En ce mois vidéoludique très chargé, Sonic Superstars se retrouve à partager la vedette avec Super Mario Bros. Wonder. Une drôle de coïncidence qui nous ramène à la rivalité historique entre les deux mascottes de Nintendo et SEGA. Hasard du calendrier ou coup du destin, les deux héros sont de retour avec des platformers à mi-chemin entre modernité et nostalgie. Difficile donc de ne pas jouer le jeu de la comparaison. Après un Sonic Frontiers en zones ouvertes pour le moins novateur, le hérisson bleu revient une nouvelle fois à la 2D. Si ce genre de titre est résolument plus simple à développer, il permet aussi de revenir aux fondamentaux de la franchise, en mettant à l’honneur une vitesse de déplacement supersonique.
Avec son passage à la 3D, Sonic s’est souvent pris les pieds dans le tapis. Entre level design inadapté et soucis de caméra, le hérisson n’a pas toujours su faire honneur à sa vélocité. D’où l’apparition de titres à l’inspiration rétro comme Sonic Mania et Sonic Origins afin de compléter le line-up du protagoniste entre deux aventures modernes. Après avoir (trop) longtemps puisé dans une esthétique pixel art, SEGA se décide enfin à imaginer un Sonic 2D dans l’air du temps. Avec sa nouvelle direction artistique et ses mécaniques inédites, Sonic Superstars est-il le renouveau promis par les développeurs ? Malgré d’excellentes idées, il semblerait que le hérisson bleu ait raté son échauffement et frôle la crampe dans sa course vers la réussite.
Notre configuration pour ce test :
- PlayStation 5
- Manette Dualsense
On ne change pas une équipe qui gagne
Pour notre plus grand plaisir, ce Sonic Superstars fait ce que l’on attend de lui. Après une cinématique d’introduction de toute beauté (qui n’est pas sans rappeler celle de Sonic Mania), quelques secondes suffisent à se lancer dans cette nouvelle aventure. Pas de grandes fioritures en vue, nous avons là un platformer Sonic somme toute classique. Exception faite que le titre nous laisse cette fois-ci le choix entre quatre personnages. Tails, Knuckles et Amy rejoignent le roster dès le début pour permettre à chaque joueur d’appréhender ce jeu comme il le souhaite. Contrairement aux alliés de Super Mario Bros. Wonder, les héros disposent ici de leur propre capacité spéciale — voler pour Tails, planer et grimper pour Knuckles — et de leurs propres attaques, à l’image d’Amy et son marteau. Toutefois, il n’y a rien de tel que le hérisson bleu pour profiter d’une expérience “à l’ancienne”.
S’il ne réinvente pas le genre, Sonic Superstars est l’occasion de (re)découvrir l’univers du hérisson sous un nouveau jour. Des modèles 3D flambant neufs aux couleurs toujours plus vives viennent poursuivre les efforts de modernisation entrepris par les séquences 2D de Sonic Generations en 2011. Mieux encore, SEGA s’est enfin décidé à imaginer de nouvelles zones. Dites adieu aux Green Hill et autres Chemical Plant 2.0, le studio réinvente ses biomes habituels pour un parfait mélange de familiarité et de découvertes. On y retrouve donc onze régions inédites, mais aux thèmes récurrents pour la licence (zone aérienne, usine, casino…). En s’inspirant des éléments de gameplay de Sonic 3 & Knuckles ainsi que de Sonic Mania, cet opus Superstars ne dépaysera pas les habitués de la franchise qui prendront un malin plaisir à foncer tête baissée à travers ces niveaux. Pris de vitesse, il faudra toutefois rester attentif à ne pas manquer les rings de téléportation, qui permettent de débloquer les émeraudes du chaos et de nouveaux pouvoirs qui vont avec, comme les dashs ou les attaques plus puissantes.
Ce nouveau volet profite également d’affrontements de boss toujours plus ingénieux. Les habituelles machines du Dr. Eggman (Robotnik pour les intimes) gagnent en sophistication afin de mettre à profit le terrain qui les entoure. Il n’est plus simplement question de sauter sur le cockpit pour les détruire : il faudra parfois renvoyer des bombes ou même éviter les attaques dans la bonne direction pour que celles-ci frappent l’ennemi. Avec tous ces ajouts, la recette 2D de la franchise s’en retrouve mise au goût du jour, et ce n’est pas pour déplaire. Toutefois, l’émerveillement des premiers instants est rapidement rattrapé par de nombreux points négatifs qui ont de quoi essouffler le hérisson supersonique.
Plus d’un point de côté
Les passionnés espéraient découvrir un successeur moderne à Sonic Mania, mais il n’en est rien. Malgré sa volonté de bien faire, le titre souffre de quelques défauts majeurs qu’il convient de souligner. En premier lieu : la répétitivité. Les jeux de la franchise ne sont pas connus pour leur longévité, et brillent plutôt par leur rejouabilité. Dans le cas de Sonic Superstars, comptez environ trois heures pour arriver au bout de l’histoire, pour ensuite recommencer avec un autre personnage. On compte donc environ douze heures de jeu au total, ce qui est loin d’être problématique. Toutefois, malgré un roster composé de héros aux compétences bien différentes, le level design ne met pas suffisamment à l’honneur ces mécaniques pour donner envie d’y revenir. La plupart des niveaux se joueront de la même façon, rendant l’aventure redondante dès la deuxième run.
Parmi les obstacles placés sur notre route, quelques-uns ont le mérite de rendre l’expérience véritablement fastidieuse. C’est notamment le cas des lianes dans la Speed Jungle Zone dont la hitbox quasi inexistante nécessite une précision experte pour avancer sans s’y prendre à plusieurs reprises. Même chose pour les courants d’airs de la Sky Temple Zone qui coupent toute impression de vitesse pour de (trop) nombreuses séquences de plateforme. Seul Tails permet d’esquiver ces quelques moments répétitifs grâce à la capacité spéciale de sa queue. Sans nouvelles options de mobilités (hormis les pouvoirs des émeraudes à débloquer) ou de parcours alternatifs pour les autres personnages, Sonic Superstars perd la structure harmonieuse qui faisait la force de Sonic Mania.
Cette fois-ci, la Sonic Team s’est également essayée à l’implémentation d’un mode coopération local. Il est alors possible de profiter de cette aventure jusqu’à quatre joueurs en local sur un même écran. Un atout non négligeable pour conférer un peu plus de rejouabilité à cette formule qui n’a que peu changé. S’il a la volonté de faire de l’ombre au plombier moustachu, le hérisson est encore loin d’avoir perfectionné ce mode. La vitesse propre au gameplay et en opposition totale avec les mécaniques habituellement appliquées dans les platformer co-op. Ainsi, la caméra suivra le joueur le plus rapide tandis que les autres seront simplement téléportés à chaque saut ou embranchement raté. Pire encore, les zones dont il était question précédemment ne sont plus seulement agaçantes, mais deviennent un véritable capharnaüm. Rien de bien pertinent donc, si ce n’est apporter son aide lors des affrontements de boss. Les quelques mini-jeux multijoueur intégrés ne servent que d’accessoires visant à renflouer cette expérience en demi-teinte : n’est pas Mario Party qui veut, loin de là.
Le mode bataille, jouable en mode local ou en ligne, est à peine amusant. S’il offre la possibilité de personnaliser son propre avatar façon Metal Sonic, le fun s’arrête là. Les affrontements sont brouillons et les missions redondantes. Pire encore, le level design et la direction artistique ne sont pas à la hauteur du reste du jeu, pourtant très bon dans ces aspects. Ce ne sont donc que de simples fioritures que l’on aura vite fait d’oublier.
Prix et disponibilité
Sonic Superstars est disponible sur PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series, Nintendo Switch ainsi que sur PC. Celui-ci est vendu au tarif conseillé de 59,99€, ou bien 69,99€ pour l’édition deluxe comprenant des skins de personnages, un mode bataille, ainsi qu’un artbook et un comics digitaux.
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” SEGA se décide enfin à imaginer un Sonic 2D dans l’air du temps ”
Sonic 4 sorti il y a 13 ans. Donc non.
le hérisson bleu commence à fatiguer. Commence seulement, il est sous perfusion depuis pas mal d’années lol
“Les combats de boss plutôt intelligents”
On n’a pas joué au même jeu, ils sont chiants et ennuyeux au possible.
Et puis pas un mot sur l’OST majoritairement ratée (merci Jun Senoue, décidément plus du tout dans le coup).
Au passage, un jeu Sonic n’a pas besoin d’être moderne pour être amusant, il faut avant tout qu’il soit bien fait. Je pourrais reprendre sans jamais m’ennuyer 15 jeux avec exactement le même gameplay que Mania si on a l’inventivité de ses niveaux originaux et sa maestria au niveau de la musique, tout ce dont Superstars manque, justement.