Test Final Fantasy VII Rebirth : une suite qui porte bien son nom

Cela fait quelques années maintenant que Square Enix s’attaque à l’un des développements les plus complexes de son histoire : le renouveau de son RPG le plus populaire. Final Fantasy VII jouit d’un statut tout particulier parmi les nombreux opus de la franchise. Débuté en 1997 sur PlayStation, le titre s’est exporté en une multitude de formats et de spin-off au fil des ans. Jeux sur consoles portables, jeux mobiles et même long-métrage en image de synthèse : l’aventure de Cloud et du groupe Avalanche ne se limite pas à une simple épopée. Le studio japonais trouve régulièrement de nouvelles idées pour étendre cet univers que les joueurs prennent toujours plaisir à découvrir.

En 2015, Square Enix annonçait le développement d’un remake ambitieux. En découpant l’aventure en trois parties distinctes et massives sur des plateformes modernes, les développeurs s’offraient enfin la capacité à fournir la vision qu’ils ont toujours eue de cet univers. Cinq ans plus tard, les joueurs redécouvraient les prémices de Final Fantasy VII dans un épisode Remake chargé en nouveautés. Après cette introduction de haut vol au sein de la cité de Midgar, le périple des protagonistes se poursuit désormais aux quatre coins de la planète dans une suite intitulée Rebirth. Choisir le nom de “renaissance” pour cette seconde partie n’a en réalité rien d’anodin.

Un nouveau départ

Avec Final Fantasy VII Rebirth, Square Enix marque un nouveau départ dans tous les sens du terme. Tout en reprenant les excellentes bases de la partie précédente, ce second opus se réinvente de multiples façons, aussi bien du niveau du gameplay que du lore. Dès les premières séquences de l’introduction, les fans de la franchise comprendront que Rebirth est une véritable réécriture visant à étendre l’univers et répondre aux nombreuses questions laissées en suspens par les titres et spin-offs précédents. Certains événements annexes deviennent essentiels au scénario de cette nouvelle version, et c’est alors que la publication du remaster de Crisis Core courant 2022 prend tout son sens. Une connaissance du passé de Zack Fair devient donc particulièrement préférable pour profiter des subtilités de l’histoire.

Ce choix de prendre un spin-off pour acquis est un pari risqué qui pourrait déstabiliser les nouveaux venus. Mais tout comme l’opus Remake, Rebirth apporte une attention particulière à la présentation des séquences hors contexte. Afin d’éviter une véritable dépendance au lore, les références sont présentées de façon à satisfaire les fans et attiser la curiosité des débutants. Les efforts de Square Enix dans cette entreprise donnent même la possibilité de commencer par cette seconde partie sans toucher à la précédente, à l’aide notamment d’un résumé de l’histoire proposé dans le menu principal et de nombreux flashbacks au cours de l’aventure. Ce retour à la case départ s’exprime également dans la façon d’appréhender le titre.

Malgré son statut de suite directe, cette seconde partie repart de zéro pour mettre les joueurs dans le bain. Après quatre ans d’absence, il convient de prendre même les plus expérimentés par la main. FFVII Rebirth se place dans la continuité de son prédécesseur mais propose une aventure fondamentalement différente due à la nouvelle échelle de la quête principale. La dimension plus ouverte du périple impose de nombreux ajustements et autres nouveautés pour adapter ce vaste tronçon du jeu d’origine. Après avoir repris les bonnes habitudes de gameplay instaurées par Remake, les joueurs prendront plaisir à découvrir de nouvelles mécaniques venant approfondir la dimension jeu de rôle du titre. Les systèmes de craft et de progression dont nous vous parlions dans notre preview ont su se montrer efficaces tout au long de l’aventure. Ces éléments permettent de rendre l’exploration de la planète d’autant plus satisfaisante alors que chaque recoin découvert promet de mener à toujours plus de puissance et de lore.

À la découverte de la planète

Après avoir été confinés au sein de Midgar pendant plus de 30 heures de jeu, les joueurs peuvent enfin respirer de l’air frais (et garanti sans énergie Mako) dans les vastes étendues de Final Fantasy VII Rebirth. La mise en place d’une aventure ouverte après un premier opus linéaire au rythme scénaristique maîtrisé s’annonçait pour le moins dangereuse. Mais contre toute attente, Square Enix est parvenu à trouver le parfait équilibre entre liberté et linéarité. Loin du monde ouvert et redondant de Final Fantasy XV ou des zones ouvertes ensevelies par activités secondaires de Final Fantasy XVI, la seconde partie de FFVII propose une expérience d’exploration des plus équilibrées.

Ici, le monde s’ouvre au fil des chapitres. Les joueurs peuvent alors prendre le temps de découvrir les régions une à une et en explorer les moindres recoins si le cœur leur en dit. Chaque zone ouverte dispose de plusieurs villes et d’une multitude d’activités annexes. La taille raisonnable des environnements permet d’offrir un large sentiment d’aventure, sans pour autant noyer le joueur dans des zones vides de sens ou au contraire chargées de missions ennuyeuses. En plus de la quête principale faisant progresser le scénario, les joueurs pourront profiter de deux types de missions secondaires dans les différentes régions. Comme dans l’opus Remake, des quêtes secondaires offriront un plongeon supplémentaire dans le lore en allant à la rencontre d’autres personnages dans le besoin. Pour cet épisode Rebirth, les quêtes secondaires sont d’autant plus importantes qu’elles permettent d’approfondir l’affinité avec les personnages du groupe, une nouvelle statistique améliorant les performances en combat et débloquant des dialogues supplémentaires.

À cela viennent s’ajouter les rapports d’exploration de Chadley. Le garçon androïde passionné de matérias fait son grand retour et se montre toujours plus utile. Cette fois-ci, les rapports de recherche en combat laissent place à des missions à réaliser aux quatre coins des régions. Un système de tour à activer – grand classique des open worlds modernes qui a de quoi donner des frissons aux joueurs – est ici revisité. Celles-ci ne révéleront pas la carte, mais débloqueront de nouvelles activités variées à réaliser. Si ces séquences de chasse, de découverte de lieux spécifiques ou de traque de trésors sont tout ce qu’il y a de plus classiques, elles viennent toutes avec un intérêt particulier, en plus d’offrir des points à dépenser dans la boutique de matérias de Chadley. Si vous êtes du genre à esquiver le contenu annexe, nous vous recommanderons malgré tout de vous intéresser à la traque des proto-reliques qui offrent du gameplay et un scénario supplémentaire qui valent le détour. Il en va de même pour le mini-jeu de cartes du Queen’s Blood qui cache lui aussi sa propre histoire. Ce savant mélange d’une histoire linéaire et d’un contenu plus libre fait de Final Fantasy VII Rebirth un nouveau pilier de la franchise.

Un épisode déterminant

Cette seconde partie affirme une bonne fois pour toutes le ton de la trilogie remake : il est question d’une véritable renaissance. Bien que l’on retrouve la trame narrative principale du titre original dans les grandes lignes, Rebirth brille par sa volonté de réécriture et d’expansion de l’univers. Les développeurs l’avaient promis et c’est chose faite, le scénario prend ses libertés et regorge de surprises à découvrir tout au long de l’aventure. Le périple de Cloud, Aerith, Tifa, Barret et toute la clique brille d’un nouvel éclat et se montre d’autant plus convaincant aujourd’hui. Cette réinterprétation moderne du grand classique permet d’approfondir l’impact émotionnel de l’histoire. Avec cet épisode, les joueurs vont se surprendre à développer des liens encore plus forts avec les protagonistes. La puissance d’une console moderne permet enfin d’offrir des interactions vivantes entre les héros et de multiplier les scènes marquantes, de quoi amplifier les enjeux de cette quête.

Final Fantasy VII Rebirth parvient à émuler un véritable sentiment d’aventure, comme si nous arpentions la planète aux côtés du groupe. Cette sensation est rendue possible par de nombreuses attentions, telles que la présence constante des personnages en exploration et en combat, y compris ceux en dehors de l’escouade de trois, ainsi que les nombreuses conversations à choix multiples sur lesquelles le joueur a un réel impact. Notre implication dans les moindres aspects du titre atteint un niveau rarement vu pour un RPG, si bien que l’on n’oubliera pas cette aventure de si tôt. Néanmoins, Final Fantasy VII n’est pas le seul à s’offrir un renouveau : c’est bien toute la franchise qui pourrait se retrouver changée par cet opus.

Rebirth offre le modèle idéal pour un Final Fantasy moderne presque parfait. En séparant l’aventure en trois parties dotées de leurs propres spécificités, Square Enix offre une expérience complète aux multiples facettes. Le studio s’est déjà essayé à cette formule par le passé mais vient de trouver la recette la plus efficace. Après un épisode introductif permettant de (re)plonger dans l’histoire tout en douceur, le second volet nous immerge dans un monde passionnant et chargé en émotions pour mieux préparer un climax grandiose. Une fois de plus, l’attente pour la prochaine partie s’annonce fastidieuse. Mais c’est aussi ce format de publication qui participe à renforcer l’impact du titre. En plus d’offrir trois fois plus d’espace pour développer l’univers et ses personnages, chaque partie s’impose comme un voyage vidéoludique frappant, formant un ensemble d’autant plus mémorable.

Avec FFVII Rebirth, Square tient le bon bout, mais devra appliquer encore quelques ajustements pour proposer le JRPG ultime dans sa dernière partie. La folie des grandeurs de cet épisode implique malheureusement quelques défauts techniques qui ont parfois du mal à passer. L’élargissement du monde n’est pas proportionnel au saut en puissance entre PS4 et PS5, si bien que certains environnements perdent en clarté et que les animations faciales des personnages sont parfois moins réalistes qu’auparavant. Et n’oublions pas le retour des fameux soucis d’éclairage du premier opus ! Si l’on rate le sans faute de peu, la perfection du reste de l’expérience nous ferait presque oublier ces quelques bavures graphiques.

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