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Test Final Fantasy XVI : la franchise renaît tel un phénix

Square Enix a enfin trouvé la formule pour faire de Final Fantasy une licence en accord avec son temps et ses origines. Test.

Voici venue l’une des plus grosses sorties vidéoludiques de l’année. Le JRPG de Square Enix que l’on ne présente plus est enfin de retour dans un épisode exclusif. En 2016, la franchise partait en quête d’un renouveau avec Final Fantasy XV. Celui que l’on connaissait alors comme un jeu au tour par tour entamait doucement sa transition vers un gameplay d’action plus moderne. Sans rencontrer le succès escompté à la suite d’un développement chaotique, ce chapitre instaurait cependant les bases qui régissent aujourd’hui la licence.

L’excellent remake de Final Fantasy VII publié en 2020 perfectionnait alors la recette que l’on découvrait quatre ans plus tôt. Face à l’évolution des jeux vidéo, réinventer Final Fantasy n’était plus seulement une évidence mais une nécessité. Néanmoins, une évolution réussie ne peut pas seulement se cantonner à un système de combat, surtout dans le cas des jeux de rôle japonais. Presque tous formés d’un même moule, ces titres répondent à des stéréotypes et clichés qui n’ont que peu changé au fil des ans.

Pour ne plus se fondre dans la masse d’un genre presque uniforme, Square Enix se décide enfin à briser les codes avec un Final Fantasy audacieux. Sous la tutelle de Naoki Yoshida, l’homme qui a déjà su sauver l’irrattrapable Final Fantasy XIV, le studio trouve enfin le parfait équilibre entre modernité et identité. Ce seizième chapitre nous invite à vivre un voyage émotionnel, puissant et captivant. Final Fantasy entre enfin dans une nouvelle ère, à la hauteur de l’émerveillement d’antan.

Game of Thrones mais pas trop

Pour la première fois de son histoire, la franchise rentre dans la classification PEGI 18, et ce n’est pas anodin. Même si Final Fantasy a déjà donné le ton dans les univers médiévaux, c’est bien la première fois qu’il les prend si au sérieux. En s’inspirant de l’histoire de l’Europe et de superproductions fantastiques comme Game of Thrones, les développeurs ont revu l’approche de leur propre univers. Et si la magie, les cristaux et les créatures que l’on connaît si bien régissaient un monde violent et sans merci ?

Les aventures précédentes abordent déjà des thèmes politiques et environnementaux plus ou moins sévères, mais les scénaristes de ce nouveau chapitre sont passés au niveau supérieur. Dès son introduction (que les fans ont déjà pu découvrir dans une version démo), les joueurs sont confrontés à la dure réalité du monde de Valisthea. De grandes maisons s’affrontent pour le contrôle des cristaux mères, seules sources d’éther rendant possible l’utilisation de magie. Des armées mènent alors des combats sans relâche, qui iront jusqu’à renverser le quotidien de notre protagoniste.

Crédits : Square Enix

Sang, sexe et batailles épiques ponctuent les premières heures de jeux qui paraissent presque comme une copie carbone de la fameuse série HBO. Clive semble être un clone de Jon Snow accompagné de son loup, tandis que son père n’est pas sans rappeler un certain Ned Stark. Suivant l’introduction, les joueurs rencontreront même un personnage qui emprunte vraisemblablement ses traits à Hodor. Les similitudes sont presque dérangeantes aux premiers abords, surtout lorsque les développeurs ont eux-mêmes affirmé avoir regardé Game of Thrones pour se mettre dans le bain. Dans ces premiers instants, on en vient à se demander si les équipes n’ont pas simplement plagié leur inspiration, un comble pour un studio aux univers si originaux. Fort heureusement, cette drôle d’impression s’évapore tout aussi rapidement qu’elle nous est venue, et laisse place à un monde et une histoire unique.

Les personnages sont extrêmement attachants et pourraient bien se hisser au rang de légendes, telle la joyeuse bande de FFVII. La violence et la noirceur du récit permettent d’offrir un nouveau regard sur les éléments récurrents de la franchise. La magie est une denrée rare qui peut être monétisée, les mages se retrouvent réduits en esclavage et les chocobos ne sont plus de simples montures, mais des destriers que l’on envoie au casse-pipe. Ce tout est renforcé par une qualité visuelle bluffante de réalisme : la PS5 est poussée dans ses derniers retranchements. En renversant un équilibre jusqu’alors immaculé, l’excellente mythologie de Final Fantasy prend une nouvelle dimension grandiose, portée par un gameplay revisité tout aussi efficace.

L’ADN Final Fantasy XIV

Tandis que les joueurs se laissent agréablement porter par la tragique histoire de Clive, les cinématiques et autres dialogues sont évidemment ponctués d’exploration et d’affrontements. Après le monde ouvert décevant de Final Fantasy XV et la linéarité presque forcée (mais plutôt efficace) de Final Fantasy VII Remake, ce nouveau volet trouve enfin le juste milieu pour une expérience équilibrée. Pour cela, Naoki Yoshida est allé puiser dans ce qu’il a su faire de mieux : Final Fantasy XIV.

Final Fantasy XVI s’inspire du MMO devenu culte, un pari indéniablement risqué pour une expérience solo. Les aficionados de la franchise peuvent déjà se rassurer : aucun élément multijoueur forcé n’a été incorporé dans cette aventure. Celle-ci s’inspire en réalité de la progression bougrement efficace du jeu en ligne. Les quêtes du jeu se déroulent alors en deux trames distinctes. Loin de cacher son inspiration pour le modèle déjà appliqué à FFXIV, l’histoire principale porte ici aussi le nom d’Épopée. Le joueur peut faire avancer la trame narrative via ces quêtes-ci, tandis que des missions secondaires sont également disponibles pour approfondir le lore de Valisthea tout en gagnant quelques ressources et points d’expérience.

Seulement, l’inspiration ne s’arrête pas là. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la structure du monde et le déroulé des quêtes sont, eux aussi, tirés de la formule FFXIV. Certaines missions se déroulent dans une zone fermée et linéaire, à l’image des donjons et autres instances du MMORPG. Cela permet au jeu d’insuffler une dimension narrative plus forte en guidant le joueur à travers combats et paysages à couper le souffle. Le reste du monde s’articule autour de zones ouvertes, exactement à l’image des maps du jeu en ligne. Le monde n’est pas accessible d’un bout à l’autre, chaque région est délimitée et implique d’en quitter une pour en rejoindre une autre.

Tout, depuis le design de la carte, les jointures entre zones et l’interface rappellent Final Fantasy XIV. Ce modèle qui a déjà su faire ses preuves ravira les joueurs du MMO, tandis que les autres pourront enfin découvrir l’efficacité de cette structure. Le rythme est soutenu, on ne s’ennuie pas, et le scénario s’enchaîne sans accrocs. Contrairement à certains épisodes passés, ce petit dernier ne nous perd jamais dans de l’exploration inutile ou des affrontements redondants. Comme quoi, linéarité et liberté sont les meilleurs alliés.

Des combats primordiaux

La structure du jeu n’est pas son seul point fort : il convient également de féliciter l’excellence de ses combats. Square Enix réalise un véritable tour de force en perfectionnant un style déjà très prisé des joueurs aujourd’hui. Pour en arriver à un tel résultat, le studio n’y est pas allé de main morte. Celui-ci s’est chargé de regrouper tous ses meilleurs éléments en la matière, tels les Avengers de l’action RPG. Nous retrouvons donc Ryota Suzuki au poste de combat director, connu pour son travail sur Devil May Cry, Dragon’s Dogma et Ultimate Marvel vs Capcom 3. À ses côtés, une partie des équipes derrière Kingdom Hearts lui ont également apporté leur expertise.

Cette dream team de développeurs a mis toutes les chances de son côté pour réussir et remporte le pari haut la main. Jamais un système de combat n’a paru aussi fluide et satisfaisant, tout en étant inclusif au possible. Les joueurs en quête de challenge pourront profiter des multiples subtilités des affrontements (esquives habiles, compétences et autres combos mobiles), tandis que les débutants peuvent modifier l’expérience à leur guise en fonction de leurs lacunes. Des accessoires facultatifs fournis en début de jeu offrent la possibilité de simplifier certaines mécaniques pour permettre à chacun de profiter d’impressionnantes sensations en combat.

Crédits : Square Enix

Même les monstres les plus simples profitent d’une large variété de mouvement pour une bonne dose d’adrénaline à chaque baston. Les mini-boss sont tout aussi redoutables et paraissent être de véritables défis à part entière. Toutefois, c’est dans ses batailles narratives que Final Fantasy XVI surprend le plus. Les séquences linéaires sont généralement ponctuées de plusieurs de ces combats, qui arrivent à faire l’impossible : rendre les QTE véritablement impactant. Cet élément de gameplay ennuyeux et démodé depuis longtemps déjà signe son grand retour pour appuyer l’aspect cinématographique de ces batailles.

En plein cœur d’un affrontement actif, l’action peut soudainement passer en mode cinématique où le joueur devra réagir pour à des attaques massives. Sans pour autant être complexe, ces Quick Time Events arrivent à renforcer l’impact épique des affrontements les plus importants pour le scénario. Enfin, les duels entre Primordiaux apparaissent comme une prouesse technique presque inconcevable. Même lorsque l’on incarne l’un de ces géants, le gameplay maintient sa nervosité tout en simulant à la perfection le poids des attaques dévastatrices. Les effets visuels semblent être tirés des animes les plus extravagants pour un résultat explosif doublé d’un spectacle pour nos yeux ébahis.

Le titre semble être en symbiose avec la puissance de la PS5 et les fonctionnalités de sa manette pour offrir une expérience d’une satisfaction et d’une immersion inégalées. On regrettera malheureusement que cette surenchère permanente amenuise drastiquement l’ambiance magique caractéristique des JRPG. Les habitués de la franchise pourraient bien être déroutés. L’attrait de ce renouveau sera donc à l’appréciation de chacun mais Square Enix ose enfin et ça, ça fait du bien.

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Notre avis

Des cendres d'une licence essoufflée naît Final Fantasy XVI, le volet qui vise enfin juste sur tous les plans. En perfectionnant sa recette, le studio ne nous livre pas seulement un JRPG parfaitement modernisé, mais une aventure magistrale et inoubliable. Cet épisode promet de marquer les générations tout comme Final Fantasy VII l'a fait en son temps. Square Enix tient son jeu de l'année 2023.
Note : 9  /  10

Les plus

  • Pas besoin de monde ouvert pour un univers réussi
  • Un rythme effréné
  • Des personnages attachants que l'on oubliera pas de sitôt
  • Les combats captivants
  • Le casting VF d'une efficacité bluffante

Les moins

  • La dimension RPG classique atténuée au profit d'un grand spectacle permanent
  • Les premières heures trop proches de Game of Thrones
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