Nous nous attaquons aujourd’hui à une machine très singulière, le Spectre Fold d’HP. Cet appareil étonnant, qui se transforme à loisir en tablette, ordinateur portable et PC fixe, transpire l’amour de l’innovation et fera sans doute rêver les technophiles les plus forcenés… mais est-ce bien raisonnable de céder à la tentation ? Voici notre avis.
Il faut bien l’admettre, ce Spectre Fold fait son petit effet dès l’ouverture de la boîte. Le côté innovant de ces machines est encore très excitant, dans la mesure où ils ne se bousculent pas au portillon ; c’est une vraie bouffée d’air frais sur ce marché qui a tendance à devenir de plus en plus homogène au fil des années.
Visuellement, l’engin est assez réussi avec ses courbes et son revêtement typiques de la gamme Spectre. La qualité de construction semble aussi satisfaisante, même si on ne peut s’empêcher d’être un peu inquiet par rapport à la charnière, comme sur tous les appareils pliants.
Sans surprise, lorsqu’il est plié, le Spectre Fold est plus épais et plus lourd qu’un notebook petit format traditionnel. La faute au clavier magnétique, pris en sandwich entre les deux moitiés de l’écran. En termes de portabilité brute, nous sommes assez loin des références du moment comme les Zenbooks d’Asus. Mais ce pc hybride ne pouvait évidemment pas rivaliser à ce niveau.
Un délicieux sandwich d’innovation
Ces petites concessions sont néanmoins parfaitement justifiées par l’immense polyvalence de ce modèle. C’est incontestablement son argument numéro un, et nous avons été forcés d’admettre qu’HP a déployé des efforts considérables pour rendre son appareil aussi versatile que possible.
La première configuration possible est la plus classique. Quand le clavier magnétique est positionné sur la moitié basse de l’écran, on bénéficie d’un mini-ultrabook avec un écran de 12 pouces. Tirez le clavier magnétique vers vous, et vous dégagez un morceau d’écran supplémentaire pour obtenir une surface totale de 14 pouces. Retirez-le complètement, et le Spectre Fold se transforme soit en tablette géante de 17 pouces ou en écran indépendant pour imiter l’expérience d’un PC fixe. Très enthousiasmant pour les geeks friands d’innovation.
Sur le papier, cette variété d’options est extrêmement alléchante. La bonne nouvelle, c’est que le côté software a été bien peaufiné ; on peut alterner entre les différentes configurations en toute fluidité. HP a même eu le bon goût de préconfigurer des zones de snapping personnalisées pour les fenêtres, même si elles ont parfois tendance à se montrer récalcitrantes.
Mais force est de constater qu’en pratique, le résultat laisse parfois à désirer. On sent rapidement que ce format aura encore besoin de quelques années pour arriver à maturité. Par exemple, en configuration laptop, la superposition de l’écran et du clavier font que le plateau inférieur est souvent un peu trop élevé pour être utilisé confortablement. La deuxième option est déjà nettement plus confortable (voir plus bas pour davantage de détails sur le clavier). Mais contrairement à un Zenbook Duo, dont le deuxième écran s’incline à l’ouverture pour offrir un angle de vue optimal, la partie basse de l’écran est ici moins pratique à l’usage puisqu’elle reste à plat.
La configuration desktop/tablette n’est pas idéale non plus. Il manquerait peut-être un système de verrouillage pour bloquer la surface en position ouverte, car le plus souvent, elle reste très légèrement fermée et donc jamais parfaitement plate. On est donc assez loin du rendu d’un moniteur ou du feeling d’une vraie tablette. De plus, même si le pli central est plutôt discret en utilisation bureautique, il devient assez difficile de l’ignorer lorsqu’on regarde une vidéo, par exemple.
Écran & audio
Pour ce qui est des performances de la dalle en elle-même, en revanche, c’est une autre histoire. Cet écran OLED 2,5 K fait parfaitement son travail ; la reproduction des couleurs est excellente, tout comme le contraste.
La surface tactile est aussi performante : fluide et réactive, elle est globalement très agréable à utiliser. La luminosité reste assez modeste, mais rien de rédhibitoire. En résumé : une belle dalle auquel le format de l’engin ne rend pas toujours hommage.
Il convient aussi de noter l’effort consenti par HP au niveau de l’audio. C’est généralement un gros point faible des notebooks, mais ce Spectre Fold est considérablement au-dessus du lot à ce niveau. Format oblige, le son reste assez brouillon, surtout lorsqu’on s’aventure vers le bas du spectre ; mais ses quatre haut-parleurs Bang & Olufsen permettent de regarder une vidéo sans se sentir obligé de dégainer un casque ou des oreillettes, ce qui est assez rare pour être souligné. De plus, le fait qu’ils soient positionnés de chaque côté des deux moitiés de l’écran permet d’obtenir un résultat convaincant, quelle que soit la configuration.
Clavier
Le clavier, de son côté, est aussi excellent. Les angles auraient probablement gagné à être un peu plus arrondis, car ils ont tendance à attaquer la paume en configuration laptop ; mais à part ça, il est assez difficile de lui adresser le moindre reproche. Le revêtement est très confortable, le layout est pensé, la course bien dosée, et surtout, le retour tactile est vraiment excellent pour un clavier de ce genre.
De plus, les aimants puissants et astucieusement positionnés lui permettent de rester parfaitement en place. Quelle que soit la configuration, il ne bouge pas d’un millimètre et donne toujours l’impression de faire partie intégrante de la machine. On regrette toutefois l’absence d’un petit support dépliable qui permettrait d’incliner ce clavier en configuration desktop. Mais dans l’ensemble, il s’agit d’une vraie réussite.
Hardware et performances
Côté hardware, HP a opté pour un grand classique de l’écosystème ultrabook : l’Intel Core i7-1250U. Certes, il ne s’agit que d’un processeur de 12e génération, alors que certains concurrents ont déjà doté leurs hybrides d’i7-1355U plus performants. Mais c’est tout de même une puce qui a fait ses preuves sur un grand nombre de petits ultrabooks.
Ajoutez 16 GB de mémoire vive et un SSD d’1 TB, et vous obtenez une machine réactive et fonctionnelle qui assumera toutes les tâches de bureautique traditionnelle sans le moindre problème, et suffit même à faire tourner quelques jeux très légers grâce au chipset graphique intégré Iris Xe.
Par contre, n’espérez pas faire tourner des jeux AAA ou vous adonner à des tâches créatives dans de bonnes conditions. HP a fait des choix de hardware pertinents qui permettent de travailler sans accrocs tout en préservant l’autonomie de la machine (voir plus bas), et c’est tout ce que nous attendions d’un utilitaire ultra polyvalent comme celui-ci. Mais dès que l’on s’écarte de ce cas de figure, les performances deviennent trop limitées pour exploiter tout le potentiel de cette jolie dalle. Pour référence, il existe des modèles à quelques centaines d’euros qui font nettement mieux sur tous les benchmarks…
Connectique et autonomie
L’autre grosse déception concerne la connectique : elle est tout simplement rachitique. Ce Spectre Fold se contente de deux ports USB-C compatibles Thunderbolt 4, ni plus ni moins. Certes, ils sont positionnés de façon à ce qu’il y en ait toujours un dans le coin inférieur de la machine, ce qui permet d’y accéder facilement quelle que soit la configuration choisie. En revanche, cela signifie aussi que le deuxième port est souvent placé à un endroit difficile d’accès. En configuration laptop, par exemple, il se retrouve sur la tranche, dans le coin supérieur gauche de la partie qui sert d’écran. Tout sauf idéal.
La machine se rattrape cependant sur un autre critère. Nous nous attendions à une autonomie très limitée vu la taille de l’écran et la nature expérimentale de l’engin. Mais c’est tout le contraire; la durée de vie de la batterie s’avère assez stupéfiante. Quelle que soit la configuration, nous avons allègrement dépassé les douze heures d’utilisation multimédia modérée ! C’est significativement plus qu’une grande partie des ultrabooks traditionnels, et suffisant pour travailler une journée même en cas d’oubli de chargeur. Assez impressionnant, et dans ce contexte, la faible puissance de la machine devient immédiatement plus facile à pardonner.
Prix et disponibilité
Vient ensuite la question qui fâche, à savoir celle du prix. Le HP Spectre Fold est proposé à 5999 € sur le site du constructeur — un tarif totalement rédhibitoire pour la quasi-totalité des utilisateurs, à l’exception de quelques geeks fortunés et friands de machines hors normes.
En l’état, nous ne pouvons tout simplement pas recommander cette machine. Car même si certains seront probablement prêts à payer davantage pour bénéficier d’une machine ultra polyvalente, une telle dépense restera absolument injustifiable pour un utilitaire aux performances aussi modestes. Après tout, pour le même prix, il est possible de s’offrir un des meilleurs ultrabooks traditionnels du marché avec GPU dédié, une tablette de qualité, et un PC fixe très performant… voire une petite voiture d’occasion. Le rapport performances / prix est donc assez catastrophique, d’où la note basse malgré toutes les qualités intrinsèques de cet engin si séduisant.
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pour 6000€ on a juste 16 go de ram ? la blague.