Il avait déjà fait parler de lui cet été, avec une phase de beta, des clés distribuées au compte-gouttes durant la campagne – tant les demandes ont afflué – et un gameplay on ne peut plus prometteur. Puis il avait joué la carte de la communication à outrance, avec des annonces de nouveaux persos en veux-tu, en voilà et des vidéos contextuelles pour mieux donner l’eau à la bouche. Depuis le 6 décembre, il est enfin disponible et on ne parle finalement que de lui : il s’agit de Marvel Rivals, le hero shooter développé par le studio chinois NetEase.
Evidemment, le jeu allait décemment générer de l’attente, au vu de la licence à laquelle il est adossé et des promesses ainsi que des possibilités que cela peut engendrer. Preuve en est par les chiffres : il n’aura fallu que 72 heures pour que Marvel Rivals, déployé sur Playstation 5, Xbox Series et PC via Steam, atteigne la barre symbolique des 10 millions de joueurs. Mais encore fallait-il proposer quelque chose à la hauteur, et en mesure de renouveler un genre de jeu qui n’a jamais réussi à décoller depuis Overwatch, ni vu un meilleur représentant en l’état. Ce n’est pas l’exemple récent de Concord, au flop retentissant ou les autres tentatives récentes, comme XDefiant ou The Finals, au démarrage fort avant de chuter, qui prouveront le contraire.
https://x.com/MarvelRivals/status/1865909229070016851
Overwatch-like ? Oui. Copie confirme, euh… non
NetEase n’a pas cherché à révolutionner le produit et il est clair que les premières minutes passées sur Marvel Rivals, notamment pour les anciens joueurs de la licence Activision/Blizzard, rappelleront forcément celles passées à poncer Overwatch. Ce dernier faisant office de référence, on se rend vite compte que les 33 (oui, 33 !) persos disponibles au début de jeu s’inspirent tous d’un ou de deux héros disponibles ou déjà joués par le passé. Comprenez par là qu’on ne part pas totalement en terre inconnue. Idem pour les rôles, à savoir Tank, DPS et support. Même chose pour les maps, dont certaines semblent être un parfait copier-coller d’environnements déjà vus dans Overwatch. L’analogie de genre est totale, puisqu’on se retrouve avec les mêmes modes de jeu – domination, conquête – et la même interface, le skin Marvel en plus. A première vue, on pourrait s’arrêter à cela et assimiler Marvel Rivals à une copie pure et dure d’Overwatch, le skin super-héroïque en plus donc.
Mais… c’est là qu’on se trompe. Si NetEase s’est largement inspiré du modèle, le studio chinois a cherché, grâce au terrain de jeu monstre que lui offre cette nouvelle licence, à apporter des éléments de renouveau et de sang neuf, aussi faciles à comprendre et à appliquer qu’intéressants à développer sur la durée. Et ce que l’on pouvait reprocher à Marvel Rivals cet été, lors de la bêta avec les deux maps seulement disponibles à cette époque, l’est moins désormais : le jeu a sa propre DA et une DA vraiment estampillée Marvel cette fois.
Expert en BTP
Les nouvelles maps vont dans ce sens, avec dans le désordre la base de l’Hydra, la société secrète et occulte que combat Captain America dans les comics, le royaume du Wakanda, le fief de Black Panther ou encore le monde de Knull, le roi des symbiotes. Ces cartes ont été travaillées, au détail près, avec de nombreuses références à l’univers Marvel – idem pour certaines cinématiques de personnages totalement hommage au MCU, pour avoir une vraie personnalité, choix renforcé par le fait que ces mêmes maps sont dynamiques, autant par le jeu que par les joueurs eux-mêmes.
Certains murs ou portes apparaissent de manière aléatoire, changeant complètement votre approche d’une zone, quand ce n’est pas vous qui remodelez un secteur à votre guise, parce que ce dernier s’avère ni plus ni moins destructible. Casser des murs, ça défoule et c’est jouissif. Casser des murs pour s’offrir une fenêtre de tir qui n’existait pas encore 5 minutes auparavant, c’est encore mieux.
Cela change la donne, notamment pour des persos moins à l’aise dans certains espaces. Car oui, si avec 33 super-héros et vilains, il y a de quoi faire, il y a l’embarras du choix et un éventail plus que large de compétences à piocher (sniper, expert du corps-à-corps, zoneur, sac à PV…), il faudra quand même faire des choix par rapport à ce que vous aurez en face de vous et de la map dans laquelle vous allez vous affronter. Cela tombe bien, on peut changer de super-héros après chaque mort ou mieux, en retournant à votre “spawn” (le point duquel vous démarrez la partie ou l’endroit où vous repartez après une mort) et donc totalement relancer sa façon de jouer en fonction des événements ou de l’évolution de la partie. Sachant que, cohérence oblige et tant mieux, deux joueurs ne peuvent pas jouer le même perso en partie.
Un véritable amour pour l’univers Marvel
L’avantage, quand vous avez la licence Marvel derrière vous, c’est de pouvoir proposer des personnages haut en couleurs et ultra populaires auprès du public. Jouer Iron Man, Captain America, Hulk, ou encore depuis peu Wolverine, c’est tout de même autre chose que de jouer des héros 100 % inventés pour le besoin d’un jeu. Il y a forcément une part d’affect et d’approche différente de la part du joueur. Là où NetEase a réussi son tour de force d’ailleurs à ce sujet, c’est d’abord et avant tout en imposant une jouabilité à la troisième personne. Jouer des super-héros et les voir, c’est tout de même mieux, tout de suite, et cela permet à tout le monde de profiter des skins et du travail graphique apporté par les équipes à tel ou tel super-héros. Et niveau lisibilité, c’est nettement mieux que la vue à la première personne d’Overwatch.
Si les super-héros n’ont pas le look exact des comics ou de leur version cinématographique, ils sont fidèles à leurs univers et bénéficient de skins qui vont forcément inciter les joueurs à tout faire pour les obtenir. NetEase ne s’est pas contenté de mettre des persos populaires : le roster a été choisi de manière maligne, en répartissant des méchants (Héla, Magnéto), des héros emblématiques incontournables (les Avengers, quelques X-Men), des personnages mis en avant récemment, dans les comics comme dans d’autres productions comme Marvel Snap (Luna Snow, Squirrel Girl). Résultat, entre découverte de persos, retrouvailles avec d’autres et attentes forcément pour les prochains ajouts à venir, Marvel Rivals s’offre un potentiel complètement dingue à ce niveau. Potentiel renforcé par les efforts et le travail des développeurs sur l’adaptation des compétences, capacités ou pouvoirs de tel ou tel super-héros dans le jeu.
Sans surprise, il sera logique de se déplacer dans les airs et de privilégier le combat à distance avec Iron Man par exemple. De voir le Punisher sortir l’artillerie lourde et d’être peu mobile en retour. Ou encore de privilégier les spots reculés pour profiter du gameplay de Black Widow, sniper au sang-froid et à la précision assassine. D’ailleurs hero shooter oblige, chaque personnage a au moins trois capacités propres – certains comme Moon Knight en ont plus – et une capacité ultime, synonyme de gros dégâts et de morts sur le champ de bataille. Mais ce qui fait la différence aussi, c’est que certains persos qui répondent à une classe précise se jouent finalement différemment. Certains DPS ont des capacités de tank par exemple. D’autres ont des compétences de support et donc de soins. Et on vous laissera deviner qui est qui.
Avengers… associez-vous !
L’autre gros plus de Marvel Rivals, ce sont les associations des personnages. Certains héros peuvent collaborer ensemble et respect du lore Marvel oblige (encore !), les interactions sont logiques. On ne sera donc pas surpris de voir Groot et Rocket Racoon s’allier pour développer une compétence bonus. Dans ce cas précis, Rocket peut monter sur l’une des épaules de Groot pour diminuer les dégâts encaissés. Quand Scarlet Witch et Magnéto s’allient, la première permet au second d’invoquer une épée enchantée par exemple.
Ce genre de combinaisons – une quinzaine au lancement pour le moment – n’est pas à négliger car cela apporte un vrai plus aux parties et à la façon de les jouer. Sans compter les interactions que les joueurs vont découvrir eux-mêmes, comme se déplacer derrière un écran magnétique de Magneto ou encore placer un portail de Dr Strange à un endroit précis et utiliser la tourelle du Punisher à son entrée, pour arroser les lignes ennemies à un endroit précis de la map. Et encore, on ne parle que de simples exemples vus en game.
L’enfer, c’est les autres (et l’équilibrage aussi)
Le tableau semble parfait pour Marvel Rivals, il ne l’est pas dans le détail. Et c’est souvent du côté du roster que le bât blesse. Si niveau fan service, on est bien servi, il n’en est rien de l’équilibrage, avec des persos vraiment laissés pour compte, peu importe leur facilité ou non à être joué. On pense à Wolverine présentement, qui au regard de sa popularité, aurait mérité d’être plus puissant et charismatique si on s’en tient à son skin de base. Ou à un Venom beaucoup trop “pété” (mais plus stylé que dans sa version cinéma hein). Voire, encore, à certains héros qui ont vu leurs compétences être baissés entre la beta et la sortie définitive, à l’image d’Iron Man, dont la capacité ultime se révèle un peu moins efficace qu’il y a quelques mois.
On peut déplorer aussi le choix des spawns après une mort, et le fait de devoir se farcir toute la map, parfois, à traverser pour rejoindre son équipe et reprendre le combat. Evidemment, on ne saura trop vous conseiller de tenter l’aventure Marvel Rivals entre amis, car les choix des joueurs en ligne sont égoïstes et tout le monde n’est pas prêt à jouer le jeu d’une bonne composition pour partir au front, sachant qu’à ce stade du jeu, avoir deux supports avec des soins semble être la meilleure stratégie possible. Mais hormis ces deux écueils entrevus sur plusieurs heures de partie, difficile de trouver à date d’autres défauts à Marvel Rivals. Malgré des modes de jeu classique, la rejouabilité est énorme, les parties ne sont jamais les mêmes et on a forcément envie d’y retourner, à chaque fois. D’un côté, on peut toujours déplorer l’absence d’un mode histoire, mais cela est compensé de l’autre côté par une explication du lore hyper poussée et une interface épurée, claire et riche en infos, sans pour autant être trop intrusive.
Un modèle économique plus fort que toi
C’est évidemment dans le temps et sur la durée que l’on jugera Marvel Rivals. Ce qui est certain, c’est qu’en plus d’une base solide et d’une communication agressive, les équipes se sont données les moyens d’attirer un maximum de joueurs grâce à un modèle économique plus qu’avantageux pour eux. Le pass de combat, pour la saison 0 est au prix de 5 euros pour sa version Deluxe, donc payante (contre 10 euros pour les prochaines saisons). Les récompenses sont cosmétiques, comprenez par là qu’elles n’interfèrent en rien dans votre gameplay.
Peu importe la saison, vous aurez la possibilité de terminer à compléter votre Battle Pass, dans sa version payante (merci !) et vous n’êtes même pas obligé de dépenser de l’argent pour débloquer la version premium, vous pourrez le faire via les gemmes acquises en cours de partie, ce qui vous demandera forcément un peu plus de temps. Encore un bon point pour Marvel Rivals… qui n’en manque pas, décidément. Fan de Marvel ou pas d’ailleurs, il serait franchement dommage de passer à côté. Le train est là, il ne tient qu’à vous d’y monter. Et de nous retrouver dans le wagon de tête.
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