Cela fait maintenant deux ans qu’une majorité des critiques souligne un retour gagnant de Pro Evolution Soccer. Certains y voient une expérience plus convaincante que FIFA, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit enfin d’une bonne alternative, à même de contenter les amateurs prêts à acheter les deux titres.
Si le mastodonte d’Electronic Arts commence à faire du sur place en termes de gameplay (heureusement agrémenté de nouveau mode de jeu), la marge de PES était largement plus grande. Reste à savoir si cet élément est encore le plus important lors du choix.
Licence de droit exigée ?
Une fois n’est pas coutume, Pro Evolution Soccer souffre d’un manque de licences flagrant. Dans un monde où la publicité et le sport n’ont jamais été aussi largement retransmis, le manque de logos et maillots officiels pour la Premier League, La Liga ou une partie de la Serie A pose un problème important, surtout chez les jeunes. La disparition d’une écurie comme le Bayern Munich fait elle aussi clairement tache. Ce manquement visuel, injuste en termes de répartition des droits détenus par FIFA, semble induire chez les néophytes un manque de finition globale dans tous les autres aspects du titre. Ce n’est pourtant pas le cas.
Si cette absence est regrettable, il faut néanmoins la nuancer. La série est en effet portée par des équipes de moddeurs talentueux dont le travail atténue clairement ce revers. Si les patchs ont toujours existé, la facilité avec laquelle on les applique arrange véritablement le problème. Cinq minutes et une clé USB suffisent pour retrouver les maillots des ligues majeures (et des nombreuses nations, qui constituent l’essentiel des confrontations). Une formalité qu’on aimerait éviter, mais qui ne peut pas constituer un pan aussi important des critiques formulées envers la saga. Sauf pour les commentaires de Darren Tullet, fatiguant pour rester poli.
D’autant plus qu’après deux ans de travail sur le Fox Engine, Konami accouche d’un jeu bien fini. Comme dans l’épisode précédent, les visages des joueurs célèbres sont superbement modélisés, même si c’est déjà moins le cas pour les championnats mineurs. Des efforts ont toutefois été faits pour les joueurs de milieu de tableau, facilement reconnaissables. En somme, il s’agit plus d’une évolution qu’autre chose. On apprécie en revanche la refonte complète des animations, qui ont elles un impact beaucoup plus important dans le jeu.
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Expert en bâtiment
N’en déplaise à certains, c’est bien sur le terrain que cet opus doit être jugé. PES semble avoir trouvé le bon filon depuis deux ans, en proposant un gameplay basé sur la construction en équipe. Un choix rafraîchissant face aux individualités d’un FIFA qui privilégie encore nettement le sprint, ce qui reste tout à fait défendable dans le football actuel.
Conscient qu’un match ne dure pas vraiment 90 minutes, les développeurs avait toutefois accéléré le rythme de jeu, ce qui donnait lieu à un tiki-taka impressionnant, mais peu réaliste lorsqu’il était mené par Bourg-en-Bresse. Ces derniers ont modifié le tir puisque l’avancée sur le terrain est désormais plus lente. La physique de balle, assez lourde, constitue toujours un régal.
On se surprend parfois à marcher dans le dernier tiers du terrain, afin d’attendre un appel ou de lancer une course qui requiert alors une sacrée note d’accélération. Il n’est pas rare d’effectuer une bonne douzaine de passes avant de trouver la brèche. Comme à l’entrainement (le vrai !), on se base sur de vieux schémas tactiques (jeu en triangle, débordement…) qui ont fait leur preuve. Des confrères y voient (à raison) une forme d’académisme, mais ce dernier ne constitue pas un défaut et comblera peut-être les attentes de ceux qui ne regardent pas que le Barça à la télévision. Le football évolue, mais reste protéiforme, nos différents championnats européens nous le prouvent chaque semaine.
Que les nouveaux joueurs se rassurent, la simulation de Konami reste très abordable, notamment car les arrières conservent une très (trop?) grande importance, et que le couple centre/tête reste encore plus qu’efficace. Les formations à adopter en ligne (les serveurs ont l’air de mieux se comporter) devront donc être parés pour le jeu aérien. Heureusement que les gardiens s’avèrent nettement plus réactifs que l’année dernière. On apprécie l’arrivée d’un second curseur translucide, qui nous indique qui sera sélectionné si on décide de changer de joueurs, et permet de mieux s’organiser dans les contre-attaques. À ce titre, les joueurs solo devront au moins jouer en mode professionnel, l’IA étant bien trop clémente avant cela.
Le PlayerID, censé recréer le style de jeu des grandes stars, fonctionne à merveille. Il suffit de voir les petits touchers de balles de la Pulga ou les bras flottants de Pogba lors de ses dribbles pour s’en convaincre. Ces “jokers” sortent des mouvements d’anthologie trop facilement, mais raviront les joueurs occasionnels en quête de spectacle. Des cibles à tacles qui soulignent le laxisme toujours trop appuyé du corps arbitral, le carton rouge sortant très rarement. Malgré cela, difficile de bouder son plaisir.
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Regagner le terrain social
Afin de reconquérir son public, Konami a implémenté des modes qui nous poussent à nous retrouver entre amis. Là où FIFA fait mouche en proposant les aventures scénarisées du jeune Alex Hunter, PES joue la carte de la nostalgie et de l’époque presque révolue où l’on faisait tourner la manette entre copains. Si peu d’efforts ont été faits sur les modes traditionnels (La Ligue des Masters a à peine été remaniée), on se réjouit de l’apparition d’une option match aléatoire, qui permet des confrontations parfois inégales et forcement drôles.
Mieux encore, il est désormais possible de jouer en 3 vs 3 ou moins (en ajoutant des IA) dans un mode qui juge assez habilement les performances de chacun. Idéal pour accuser son voisin lors d’une cuisante défaite contre les collègues assis à côté. Cette technique est assez judicieuse, notamment car Konami n’a actuellement pas les moyens de concurrencer FIFA sur ses nouveaux modes. Quitte à écouter des âneries en plein match, autant qu’elles viennent de quelqu’un qu’on connait.
Pro Evolution Soccer 2018, disponible sur PC, PS4 et Xbox One
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