Élu vélo de l’année 2023 par VAB, il a failli l’être aussi dans cet essai. Mais c’est justement cette partie connectée qui ne nous a pas convaincus.
Le Samedi 28.7 est LE vélo de ville de Moustache. Celui qui vous accompagnera au boulot la semaine et en balade le weekend. Celui qui vous délestera aussi de 4199 euros. Pour 0€ de plus, vous pouvez repartir avec la version connectée dont le nom est identique, si ce n’est la mention « Smart System » ajoutée. Et justement, on cherche encore le côté « Smart » au système.
Une fois n’est pas coutume, nous allons commencer cet essai par la partie logicielle. C’est elle qui caractérise ce modèle. Elle nécessite un ajout de 0€ par rapport à la version classique. Une volonté commerciale de pousser les gens à passer dessus.
Système e-Bike de Bosch : après les autres mais moins bon
Le système e-Bike se caractérise par 3 éléments : un traceur GPS glissé dans le moteur (ici de série mais qui existe en option), un boitier de commandes et un écran amovible non tactile.
Commençons par l’application appelée e-Bike Flow et différente de e-Bike Connect. Deux applications distinctes selon les modèles et les commandes. Pour nous ce sera e-Bike Flow, car c’est celle qui référence la commande sur le vélo.
On arrive à un enregistrement en ligne. Ensuite on choisit son modèle et tout se connecte.
L’application a un combo UI et UX réussi. Tout est clair, simple à comprendre et visuellement bien segmenté. L’arborescence est faite de cadres aux titres explicitent avec une typo du « futur ». L’interface est séparée en 4 rubriques :
- L’Accueil qui indique la charge restante de batterie et l’autonomie liée (autonomie hyper précise au passage), les modes de conduite (personnalisables mais le mode Auto est très bien fait et ne donne pas envie de changer), et surtout, la géolocalisation du vélo en temps réel.
- Conduire qui est un GPS intégré à l’application qui rejoint le club très ouvert des GPS intégrés totalement ratés qu’on peut retrouver dans quasiment toutes les automobiles.
- Les statistiques qui informent sur les trajets effectués, les consommations, les efforts, tout ce que Strava propose, en moins bien, mais en gratuit.
- Les Paramètres qui offrent la possibilité de lier l’application à son compte Strava ou Komoot.
Un traçage basique et une protection inutile
C’est évidemment LA grande fonctionnalité de ce système : le suivi et le blocage du vélo en cas de vol. Trois actions ont alors lieu : le moteur empêche le pédalage, le vélo sonne et une notification d’alerte est envoyée sur votre smartphone, avec un suivi des mouvements du vélo en temps réel. Notez que cette fonction est intégrée ici, mais sur d’autres modèles, c’est une option, dont le module est à installer au niveau du moteur par un technicien agréé. Sur le papier, on a donc un concept intéressant. En pratique, on déchante.
Pour lancer le système de protection, on active “Lock & Alarm”.
L’accueil réunit l’essentiel et c’est la géolocalisation qui retient logiquement notre attention. Le système est assez précis et affiche même les différents mouvements. Sauf quand il bugue. Voici l’image du parcours effectué pendant cette simulation de vol (vélo verrouillé, batterie retirée, Bluetooth du téléphone désactivé). Le vélo a changé de quartier. Dans la réalité, il est resté à sa place.
On n’est déjà pas au point. Mais ce n’est pas fini. Notez que ce système est censé ajouter un blocage du moteur créant une forte résistance au pédalage et un système d’alarme. C’est là que le bât blesse : si la batterie est retirée, ces deux fonctionnalités sont désactivées. Le module que l’on peut retirer via une simple pression sur le haut est non seulement indispensable pour que le Lock & Alarm fonctionne (un élément amovible sans sécurité indispensable pour un système de protection), mais a en plus une autonomie très faible (moins de 48 heures).
Prenons le cas de figure classique : vous vivez en appartement et les 26,9 kg sont trop élevés pour que vous bras supportent de le monter. Vous allez utiliser le système intelligent qui coûte 39,99€/an et attachez votre vélo en bas de chez vous. Évidemment, vous prenez soin de retirer la batterie, déjà parce que vous devez la recharger, puis, parce que le vol d’un VAE sans la batterie est moins intéressant. Surtout la version 625 Wh fournie, qui coûte autour des 700 euros.
Dommage, il fallait la laisser pour que le système soit fonctionnel à 100%. Toutefois, sans cette fameuse batterie dans votre vélo, le traceur est opérationnel et votre smartphone reçoit une notification vous alertant que quelqu’un se fait la malle avec votre cycle. Autant cacher un tag dans le vélo.
Des constructeurs proposent de retrouver le vélo en cas de vol et offrent une assurance vol avec remplacement (moyennant franchise). Ce n’est pas le cas ici. Avec la batterie, on gagne l’alarme sur le vélo. Encore une fois, le volume sonore de l’alarme est bien trop faible. La résistance du moteur est quasi imperceptible.
C’est décevant. Bosch a mis du temps à proposer ce genre d’options et on est loin de la concurrence.
Un GPS intégré raté
Comment est-il possible, en 2023 d’offrir une mauvaise solution GPS ? C’est le cas ici. Chaque itinéraire GPS a planté. Sur route ou piste cyclable, mieux vaut ne pas tromper de direction, tant les recalculs échouent avec, à la clé, un joli plantage. Mention spéciale au détour de 5 km inutile. Oubliez cette option et utilisez plutôt Google Maps.
La bonne nouvelle c’est qu’on peut associer Strava à l’application. Ce qui règlera pas mal de soucis.
Pour le reste, c’est du classique, avec les statistiques, la consommation, les kilomètres parcourus. C’est dommage, car sur le plan cycle, le Samedi 28.7 est presque parfait et nous allons en parler de suite.
Un vélo presque parfait
Mettons de côté la partie connectée et concentrons sur le vélo. D’autant que le prix est de 4199 euros, avec ou sans le système connecté Bosch e-Bike System.
Moustache a acquis une belle expérience dans l’univers du cycle. Cela tient à la volonté de produire un vélo et non uniquement un engin électrique. Comprenez que la géométrie est pensée pour donner du plaisir et, dans le cas de ce vélo des villes et des champs, dans un confort total.
L’angle de chasse par exemple, est faible, ce qui permet une excellente maniabilité à faible vitesse. Les grandes roues de 28 pouces sont chaussées de pneus larges de 5 cm. Ils permettent d’affronter les imprévus. La fourche Suntour Nex-E25 offre 63mm de débattement et compense les contraintes et vibrations infligées au cycliste.
Le prix élevé est en partie lié à la conception du cadre. Il s’agit d’aluminium hydroformé offrant des passages de câbles. Ça permet d’avoir une seule pièce pour des zones où d’autres cadres en nécessitent 3 ou 4, réduisant ainsi le nombre de soudures et donc de points de faiblesse. Certes, sur un tel vélo c’est un peu « overkill », ce qui le rend durable et résistant aux contraintes à répétition au fil des kilomètres. Le vert anglais du modèle fait briller des paillettes au soleil.
On regrettera le feu arrière, qui n’offre pas de feu de stop d’ailleurs, et qui fait cheap comparé au reste. Des Leds auraient donné du cachet, mais on chipote.
Des composants de qualité
Pour 4199 euros, on est en droit d’espérer le meilleur du meilleur du meilleur. On n’en est pas loin. Le moteur Bosch Performance Line offre 75 Nm de couple. La transmission qui assure le relais de l’énergie est du Deore XT.
- La selle est suspendue pour le plus grand bonheur de votre postérieur.
- Le cintre en forme de moustache est le propre de la maison.
- La batterie fait 625 Wh ce qui donnera 100 km d’autonomie mais on y reviendra.
- La béquille, le porte-bagages aux fixations QL3 (norme standard) et l’antivol intégré sont de série.
- Les pneus d’origine sont des Schwalbe, Big Apple (c’est du très bon et très robuste).
- Le freinage est confié à du Shimano MT200.
On en rajoute une couche, mais les finitions sont superbes, la conception est intelligente et résistante. Maintenant, il est temps d’attaquer l’utilisation de ce bel objet.
La conduite
Concrètement, que donne ce vélo quand on est dessus ? Tout simplement, il est excellent. Oui, la note est salée, c’est le prix d’une voiture d’occasion. Mais franchement, quel plaisir !
La géométrie est le premier point à aborder. Alors que la concurrence cherche à jouer sur les formes pour donner un style, Moustache joue sur ces formes pour se faire plaisir au guidon.
Ce Samedi 28.7 est un régal à rouler. Tout est calibré pour que le corps (et surtout le dos) ne subisse pas la position. Les bras sont idéalement placés et le cintre y est pour beaucoup. Le dos est droit, les jambes ont de l’allonge sur ce modèle taille M qui convient bien aux morphologies imposantes.
Les commandes tombent sous la main, l’écran est lisible même en plein soleil.
Le freinage est très progressif et offre beaucoup de mordant. La course des manettes est idéale. Afin de tester l’efficacité, nous avons poussé le Samedi 28.7 à 45 km/h en descente et réalisé plusieurs freinages forts dans la pente. Le résultat est parfait puisque le vélo est parvenu à s’arrêter en toute sécurité, sans emboutir la voiture de devant.
La prise de virage se fait de façon fluide et on peut prendre de l’angle si le cœur nous en dit. Le vélo est facile à manœuvrer malgré ses énormes roues de 28 pouces (d’où le nom d’ailleurs). Les pneus offrent le bon compromis de largeur. On peut s’aventurer hors du bitume, mais ce n’est pas non plus un VTT. Entre le freinage, l’agilité, la sécurité des roues à grand diamètre, ce 28.7 est redoutable d’efficacité en ville. Toutefois, compte tenu de son terrain de prédilection et du prix, l’ajout d’un feu de stop n’aurait pas été de trop.
Les Performances
Le moteur Bosch Performance Line prouve l’avancée de Bosch en matière de vélo. Le couple est très pratique pour le transport de charges (les courses par exemple). Le système débraye totalement après 26km/h. La transition entre 25 km/h et 26 km/h est fluide et douce. La sensation de pédaler est naturelle, même avec le mode Turbo enclenché.
On est sur probablement la meilleure technologie de moteur pour vélo à assistance électrique du marché.
Les 75 Nm de couple ne vous parleront pas beaucoup. Alors voici ce que ça donne dans le monde réel : il est possible de grimper une montée de 1 km, dont la pente permet en descente, juste en se laissant aller, d’atteindre 50 km/h. Cette ascension a été faite en mode turbo. Les 21 km/h ont été atteint sans trop d’efforts.
Autre point non négligeable : la puissance du monteur est constante jusqu’aux derniers kilomètres. La baisse n’a eu lieu qu’à 3% de batterie restante : les 25 km/h s’atteignent en demandant plus d’effort.
Autonomie et batterie
La batterie de 625 Wh se charge, via le chargeur 4A fourni, en 2h30. Le 20-80% se fait en 1h15.
Comme d’habitude, nous avons voulu avoir l’autonomie minimum proposée, autrement dit, le kilométrage que vous êtes sûr de parcourir avec une charge. Avec 100 kg sur l’engin, en mode turbo en permanence, avec pas mal de dénivelé, vous ferez 100 km.
En hiver, ça baissera à 80km. Mais pas moins. Le Bosch Performance Line est une prouesse d’efficience.
Ramener à l’argent, le nerf de la guerre, cela donne 0,12€/100 km (hors coût de la batterie). Avec l’hiver, les variations de température sur une année et l’usure de la batterie, vous serez à maximum 20€ / 10 000 km en électricité.
Prix
On arrive à ce qui fâche. Notez que le système E-Bike Smart Connect de Bosch ne demande pas de rajouter des sous.
Le prix du Moustache Samedi 28.7 est de 4199€, que ce soit avec la version connectée du système Bosch, ou sans. Le coût est très élevé. On paie une conception plus qualitative, une meilleure finition, probablement la meilleure motorisation du marché associée, ici, à une excellente transmission, des jantes et un cintre faits par Moustache (en plus du cadre), la conception de beaucoup d’éléments en France (en plus de l’assemblage), le SAV de la marque.
Il est donc largement possible de trouver des vélos qui conviendront pour le même usage pour 1000 à 1500 euros moins cher. Mais à composants et conception équivalents, le delta de prix se réduit fortement. Notez qu’à l’heure de publication de cet essai, ce modèle est en promotions chez les revendeurs. Il est éligible à l’aide régionale. En Île-de-France, elle est de 500 euros.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.