Un amateur de jeux narratifs se doit d’avoir arpenté les couloirs de Blackwell Academy avec Max et fait les 400 coups avec Chloe dans Life is Strange. L’œuvre développée par Don’t Nod est un classique du genre, au même titre que Life is Strange 2 et sa nouvelle histoire centrée sur la fraternité.
Après avoir exploré le genre de l’action RPG avec Banishers : Ghosts of New Eden, Don’t Nod revient à ses premières amours avec Lost Records : Bloom & Rage. Le studio de Montréal prend les commandes pour nous emmener à la découverte de l’histoire de quatre adolescentes au milieu des années 90. La magie opère-t-elle à nouveau dans ce premier morceau nommé Bloom ?
Lost Records, la plus belle aventure Don’t Nod ?
Lost Records : Bloom & Rage narre l’histoire de quatre jeunes filles se rencontrant par hasard lors des vacances d’été de l’année 1995. La très introvertie Swann, le personnage principal de l’aventure narrative, croise et se lie rapidement à Autumn, Nora et Kat, des adolescentes hautes en couleur et très différentes les unes des autres.
Petite singularité : l’histoire de Lost Records : Bloom & Rage se déroule entre deux époques. Dans le présent (en 2022) on se trouve toujours au contrôle de Swann, à la première personne. La quadragénaire résidant au Canada fait son retour dans le Michigan, à Velvet Cove, là où elle vivait adolescente. Un voyage bien particulier puisqu’il est provoqué par la réception d’une mystérieuse boîte par son ancienne amie Autumn.
Assises dans un café, les deux femmes relatent les événements de l’été 1995 durant lequel un affreux drame s’est joué. Évidemment, vous ne saurez pas tout de suite ce qui a bien pu conduire leurs vacances scolaires et leurs vies à basculer. Commençons par souligner la bonne idée de Don’t Nod d’inscrire cette histoire durant un été entre deux années de lycée afin ne pas réutiliser le même contexte que dans Life is Strange.
En revanche, on retrouve cette ambiance douce-amère typique de LiS avec un grand plaisir. Les effets de lumière, les tons orangés et les musiques cozy participent à créer cette atmosphère envoûtante. En outre, Lost Records : Bloom & Rage profite de sa sortie uniquement sur PC, PS5 et Xbox Series, pour nous offrir des visages plus détaillés et réalistes que jamais dans une production Don’t Nod. Un constat encore plus frappant dans le présent, à la première personne. Le travail de motion capture a porté ses fruits. L’écrin idéal pour nous offrir une histoire prenante de bout en bout. Sauf que…
Un scénario vraiment long au démarrage
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On alterne donc les sauts dans le temps dans Lost Records : au présent, Swann et Autumn partagent quelques nouvelles sur leur vie respective et nous replongent en 1995 lorsqu’elles se remémorent ces vacances scolaires pas comme les autres. La pierre angulaire de leurs échanges reste ce fameux drame justifiant pourquoi elles ont décidé de se revoir pour la première fois depuis le lycée.
Malheureusement, les passages de 1995 à 2022 sont intempestifs et viennent hacher le rythme de l’aventure. Les séquences du passé s’enchaînent parfois elles-mêmes trop rapidement, ne laissant que peu de place à l’exploration et à l’imprégnation des lieux. Le mini-écran de chargement séparant le passage du passé au présent, bien que stylisé, ne favorise pas la fluidité du tout. C’est encore plus frappant lors de la séquence finale.
Lost Records : Bloom & Rage tente de nous tenir en haleine avec ce mystérieux événement ayant bouleversé la vie des adolescentes, mais les événements progressent tellement lentement qu’on finit un peu par se détacher de l’intrigue. Les révélations et moments palpitants sont condensés dans la dernière demi-heure. Avant cela, Lost Records ne nous donne aucun élément, aucune piste et n’évoque finalement que trop rarement ce jour où tout a basculé pour maintenir une haute tension.
Swann et Autumn ne font que survoler le drame durant le présent sans jamais vraiment s’intéresser à cette fameuse boîte. Leurs conversations servent avant tout à introduire les séquences du passé. Certes, il était important de présenter les différentes facettes des personnages principaux et de montrer la construction de l’amitié nouée par les jeunes filles, mais le jeu aurait gagné à ramasser un peu cette partie. On reste donc bien plus longtemps intrigué que réellement emballé ou captivé par le scénario. Espérons que la deuxième et dernière partie, Rage, soit bien plus rythmée et conserve toute la tension générée par la conclusion de cette Tape 1.
Un système de dialogue intelligemment repensé
Au moins, Lost Records : Bloom & Rage nous offre un système dialogue rendant les conversations particulièrement naturelles. Il y a généralement deux ou trois possibilités de réponse à disposition. Si vous en sélectionnez une avant que votre interlocuteur ait fini de s’exprimer, vous allez tout simplement lui couper de la parole. En revanche, si vous le laissez parler, un nouveau choix de dialogue lié à ce que vous n’auriez pas entendu si vous aviez répondu plus tôt peut se débloquer.
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Cela peut paraître anodin, mais grâce à cela, on a réellement l’impression d’avoir un impact sur l’évolution d’une conversation et surtout de prendre part à une discussion comme on peut en avoir dans la vie réelle. D’ailleurs, vous pouvez souvent choisir de ne rien dire, ce qui semble être un choix judicieux dans certains cas. La place laissée au silence et à l’attente est particulièrement appréciable. Bien sûr, vos décisions impactent la relation que Swann aura avec chacune de ses amies.
On comprend bien qu’il est tout à fait possible d’entamer une romance avec Kat, Nora ou Autumn. Cependant, Bloom ne nous livre que les prémices d’une éventuelle relation amoureuse. Par ailleurs, les décisions à prendre pour entamer une romance avec l’une des trois filles apparaissent plus nuancées, moins limpides que dans Life is Strange, par exemple. Il convient de bien saisir les émotions et les besoins d’une de nos « partner in crime » à un instant T pour réussi à la toucher en plein cœur (symbole qui apparaît quand vous avez fait le bon choix).
Au même titre que Max est passionnée de photographie, Swann ne se sépare jamais de son caméscope. Non, il n’y avait pas de smartphone en 1995. Vous pouvez (et parfois, devez) donc utiliser le caméscope pour filmer ce qui se passe autour de vous. Il existe différentes séries d’albums à remplir, qui font office de collectibles. Honnêtement, prendre le temps de filmer des oiseaux, des graffitis et même les copines de Swann se révèle assez fastidieux, même si le rendu du caméscope et des séquences enregistrées, que l’on peut revisionner à l’envie, est particulièrement réussi.
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Bien sûr, vous pouvez toujours interagir physiquement avec de nombreux éléments de l’environnement, donnant de la consistance aux personnages de Lost Records ou permettant de mieux s’imprégner de l’ambiance des années 90.
Notez qu’il s’agit du premier jeu narratif de Don’t Nod doublé en français. La VF est globalement de bonne facture, même si les personnages secondaires s’en sortent beaucoup moins bien que les quatre adolescentes. La synchronisation labiale très moyenne y est aussi pour quelque chose. Rien à dire en revanche sur la version originale, qui tient toutes ses promesses durant ces 5 à 6 premières heures de jeu.
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