+ 5 en persuasion
Comme le premier volet, Original Sin 2 est issu d’une campagne Kickstarter à succès. La promesse du studio belge Larian était claire : donner une suite au jeu de 2014 en réutilisant le même système, tout en se rapprochant le plus possible de l’expérience JDR papier. Pari réussi sur tous les points.
Le joueur incarne un ensourceleur. Dans l’univers du jeu, cela fait de lui un paria, traqué par les autorités à cause d’un pouvoir qu’il n’a jamais pas voulu. Avant même de cliquer sur “nouvelle partie”, le premier choix s’offre au joueur. Va-t-il créer un personnage original ou utiliser un préétabli ? Dans le premier cas, il donne vie au personnage de son choix, comme dans un jeu de rôle normal, en déterminant toutefois certains aspects roleplay, comme les origines ou le parcours avant l’aventure. Avec un personnage préétabli, il dirige un héros à l’histoire originale avec ses propres quêtes, sa propre histoire intimement liée à l’histoire principale.
Idée brillante de Larian : les personnages préétablis ne sont pas pour autant jetés à la poubelle si le joueur décide de faire son propre héros. Ils sont en effet présents dans l’aventure et peuvent être recrutés au fil des quêtes. Ainsi, leurs scénarios préétablis deviennent des quêtes secondaires passionnantes.
Une fois l’aventure lancée, le joueur se voit envoyé à Fort-Joie, une île prison sur laquelle il est impossible de s’échapper… et c’est à peu près tout ce qu’il sait.
+10 en inventivité
Dans un jeu de rôle papier, il n’y a pas de quête principale bien définie. C’est aux joueurs de suivre la route invisible tracée par un MJ (Maître du Jeu), dont tout le talent résidera dans le fait de leur faire croire qu’ils maîtrisent leur destin. C’est tout ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais MJ. Et Divinity Original Sin 2 est un excellent MJ.
Échoué sur une plage, le joueur doit se débrouiller pour s’évader de l’île prison. Pour cela, il devra tâtonner, explorer, tester diverses possibilités offertes par le moteur du jeu. Mais en aucun cas, le journal de quête prend le joueur par la main, puisqu’il se contente de lui donner des objectifs flous. Des objectifs qu’il peut remplir de bien des manières (furtive, magique, détournée, bourrine, diplomatique, en fabriquant un objet saugrenu). Par exemple, il existe moult façon de sortir de la prison du début du jeu, que ce soit par un chemin prévu par les développeurs… ou non. La grande force de DOS 2 est en effet de s’adapter aux actions du joueur, continuant l’aventure si celui-ci a atteint l’objectif sans passer par tel ou tel passage.
Pour la première fois dans l’histoire du jeu vidéo, le rôliste retrouve donc ce frisson de la liberté qu’il n’a pour l’instant trouvé que sur papier. Comme un MJ talentueux, les développeurs de Larian ont su camoufler efficacement les ficelles pour lui faire croire qu’il maîtrisait tout de bout en bout. Des ficelles qui restent indécelables, même après trente heures de jeu.
+ 15 en force
Concernant le système de combat, DOS 2 reprend le système de combat du premier volet en l’améliorant considérablement. Toujours au tour par tour comme dans une partie de JDR papier, il évolue dans le bon sens en adaptant chaque combat au terrain.
Ainsi, un groupe n’appréhende pas de la même manière un combat en extérieur qu’un combat dans une caverne. Les archers ou lanceurs de sorts peuvent maintenant se placer en hauteur pour bénéficier d’un bonus d’attaque, les tank peuvent maintenant boucher un passage étroit pour empêcher les ennemis d’avancer pendant que les DPS distance les pilonnent à l’arrière, les tonneaux de feu ou de poison sont toujours de la partie pour modifier la topologie du terrain à volonté. Ajoutons à cela l’apparition de deux barres d’armures supplémentaires (physiques et magiques) pour pimenter le tableau.
Rares (souvent évitables en filoutant), les combats y gagnent en intensité et pas un ne ressemble à l’autre. Chaque baston lancée se montre différente, aussi bien en matière de stratégie que de contexte. Un même combat peut même prendre différents visages au fil des tours. Cependant, il faut noter que l’IA ne fait aucun cadeau en joueur, profitant de sa moindre faiblesse pour lui ôter des points de vie. Si la chose n’est pas un défaut en soi, elle rebutera tout de même les joueurs peu habitués aux RPG. De même, les combats de boss se montrent souvent punitifs, voire frustrants, étant donné qu’ils représentent souvent des pics de difficulté totalement farfelus (oui, je parle de toi, Radeka la sorcière).
[nextpage title=”"Alors, on galère, bande de noobs ?"”]
+ 20 en charisme
Plus qu’une aventure solo, Divinity Original Sin 2 propose également de faire l’aventure à plusieurs, comme le premier volet. Une aventure qui contribue à renforcer encore plus cet aspect jeu de rôle.
Chaque joueur a ainsi son journal de quêtes, sa progression et ses relations avec les PNJ. Comme dans un jeu de rôle papier, un joueur peut trahir ses compagnons, faire un bout d’aventure en solo pour aider le groupe (ou non). Par exemple, il est toujours utile d’envoyer un voleur en éclaireur pendant que le reste du groupe part à la chasse aux infos auprès des PNJ.
Par ailleurs, le système de dialogue de Pierre-Feuille-Ciseau du premier volet a été abandonné lorsque deux joueurs sont en désaccord dans un dialogue. Cette fois, les bisbilles se règlent de manière invisible en prenant compte non seulement des statistiques des joueurs, mais également de leurs particularités. Par exemple, un PNJ noble sera plus à même de parler avec un homme de son rang qu’avec un roturier. Le dialogue s’adapte alors automatiquement au personnage concerné.
D’autres nouveautés bienvenues sont également de la partie, comme un mode Game Master dont nous avions longuement parlé il y a quelques mois, ou un mode arène qui permet de tester ses capacités au combat.
Divinity Original Sin 2 a presque tout du jeu parfait, tant Larian a soigné sa copie. Impossible pour le joueur de ne pas ressentir le frisson de la liberté totale lorsqu’il teste une stratégie farfelue pour venir à bout d’une quête et que ça marche. Impossible de ne pas ressentir l’excitation lorsque le jeu se lance, promesse d’aventures sans limite.
Ce n’est pas un jeu pour vous, bande de n00bzors
Mais DOS 2 a tout de même quelques défauts, même s’il cache bien son jeu. L’univers de Divinity, tout d’abord se montre trop classique, voire plat, pour marquer le joueur. De même, si les environnements différents se succèdent, la direction artistique du jeu présente toujours la même ambiance, la même lumière, ce qui a tendance à gâcher leur personnalité, au final.
Enfin, impossible également de ne pas évoquer l’exigence du jeu. Si cela ne fera pas peur à des gros poilus PCistes comme vous et moi, le profane risque très vite de se heurter à un mur de difficulté insurmontable. Certes, un mode exploration, qui fait des combats une formalité, est proposé, mais cela n’enlève rien à la progression qui laisse le joueur dans le flou. Ce n’est pas réellement un défaut, au contraire, mais dans un paysage vidéoludique où nous sommes toujours pris par la main, il faut le signaler. Certains joueurs impatients peuvent se montrer frustrés par la chose.
Divinity Original Sin 2, disponible, sur PC
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