Test Huawei P60 Pro, l’émerveillement sans Google

On est en plein Printemps, même si la météo ne suit pas, et c’est au tour de Huawei de dégainer son smartphone premium. On n’y pense plus forcément mais le constructeur chinois est toujours présent sur le marché français. Alors que le focus se fait essentiellement sur l’informatique et les objets connectés, Huawei n’abandonne toujours pas les smartphones. Mieux encore, ce qui était hier une faiblesse, ne l’est plus aujourd’hui et il y a même des rumeurs positives sur le futur de Huawei.

Alors oui, toujours pas de services Google ou de 5G, mais encore une fois, un bloc photo impressionnant et surtout, beaucoup de choses ont évolué dernièrement en bien. Voici le nouveau Huawei P60 Pro. Toujours armé d’Android avec une surcouche EMUI 13, le constructeur chinois est conscient qu’il n’en vendra pas des palettes en France mais cela permet de faire du P60 Pro une vitrine technologique qui aurait sans doute explosé s’il n’y avait pas eu les vétos des Etats-Unis.

S’il n’y a pas de nouvelles concernant Google, des rumeurs de plus en plus insistantes font état que Huawei va pouvoir proposer la 5G et cela sera déjà une épine en moins pour le constructeur chinois. En attendant, l’écosystème mis en place continue de progresser et l’arrivée surprise d’une solution permettant d’utiliser les applications Google et ce, sans compromis ou presque, a changé la donne. Le Huawei P60 Pro propose un nouveau design qui se distingue encore une fois de la concurrence. On a passé presqu’un mois avec, voici notre test.

HMS pour Huawei Mobile Services

Si vous souhaitez acquérir le Huawei P60 Pro, il est impératif que vous comprenez que ce produit utilise HMS en lieu et place de GMS. Si vous êtes déjà familier avec les HMS pour Huawei Mobile Services, allez directement au prochain chapitre. Si non, et si vous êtes dépendants des services de  Google, autant vous avertir de suite, ils ne seront pas disponibles par défaut sur le P60 Pro.

Comme tous les appareils connectés, il n’y a pas vraiment de soucis pour les mails ou l’agenda puisque ce sont des standards et que vous pourrez les récupérer en mode POP/IMAP. En revanche, c’est un peu plus problématique pour les applications comme Youtube, Google Drive ou autres. Sans les Services Google, les applications mobiles ne fonctionneront pas, mais on pourra toujours y accéder via un navigateur web. Heureusement au passage que Google ait bien optimisé et soigné ses applications web en proposant quasiment les fonctions de ses applications mobiles. Même Google Photos par exemple propose la possibilité de téléverser ses photos prises sur le P60 Pro.

Pour le reste, il faudra penser alternatives. Certaines applications comme Chrome ou Maps sont facilement remplaçables (respectivement Opera ou Edge et Here WeGo ou Google Maps pour notre part, on ne pourra toujours pas se connecter avec son compte Google sur Google Maps mais ça marche parfaitement, navigation comprise). Dans la réalité, en dehors des applications Google, on a retrouvé à peu près nos usages d’un smartphone Android sur le P60 Pro. Bien évidemment, cela nous concerne pour le coup et chacun a un usage différent, mais à notre grande surprise, vivre sans Google, ce n’est pas si difficile au final.

Il faut enfin comprendre que le P60 Pro tourne bien avec un système d’exploitation qui n’est autre qu’Android. A ce titre, c’est un peu comme Windows 10. Si vous pouvez bien évidemment ne passer que par le Store officiel, rien ne vous empêche d’installer n’importe quelle application en récupérant les fichiers d’installation (*.exe sur Windows et du coup, *.apk pour Android). C’est comme cela que fonctionne d’ailleurs les smartphones Android en Chine puisque Google n’y est pas le bienvenue. C’est d’ailleurs pour cela qu’on retrouve des stores alternatifs complètement indépendant de Google. Le hic, c’est que c’est toujours un peu l’anarchie mais heureusement Huawei et son AppGallery essaient d’y mettre de l’ordre et de la clarté en centralisant le tout.

En plus de l’AppGallery, on retrouve Petal Search qui permet de chercher à votre place les potentielles applications compatibles dans les stores alternatifs. Ainsi, Petal Search permet de trouver ce qui peut manquer sur l’AppGallery de Huawei. Pour comprendre, il faut savoir que la majorité des stores alternatifs à Google Play Store fonctionnent de concert avec les éditeurs qui sont, en général, prêts à mettre à disposition les *.apk de leurs applications. Il n’y a pas tout bien évidemment, loin de là, mais on a été impressionné de retrouver l’essentiel. Alors oui, tout n’est pas forcément disponible mais on a pu retrouvé les essentiels comme Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, TikTok, CapCut et même des jeux comme Brawl Stars ou Call of Duty Mobile, idem pour Netflix, Prime Video, MyCanal ou encore Disney+.

Gbox, LightHouse ou GSpace, l’arrivée de Google

Maintenant, on a compris que l’absence des services Google restait un frein majeur dans l’utilisation d’un smartphone Huawei de nouvelle génération. Au début, il y avait bien des solutions qui demandaient un peu de bidouille mais on avait vite compris que ce n’était pas viable sur le long terme. Pour être honnête, rien n’est viable sur le long terme mais on a désormais une solution qu’on utilise depuis presqu’un mois et autant le dire de suite, cela nous a permis de tester le Huawei P60 Pro comme si c’était un smartphone Google. Impressionnant.

En effet, sur l’AppGallery de Huawei, on retrouve des applications telles que GSpace ou GBox. Et ce sont via ces applications qu’on va pouvoir accéder en toute quiétude aux applications de Google et à celles qui utilisent les services Googles pour être utilisées. On pense par exemple à Uber. Mais du coup, comment cela fonctionne-t-il ?

Pour faire simple, GSpace ou GBox sont en quelque sorte des machines virtuelles et donc indépendantes du hardware de Huawei. Elles peuvent être utilisées sur n’importe quels smartphones. Parce que ce sont des machines vituelles (et logicielles), elles répondent “visiblement” aux prérequis de Google, ce qui leur permettent de lancer n’importe quelles applications et c’est ce qui nous a permis de lancer des applications interdites comme GMail, Google Maps, Youtube, Uber, Feedly, etc.

Cela fait un mois ou presque qu’on utilise notre Huawei P60 Pro comme ça, et à part quelques plantages ou quelques bugs, on a retrouve à 99% notre usage de base d’un smartphone comme le Samsung Galaxy S23 Ultra. On a été impressionné et on remercie les nouveaux SoC qui permettent une utilisation en toute fluidité. En effet, il faut comprendre qu’à chaque lancement de GMail par exemple, on lance forcément GBox ou GSpace avant. Alors tout se fait bien évidemment automatiquement et grâce à la puissance des derniers SoC, tout se fait en toute transparence. Pratique.

Le hic parce qu’il y en a tout de même. La première chose qui interroge, c’est qu’on n’a pas réussi à savoir qui était derrière ces logiciels. On a essayé de remonter aux développeurs mais ce fut sans succès. Du coup, même si on suppose qu’il y a désormais un lien avec Huawei, on ne sait pas trop comment sont gérés les données qui transitent. Dans le doute, on préfère vous avertir afin que vous fassiez attention. Et bien évidemment, le plus gros hic, c’est que tout ne fonctionne pas forcément, et comme souvent, il suffit d’une seule application qui ne fonctionne pas pour frustrer un utilisateur à 100%.

Les Caractéristiques du Huawei P60 Pro

Pour rappel sur les caractéristiques, le nouveau Huawei P60 Pro vous propose :

Pour le packaging en soi, c’est classique et sans surprise, on retrouve un chargeur USB SuperCharge 88W qui propose non seulement une entrée USB Type-A pour le câble de recharge propriétaire et une entrée USB Type-C compatible PD quand on n’a pas le câble USB Type-C vers Type-A livré en standard et des notices pour une première prise en main. Il y a bien une protection d’écran pré-installée sur le smartphone ainsi qu’un étui de protection transparent en silicone.

Pour son prix, comptez officiellement à partir 1199€. 

Le design, l’écran et l’audio

Le Huawei P60 Pro propose une taille et un encombrement assez similaires à ses prédécesseurs mais aussi la concurrence avec un écran X-True OLED de 6,67 pouces. La finition est toujours aussi excellente et si vous avez encore des doutes sur la qualité, on peut vous rassurer que le smartphone remplit bien les conditions d’un smartphone premium. La finition avec un dos en verre dépoli rend très bien et souligne élégamment le design général. On a testé la version noire mais on a pu également découvrir la version Blanc Rococo qui reprend le blanc nacré des coquillages et cela rend très bien. Chaque modèle étant unique pour le coup.

Parce que l’écran du Huawei P60 Pro est incurvé sur les 4 bords, le dos est également incurvé sur les 4 bords, ce qui donne une impression de continuité de l’écran au dos puisqu’on est en présence d’un contour en métal arrondi. En revanche, à l’usage, il faudra faire attention parce que ça peut glisser et que des fausses manipulations sur le smartphone sont vite arrivées. Si les bords latéraux sont quasi invisibles, on aperçoit encore de face les bords haut et bas. On retrouve sinon les boutons physiques sur la tranche droite. Le bloc photo est original et on constate le souhait de Huawei de le rendre différent de la concurrence, ce qui est réussi pour le coup. Et comme on a pu le remarquer, il n’y a plus de partenariat avec Leica et on découvre désormais la marque XMage.

L’écran présente un poinçon avec la caméra avant et ne propose donc pas de reconnaissance faciale 3D. On retrouve donc un capteur d’empreintes de type optique sous l’écran. Ce dernier est du genre rapide et n’a pas posé de problème particulier. Mais sinon, en parlant de l’écran, on a été quelque peu surpris de voir une dalle QuadHD+ alors que Huawei nous avait habitué à ne proposer que du Full HD+. Dans l’absolu, cela ne change pas grand-chose au quotidien et à l’œil nu, mais il est agréable de voir que Huawei propose enfin plus.

La dalle OLED est très bien équilibrée en terme de colorimétrie, de luminosité et d’angles de vision. Au cas où, Huawei met toujours à disposition un outil pour rectifier le tir. Les contrastes sont forts et les noirs profonds. Dans nos usages, avec du surf sur le navigateur internet et les applications photo, on n’a jamais eu à nous plaindre des couleurs et de la finesse d’affichage de l’écran. On notera que par défaut, l’affichage est en FullHD+.

Côté son, on retrouve deux haut-parleurs stéréo et cela change définitivement du simple haut-parleur mono de certains de ses prédécesseurs de la gamme P. Et pour le coup, Huawei n’a pas lésiné sur la partie audio. Si on a toujours pas de port jack de 3,5mm, on se retrouve un avec un son puissant et équilibré avec de vraies graves. Bon, ça ne rivalisera pas forcément avec une enceinte mais c’est vraiment bien pour un smartphone, parfait donc pour la masse conséquente de contenus courts qu’on trouve sur internet.

EMUI 13, Performances et Autonomie

Le Huawei P60Pro est livré avec Android 13 ainsi qu’une surcouche EMUI 13. On le sait depuis quelques générations d’EMUI, Huawei fait d’énormes efforts pour se détacher de plus en plus d’une interface trop similaire pour certains à iOS, le tout afin de proposer une interface claire et avec une bonne expérience utilisateur. Au final, si on distingue bien évidemment les choix graphiques adoptés par Huawei, l’expérience est assez similaire à Android Stock, et ce, pour notre plus grand bonheur. Le tout est d’une fluidité exemplaire, surtout avec un écran LPTO.

Embargo américain oblige, le Huawei P60 Pro n’utilise pas un SoC de dernière génération, ni même un SoC maison Kirin. Le P60 Pro est livré avec un SoC Qualcomm Snapdragon 8+ Gen 1 dans une version 4G. Ce n’est donc pas un SoC de dernière génération mais il ne faut pas oublier que ça l’était il y a encore six mois donc cela vous donne une idée de la puissance du smartphone au quotidien. Même les jeux les plus récents n’utilisent pas encore toute la puissance des SoC premium de l’année dernière. Seuls les benchmarks permettent de faire la différence. On a utilisé le Huawei P60 Pro avec un nombre conséquents d’applications et on n’a jamais senti de gêne ou de ralentissement. Le P60 Pro ne chauffe quasiment pas et ce, quelque soit les applications lancées. L’expérience utilisateur reste fluides dans un usage quotidien. On rappelle que dans la réalité, sur les smartphones haut de gamme et premium, on ne fait plus vraiment attention aux benchmarks puisque la puissance disponible dépassent nos besoins dans un usage quotidien et régulier.

Comme à chaque nouveau smartphone, il vous faudra quelques jours d’utilisation avant d’obtenir votre autonomie de croisière. Mais sans surprise, avec une batterie de 4815mAh, et avec toujours cette gestion d’énergie super agressive qu’on connaît de Huawei, on a pu tenir aisément deux jours et ce, quelque soit la charge. En plus de cela, Huawei a ajouté le SuperCharge 88W qui permet de charger le P60 Pro de 0% à 50% en à peine 10 minutes ou de 0 à 100% en moins de 40 minutes. Et ce n’est pas tout, on y retrouve la recharge sans-fil rapide en 50W ! Pour faire simple, c’est plus rapide qu’une grande majorité de smartphones en filaire ! Et enfin, le P60Pro propose aussi la recharge inversée qui permet de recharger d’autres smartphones et/ou d’autres accessoires. Complet.

Photo et Vidéo

Pour la partie photo, Huawei continue bien évidemment de faire évoluer ses technologies et ce, même sans son feu partenariat avec l’allemand Leica. Alors que la gamme Mate propose un design circulaire pour son bloc photo, on retrouve un design rectangle sur le Huawei P60 Pro. Le bloc même est en soi assez classique avec trois appareils photo. Il y a le grand-angle standard, un ultra grand-angle et un avec un zoom périscopique de 3,5x (10x en hybride). La première nouveauté, c’est que Huawei a particulièrement travaillé sur son téléphoto puisqu’on a désormais une ouverture large de F/2.1, ce qui va permettre à ce dernier d’être plus performant en condition de faible luminosité. Seconde nouveauté, tous les capteurs du P60 Pro propose un capteur de type RYYB. En gros, à la différence d’un capteur RGB qui capte le vert en primaire, ici, c’est le jaune qui est capté en primaire. L’avantage ? C’est que la couleur jaune permet de capturer plus d’informations. Du coup, en profitant de la puissance des derniers SoC et de l’intelligence artificielle, le vert est recréé artificiellement après la capture.

Et comme on dit, jamais deux sans trois ?  La troisième innovation, c’est sur l’appareil photo principal puisqu’on y retrouve non seulement un nouveau capteur RYYB Ultra Lighting de 48 Mégapixels mais surtout une ouverture variable allant de F/1.4 à F/4.0. Résultats des courses, l’appareil photo principal capte jusqu’à 3 fois plus de lumière par rapport au P50 Pro et 2 fois plus par rapport à un iPhone 14 Pro. C’est d’ailleurs pour cela qu’on se retrouve avec une ouverture variable qui va permettre de limiter les fuites de lumières en fermant l’ouverture. Amusant de voir que cette technologie, apparue chez Samsung, se retrouve en moins d’un mois chez Xiaomi, nouveau partenaire de Leica et Huawei, ancien partenaire de Leica… Cela explique peut-être la prise de bec actuelle entre les deux constructeurs en Chine.

Bon, assez de techniques, comment cela se passe dans la réalité ? Commençons par la photo. Fort de l’expérience acquise avec les précédents P et Mate, on peut dire que les photos faites avec le P60 Pro sont impressionnantes quand les conditions de lumières sont idéales. Les couleurs sont contrastés et les photos fourmillent de détails avec en plus un bokeh naturel des plus agréables. Fort de son expérience avec Leica, Huawei propose des couleurs naturelles et un rendu convaincant. Le plus impressionnant est qu’on retrouve une qualité similaires sur les trois appareils photos, chose encore rare sur les smartphones premiums. Mais ce n’est pas tout, comme sur le P50 Pro, le P60 Pro se distingue encore plus au niveau des photos en conditions de faible luminosité. C’est impressionnant. Il reste toujours quelques soucis d’expositions et parfois un lissage excessif mais c’est vraiment pour chipoter.

Voici quelques photos d’exemple :

Du coté des selfies, on retrouve en façade un capteur de 13 Mégapixels avec un objectif dont l’ouverture est de F/2.4. Avec cette résolution, c’est largement suffisant pour les selfies sans que cela pose problèmes pour les algorithmes de Huawei. A noter surtout la reconnaissance d’un selfie solo ou d’un selfie de groupe qui permet au Huawei P60 Pro d’élargir la focale pour une prise de vue plus grand angle.

Et enfin la vidéo où Huawei continue de faire des progrès sans forcément les mettre en avant. Chaque année, le constructeur chinois fait mieux, la différence n’est plus aussi grande et ce sont surtout des affinages de ce que propose le P60 Pro. Ainsi, on retrouve des fonctions comme le mode ultra stabilisation ou encore le tracking pour suivre un sujet en mouvement. Le rendu de couleur est excellent avec beaucoup de piqué. La stabilisation n’est pas encore du niveau de celle d’un iPhone 14 Pro mais on s’y rapproche. On notera que comme Apple ou Samsung, Huawei supporte l’enregistrement vidéo 4K sur tous les appareils photo.

La Galerie Photo

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