Shigeru Miyamoto n’est pas seulement le père de Mario, il est également à l’origine des petites créatures connues sous le nom de Pikmin. Ces drôles de bestioles à mi-chemin entre une fée et une plante ont su marquer plusieurs générations de joueurs. Depuis le premier atterrissage du Capitaine Olimar sur Gamecube en 2001, la franchise a fait son bout de chemin et s’est invitée sur différentes générations de consoles.
Après deux premiers épisodes réussis, quoiqu’un peu niche, la franchise disparait des radars en 2004. Les deux volets se contentent d’une adaptation sur Wii en 2009, avec la prise en charge du motion gaming. Il faudra cependant attendre 2013 avant de découvrir Pikmin 3 sur Wii U, le premier chapitre inédit en presque dix ans. Le jardinage demande du temps, et il en va de même pour ces créatures.
Il semblerait que le temps de maturation des Pikmin soit fixé à une dizaine d’années, puisque voici venu Pikmin 4, tout juste dix ans après les précédentes aventures sur Wii U (et depuis rééditées sur Switch dans une édition Deluxe). Cet épisode réussit le pari de faire de Pikmin une licence moderne et dans l’ère du temps, tout en conservant l’héritage cher aux joueurs de la première heure.
Silence ça pousse
Sous son air mignon, difficile d’imaginer Pikmin comme un jeu difficile et impitoyable. Et pourtant, c’est bien ce qui vous attend avec ce jeu de stratégie en temps réel. Cette exclusivité Nintendo n’a rien à envier aux plus grands RTS. StarCraft et Warcraft vous ont fait perdre des cheveux ? Ce n’est rien comparé à la mort soudaine de votre entière armée de Pikmin face à la moindre roulade d’un Bulborbe un peu trop enrobé.
Pikmin 1 et 2 sont réputés pour leur difficulté, capable de faire pleurer les joueurs les plus aguerris. Bien plus d’un gamin a dû être traumatisé face au compte à rebours du jeu, la difficulté des affrontements et la complexité de cette aventure multitâche. Car oui, pour briller dans Pikmin, il faut être capable de diriger votre armée de petites plantes tel le plus fin stratège de la galaxie. Ces alliés de (petite) taille peuvent aussi bien porter de lourdes charges que s’attaquer aux menaces peuplant l’étrange planète sur laquelle le protagoniste se retrouve naufragé.
Il faut alors utiliser les éléments et les attributs des Pikmin à bon escient pour les maintenir en vie et optimiser votre exploration. Amasser des trésors, déblayer le terrain et éviter les assauts ennemis avant la fin du décompte n’est pas une mince affaire. Ce gameplay si particulier est de retour dans Pikmin 4, non sans quelques améliorations. Celles et ceux qui étaient auparavant décontenancés par la licence trouveront dans cet épisode une magnifique introduction à la franchise, bien moins punitive que les opus précédents.
Un bourgeon qui éclot enfin
Les Pikmin ont décidément bien profité de l’engrais. Il aura fallu dix ans pour que la franchise arrive enfin à se réinventer. Cette évolution tant attendue pourrait cependant décevoir les habitués. La difficulté caractéristique des épisodes précédents s’évapore face aux nombreuses améliorations appliquées. Cette fois-ci, Nintendo privilégie un gameplay satisfaisant par ses mécaniques plutôt que par le sentiment d’accomplissement une fois un niveau complexe bouclé. Là où Pikmin 3 ne brillait que par ses nouvelles créatures, Pikmin 4 ne lésine pas sur les nouveautés.
Avec un scénario inédit aux nombreuses quêtes, un allié plus que bienvenu en la personne d’Otchin le chien ainsi qu’un large arsenal de gadgets et autres outils, l’aventure prend en grade pour notre plus grand plaisir. Suivant un appel de détresse du Capitaine Olimar, de nombreux explorateurs de la galaxie cherchant à le sauver ont, eux aussi, fini par s’écraser sur la planète hostile. Le joueur doit alors créer son propre personnage, nouvelle recrue des sauveteurs et dernier espoir des nombreux naufragés. Il est une nouvelle fois question de réparer un vaisseau, mais aussi de retrouver l’ensemble des explorateurs perdus après avoir tenté de venir en aide à Olimar. Chacun d’entre eux offre d’ailleurs une série de quêtes secondaires qui décuple la durée de vie du titre.
Presque à l’image d’un rogue like, chaque exploration en extérieur est l’occasion d’amasser des ressources pour améliorer nos compétences et faciliter la suite des opérations. Il est alors possible de devenir insensible à certaines menaces élémentaires, d’obtenir un radar pour rappeler les Pikmin à distance ou encore offrir à Otchin la puissance de 100 des petites créatures. Ce compagnon canin peut servir de monture ou être contrôlé à distance pour encore plus de polyvalence dans nos différentes stratégies. Le système de progression est si bien réfléchi que Pikmin 4 en devient presque addictif. On regrettera cependant que ces compétences et objets à débloquer facilitent un peu trop l’aventure. Les vétérans seront donc tentés de s’en passer, même si le titre n’en sera que moins varié.
Entre jolies fleurs et mauvaises herbes
Malgré la simplification de la recette initiale, habitués comme nouveaux venus seront ravis de découvrir un jeu au gameplay diversifié. Les expéditions de jour s’accompagnent désormais de missions de nuit. Pas question de se balader tandis que les monstres nocturnes se déchaînent, mais plutôt de survivre à leurs assauts pour protéger une Lumilière, source d’un nouveau type de Pikmin et d’une ressource clé à l’avancée de l’histoire. Ce mode tower defense est l’une des plus belles surprises de cet épisode.
Le jeu nous force donc à alterner entre différents types de gameplay et brise alors l’impression de redondance des épisodes précédents. Ce nouveau rythme améliore grandement le confort de jeu, mais ne supprime pas entièrement la fatigue ressentie face à la répétition des actions. Pikmin 4 reste un jeu ou il faut transporter, attaquer, transporter… Et ce sans cesse, à l’exception des missions nocturnes. Il est véritablement difficile de se plonger dans l’univers du jeu pour de longues sessions, et c’est bien dommage pour un titre appelant à l’exploration.
On notera cependant que les grottes souterraines profitent désormais d’un level design bien plus travaillé, leur offrant une véritable identité et de nouvelles façons de travailler avec les Pikmin. Entre simples donjons de réflexion ou défis d’affrontements, ces zones nous rappelleraient presque les Sanctuaires de The Legend of Zelda : Breath of the Wild et Tears of the Kingdom. Tout comme les aventures de Link, ce Pikmin brille également par ses graphismes et sa direction artistique recherchée. Entre le photoréalisme des décors et l’aspect cartoon des aventuriers et créatures, ce monde abandonné s’offre une dualité presque mystique. En somme, Pikmin 4 est un reboot efficace plaçant le confort du joueur avant tout, au risque de perdre ses joueurs de longue date. Loin d’être parfait, cet opus reste objectivement le plus agréable de la franchise, si ce n’est le meilleur face aux standards vidéoludiques actuels.
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