Pour le bien de sa narration, Far Cry 6 nous transporte sur l’île de Yara, un petit pays sujet aux folies meurtrière de son dictateur Anton Castillo. Mené par le prétendu désir d’améliorer la vie des « vrais Yarans », et du monde entier par la même occasion, il transforme l’île en paradis toxique et véritable terre d’oppression, ce qui a le don d’énerver notre personnage, Dani Rojas.
Partisan(e) de la résistance, Dani va tenter de mettre un terme à l’esclavage de masse qui a lieu sur son île tout en se battant pour les convictions de tout un peuple opprimé. Avec une histoire largement inspirée de celle de Cuba, l’engagement d’Ubisoft à créer une histoire forte semblait partir sur de bonnes voies, sur le papier. Et pourtant, nos attentes n’ont pas entièrement été comblées, surtout en ce qui concerne la dimension morale du titre.
Remettre Yara dans le droit chemin
Far Cry 6 s’annonçait comme un jeu plus politique que ses prédécesseurs, bien que Far Cry 5 revêtait déjà une telle dimension en version plus édulcorée. Pourtant, le titre apparaît plus manichéen que ce qu’on aurait imaginé, avec des personnages forts mais qui ne sortent pas des sentiers battus.
Anton Castillo, bien que le jeu mentionne ses intentions selon lui « honorables », est finalement dépeint comme le grand méchant loup, dont les méthodes ne sont ni discutées, ni discutables, puisqu’elles sont d’emblée condamnées. Cela donne l’impression au joueur de se faire tenir la main tout au long de son aventure, alors même qu’on lui promettait une réflexion plus profonde sur la fameuse maxime « la fin qui justifie les moyens ».
Bien qu’enfermés dans le carcan plutôt rigide du bon et du méchant les personnages restent néanmoins convaincants dans leur rôle. S’il n’y a rien à dire sur le jeu d’acteur et sur la reproduction des modèles, les animations sont quant à elles un aspect à revoir. Une fois de plus, les expressions faciales ne font pas honneur au casting prestigieux du titre, qui mise uniquement sur le doublage pour transmettre des émotions aux joueurs, même lors des cinématiques qui sont pourtant visuellement un régal la plupart du temps.
Même constat pour les animations de déplacements qui sont encore insuffisantes. L’ensemble est correct, mais n’est certainement pas à la hauteur d’un jeu de cette envergure, qui en plus sort nativement sur consoles next-gen dans une version soit disant optimisée.
Une aventure ensoleillée
En ce qui concerne l’environnement de jeu, Yara est une île colorée et visuellement calquée sur les biomes de Cuba. On arrive à nettement percevoir l’intention du studio de créer un terrain de jeu à la fois joli et menaçant en raison de son côté flore (et faune) sauvage. On a également grand plaisir à retrouver le cadre insulaire si caractéristique de la franchise, qui avait été laissé de côté dans Far Cry 5 et New Dawn.
Des falaises escarpées qui requièrent l’utilisation du grapin, aux plages de sable blanc, en passant par la jungle luxuriante et les villes colorées, tout y est pour nous immerger au cœur de Yara pour un bon bain de soleil. Toutefois, on ne remarque que très peu d’évolution graphique du côté d’Ubisoft, qui nous fournit des environnements très jolis sans pour autant repousser les limites du possible, ou même d’exploiter la puissance des consoles nouvelle génération. Autrement dit, le studio reste dans sa zone de confort, misant tout sur l’impression générale plutôt que sur le détail, ce qui n’est pas pour autant rédhibitoire.
Côté jouabilité, la map de Yara est divisée en 5 régions, explorables dans n’importe quel ordre. Au début de votre aventure, vous échouez sur la petite île d’Isla Santuario, sur laquelle vous apprenez les rudiments qui feront de vous un bon guerillero et qui sera votre porte de sortie vers la dure réalité de l’île principale. Comme son prédécesseur, chaque région de l’île est associée à un adversaire important, que vous devrez affronter avant de vous diriger vers Anton l’Effroyable.
Dans ce sens, l’aventure est assez libre et vous pouvez moduler votre parcours selon votre style de jeu, ou selon la personne que vous voulez tuer en premier, car c’est là le seul but que vous aurez. Dans son exécution, l’exploration est plutôt encouragée, et aidée par des déplacements rapides qui se font plutôt discrets. À la place, Ubisoft met l’accent sur les déplacements en véhicules, qui intègrent directement la roue des armes/outils pour cet opus.
Pas de doute, c’est bien un Far Cry
Dans l’ensemble, le gameplay de Far Cry 6 reste fidèle à ses origines et ne propose pas grand-chose de nouveau par rapport à ses prédécesseurs. D’un côté, c’est tant mieux. Nous n’avons aucun mal à retrouver nos marques et à nous remettre dans le bain dès la première heure de jeu. Pas de changement ou presque au niveau des mécaniques de combat ni dans l’attribution des actions.
De l’autre, certains aspects mériteraient selon nous d’être réinventés, ou au minimum d’être retravaillés, et ce depuis quelques opus déjà. C’est le cas notamment du système d’avancement global du jeu, qui passe encore et toujours par l’acquisition d’avant-postes et l’assassinat des forces armées ennemies, qui ne nous ont rien demandé. Une nouvelle fois, on retrouve également quelques aspects exploratifs liés à des cachettes pas si secrètes et des collectibles plus que dispensables. À la longue, tout cela devient répétitif, surtout pour les habitués de la licence.
Si cela atteste d’une certaine paresse de la part d’Ubisoft, on peine à imaginer que la franchise puisse un jour se réinventer pour enfin proposer un gameplay véritablement varié et qui s’adapte en fonction de la narration proposée. Au lieu de ça, Far Cry 6 nous fournit un système de jeu bien connu des habitués de la franchise, qui est certes efficace, mais qui sent une fois de plus le réchauffé, tout juste assaisonné différemment.
Les mêmes erreurs aux mêmes endroits
D’autant plus qu’Ubisoft aurait tout intérêt à varier son gameplay afin de fournir un squelette plus solide à son jeu, qui pour le moment reste plutôt bancal. Lorsque l’on se penche davantage sur la dynamique interne du jeu, on se rend finalement compte que la libération d’avant-postes et de territoires ennemis n’est pas particulièrement soutenue par les adversaires eux-mêmes, qui sont pourtant au cœur de la difficulté en théorie.
En effet, l’un des gros points noirs de la franchise Far Cry reste encore et toujours son IA, décevante à presque tous les niveaux, ce qui est réellement dommage pour un titre principalement centré autour de l’interaction entre le personnage principal et les PNJ. Ceux-ci sont encore trop brouillons dans leur déplacements et dans leurs décisions. Ainsi, il n’est pas rare, en plein combat, de devoir courir après un ennemi qui semble ne pas nous trouver alors même qu’on lui a tiré dessus une minute avant, ou encore d’en avoir une floppée qui ne vous cherchent même pas après qu’un de leur copain se soit fait tuer par votre amigo, en plein milieu de tout ce beau monde.
On note néanmoins certaines mécaniques rafraichissantes, qui ont eu le mérite d’agréablement nous surprendre. Dans cet opus, les ennemis ne vous attaquent pas tout le temps à vue, en fonction des zones, et vous avez souvent la possibilité de faire profil bas en cachant votre arme ou en vous comportant de manière tout à fait légale – si vous volez un char en revanche, vous pouvez être sûr de vous faire tirer dessus, même avec l’arme rangée bien sagement dans la poche.
Le bon outil pour le bon boulot
De manière générale, les combats sont plutôt bien équilibrés, et c’est ce qui fait la force du jeu. Deux modes de difficulté sont disponibles au début de votre aventure, dont le choix peut être modifié à tout moment : le mode Histoire, qui met l’emphase sur l’exploration et réduit ainsi les dégâts causés par les ennemis, et le mode Action qui se prête davantage au jeu du challenge, sans trop de difficulté non plus. Selon nous, un troisième mode de jeu n’aurait pas été superflu, même si ces deux-là fonctionnent assez bien.
Durant toute la phase d’introduction, l’on nous répète très fréquemment qu’il est important d’utiliser le bon outil pour le bon boulot, et c’est effectivement le cas si vous voulez maximiser vos chances de réussite. Cela passe donc par l’amélioration et le bricolage des armes, qui personnalisent leur effet à tous types d’usages et d’ennemis, et qui renforcent une roue des armes déjà bien complète. La réussite passe aussi par votre tenue, qui contient des ensembles à compléter et vous donne accès à des résistances spécifiques, comme ce que l’on peut avoir dans les derniers Assassin’s Creed par exemple.
Toutefois, ne comptez pas sur l’aide de quel qu’humain que ce soit pour vous aider en dehors du mode coop, puisqu’Ubisoft n’a pas réitéré l’expérience des Mercenaires présents dans Far Cry 5. Vous retrouverez néanmoins une poignée d’amigos, des bêtes apprivoisées pour vous donner un coup de main mais qui ne survivront pas bien longtemps passé un certain niveau.
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Se soit fait tuER, relisez vous. Bon article pour le reste.
“Ubisoft n’a pas réitéré”, et non réitérer
“qu’on lui a tiré dessus…” Et non “tirer”
Superbe article très bien expliqué dans l ensemble merci
Merci pour ce test complet et intéressant !
Dommage pour le jeu en lui-même, encore une fois Ubisoft promet beaucoup mais réalise la même chose que d’habitude.
Dommage. Peut-être que pour le prochain ça changera (on peut rêver…). Un jour peut-être je reprendrai du plaisir à faire un Far Cary !
Merci pour ce test !
J’attendrai qu’il tombe à 20 balles d’ici 8 mois comme d’hab
C’est étrange de commencer l’article en disant « pour le bien de sa natation, far cry 6 nous transporte… » ça n’à pas de sens ou alors je ne comprends plus cette langue.