Le tant attendu Horizon Forbidden West est enfin là. Il était temps pour nous de reprendre notre manette, récupérer notre lance et notre arc, sans oublier de réajuster notre focus, et de partir à l’aventure dans les plaines et montagnes sauvages du monde post-apocalyptique d’Aloy. Horizon Zero Dawn, et son DLC The Frozen Wilds, nous avait laissés sur une fin plutôt énigmatique, et carrément sujette à une suite.
Après avoir été élevée comme une paria par sa propre tribu, la jeune Nora Aloy s’est vite retrouvée mêlée à une affaire dangereuse et intrigante, impliquant l’extinction de la race humaine par une intelligence artificielle du nom d’Hadès. Si elle est ressortie victorieuse du combat épique final, le dernier plan de la cinématique suggérait que Sylens, un « allié » plutôt au fait des technologies de l’ancien monde, l’avait trahie après l’avoir guidée jusqu’à Hadès.
Dans ce nouvel opus, on apprend qu’il a finalement récupéré le programme de l’IA dans un but peut-être pas tout à fait bienveillant. L’histoire reprend donc 6 mois après, alors qu’Aloy est toujours à la recherche d’un moyen efficace pour faire revivre Gaïa, le système de terraformation à l’origine de sa naissance, et la seule entité à pouvoir gérer Hadès et ses désirs de destruction. Une quête glorieuse qui l’emmènera jusqu’aux confins du dangereux Ouest Prohibé.
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La conquête de l’Ouest
Qui dit nouveau jeu, dit forcément nouvelle map. Après avoir découvert de fond en comble le centre ouest des États-Unis, nous voilà donc en route pour sillonner la côte (entre autres), qui regorge elle aussi de paysages époustouflants, particulièrement enjolivés par les graphismes du jeu. On redécouvre alors des villes comme Las Vegas, pour n’en citer qu’une, sous un nouveau jour, en proie au passage du temps et à la nature rebelle.
À ce niveau-là, Guerrilla Games nous régale et nous offre un monde coloré, ultra détaillé, précis et très représentatif de la diversité des paysages du pays. Le tout est enveloppé dans des graphismes qui surpassent bon nombre des mondes ouverts jouables à ce jour et qui atteignent nos espérances haut la main. C’est particulièrement vrai pour les impressions de hauteur et de profondeur d’Horizon qui nous font apprécier davantage les escalades sur montagnes abruptes.
Ce photoréalisme, poussé à (presque) son maximum, sert aussi au studio à nous faire reconnaitre quelques-uns de nos lieux modernes, savamment disséminés aux quatre coins de la carte et qui nous rappellent que chaque chose est éphémère, tout comme dans le premier opus. Mais le monde ne se contente pas d’être sublime : pour vivre votre aventure, vous aurez besoin de le sillonner en long, en large et en travers, et pour cela plusieurs options s’offrent à vous.
Autant dire que niveau dimension, on se retrouve avec beaucoup de chemin à parcourir il faudra donc adapter votre rythme selon votre profil : déplacements rapides entre feux de camp pour les impatients, à dos de coureuse pour ceux qui aiment voir du pays, ou encore à pied pour ceux qui préfèrent récolter des herbes au passage.
Seul point noir de cet opus : la nage sous-marine. Visuellement, on s’attendait à un peu mieux de la part du studio, et on se retrouve finalement avec un décor embrumé et fade la plupart du temps. Pire encore, lorsque l’on regarde vers la surface de l’eau, on a parfois l’impression d’avoir affaire à une version de développement inachevée. Si cela n’est pas rédhibitoire, c’est tout de même un aspect que l’on aurait aimé être à la hauteur des trailers présentés.
Aloy a de nouveaux joujoux
Pour vous aider à arpenter les moindres recoins de l’Ouest Prohibé, Guerrilla Games met à votre disposition quelques outils inédits, plus ou moins agréables à utiliser. Tout d’abord, l’attracteur. Celui-ci a principalement une fonction de grappin, et vous permet de vous agripper à certains endroits autrement inaccessibles (toujours dans la limite des points d’accroche jaunes à disposition), mais aussi de tirer ou de pousser certains objets que l’on peut manipuler (en bleu).
Si on l’a trouvé très utile lors de certaines quêtes, on l’a finalement très peu utilisé lors de notre exploration libre, celui-ci n’étant pas le moyen le plus intuitif pour atteindre notre objectif. Second outil, le bouclier-planeur. Vu lors des bandes-annonces, celui-ci vous permet de planer lorsque vous vous trouvez en hauteur, ce qui peut facilement vous faire gagner 5 minutes de descente laborieuse, même si les dégâts de chute sont finalement assez limités.
Enfin, dans Horizon Forbidden West vous avez la possibilité d’explorer les fond marins grâce à un outil que vous pourrez récupérer lors de votre aventure. Plus que la simple utilité de vous cacher de certains ennemis, cette possibilité offre davantage de dimension à l’exploration et diversifie un peu l’aventure en introduisant certaines machines amphibies autres que les carapateurs.
Tous ces nouveaux outils, et d’autres encore que vous allez adorer, le jeu ne vous oblige presque jamais à vous en servir, sauf lors de quêtes importantes. Vous aurez toujours de multiples possibilités à votre disposition pour vous dépatouiller ou atteindre votre objectif, ce qui est une bonne chose pour la liberté d’exploration.
Guerrilla ouvre le champ des possibles
C’est d’ailleurs cette dernière qui va occuper une bonne partie de votre temps sur Horizon Forbidden West. Comme avec le premier opus, Guerrilla Games nous offre une multitude de chemins à emprunter dans l’ordre que l’on souhaite. Néanmoins, pour arriver à survivre lors des périlleuses quêtes principales, vous devrez nécessairement passer par la case des quêtes annexes, et autres missions secondaires pour vous équiper et prendre du galon.
De ce côté-là, le studio arrive à maintenir un très bon équilibre entre les différents niveaux de quêtes, et propose des activités secondaires pour tous les goûts. On a de ce fait pu découvrir quelques nouvelles catégories, comme celle des contrats de ferrailleurs ou encore les ruines de reliques. Vous pouvez également forcer les coffres de voitures anciennes pour en piller le matériel, entre autres nouveautés.
De plus, en prenant en compte l’utilisation des nouveaux outils précédemment cités, et la richesse du monde ouvert, boosté par le SSD ultra rapide de la PS5, on profite d’une verticalité plus importante durant les phases d’exploration. Que ce soit sous le niveau de l’eau ou à l’étage d’une grande maison délabrée, le titre joue davantage avec les niveaux pour nous proposer encore plus de possibilités de gameplay.
Enfin, la grande nouveauté de cet opus, c’est l’intégration d’un jeu dans le jeu, indépendant de l’histoire principale, à la façon du Gwent dans The Witcher 3. Ce mini-jeu se nomme Attakh et il s’agit d’un jeu de plateau stratégique qui reprend les bases de combat des machines d’Horizon. En mêlant leur puissance d’attaque initiale, à leur affinité de terrain et les limites de leurs déplacements, vous devez réussir à marquer 7 points pour vaincre votre adversaire. Si cet ajout n’était vraiment pas indispensable, il fera le bonheur de tous les complétistes, en plus d’être relativement bien pensé.
Des combats sous tension
Cependant, c’est sur le champs de bataille que les vrais combats sont menés. Lors des quêtes, il n’est pas question de plateau ni de pièces en bois, on retrouve ici de véritables guerriers, qu’ils soient Carjas, Osérams ou encore Tennakhs. Force est de constater que ces derniers sont bien plus redoutables que les précédents adversaires auxquels nous avons eu affaire puisque certains d’entre eux disposent des connaissances nécessaires pour contrôler les machines.
C’est pourquoi le retour d’Aloy sur PlayStation s’annonce particulièrement musclé. Pour autant, on arrive à plutôt bien s’en sortir la plupart du temps contre les ennemis humains, et les combats sont bien équilibrés en fonction du mode de difficulté que vous avez choisi en début de partie. Pour ce qui est des machines, en revanche, c’est une autre histoire.
Vous l’aurez vu dans les trailers et autres images partagées par Sony, de nouvelles créatures mécaniques font leur entrée dans le monde d’Horizon. Comparées à celles introduites dans le premier opus, on est définitivement un cran au-dessus en termes de difficulté. Mais, comme tout chose dans ce monde, elles disposent bien évidemment de faiblesses que vous pouvez exploiter intelligemment pour vous en sortir. Il n’existe pas, à notre connaissance, de machine insurmontable dans ce jeu.
Pour arriver à vos fins, vous pouvez bien évidemment compter sur une panoplie d’armes, que vous gagnez soit en mission ou que vous achetez auprès de marchands. Comme toujours, la place sur la roue des armes est limitée; vous devrez donc choisir celles qui conviennent le mieux à votre style de combat, et qui couvrent un large spectre de spécialisation élémentaire. La bonne nouvelle c’est que les marchands proposent tous des armes diverses et variées, et pratiquement jamais les mêmes que celles des marchands d’à côté. Vous avez donc le choix.
Sur PS5, vous profiterez enfin des fonctionnalités très pratiques de la DualSense, à savoir les retours haptiques et les gâchettes adaptatives. Si les premiers desservent nettement l’immersion – en combat, lors des cinématiques ou en phase d’exploration – les secondes marquent bien la différence entre les différents arcs; aucun risque de se tromper entre un arc de chasseur ou un arc de précision donc. Les gâchettes sont particulièrement sensibles aux objets ou portes que vous forcez, et vous ressentez parfaitement la force qu’a besoin de mettre Aloy pour effectuer certaines actions.
Enfin des émotions !
Évidemment, l’Ouest Prohibé n’est pas seulement peuplé d’ennemis, humains ou mécaniques. On retrouve aussi un bon nombre d’alliés, dont nous tairons certains noms pour vous laisser la joie de les découvrir en temps et en heure. On s’en fait aussi un bon paquet en cours de route, ce qui est toujours bon à prendre pour l’assaut final. Et tout ce beau monde, il faut lui donner vie de la meilleure des manières qui soit.
L’un des points noirs du précédent opus se jouait dans les expressions faciales des personnages, surtout lors des cinématiques. Force est de constater que Guerrilla Games a fourni un effort considérable de ce côté-là. Tout comme l’environnement, on a affaire à un photoréalisme exceptionnel, comme on en voit peu dans des jeux du même budget. On note tout de même des mouvements oculaires suspects, comme si les personnages n’arrivaient pas à tenir leurs yeux en place : une broutille comparée au travail accompli depuis Horizon Zero Dawn.
On a également plaisir à retrouver plus de diversité dans l’ethnie des personnages secondaires. Mention honorable au studio pour ne pas être tombé dans le travers de créer des tribus aux apparences ethniques similaires (une tribu de personnes aux traits asiatiques, une autre avec des personnes de couleur, etc). Dans Horizon Forbidden West, tout est mélangé ; les groupes de personnages sont assemblés en fonction de leurs croyances et valeurs plutôt qu’en fonction de leur apparence. Comme une volonté de se détacher des contraintes historiques réelles, et faire table rase des préjugés ethniques.
Pour autant, il reste encore quelques défauts à régler. Les animations, par exemple, ne sont pas encore tout à fait fluides, notamment celles des sauts ou lorsqu’on utilise l’attracteur. Hormis les bugs d’affichage ou encore les mouvements parfois peu naturels de certains personnages, inhérents à toute production en monde ouvert aussi colossale, les transitions entre les phases de gameplay et les cinématiques sont encore bien trop visibles. Avec un peu plus de travail à ce niveau-là, on aurait aimé avoir une expérience moins saccadée.
Du côté des personnages très secondaires, on note aussi le peu d’effort créatif sur la diversité des apparences. En effet, dans certains cas, on peut avoir 4 itérations de la même femme en simultané sur notre écran, et ce alors qu’une dizaine d’autres versions de celle-ci se balade autre part dans le camp. C’est le cas pour tous les camps de rebelles, mais aussi ceux qui servent à nous ravitailler et accepter de nouvelles quêtes. C’est dommage compte tenu du fait que le studio nous a habitué à mieux à de multiples reprises.
Une héroïne à la hauteur de nos espérances
Finalement, le personnage que l’on a le plus de plaisir à retrouver, après toutes ces années, c’est bien Aloy. Bien loin de son image de paria, ou même de jeune farouche, elle revient dans ce deuxième opus véritablement transformé. Physiquement déjà grâce aux technologies de modélisation qui ont sûrement du faire un énorme bond en avant, mais pas que.
La jeune tête rousse a également du s’endurcir, et s’imposer non seulement en tant que « sauveuse de Méridian » mais aussi en tant que symbole de progrès auprès d’une humanité en danger. Niveau caractère, on a affaire à une Aloy bien plus en confiance, qui se dégote des répliques tantôt cyniques, tantôt imprévisibles, qui lui confèrent une répartie beaucoup plus affirmée qu’auparavant.
Ses interactions avec les éléments du monde ouvert, ainsi qu’avec les autres personnages ne s’en retrouvent que plus agréables à écouter… tout comme la partition musicale d’ailleurs ! Si les musiques d’Horizon Zero Dawn avaient rapidement trouvé leur place dans nos cœurs, il en est de même pour les pistes d’Horizon Forbidden West. Ces dernières accompagnent parfaitement l’action, et ont le don de s’adapter à chaque situation en temps réel tout en nous plongeant en complète immersion.
Un véritable tour de force donc, que ne parvient pas à accomplir le reste du sound design. Si dans l’ensemble on a rien de particulièrement dérangeant, on reprochera tout de même au studio l’espèce de bruit de bovin qui nous accompagne à chaque course ou partie d’escalade. Il s’agit en réalité de la respiration d’Aloy (ou pas ?), que l’on a tout même confondu avec la présence d’un sanglier qui ne voulait pas nous lâcher pendant les 10 premiers niveaux.
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Merci Elisa