Si le début de L’Annale du Destin raccorde directement avec la fin de Le Bâton de la vérité, il prend rapidement une autre tangente pour mieux coller à son nouveau decorum. Dans la peau d’un petit nouveau à South Park, enrôlé malgré lui par Cartman (devenu The Coon), et sa bande de justiciers, le jeu se joue comme un parcours initiatique de longue haleine dans le costume (modulable) d’un justicier aux pouvoirs surhumains (modulables eux aussi). Ainsi, chaque étape scénaristique majeure permet de s’octroyer une spécialité supplémentaire (mutant, cyborg, assassin, etc), qui donne droit à de nouvelles panoplies martiales.
Mieux (et il était temps) : le personnage peut aussi jongler entre plusieurs artefacts et les placer sur un nombre limité de slots pour donner plus d’impact sur tel types d’attaques. Les combats se déroulent désormais sur un damier à taille variable, qui peut parfois excéder l’enceinte de l’écran. Chaque coup spécial possède non seulement sa puissance et ses altérations d’état, mais aussi (et surtout) son aire de dégât. Certains se font au corps à corps, d’autres sur plusieurs zones, et d’autres bousculent la position l’ennemi, tactique idéale pour l’envoyer valdinguer sur un compagnon, et créer un enchaînement de combos. Plutôt malin, ce système de combat a aussi le mérite de varier ses objectifs (il ne s’agit pas toujours de vaincre l’ennemi mais parfois de le fuir), selon les besoins du scénario, n’hésitant jamais à créer des situations aussi improbables (SDF, petits vieux, stripteaseuses, flics racistes, tout le monde y passe) que spectaculaires. Malheureusement, ces combats (et le jeu en général) ne sont guère difficiles, et frôlent parfois une routine qui aurait mérité un peu de défi pour nous passionner jusqu’au bout.
[nextpage title=”La flatulence portée au rang d’art”]
Fan service oblige, on ne peut que regretter l’absence des voix françaises officielles, remplacées par des substituts assez médiocres (un conseil, passez en VOST d’entrée de jeu), ainsi qu’un laxisme de certains sous-titres qui, quand ils ne font pas d’erreur de langue, peinent à reproduire la subtilité des dialogues originaux. Un sacrifice langagier qui ne doit pas masquer pour autant leur efficacité permanente, et l’hilarité qui en naît à de nombreuses reprises.
Le vrai talent du jeu se cache surtout dans sa façon de masquer une certaine redite derrière un scénario fort et bien ficelé. Car L’Annale du Destin, au fond, ne fait que reprendre une formule posée par son aîné, qu’il renouvelle par touches discrètes, sans pour autant enlever ses anciens défauts. Par exemple, il est dommage que la partie Exploration, à base d’énigmes simples (utiliser les pouvoirs de ses acolytes sur le décor pour débloquer de nouveaux loot) et d’allers retours incessants, n’ait pas évolué et soit toujours aussi brouillonne. Il est d’autant plus dommage que le jeu regorge de situations hilarantes, et qu’il faille se faire violence pour les débusquer.
Même si son contenu est énorme (au point de frôler la boulimie parfois), il faut pourtant reconnaître au jeu son sens du rythme sur son scénario principal, qui assure une progression rocambolesque d’une quinzaine d’heures, sans que la lassitude vienne (trop) gâcher la fête. Même s’il assure le strict nécessaire en termes de RPG, le jeu ne tombe pas non plus dans ses travers narratifs, et la moindre quête secondaire apporte son lot de narration (et de bonnes vannes) sans jamais céder au remplissage. Pas de quoi faire un chef d’œuvre pour autant, mais on est reconnaissant auprès d’Ubisoft d’avoir fait un effort de concision salutaire pour ce genre d’expérience.
South Park : L’Annale du Destin, sortie le 17/10/2017 sur PS4, PC et Xbox One (testé sur PS4)
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