Si vous suivez l’actualité vidéoludique, vous savez que ces derniers mois ont su nous tenir occupés. Au milieu de tous ces AAA sortis récemment, il serait facile de passer à côté de Jusant, un jeu indépendant publié par Don’t Nod. Un enfant qui grimpe sur une montagne indéfiniment, ce n’est pas le concept le plus attrayant, et pourtant… On ne pouvait pas avoir plus tort. Au milieu des blockbusters et des jeux d’horreur, période d’Halloween oblige, le titre a su se frayer un chemin dans nos cœurs. A-t-il été semé d’embûches ? La réponse dans ce test de Jusant.
Une montagne et c’est tout ?
Brut de décoffrage, Jusant commence son aventure avec une définition. Ce nom, si compliqué à prononcer, est un synonyme de marée descendante. Il nous suffit de quelques secondes pour comprendre que le titre du jeu est extrêmement bien choisi, et surtout qu’il s’agit d’un énorme euphémisme. Le monde de Jusant est complètement désolé suite à la disparition soudaine de l’eau sur la planète. Notre personnage, seul et sans paroles, est le seul vestige encore visible d’une humanité fuyante, ou peut-être morte.
C’est dans ce contexte vide, et à la fois lourd à porter, que le héros de l’histoire entame sa quête. Son unique but est de gravir les montagnes environnantes, qui portent encore les traces de l’ancienne activité des peuples. Plus on monte, et plus les restes sont abondants, témoins d’anciens restaurants, ateliers ou encore habitations. Paradoxalement à son monde dépourvu d’eau, le jeu est le refuge de bateaux détruits et de la vie maritime d’une époque florissante. Au fur et à mesure de notre chemin ascendant, on récolte des notes qui constituent petit à petit le passé de Jusant. Des noms reviennent souvent, et on suit comme cela le journal de bord d’une aventurière nommée Bianca.
L’incroyable magie du son
Le jeu nous embarque dans une épopée triste, et inattendue, et ce sans aucun dialogue. Le tour de force du studio est de nous faire ressentir tout un tas d’émotions, surtout grâce à nos sens. L’ouïe est particulièrement utilisée dans Jusant qui utilise le sound design comme vecteur d’une histoire presque oubliée. On lui adore ses moments de découvertes inopinés, qui nous transportent avec un simple coquillage dans une histoire brève, mais peuplée et joyeuse. Tout au long du jeu, on profite d’un audio 3D et d’une pertinence sonore à toute épreuve.
À titre d’exemple, les bruits de pas changent en fonction du sol sur lequel nous sommes, et il en va de même pour la résonance ou encore l’intensité du vent. Certaines séquences laissent place à de la musique calme, mais adaptée à chaque étape du voyage initiatique. On se retrouve alors complètement immergés dans ce monde qui ne nous dit à aucun moment pourquoi nous devons grimper si haut.
Grimper n’est pas si facile
Cette cohérence, on la retrouve également dans notre façon de jouer. On a beau adorer contempler l’univers de Jusant, le jeu repose tout de même sur un gameplay aussi intéressant. Pour remonter le fil du temps, et comprendre ce qu’il s’est passé, notre personnage doit grimper le plus haut possible. Pour ce faire, le titre utilise plus facilement la manette et ses gâchettes avec lesquelles il faut constamment jongler. Gauche et droite s’accordent sur un rythme qui nous fournit vitesse et agilité pour peu qu’on prenne le coup de main. On prend plaisir à voir les mais du héros s’alterner, et à constater les efforts des développeurs pour que les mouvements paraissent le plus naturel possible.
Si cette mécanique peut paraître triviale, le studio en fait en réalité très bon usage et décline toutes les difficultés qu’elle pourrait nous faire rencontrer. Plus on avance, plus les chemins se font raides, et plus il faudra redoubler de vigilance. Dans Jusant, on ne meurt pas, mais l’endurance peut rapidement nous faire défaut sin on père pas des choix stratégiques. Le titre a l’avantage d’avoir un gameplay qui se complexifie au fil du temps, sans pour autant toucher à ses mécaniques. Il faudra parfois faire preuve de rapidité, de logique et même de dextérité pour manier les boutons dans le bon ordre. Les moments challengeants ne manquent pas à l’appel et mettent un peu de piment dans cette aventure douce et poétique.
L’exploration dans toutes les crevasses
Loin d’être aussi linéaire que ce qu’on pourrait penser, Jusant est en fait rempli de possibilités pour quiconque saura observer. Cela demande un peu d’attention et d’efforts de la part du joueur pour trouver les chemins alternatifs et les zones à découvrir. On commence avec un jeu couloir basique qui très vite se transforme en piste d’exploration. Cette dernière n’est pas spécialement encouragée ni découragée, mais nous prodigue souvent des collectibles. Certaines activités se cachent sous la pierre, dont on ne saisit pas tous les enjeux tant ceux-ci sont subtils, mais ils ont au moins le mérite d’être là, et d’être belles.
Le seul hic avec Jusant est qu’il faut constamment faire attention de ne pas se perdre, et surtout de ne pas louper d’étape. Rien n’est grave dans ce jeu qui a déjà comme conséquence ultime la perte de l’humanité, mais cela peut s’avérer frustrant de ne pas savoir quelle piste est secondaire, et laquelle vous permet de ne plus pouvoir retourner en arrière, bien que la musique puisse parfois aider (on dit bien parfois). Cela peut donc arriver de continuer l’aventure sans avoir tout exploré avant, ce qui laisse forcément derrière nous quelques objets dignes d’intérêt.
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