tout doucement vers vous. Pour le reste, chaque action fera avancer le temps de manière plus ou moins rapide. Bougez votre champ de vision et le temps passera légèrement plus vite. Attrapez une bouteille vide ou tirez une balle, et ce sont quelques dixièmes de secondes supplémentaires qui vous fileront entre les doigts.
Et pour casser du brigand, tous les moyens seront bons. Au pistolet (6 balles), à l’arme contondante, au sabre, en lançant des objets allant du cendrier à l’écran cathodique, au fusil à pompe (2 coups), au sabre (qui peut quand même couper les balles en deux), à la mitrailleuse (3 salves) et même un pouvoir que vous obtiendrez en cours de partie. Il s’appelle le « Hot switch » et vous permet de prendre possession du corps d’un ennemi dans votre champ de vision, laissant celui que vous aviez se désintégrer sur place. Ce pouvoir est contrebalancé par son temps de chargement long et par le fait que le corps fraîchement acquis perdra immédiatement son arme. Il faudra donc immédiatement vous rééquiper sur le champ pour ne pas vous faire tirer comme un lapin.
Toutefois, pour pallier cet extraordinaire avantage temporel que les concepteurs vous ont octroyé, vous serez jeté dans de véritables enfers de balles. Ils seront cinq, dix, quinze contre vous ! Parfois simultanément, parfois à tour de rôle. Ce qui aurait alors été un jeu d’adresse extraordinaire en temps réel devient ainsi une planification basée sur le temps et les déplacements.
Aurez-vous le temps de recharger avant que cette balle qui s’approche ne vous atteigne ? Ne vaudrait-il pas mieux lancer votre arme au visage de cet assaillant afin de lui chiper la sienne ? À quel endroit sera cet ennemi le temps que la balle que vous venez de tirer se déplace ? Aurais-je assez de balles pour tuer tout le monde ? Comment temporiser avec au moins l’un de ces deux assaillants qui se ruent vers moi avec des fusils à pompe ? Aurais-je le temps de finir celui-là à mains nues avant que ses copains n’arrivent ? Voilà autant de questions que vous vous poserez dans SUPERHOT.
L’approche est ainsi très semblable à celle d’un Hotline Miami sous Tranxène. Vous déboulez dans une scène en évidente infériorité numérique et vous devez faire le ménage en improvisant un peu. Petit détail qui tue, vous serez récompensé à la fin de chaque niveau avec un replay en temps réel de votre performance, ce qui donne évidemment des scènes dignes d’un film de John Woo.
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SUPERHOT est graphiquement très stylisé. Le décor est blanc, les objets que l’on peut ramasser sont noirs et les ennemis sont rouges. Tout est clair et très beau. Une direction artistique qui sait en mettre plein les mirettes tout en servant le game design mérite bien d’être soulignée. Les personnages sont faits dans une sorte de cristal ce qui les fait exploser en des centaines de petits morceaux quand ils sont éliminés. C’est graphique et très bien fait.
Le contenu n’est pas en reste. Le titre vous propose d’abord de finir un mode histoire d’une trentaine de niveaux. Inutile de vous le cacher, le scénario n’est pas le point fort de SUPERHOT. Très méta, il bénéficie d’une bonne mise en scène, mais arrive après d’autres jeux comme
Pony Island ou
Undertale qui occupent déjà ce créneau du jeu-conscient-qu’il-est-un-jeu et traitent déjà le sujet au moins aussi bien.
Toutefois, le jeu ne démarre vraiment qu’après l’avoir terminé. Il déverrouille alors deux modes très fournis : le mode challenge et le mode endless.
Le premier vous demandera de refaire tous les niveaux du jeu en respectant des conditions imposées. N’utiliser que le katana ou que ses mains nues, ne pouvoir tuer les adversaires qu’en lançant tous les objets qui traînent, n’avoir droit qu’à une seule balle par arme, etc. Il y a douze modes à terminer au total dont un mode
no restart qui vous demandera de finir l’intégralité de la campagne sans mourir une seule fois.
Le mode endless lui, vous demande de tuer le plus grand nombre d’ennemis dans une arène donnée. Encore une fois, plusieurs modes sont proposés : tuer un maximum d’ennemis en 20 secondes (temps de jeu), tuer un maximum d’ennemis en 60 secondes (temps réel), tuer 30 personnes le plus rapidement possible ou… tuer le maximum de personnes tout court (mode appelé « vanilla » dans le jeu). Il y a 5 arènes différentes dont 4 à débloquer, ainsi que quelques arènes issues du mode scénario uniquement faisable en vanilla. Bref, il y a largement de quoi faire.
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