La mode de remakes n’en finit plus. Un à un, les grands classiques sont arrachés à leur repos bien mérité pour capitaliser sur la nostalgie. Trop souvent, ces rééditions n’arrivent pas retrouver le charme d’antan, et se retrouvent à être qualifiées de version moderne médiocre. S’en suit alors un ras-le-bol de la part des gamers qui n’en peuvent plus de voir des studios travailler sur d’anciens titres plutôt que d’en créer de nouveaux.
Pourtant, il arrive parfois que quelques bonnes surprises viennent se glisser parmi les remasters et remakes. En 2020, Square Enix redéfinissait les standards du remake avec Final Fantasy VII. Avec beaucoup de temps et d’attention, il est possible de réinventer un classique au point d’en faire un nouveau jeu tout aussi bon. Après de nouvelles versions (trop) simples mais efficaces des trois premiers épisodes de la franchise Resident Evil, Capcom se lance dans le bain du remake d’envergure avec le fameux quatrième volet.
RE:4 n’en est pas à son premier retour : arrivée du motion gaming sur la Wii, versions HD… Dix-huit ans après leur sortie originale, comment faire des aventures de Leon et Ashley un jeu qui tient encore la route ? Si le gameplay vieillissant de la version originale peut paraître compliqué à retravailler sans le dénaturer, Capcom réussit l’impossible.
Faire fonctionner l’horreur à l’ancienne
Alors que les jeux d’horreur se sont surdéveloppés ces dernières années, c’est aussi l’un des genres qui a le plus mal vieilli. Difficile de ressentir de véritables frissons face aux premiers Resident Evil ou encore Silent Hill. Les joueurs ont pris l’habitude d’être pourchassés par les monstres de Outlast ou agressés par les animatroniques de Five Nights at Freddy’s. Notre tolérance aux frayeurs virtuelles et de plus en plus hautes, surtout depuis l’avènement de la VR.
Si la franchise de Capcom a effectué un passage à la première personne depuis l’épisode 7 en 2017, ce n’est pas pour rien. Les standards du genre ont changé. L’angoisse générée par cette prise de vue et les possibilités qu’elle offre avec le hardware moderne a permis de révolutionner ce type de jeu. Outre l’aspect nostalgique, revenir en arrière avec un remake de Resident Evil 4 est un pari risqué. Il faut réussir à convaincre les joueurs de la première heure comme les nouveaux venus qui profitent de la franchise depuis les derniers épisodes.
Développé avec le RE:ENGINE utilisé pour le septième et huitième volet, ce remake emprunte donc la direction artistique de ces derniers. La refonte est efficace et arrive même à sublimer l’ambiance de l’original. Si cet aspect visuel est important pour la sensation qu’offre un jeu d’horreur, il faut également que le gameplay arrive à suivre. Fort heureusement pour les joueurs, le Resident Evil 4 de 2023 est largement à la hauteur de nos attentes. C’est effrayant, c’est dynamique et surtout : c’est frais.
Entre familiarité et découverte
Jouer à Resident Evil 4 aujourd’hui dans cette version retravaillée est une expérience totalement différente de l’aventure de 2004. À l’époque, cet épisode réinvente la formule. Après les prises de vue fixe, ce titre devient l’un des premiers TPS d’action (third person shooter). Cela a permis d’inspirer une génération entière de titres et il faut bien rendre hommage à cet héritage. Ainsi, pour redonner un coup de jeune à cette formule désormais vue et revue, Capcom joue à l’équilibriste entre respect de l’œuvre originale et refonte totale.
Si les premières heures de jeu servent à nous mettre dans le bain et à nous rappeler les expériences du passé, le titre effectue rapidement un revirement de situation pour complètement dépayser le joueur. Certains passages disparaissent pour laisser place à des nouveaux, tandis que d’autres scènes sont enrichies par des séquences inédites. Plus que l’horreur induite par les créatures du jeu, c’est surtout sa structure inattendue qui génère du stress en permanence.
Tout est permis dans ce remake et les fans ne sont pas au bout de leurs surprises. Grâce à ce contenu supplémentaire, Resident Evil 4 Remake affiche l’une des plus grandes durées de vie de la franchise. En fonction de votre façon de jouer et du mode de difficulté choisi, il faudra entre une dizaine d’heures à plus de 20 heures pour compléter cette aventure. La rejouabilité est également complétée par un système de défis. On regrettera cependant la disparition du contenu dédié à Ada Wong, la campagne “Separate Ways“. Puisque Resident Evil 7 et 8 ont eu le droit à quelques DLC, cette aventure devrait rejoindre le jeu à une date ultérieure moyennant une dépense supplémentaire.
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