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[Test] RAGE 2 : Ô RAGE, Ô des espoirs ?

Les Suédois d’Avalanche Studios sont irrémédiablement liés à la franchise Just Cause dont le quatrième opus n’a pas récolté les lauriers espérés. Pire, en mars dernier, les développeurs du grand nord se sont illustrés avec Generation Zero, un ratage sur presque toute la ligne. Alors, pour ne rien vous cacher, nous sommes un peu surpris de voir Bethesda confier à cette équipe le soin de dépoussiérer une franchise vieille de douze ans, le RAGE initié en 2007 par id Software. Surpris, mais curieux malgré tout. Curieux de voir ce que l’association des spécialistes du FPS brutal et des aficionados des mondes ouverts pourrait donner. Maintenant que RAGE 2 est disponible chez tous les bons revendeurs, nous pouvons juger sur pièces.

Au premier contact avec RAGE 2, c’est évidemment l’aspect graphique qui saute au visage. Avalanche Studio s’est ainsi décidé pour des tons très saturés, une utilisation « audacieuse » du rose et du fluo. On est évidemment très loin du style graphique propre au premier opus de la franchise, mais le fait est que ça passe plutôt bien. En réalité, on est même impressionné de voir combien la direction artistique se tient, combien le jeu parvient à assurer. Monde ouvert oblige, une bonne partie de l’aventure se fait sur des routes post-apocalyptiques où divers types d’environnements ressortent clairement. Des zones complètement arides succèdent ainsi à des paysages luxuriants, mais dans tous les cas, les panoramas sont de toute beauté. Moins réussis, les intérieurs – qu’il s’agisse de cités ou d’égouts par exemple – souffrent d’un manque de variété certain.

Rien de catastrophique, mais le contraste entre des extérieurs particulièrement léchés et des zones fermées plus quelconques est en réalité à l’image d’un jeu qui peine à choisir son camp, à trouver sa voie. Sur le principe, RAGE 2 nous place dans la peau d’un des derniers survivants de Vineyard, une région connue pour sa relative quiétude alors que le reste du monde est tiraillé entre les Cramés – en gros, des bandits – et l’Autorité, une espèce d’organisation qui ne souhaite qu’une chose : prendre le contrôle du Wasteland, par la force plutôt que par la finesse.

À la tête de cette dernier, le Général Cross. Mi-homme, mi-robot, il est l’instigateur de l’attaque sur Vineyard et du massacre qui s’en est suivi. Le héros de RAGE 2, Walker, est alors « promu » ranger et, par le truchement d’un scénario pas très inspiré, est bombardé « dernier espoir du monde civilisé ».

Scénario peu inspiré ? Oui, il faut reconnaître que le premier gros défaut de RAGE 2 est à chercher du côté de son écriture. Officiellement, il s’agit d’une série B à l’humour parfois potache et surtout complètement barré. Il est vrai que la galerie de personnages que l’on est amené à rencontrer peut faire sourire, mais dans la majorité des cas, c’est un sourire un peu forcé. Les ficelles sont grosses, les blagues éculées et les surprises pour ainsi dire inexistantes.

Plus gênant encore, RAGE 2 vient ouvertement marcher sur les plates-bandes d’un certain Borderlands qui n’a bien sûr rien inventé dans le domaine, mais s’est clairement imposé comme la référence côté « monde barré ». Là, Avalanche Studios ne propose pas quelque chose de complètement déplaisant, mais souffre de la concurrence alors que les clins d’œil sont plus que forcés.

Il ne lui manque que le Texas

Autre défaut qui n’en est d’ailleurs pas forcément un si on n’accroche que très moyennement à ce scénario : sa brièveté. Bien sûr, les choses vont considérablement dépendre de votre style de jeu – complétiste ou speed-runner ? – et du niveau de difficulté retenu, mais sachez qu’un joueur moyen au niveau moyen et avec l’envie d’en finir sans trop se prendre la tête, devrait boucler le scénario en une douzaine d’heures. Pour une aventure gros budget avec une ambition « bien comme il faut », on ne peut pas dire que ce soit particulièrement impressionnant. Pour ne rien arranger, au terme de cette douzaine d’heures, on ne peut pas dire que les personnages aient été particulièrement développés. En un mot comme en cent, RAGE 2 se suit sans déplaisir, mais on a toujours davantage l’impression de se laisser porter que de mener la danse.

Une danse que l’on a pourtant tendance à infliger à tous les empêcheurs de tourner en rond car – et là, vous l’aurez compris nous entrons de plein pied dans les forces du jeu – RAGE 2 est un pur bonheur de fans de shoot. Le style id que tous les amateurs apprécient depuis tant d’années est bel et bien au rendez-vous avec des fusillades nerveuses à souhait, rythmées exactement comme il faut. Cela va de pair avec une arsenal démentiel, « des flingues de concours et la puissance de feu d’un croiseur » aurait pu écrire Michel Audiard ! Les mitrailleuses font leur petit effet, mais c’est bien sûr le côté violent, presque bestial du fusil à pompe qui faire crever le plafond notre niveau d’adrénaline. Qu’on se le dise, RAGE 2 ne verse pas dans le subtil, mais que les séquences de nettoyage qu’il propose peuvent être jouissives.

Pour parfaire les choses, Avalanche Studios et id Software ont mis en place de multiples systèmes de progressions, de déblocages et de compétences sur diverses échelles afin que RAGE 2 se pense comme une sorte de mille-feuilles aux couches pas seulement superposées, mais également imbriquées les unes aux autres. Notre ranger Walker doit réactiver le « fameux » projet Dague et, pour se faire, rallier à sa cause certains pontes de la région. Ces derniers sont matérialisés par trois jauges d’approbation qui constituent autant d’arbres de compétences avec des pouvoirs à la pelle. Il est également possible d’obtenir pas mal de nouvelles armes, d’avoir des modifications pour les améliorer et de rafistoler de multiples véhicules pour arpenter le Wasteland le moins discrètement possible.

Ces multiples systèmes de progression impliquent un certain grinding du Wasteland. On se retrouve à devoir remplir des missions sans grand intérêt scénaristique simplement parce que l’on sait que ça fera monter notre cote de popularité auprès d’un des trois leaders du monde. Bien sûr, les récompenses peuvent en valoir la chandelle, mais le fait est que la structure n’est ni très originale ni très gratifiante : on arrive dans une zone, on dessoude du vilain-pas-beau et on prend le temps de fouiner pour mettre la main sur des coffres et des arches. Sans être foncièrement mauvais, RAGE 2 manque donc la fois d’inspiration et d’ambition alors pourtant que techniquement, l’essentiel était bien présent. On a de quoi s’amuser, mais ça aurait pu être tellement plus…

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Notre avis

Loin d’être un mauvais jeu, RAGE 2 souffre clairement du manque d’ambition du studio à la tête du projet. Un manque d’ambition peut-être lié à un manque de temps ou de budget, mais le problème reste entier pour le joueur. Confronté à un open world, ce dernier ne peut jamais pleinement en profiter car cet univers sonne souvent creux. À aucun moment, les scénaristes ne parviennent à nous faire vibrer et si le charisme de certains personnages secondaires semble faire mouche… rien n’est jamais développé. Heureusement, RAGE 2 peut se reposer sur le punch de ses combats et sur les sensations que l’on ressent flingues en main. À ce niveau, id Software est incontestablement le maître et on donnerait cher pour le voir travailler en collaboration avec Rockstar (monde ouvert) et Obsidian (écriture).
Note : 6  /  10

Les plus

  • Gameplay FPS qui prend aux tripes
  • Diversité et variété de l’arsenal à disposition
  • Un monde ouvert agréable à arpenter
  • De multiples systèmes de progression
  • Esthétiquement surprenant… et réussi

Les moins

  • Scénario, vous avez dit scénario ?
  • Une aventure principale bouclée en 12 heures
  • Routines du monde ouvert… par trop routinières
  • Systèmes de progression un peu stéréotypés
2 commentaires
  1. Une trés bonne surprise, un gameplay dynamique. Etonnant que vous n ayez pas soulevé oe bug d anti aliasing qui floute les textures.
    Ce jeu fait mieux que farcry.

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