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Test du vélo électrique Voltaire Legendre : un jouet élégant pour les (très) grands enfants

Voltaire propose le Legendre, son troisième modèle de vélo à assistance.

Pour l’occasion, le constructeur troque le design hollandais pour quelque chose de plus sportif. Toujours destiné à l’urbain chic, le Voltaire Legendre mise sur une série d’idées, tantôt très bonnes, tantôt moins.

Anciens de chez Porsche, les créateurs de la marque Voltaire ont choisi de tout plaquer pour lancer une marque de vélo. Leur nouveau modèle Legendre, en référence à la rue éponyme est la troisième itération de la marque dans l’univers du VAE en 4 ans d’existence. Un modèle qui tranche avec le look hollandais classique des modèles précédents. Dans l’idée, il promet plus qu’un joli dessin. Mais il va devoir faire avec un problème de taille, littéralement.

Un design pour grand urbain actif

Un vélo peut-il être désirable par des personnes qui ne s’intéressent pas spécialement au vélo ? Et si possible, ne pas coûter 4 000 euros ? Il faut avouer que sur ce point, Voltaire a fait très fort. Et cela pour un ensemble de raisons. D’abord le look. Les proportions sont aussi amusantes qu’intrigantes avec cet empattement court, cette hauteur importante et ce design de VTC chic détonnant. Le Legendre a de quoi faire tourner les têtes. Ce qui est impressionnant pour un vélo affiché à 2490 euros.

Les poignées et la selle en cuir marron, le vert amande du cadre en aluminium, le chrome qui abonde et offre mille reflets de toutes parts, cette sonnette Crane, elle aussi chromée, qui rappelle le phare avant très vintage. On sent le néo-rétro à plein nez. En automobile ça plaît. Sur un vélo, ça plaît aussi.

La finition est très bonne. Le cadre n’a pas droit à de l’hydroformage comme chez Moustache, mais les tubes d’aluminium sont soigneusement soudés. Ce n’est pas aussi propre que le tannage des poignées ou les parties chromées, mais encore une fois, pour 2500 euros (hors aides gouvernementale et régionale) on ne trouve pas grand chose qui rivalise en terme de finition et de design.

La batterie est intégrée à la tige de selle, ce qui permet d’affiner le reste du cadre et contribue à l’attrait généré par le dessin de ce Legendre. La tige de selle a un énorme diamètre, indispensable pour recevoir la batterie de 360 Wh. La selle bascule pour libérer le compartiment. La sécurité nécessitant une clé se trouve en bas. Un bouton permet de la verrouiller, mais la clé est forcément nécessaire pour débloquer l’ensemble. Une lanière intégrée à la batterie permet de la retirer.

Notez que Voltaire a confectionné une série d’accessoires  sur-mesures adaptés au Legendre. Au programme, un porte bagage pouvant accueillir un siège enfant et supporter jusqu’à 24 kg et un panier. Le tout se marie à la perfection (logique) au reste du cycle, notamment aux chrome des garde-boues, du phare et du cintre.

Les pneus Schwalbe Road Cruiser Plus sont bienvenus, mais auraient mérité les flancs blancs, pour pousser le délire du vintage au bout.

Donc ce Legendre en jette visuellement et surprend les habitués de géométries traditionnelles. Cet aspect original en fait-il un vélo agréable à rouler, car c’est finalement le point le plus important.

Au royaume des équipements on retrouve des pédales en métal, un verrou de roue arrière, une béquille centrale et la paire de clé qui va bien.

Conduite : plus gentleman driver que pilote de course

Le Legendre est un vélo à propulsion. Point de moteur dans le pédalier, ce dernier, entièrement développé par Voltaire est intégré au moyeu de la roue arrière. Avec moins de 1,5 kg, il est très léger pour ne pas trop plomber l’agilité du vélo. La batterie est intégrée dans le tube de selle. On en reparlera plus loin mais cela permet de concentrer le poids au centre du cadre, pour un meilleur équilibre. La transmission est réalisée par une courroie et en voici de très gros plans.

La selle, même réglée au minimum est haute, très haute, de quoi empêcher toute personne en-dessous d’1m75 de réellement se sentir à l’aise. D’ailleurs, hommes comme femmes seront gênés par le tube supérieur qui se trouve très proche des parties génitales. À avoir en tête en cas de freinage d’urgence.


Je mesure 1,80m et mes pieds touchent tout juste le sol.

L’assise en cuir demande d’être faite aux formes de votre séant. La particularité vient de l’empattement, la distance entre la selle et le cintre (guidon) si vous préférez. Il est extrêmement court. Ça permet d’être plus agile dans les mouvements des bras et d’avoir une position dynamique. Sauf que ça rapproche les genoux du ventre. D’où cette hauteur de selle.

Une fois monté, le Legendre est un petit régal d’agilité. Ce choix de géométrie fonctionne bien. Malgré un poids de 21,7 kg, qui, en soit, n’est pas si élevé pour un VAE (mais reste important pour un commuter typé sport), on peut jouer et “faire du vélo“. C’est agréable. Mais la chose la plus remarquable est la facilité avec laquelle il est possible d’emmener le vélo au-delà des 25 km/h de l’assistance. Peu de VAE permettent de dépasser cette vitesse (ndlr : vitesse à laquelle l’assistance doit légalement s’arrêter). Généralement, la répartition de poids, la résistance du moteur et la résistance des pneus privent de cet aspect “sportif”.

Il reste toutefois un point à aborder, et non des moindre. Celui de la transmission. Elle est automatique à 4 rapports, comme la Peugeot 205 Junior de l’époque. L’entrainement est réalisé via une courroie. Dans la réalité, il faut apprécier. Ce n’est pas mon cas. Pourtant, le système, associé à un capteur de couple efficace anticipe plutôt bien et vite les efforts en adaptant le bon rapport. C’est, à ce jour, le seul système du genre réellement fonctionnel. Mais pour les amateurs de vélos, visés par des proposition comme le Legendre, c’est plus frustrant qu’autre chose.

Pour aider, il y a 3 niveau d’assistance. Le troisième mode est celui qui vous fournit les 35 Nm de couple. C’est peu. En monté, il faudra pousser sur les jambes. En mode 1, l’assistance est endormie. Le mode 2 est le plus équilibré, permettant d’exciter un peu le palpitant sans dégouliner de sueur. Mais en ville, au milieu de la circulation, il faudra souvent privilégier le mode 3. Surtout à faible allure, pour avoir assez de puissance lors des démarrages qui se doivent rapides.

Côté sport, on restera dans l’univers du gentlemen rider. Car au-delà de 30 km/h, on pédale dans le vide. Il manque un peu d’allonge à la transmission.

Les freins hydrauliques à disque percés sont signés Tektro. On est dans l’entrée de gamme de l’hydraulique, mais ça freine bien. Aussi bien que des Shimano MT200 qu’on retrouve dans des modèles plus onéreux. Même avec les 100 kg de votre testeur lancé à 30 km/h en descente. On s’arrête assez court. Mais, la position de conduite a tendance à nous envoyer vers l’avant de manière assez inhabituel.

Le Voltaire Legendre s’en sort bien dans cette partie. On prend du plaisir au guidon, et ce, de façon immédiate. Le vélo est facile à manier, adapté aux (grands) débutants, comme aux habitués qui apprécieront la possibilité de pousser au-delà des 25 km/h. Mais attention aux dénivelés qui demanderont de pousser sur les jambes.

À vouloir réinventer la géométrie des vélos pour faire différent, on en oublie que l’essentiel est le confort de pédalage. Le Legendre ne s’en sort pas mal, mais une géométrie plus traditionnelle en aurait fait un vélo bien plus facile et agréable à rouler. La tension dans les bras dépend énormément de leur position : trop tendus comme trop courts, on peine à contrôler le guidon. Idem pour l’écartement. Plus il est important, meilleur est le contrôle. Sur le Legendre, les bras sont un peu trop proches du guidon et pas assez éloignés l’un de l’autre. Encore une fois, ce n’est pas mauvais du tout, mais ça aurait pu être mieux sans cet empattement court.

 

Pas de feux de stop, mais une bande LED dont l’intégration au garde-boue arrière est réussie. Le phare à l’avant n’est ni le plus puissant, ni le plus diffus, mais il est orientable et son design se parie parfaitement au reste du cycle.

Pas de module connecté mais un afficheur en couleur

Sachez-le : lorsqu’un constructeur, de tech ou autre, propose une application gratuitement à vie, il y a peu de chance de la voir mise à jour longtemps. Sauf si les données récoltées font partie du business modèle, et encore. Car une application a un coût régulier de développement. Les mises à jours des systèmes sur lesquels elle tourne obligent les développeurs à l’adapter constamment aux modifications.

Après un premier modèle connecté, Voltaire a revu son système. Le Legendre peut être équipé d’un module connecté avec traçabilité. Mais en option, et à un tarif pour le moment inconnu. Les infos sont situées sur un (trop) petit écran couleur. On y distingue l’autonomie en temps réel, les kilomètres parcourus et la vitesse instantanée. On peut faire défiler les infos via un petit bouton situé sur le côté.

Mais vous ne le ferez pas, car les boutons sont petits, pas assez ressortis, mal positionnés. Avec des gants c’est une gageure. L’affichage en couleurs n’apporte rien de plus qu’un monochrome qui aurait pu être plus grand. ajoutez à ça un éclairage trop faible le rendant illisible en plein jour, une interface mal pensée, un design qui jure avec le reste néo-rétro du design et vous avez un objet qui n’est clairement pas à sa place.

Toutefois, on relativise pour le mode auto qui fonctionne bien, et les 3 niveaux d’assistances. Tout ceci mis bout à bout fait qu’on a rarement besoin de jouer avec le boitier de commande.

Autonomie : grand par la taille, petit par l’endurance

On commence par le bon point : l’aspect pratique de la batterie. Un astucieux système de verrouillage permet de la bloquer dans la tige de selle. Pour la retirer, on ouvre le loquet et on déploie la selle. On accède alors à une lanière qui permet, une fois le bouton de déverrouillage activé, d’ôter la batterie. C’est malin, rapide, simple, limite ludique. Et à ce tarif, la concurrence ne le permet pas forcément.

Le charge est rapide, avec un 10-100% en deux heures (oui, c’est rapide dans le monde du vélo).

Maintenant, passons à l’autonomie. Avec une centaine de kilos à la pesée, nous n’avons jamais dépassé les 37 km en mode 3. En mode 2, il est éventuellement possible de pousser à 45km. Mais c’est la sollicitation du moteur en phases critiques qui pompe toute l’énergie. Il sera donc difficile d’assurer un aller-retour sur 25km par trajet avec une seule charge. Car en plus, la puissance diminue dès que l’on arrive à 15% de batterie.

C’est le point à améliorer sur le vélo. On pourra se dire qu’il est possible de commander une seconde batterie de 360 Wh pour environ 500 euros, mais on n’aura pas forcément les moyens ni l’envie de le faire.

Au quotidien : un compagnon élégant mais qui manque d’endurance

Il y a un côté chevaleresque à chevaucher un beau vélo. Les têtes se tournent, les gens sourient, mais surtout, on ressent une sorte de plaisir teinté de fierté à le voir et le toucher. Dans notre société de consommation, peu importe les besoins des usagers, voir quelque chose de joli fait plaisir. La finition est en plus plutôt bonne. Mine de rien, quand on utilise son vélo au quotidien pour se déplacer, ça compte.

Si on réussit à monter sur la selle sans se faire une crampe, on enchaine les tours de roues. L’assise nécessitera de se faire à votre séant, la position haute nous met au niveau des fenêtres de SUV urbains. Côté plaisir, on est servi.

Après une grosse journée de boulot, on aura même envie de bombarder pour rentrer. Jusqu’à 30 km/h évidemment, la transmission n’offrant plus de résistance au-delà. La réactivité de la transmission et du moteur ferait presque apprécier le système automatique à ceux qui n’en sont pas friands, presque. Il y a aussi un côté facile et “sans prise de tête”, sans pour autant déroger au plaisir du pédalage.


Aussi étrange que ça puisse paraître, le propriétaire de cette Ducati Diavel a été très enthousiasmé par le Legendre, pendant que les cyclistes sont restés critiques sur la géométrie du cadre.

Le Voltaire Legendre est donc un modèle purement urbain, parfait commuter des villes sans trop de dénivelés, plaisant à rouler et regarder, mais qui s’essouffle vite et auquel il manque un peu d’allonge au niveau du pédalage. Il se rattrape avec un prix de 2490 euros, soit moins de 2000 euros prime déduite, ce qui le laisse accessible au commun des mortels de plus de 1,75m qui souhaitent une machine élégante et facile à utiliser, à défaut des amateurs de sportivité soft, qui eux, iront vers un gravel au cintre route plus évasé et à la positions plus sportive.

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Notre avis

Il se dirige bien et freine bien. Les points forts tournent autour du design, de la finition, de l'efficacité de la transmission automatique par courroie et de la maniabilité qui en fait un vrai jouet urbain à rouler. Il faut néanmoins composer avec une batterie à l'endurance limitée à 40 km, une transmission automatique qui n'offre pas suffisamment d'allonge pour le sport et un cadre très haut qui ne convient pas aux personnes sous les 1m75. On a donc une dissonance entre l'aspect qui lui donne un air de vélo de sport, et ce qu'il est, c'est à dire un "commuter" urbain accessible, finalement peu sportif, sauf quand il n'y a plus de batterie.
Note : 7  /  10

Les plus

  • Design néo-rétro très désirable
  • Rapport qualité/prix/finition
  • Transmission automatique à courroie efficace
  • Comportement facile et dynamique
  • Beaucoup d'accessoires conçus pour le vélo

Les moins

  • Autonomie trop juste
  • Cadre trop haut inadapté pour les personne <1,75m
  • Il manque un peu d'allonge à la transmission
  • Éran de contrôle illisible

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