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[Test] PES 2019 : Le football paie, le travail aussi

Cela fait trois ans que Konami tente de faire sortir la franchise Pro Evolution Soccer de l’oubli. À force de travail, le studio japonais est en passe de réussir son pari.

Depuis presque deux générations de consoles, l’opposition entre les deux seules simulations de football n’avait plus vraiment lieu d’être, au grand dam des journaux spécialisés. L’hégémonie de FIFA s’est ainsi étalée sur plus d’une demi-douzaine d’années, reléguant la vieille gloire de PES à un souvenir de trentenaire.

Avec un budget infiniment plus faible que celui de son concurrent, le studio japonais s’est rabattu sur ce qui avait déjà fait le sel de sa franchise : le gameplay. Tout comme FIFA l’a fait aux alentours de 2008, PES s’est inspiré des innovations apportées par son concurrent pour rattraper son retard. Après trois ans de retouches (et de douleur), force est de constater que le pari est réussi. Sur le plan ludique, tout du moins.

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Qu’importe le flacon…

Conscient de cette menace encore lointaine, FIFA n’a eu de cesse d’enrichir son titre de licence en tout genre. Ligue à foison, foot féminin et désormais Champion’s League (chipée à PES)… Un atout mine de rien indéniable pour les amateurs d’un sport devenu une impitoyable machine marketing.

Cette itération ne fera pas bouger les lignes, même si le studio a tenu à rajouter de nombreux championnats moins médiatiques (belge, danois, turques, chilien, colombien, écossais…), mais bienvenus. Le jeu en tant que tel souffrira toujours de ne pouvoir afficher directement les maillots de clubs comme le Real Madrid ou la Juventus de Turin. Mais cet argument ne peut pas tenir indéfiniment, d’autant qu’il est intimement lié à des questions d’ordre économique.

Une fois n’est pas coutume, la communauté de moddeurs qui suit le titre est extrêmement réactive et a réalisé un travail dantesque. Il faut dire que Konami a tout fait pour leur faciliter la tâche. Il suffit d’un quart d’heure (et d’une clé USB) pour retrouver les licences officielles, voire beaucoup plus avec le temps. C’est tant mieux même si on déplore que les joueurs Xbox One n’y ait pas le droit.

Une fois cette étape passée, on se rend compte que les développeurs ont une nouvelle fois peaufiné l’aspect visuel du titre. L’ensemble se révèle fin et détaillé et les visages des joueurs connus profitent d’un rendu parfois bluffant. C’était déjà le cas lors de l’opus précédent, mais on constate que la gestion des lumières est plus réaliste.

Évidemment la beauté plastique du titre est plus prégnante lorsque l’on joue avec un parterre de stars. Attendez-vous à des faciès plus burinés en ligue écossaise. Mais ne boudons pas notre plaisir, le FOX Engine livre enfin son plein potentiel. L’atmosphère est très bonne, à condition de désactiver les commentaires désynchronisés, toujours assurés par le duo infernal Grégoire Margotton/Darren Tulett. Si on ne doute pas de leur expertise dans la vraie vie, la performance des deux compères fait ici souvent peine à entendre.

La beauté du geste

Véritable liant entre chaque action, les animations tiennent une place primordiale dans une simulation sportive. Et elle participe ici grandement au plaisir de jeu. Durant trois années, Konami n’a eu de cesse d’en ajouter, insufflant ainsi une vraie personnalité aux confrontations. Les joueurs tentent de conserver la balle alors qu’ils sont en train de tomber, effectuent des contrôles orientés avec le genou ou des ailes de pigeon, captent le ballon avec l’extérieur de pied… Autant de petites nouveautés qui insufflent du naturel aux actions.

Si le cœur du gameplay est toujours basé sur une intense bataille au milieu de terrain, le rythme général est plus lent. Cette nouvelle impression de lourdeur est prégnante, mais ne pénalise pas du tout la construction. Elle empêche de mettre en place le tiki-taka trop rapide (voire irréaliste) de l’année précédente même si la tactique barcelonaise reste très efficace si vos milieux sont au niveau.

Côté défense, on note cependant une tendance à pousser le ballon récupéré beaucoup trop loin lors des tacles, ce qui a tendance à laisser une seconde chance à l’adversaire.

De manière générale, et comme dans le véritable football, vous adapterez votre tactique à votre effectif. Des ailiers véloces et des milieux polyvalents donnent naturellement envie de jouer en 4-3-3, voire en 3-4-3 à condition de posséder des « mobylettes » chez les latéraux. Parlons-en.

La gestion de la fatigue a été remaniée, et devra être prise en compte pour certains joueurs qui tireront la langue passé l’heure de jeu. Les remplacements rapides font d’ailleurs leur apparition. Un point à prendre en compte si vous disposez de joueurs techniques, mais anciens. Au final, on prend beaucoup de plaisir à explorer ces différentes stratégies si connues des amateurs de football, mais finalement jamais véritablement retranscrites dans nos jeux de foot.

Le Player ID, censé retranscrire le style de chaque grand joueur, fonctionne toujours à merveille. On retrouve la conduite de balle de Messi, les passements de jambes de Neymar, la protection de balle de Pogba… les différences de gabarits se ressentent dans les chocs, mais aussi dans l’utilisation d’un joueur clé. PES redonne ainsi envie de jouer avec des pivots (Giroud, Mandzukic…), capables de glisser une balle aérienne au dernier moment à un second attaquant (ce diable de Dybala). Un bon moyen de ne pas jouer seulement avec des champions du 100 mètres. Le studio a vraiment abattu un beau travail sur cet aspect-là. Ça tombe bien, c’est le plus important.

Les gardiens ont une nouvelle fois gagné en efficacité et se révèlent nettement plus compliqués à tromper hors de la surface. On remarque que les sorties complémentent insensée des portiers ont quasiment disparues, ce qui les rend également plus difficiles à lober.

L’arbitrage reste en revanche un peu trop laxiste. Certains tampons ou tacles dangereux ne sont pas sanctionnés alors que de petits chocs se soldent par une faute, et un arrêt du jeu. Il est bien rare de voir sortir un carton rouge durant une confrontation, même engagée.

Same player plays again

Le menu principal affiche toujours les différents modes de façon austère, mais qu’en est-il de ces derniers ? Vous ne serez pas perdu puisque peu de choses ont changé depuis l’opus précédent. La ligue des Master s’est vue affublée de quelques vidéos d’incrustation, mais aussi d’une gestion plus réaliste des transferts.

Peu de bouleversements concernant le mode Vers une légende ou les compétitions solos, qui occuperont les joueurs qui aiment se frotter à l’IA. Ces derniers constateront qu’elle est plus corsée qu’auparavant et opère des replis défensifs plus intelligents. Le mode coopératif à 3 contre 3 répond lui toujours à l’appel et reste le meilleur moyen de s’amuser entre amis.

MyClub, l’équivalent de FUT a en revanche connu quelques modifications bienvenues. Moins exigeant que son concurrent, qui n’est plus si abordable aux débutants, il permet de construire une équipe de rêve assez facilement. Comme dans FIFA, il est désormais possible de récupérer des joueurs « en vue », dont les performances récentes sont remarquées, pour les intégrer à votre onze. Ce boost n’est certainement pas anodin et permet même à des joueurs bons d’atteindre un excellent niveau. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut se les procurer via des pièces MyClub, plus difficiles à obtenir que les GP qui se récupèrent assez facilement.

Pour la première fois, Konami incite plus clairement les joueurs à passer à la caisse (bien que les prix restent raisonnables). Que ceux qui ne le désirent pas se rassurent, il y a tout à fait moyen de recruter de grands talents avec les points de base, mais ces derniers ne bénéficieront pas de ce petit boost (Neymar passe par exemple de 93 à 96). Sachez par ailleurs qu’il faudra débourser 25 000 GP pour trois joueurs au hasard contre 10 000 par tête auparavant.

Si vous disposez de trois fois le même profil, vous pourrez l’échanger contre un joueur de même rareté. Le studio japonais a voulu miser sur un fun encore plus immédiat, en vous offrant quasiment deux à trois grands joueurs rapidement après le début de votre épopée. Le jeu en ligne, en mode MyClub ou classique, reste donc le plus prisé de la majorité des joueurs. Le matchmaking semble en revanche encore faire des siennes même si les très longues attentes pour trouver un adversaire s’avèrent plus rares. La marge de progression sur la diversité des modes est encore large et on espère que Konami fera un effort en ce sens sur le prochain opus. Mais balle au pied, on s’éclate.

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Notre avis

Il est bien difficile de connaitre le destin de PES 2019. Mais le travail effectué par Konami ces dernières années est palpable, et mérite amplement qu’on s’y attarde. Le titre de Konami propose une vision académique, mais réaliste du football. Le plaisir de construire une action est au moins aussi gratifiant que de la voir aboutir. Si la présentation a peu changé par rapport à l’opus précédent (graphismes, menus, modes…), le travail sur le gameplay est évident. Ni trop simulation, ni trop arcade, le jeu atteint ici un équilibre digne de sa belle époque. Reste à savoir si le grand public passera outre son inévitable problème de licence, aujourd’hui facilement contournable (sauf sur Xbox One).
Note : 8  /  10

Les plus

  • Des graphismes maîtrisés
  • Une bataille intense et réaliste au milieu de terrain
  • Un football qui requiert de la stratégie

Les moins

  • Peu de changements dans les modes de jeux
  • Un problème de licences qui fait partie des meubles
  • Des commentaires désynchronisés et plutôt faibles
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