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Test Senstroke : des capteurs pour jouer de la batterie sans batterie

On a pu tester Senstroke, des capteurs connectés pour jouer de la batterie sur n’importe quelle surface (et surtout sans rameuter tout son voisinage).

Les batteurs pourront témoigner, la batterie c’est bien, mais ça prend de la place, et ça fait du bruit ! Dans un milieu urbain, l’instrument est très compliqué à utiliser, contrairement à beaucoup d’autres instruments, et la pratique de la batterie implique tellement de contraintes que beaucoup finissent tout simplement par abandonner. Certes, les batteries électroniques existent, mais elles se révèlent souvent tout aussi encombrantes que leurs homologues acoustiques, et elles sont finalement assez bruyantes à l’usage. Fort heureusement, les batteurs urbains en manque de sensation ont enfin une solution bien plus commode que la batterie électronique : Senstroke.

Senstroke a germé dans l’esprit de Jérôme Dron, lui-même batteur et fondateur de la start-up REDISON. Le but : offrir aux batteurs un moyen de jouer partout, avec n’importe quoi, mais aussi de s’enregistrer plus facilement. En pratique, Senstroke propose deux capteurs à fixer sur des baguettes, et deux autres capteurs à poser sur les pieds. Ces capteurs sont ensuite reliés en Bluetooth à une application disponible sur iOS et Android. Sur l’application, il faudra alors indiquer aux capteurs les zones qui correspondent à tel élément de la batterie. Ainsi, un coussin peut devenir une caisse claire, quand un tapis devient une cymbale.

« Une fois la zone de jeu définie, les capteurs se connectent à l’application gratuite. Chaque impact est transformé en note MIDI, ce qui permet d’entendre de vrais sons de batterie en temps réel depuis son téléphone ou tout logiciel de musique assisté par ordinateur », précise la start-up.

Sur le papier, le concept semble extrêmement prometteur. Mais qu’en est-il en utilisation ?

[nextpage title=”Design, Prise en main et Configuration”]

Design & Prise en main

Pour ce test, nous avons eu entre les mains (et les pieds) le pack standard du Senstroke. Dans celui-ci, on retrouve tous le nécessaire afin de se prendre pour Joey Jordison ou Chad Smith (chacun son style). On retrouve donc les quatre capteurs, ainsi que deux attaches pour les pieds. En prime, on a également droit à un double câble USB afin de remplumer la batterie des capteurs, dont l’autonomie est annoncée durer 12 heures. La boîte est très minimaliste et fera même office de rangement pour les capteurs après une éprouvante session de jeu.

Les capteurs sont blanc et noir et deux d’entre eux s’attachent directement sur les baguettes, quant aux deux autres, ils doivent être installés sur les pieds du batteur, via les attaches fournies qui viennent s’enrouler autour du pied. On ne va pas s’étendre plus sur le design des capteurs – très simple – puisque c’est plutôt leur fonctionnement qui nous intéresse.

Configuration

Direction l’App Store ou le Google Play Store pour télécharger l’application (gratuite) de Senstroke. Ensuite, il faut venir appuyer sur le bouton des capteurs, un par un, afin de les relier avec l’application. À chaque fois, l’application vous demandera à quoi correspond le capteur jumelé (main gauche, main droite…).

Ensuite, il faudra calibrer les capteurs (seulement à la première utilisation), et enfin les configurer, en définissant quelle zone de frappe va correspondre à quel son. Il vous faudra taper sur les objets sur lesquelles vous avez décidé de frapper (un coussin, un tapis de souris, une table…) afin que l’application les détecte comme étant la caisse claire, une cymbale ou encore un tom.

Si ça peut paraître un peu complexe dit comme ça, l’application se révèle plutôt bien faite et vous guide pas à pas dans la configuration, de quoi éviter de s’y perdre. Le problème, c’est qu’il faudra repasser par cette étape de configuration à chaque fois qu’on voudra jouer avec les Senstroke si on change d’environnement. Si l’application détecte plutôt vite les « zones de frappe », le processus devient rapidement fastidieux dès lors qu’on doit la répéter pour chaque instrument de la batterie : charleston, caisse claire, toms, cymbales…

[nextpage title=”Performances, Son et Conclusion”]

Performances & Son

L’un des points les plus importants lorsqu’on parle d’instrument de musique – aussi high tech soit-il – ça reste bien sûr le son. À ce niveau là, Senstroke assure. Les sons sont très réalistes, forcément, car ils ont été modélisés à partir de vraies pièces de batteries très onéreuses.

Là où ça nous intéresse plus particulièrement, c’est quant aux sensations de jeu. Contrairement à de la air batterie, Senstroke propose de recréer le confort offert par une véritable batterie en tapant directement sur une surface, et permet ainsi les fameux rebonds, une caractéristique très importante dans le jeu du batteur. Force est d’avouer qu’on se prend rapidement au jeu, pour peu qu’on ait parfaitement configuré son kit et utilisé des supports adaptés (un oreiller fonctionne, mais pour une meilleure expérience, Senstroke propose directement des supports adaptés sur son site). Une fois le casque sur les oreilles, les sensations sont plaisantes.

Source : @Senstroke

Un autre point qui intéressera particulièrement les batteurs, c’est la latence. En musique, la moindre latence peut totalement empêcher de jouer, car il faut être parfaitement calé avec les autres instruments. Avec la batterie, c’est encore pire, puisque c’est cet instrument qui est quand même censé marquer le rythme. De ce côté, pas de soucis. La latence se révèle vraiment très faible, et il est tout à fait possible de jouer par-dessus une musique, ou avec d’autres musiciens. Cependant, l’utilisation de ces capteurs dans un milieu professionnel reste à proscrire. Si la latence est faible, elle existe, et c’est tout simplement rédhibitoire dans le cadre d’un enregistrement en studio, par exemple. Mais après tout, ce n’est pas vraiment la cible de ce genre de produit.

On notera également que les capteurs confondent parfois les zones de frappe, en envoyait un son de caisse claire en plein milieu de la zone assignée au charleston, par exemple. Ce genre de « bug » peut clairement venir troubler l’expérience de jeu. Au rang des défauts, on pourra également constater que certains coups sont « doublés », mais ce genre de soucis est plutôt à imputer à la configuration hasardeuse dans laquelle je me suis parfois retrouvé qu’aux capteurs en eux-mêmes.

Possibilités infinies

Le gros plus, c’est que les capteurs sont compatibles avec des logiciels de MAO qui savent interpréter les signaux MIDI, comme Pro Tools, Logic Pro ou encore Garageband. On peut donc piloter des sons de batteries issues de logiciels professionnels et même s’en servir pour des enregistrements un peu plus sérieux. En passant par ce biais, on entre dans un autre monde : les sons deviennent beaucoup plus réalistes, et la latence est drastiquement réduite.

Par ailleurs, puisque les signaux sont envoyés en MIDI, les capteurs peuvent même contrôler d’autres sons, comme un son de guitare, de basse, de piano, ou même de flute à bec, tout ça en tapant sur des coussins ! Là, on entre plus dans la bidouille qu’autre chose, mais cela démontre bien à quel point ces petits capteurs en ont dans le ventre. À quand un album entièrement enregistré grâce à Senstroke ?

Galerie Photo

 

 

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Notre avis

Senstroke arrive avec un concept très prometteur, qui ravira les batteurs qui n’ont pas forcément l’occasion de disposer d’une salle insonorisée dédiée à la pratique de leur instrument fétiche, ou même aux urbains qui souhaiteraient se mettre à la batterie. En pratique, on est rapidement conquis par le concept, pour peu que personne ne passe à côté de vous et vous voit vous exciter sur un oreiller. On va dire que c’est un plaisir « solitaire ».

Malgré tout, Senstroke n’est pas exempt de tout défaut. Le principal point noir, c’est que pour vraiment profiter d’une bonne expérience, il conviendra d’assigner un petit coin chez soi pour y installer son kit et le configurer précisément sur l’application. Dès qu’on souhaitera changer d’endroit, il faudra à nouveau passer par l’étape fastidieuse de la configuration qui pourrait vite venir frustrer les batteurs qui voulaient juste se défouler quelques minutes.
Note : 8  /  10

Les plus

  • Concept novateur
  • Son réaliste
  • Possibilités infinies (MIDI)
  • App bien pensée

Les moins

  • Configuration laborieuse
  • Manque de précision
  • Coups parfois "doublés"

Mode