Selon les statistiques officielles, 8398 MOBA ont vu le jour ces 5 dernières années, espérant déplumer, même un tout petit peu, les deux cadors du genre. Malheureusement pour eux, ils ont tous échoué – un peu lamentablement, avouons-le. Le seul dont on a perçu immédiatement le potentiel ces deux dernières années, c’est Heroes of the Storm, dès sa version alpha. Blizzard a mis du temps à trouver la bonne formule (sans doute un peu trop) mais c’était écrit, il allait le faire. Car comment le studio américain pouvait-il abandonner un genre qu’un de ses propres jeux (Warcraft III) a popularisé ? Depuis DotA en tout cas, il en a coulé de l’eau sous les ponts virtuels. Avec le soin qu’il met dans tous ses projets, quelques idées fraîches et beaucoup de pression, Blizzard lance demain son propre missile, avec pour ambition de redistribuer les cartes d’un gâteau gardé par deux ogres insatiables. Décryptons point par point ses forces et ses faiblesses.
[nextpage title=”L’univers, les héros”]
Avantage Heroes of the Storm
Mais gardons à l’esprit que l’expérience nous a montré aussi, avec Infinite Crisis (DC Comics) ou Gardiens de la Terre du Milieu (Le Seigneur des Anneaux), que l’aura d’un univers ne garantit pas un succès sur les écrans plats. Plus que la résonnance de l’univers, c’est la diversité dans le roster des héros qui compte. Et sur ce point précis, League of Legends et Dota 2 ont pris de l’avance sur tout le monde, avec plus d’une centaine de combattants chacun. Et des styles de combats (et donc, d’expériences de jeu) extrêmement divers. Pour le coup, mais c’est surtout parce qu’il est plus jeune, HotS manque de héros originaux, du type Les Vikings Perdus ou Abathur. Blizzard nous avait fait saliver avec sa classe de combattants « spécialistes » (qui change des classiques : soutien, assassin, guerrier) mais rien de révolutionnaire dans leur prise en main. Bon, on est un peu dur, parce que le roster reste varié et les sensations sont différentes selon que l’on incarne une Valla ou un Zeratul chez les assassins, un Uther ou une Luisaile chez les soutiens. Gageons que HotS comblera le retard sur cet aspect d’ici quelques mois.
Avantage (temporaire) League of Legends et Dota 2
[nextpage title=”La mécanique de jeu, 100% « action »”]
Forcément, les détracteurs du MOBA de Blizzard vous répondront qu’Heroes of the Storm est stratégiquement moins riche que ses principaux concurrents. Je préférerais dire qu’il est plus « homogène », moins découpé en « phases » et donc plus rapide à maitriser. Pour autant, HotS reste exigeant et demandera une grande rapidité d’exécution, une bonne communication, le sens du placement, une connaissance aigue de tous les combattants, etc.
Avantage Heroes of the Storm
Pour poursuivre sur la mécanique de jeu, HotS se démarque également par l’absence de boutique à items (et donc d’équipement), remplacée ici par un arbre technologique propre à chaque combattant. À certains niveaux d’expérience, chaque joueur devra choisir entre plusieurs compétences/buffs/améliorations pour faire évoluer son héros. Pas grand-chose à dire sur ce système, particulièrement bien intégré, sinon qu’il laisse quand même moins de liberté à ces joueurs « créateurs », qui vont faire de ce personnage taillé pour les combats à distance un redoutable tank. Un personnage que Blizzard a catégorisé comme assassin restera quoiqu’il arrive un assassin, privant le metagame de ce côté « stratégie émergente » qu’on a vu sur LoL ou Dota 2 (dans ma preview, je pensais au tank Alistar de League of Legends, qui a connu sa période de gloire en étant utilisé comme un Magicien).
Avantage League of Legends/Dota 2
Dans la même idée de créer un jeu plus accessible, HotS s’est affranchi de plusieurs mécaniques « clés » de DotA : il n’y a pas de « last hit » et encore moins de « deny ». Pour pallier cette « decomplexification »du gameplay, Blizzard a eu l’idée intelligente de proposer plusieurs champs de bataille et de jeu et d’ajouter des objectifs secondaires. Rajoutez à ça l’absence de temps mort et des parties plus courtes qu’ailleurs (25-30 minutes) pour permettre à HotS de s’ouvrir à un public plus large que ne le peuvent ses concurrents.
[nextpage title=”Les cartes uniques”]
Gros avantage Heroes of the Storm
Bon, il y a quand même deux petits problèmes avec ça. Le premier, c’est que l’équilibrage des héros en prend un coup. Clairement, certains héros sont surpuissants sur certaines cartes et beaucoup moins sur d’autres (on pense à Abathur, notamment). Comment faire pour que les champions soient équilibrés sur des concepts de combats aussi différents ? Voilà tout le travail qui attend Blizzard. La seconde chose, c’est que l’idée possède les défauts de ses qualités : en réalité, une équipe n’a pas vraiment le choix de réaliser les objectifs secondaires ou non, parce que les bonus qu’ils octroient sont trop décisifs pour s’en passer. Du coup, on vous oblige à combattre tôt dans la partie, vous privant de stratégies (individuelles ou d’équipes) basées sur le mid-game ou le late-game.
Avantage League of Legends / Dota 2
HotS est un free-to-play. On achète les nouveaux héros avec de l’argent ingame, ou avec du vrai argent, comme dans League of Legends. Pour gagner de l’argent ingame, il faut remplir les quêtes quotidiennes à la manière de ce qui est fait sur Hearthstone. Comme dans Hearthstone aussi, le grind est long ; et après avoir grindé suffisamment pour s’acheter un champion (sinon c’est 10 euros), il faudra grinder avec ledit champion pour débloquer tous ses talents. Rien de très original, mais force est de constater que ça fonctionne.
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