La dénomination « Pro » est très (trop ?) souvent utilisée à tort. Ça donne du sérieux à un objet qui ne l’est pas forcément, comme un smartphone utilisé pour se distraire par exemple. C’est aussi une appellation dont se sert le marketing pour faire passer la pilule d’un prix gonflé. Ici, ce n’est ni l’un ni l’autre. Ninebot délivre une trottinette efficace, fonctionnelle, robuste, assez endurante pour le prix, mais qui n’apporte ni fun, ni prix gonflé. Une sorte d’objet technique industriel conçut pour faire ce qu’on lui demande et ce n’est pas un mal. Pour en arriver là, des concessions ont été faites, notamment en termes de puissance. Mais Ninebot vous en donne tout de même beaucoup pour votre argent.
Le modèle essayé était tout récent. Il n’avait que quelques bornes à son compteur. Il nous a été prêté par la marque. Il s’agit d’un produit officiel et non d’un modèle de présérie.
Caractéristiques principales
- Autonomie : 24 km en mode sport avec 100kg sur la trottinette par environ 7°C
- Vitesse max : 25km/h
- Régulateur de vitesse
- Compatible « Find My » d’Apple
- Frein à tambour à l’avant
- Frein magnétique à l’arrière
- Moteur placé à l’arrière
- Pneus 10 pouces tubeless CST avec gelée anticrevaison
- Contrôle de traction électronique (évite de glisser sur les plaques)
- Clignotants sur le guidon
- Batterie de 275 Wh en 36V
- Puissance du moteur : 350W (750W en crête)
- BMS revu pour optimiser la durée de vie de la batterie
- Étanche (norme IPX4 pour l’écran et les commandes et IPX6 pour la batterie)
- Poids : 18,8 kg
- Dimensions trottinette pliée : 1168 × 538 × 565 mm
- Dimensions trottinette dépliée : 1168 × 540 × 1220 mm
Design : sobre et bien fini
Costaud est le premier mot qui vient à l’esprit. Grosse est le second. L’E2 Pro ne fait pas dans la demi-mesure et c’est logique. Si les E2 et E2 Plus visaient l’intermodalité à savoir, être emmenées dans les transports en commun, ce n’est pas le cas de la « Pro » dont les 24km lui permettent de se suffire à elle-même. Il en découle un deck plus large et plus long, confortable sur lequel deux chaussures de taille 45 peuvent cohabiter sans se marcher dessus.
Les roues de 10 pouces aux pneus tubeless augmentent de facto l’encombrement. Même pliée, la E2 Pro prend de la place, les poignées n’étant pas pliantes elles, pour des raisons de sécurité d’après Ninebot, les systèmes existants ayant tendance à casser à un moment. Certes, mais compte tenu de la largeur du guidon (54 cm).
Au-delà de ce détail, la répartition du poids fait pencher la balance du côté du moteur. Il faut en tenir compte lorsqu’on la lève. Notez au passage que la perception des 18,8 kg de l’engin dépend des individus. Mais dans l’absolu, ça reste un poids un poil élevé pour une trottinette offrant une batterie de 275 Wh.
Point un peu gênant : une fois la trottinette pliée, la potence n’est pas alignée avec le deck, l’accroche sur le guidon étant situé sur la gauche. C’est assez flagrant et gênant pour la porter si vous êtes gaucher, car la poignée vous tapera dans la jambe. Moralité, portez à droite.
La structure d’un gris mat sobre est discrète. Point d’artifice ou de LED ici, mais un phare à l’avant qui éclaire correctement, mais sur un angle trop étroit. Le feu arrière est bas, mais trottinette oblige, difficile de le placer ailleurs.
Le guidon est repris de la gamme F2. Large, il arbore des clignotants aux extrémités. Point positif, ils sont à bonne hauteur pour être visibles par les véhicules. Mais à l’usage, vos coudes les masqueront la plupart du temps.
Notez tout de même que leur éclairage est vif, ce qui les rend réellement efficaces de nuit. Mais nous n’allons pas bouder notre plaisir de voir ce genre de proposition sur des trottinettes à 400 euros, quand des vélos censés être « urbains » coûtant 7 fois plus cher n’en proposent pas.
Le port de charge a droit à un cache en caoutchouc. Classique, il est situé en bas de potence.
Le dessin est réussi, avec un côté futuriste propre à la marque, mais futuriste et épuré. L’E2 Pro est discrète malgré son gabarit et c’est tant mieux.
Enfin, la finition est exceptionnelle pour une trottinette à ce tarif. Ça change des trucs cheap qu’on se coltine parfois. Rien ne couine, il n’y a aucun jeu, y compris dans la potence. Le grip recouvre l’intégralité du deck. Deck dont le dessous a également fait l’objet d’un soin particulier.
Conduite : entre stabilité et vibrations
Passons aux choses sérieuses : la conduite de cette Ninebot E2 Pro. Il faut comprendre qu’à ce tarif, il n’y a pas de suspension. Rien. Nada. Heureusement, les pneus tubeless permettent de rouler avec un gonflage autour des 2,4 bars malgré leur largeur et donc la surface importante de contact avec le sol. Ils amortissent un tantinet les aspérités de la route, mais ça vibre. La potence remonte toutes les informations et si vous roulez sur un billet, vous pouvez en connaitre sa valeur sans le regarder. Plus sérieusement, les vibrations sont bien réelles et cela risque de déplaire à certains. Dans notre cas et étant habitués aux pneus pleins sans amortisseurs, cela n’a pas posé de souci.
Toujours du côté de la stabilité, la potence est lourde à tourner. La conduite est plus précise. Un bon moyen de contrebalancer les vibrations et d’éviter le guidonnage. D’ailleurs, l’E2 Pro en est presque totalement dépourvue, ce qui rend la conduite à une main possible.
Les virages peuvent se prendre avec pas mal d’angles. Le deck à la fois large et long permet d’écarter les jambes et d’être stable.
Le freinage est confié à un frein à tambour positionné sur la roue avant. Une musique récurrente chez Ninebot mais une bonne musique : ces freins sont plus faciles à entretenir que les disques à câble et sont surtout plus endurants. Notre modèle a été livré avec le câble un peu détendu. Qu’à cela ne tienne, il suffit de lui redonner un peu de tension pour être tranquille. Le freinage est progressif, c’est le propre des tambours. Certains rechignent à n’avoir qu’un frein sur la roue avant et c’est légitime. Ninebot ajoute un freinage électromagnétique façon Tesla sur la roue arrière. Un classique là encore dans l’univers des trottinettes. Trois niveaux sont disponibles et nous vous conseillons de mettre le niveau le plus élevé qui apporte la réponse la plus équilibrée au tambour à l’avant.
Une puissance limitée en montée et en accélération
Ninebot ne fait pas de miracles avec la puissance. Les 350W suffisent pour atteindre les 25 km/h en 6 secondes avec une personne de 100kg dessus. Ce sera bien plus rapide si vous êtes léger.
En monté, les 750W promis sont à la peine, clairement, et il faudra venir soulager la trottinette avec votre jambe en patinant. L’E2 Pro n’est donc pas faite pour les trajets pentus. Les 18% annoncés ne sont pas tenus et au mieux, vous serez à 25 km/h en pesant 70kg sur une pente à 6% max.
Une application qui n’a pas gagné un Red Dot Award pour rien
Il y a un petit moment déjà, Ninebot a totalement repensé son application. Très graphique, elle permet d’afficher un compteur dont l’affichage de la vitesse est stabilisé grâce au gyroscope de votre téléphone. Ainsi, vous verrez indiqué les 25 km/h même en roulant sur les pavés d’une petite rue pittoresque.
Comme évoqué plus haut, la trottinette est compatible Find My d’Apple. Il suffit de se rendre dans la partie « Localiser » des paramètres d’un iPhone ou iPad et de l’y ajouter.
L’application offre une multitude de réglages et se veut très simple à utiliser et très graphique.
Bon point, depuis la dernière mise à jour, la vidéo de présentation qui indique les règles de sécurité peut être passée.
Autonomie et recharge
L’autonomie, avec un rider de 100kg dessus, offre, en conditions hivernales d’un réchauffement climatique (entre 4°C et 12°C) 24 km en mode sport. C’est proche des 27 km annoncés par le constructeur. Le souci vient de la baisse d’énergie liée au faible voltage de la batterie (36V). La vitesse max de la Ninebot E2 Pro chute à 20km/h lorsque vous êtes à 15% de batterie restante et vous y serez à 24 km.
Donc en ajoutant les kilomètres restants faisables à allure réduite jusqu’à épuisement de la batterie, vous serez entre 26 et 27 km.
La recharge se fait via le traditionnel chargeur Ninebot et non celui (assez médiocre) de sa petite sœur la E2 Plus. Comptez 5 heures pour une charge complète et environ 3h30 pour le fameux 20%-90%.
Il faudra attendre 30 minutes de plus pour grappiller les 10% restants.
La batterie est intégrée, c’est une habitude sur les trottinettes électriques et plutôt préférables pour préserver la résistance à la pluie.
Un engin idéal pour les débutants ?
Le constructeur Ninebot aurait-il signé la trottinette parfaite pour les débutants qui veulent un engin pour leurs trajets courts quotidiens ? Possiblement. À moins de devoir monter les 18,8 kg quotidiennement en la portant et d’être très sensible aux vibrations, la Ninebot E2 Pro est une petite réussite. Endurante, abordable, très bien finie, stable, elle cumule les bons points. La localisation depuis un appareil Apple est un petit plus.
Puis à 399 euros, elle se vend au prix de 4 mois de pass Navigo. Elle est le pont idéal entre les transports en commun et la mobilité.
En revanche, les habitué(e)s de la trottinette trouveront qu’elle manque de puissance et de suspension. Mais à 399 euros, il n’y a actuellement sur le marché rien d’aussi bien fini et fiable sur la durée.
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