Fiido n’y est pas allé de main morte avec le Titan, puisque l’objectif de cet engin est de parcourir des kilomètres (400 km annoncés avec le pack triple batteries), dans un confort royal et sans effort. Encore faut-il accepter de rouler avec un vélo à la limite de la légalité et de ne pas pouvoir changer grand-chose dessus. Mais à 1500 euros, ça se réfléchit.
Caractéristiques techniques et respect de la loi
Tel qu’il est vendu, le Fiido Titan est illégal sur voie publique pour deux raisons.
La première est la présence d’une gâchette d’accélération qui ne s’arrête pas à 6 km/h. Un comble, car les cyclomobiles (les draisiennes électriques) sont légaux, eux, dans la mesure où ils ne disposent pas de pédale. Cependant, avec les 37,65 kg sur la balance, le Titan dépasserait les 30 kg autorisés pour ce type d’engin. Mais bonne nouvelle, il est possible de la désactiver dans les paramètres de l’application, en positionnant l’onglet « Throttle » sur OFF. Est-ce légalement suffisant, pas sûr… Il y a toujours moyen de la retirer. Elle n’est reliée que par un câble relié au niveau du guidon. Seul problème : il faut ôter la poignée gauche et le levier de frein pour y accéder. Rien de compliqué certes, mais c’est fastidieux.
Le deuxième point légal est plus problématique. Le moteur délivre 750W de puissance. La limite légale est de 250W. Mais Fiido l’a bridé électroniquement. La puissance maximum ne s’atteint qu’en crête. Cela ne signifie pas qu’il faut se rendre sur les îles méditerranéennes pour en profiter, mais que cette puissance ne peut s’atteindre que pendant une courte période. Elle diffère ainsi de la puissance continue (qui est donc limitée à 250 W). La norme légale est consultable ici, mais en avoir le détail coûte 1000 euros.
Le vélo étant livré avec un certificat d’homologation, et bridé à 25 km/h, nous en concluons que son utilisation est légale et donc que les assurances ne pourront l’exclure, sous réserve de désactiver ou retirer la gâchette.
Maintenant que ce point est éclairci, entrons dans le vif du sujet et commençons par les promesses sur le papier.
Des composants qualitatifs, mais difficilement remplaçables
Fiido a équipé le Titan de composants plutôt qualitatifs. Seul bémol : ce ne sont que des composants de marques chinoises. Il sera difficile de se procurer certaines pièces détachées autrement qu’en import.
Commençons par le moteur logé dans le moyeu de la roue arrière. Il délivre 750W en crête, 250W en nominal. Le capteur de couple est intégré au pédalier, mais nous reviendrons sur sa sensibilité dans la partie conduite.
La transmission est de marque SRide. Une entreprise chinoise basée à Foshan. Le Titan a droit à 9 vitesses en monoplateau, avec une cassette 11-36T (les dentures du petit pignon et du grand pignon). L’allonge est bonne et vous ne pédalerez dans le vide qu’au-delà de 35 km/h, autrement dit, jamais.
La batterie intégrée et verrouillée électronique par un système magnétique (nous y reviendrons, car ce choix a été une source de problèmes) a une capacité de 696 Wh, en 48V (et non en 36V comme c’est souvent le cas). Elle est donnée pour 800 cycles.
La suspension de la fourche avant est hydraulique et offre un débattement de 60 mm. Il est possible de la verrouiller (pratique sur la route pour gagner en efficience). Les freins à disque hydrauliques de chez Dyisland reposent sur des étriers à 4 pistons.
Le vélo répond à la norme IP54. L’écran, lui, à la norme IP67.
Les énormes pneus de type Fatbike de 26 pouces de diamètre pour 4 pouces de large (soit 10 cm) ne sont pas tubeless. Les jantes à 5 bâtons sont en aluminium. Le phare a une puissance correcte, sans plus, contrairement à ce que son design d’optique de moto laisse croire.
Reste des choix étranges comme ce support en bois à l’arrière, pas confortable pour un passager (d’autant que le vélo de dispose pas de repose-pieds), sur lequel rien ne se fixe et surtout qui risque de mal vieillir.
Application : un vélo mal connecté
L’application Fiido est nécessaire si vous souhaitez utiliser ce vélo. Elle implique la création d’un compte, le partage des données et permet, à la manière de Xiaomi Home ou de l’application Ninebot, d’ajouter plusieurs vélos. Au-delà de ça, elle est nécessaire pour paramétrer votre Titan : activer ou non la gâchette, le débrider ou non, le verrouiller et surtout, et c’est une fausse bonne idée, de déverrouiller magnétiquement la batterie.
Une mauvaise idée, car sur le modèle ayant servi à ce test, ça n’a été fonctionnel que pendant quelques jours. Désormais, les deux solutions techniques proposées (saisir le code sur le vélo ou débloquer depuis le smartphone) ne fonctionnent pas. Un petit tour sur le net a permis de constater que c’est un souci courant. Dommage, car le vélo pèse 39 kg et s’il faut le monter chez soi, ça risque de poser un problème. Il reste cependant assez compact pour entrer dans les ascenseurs modernes (aux nouvelles normes).
Fiido nous gratifie toutefois d’un compteur numérique qui complète celui, très minimaliste de l’écran. Il est constitué de widgets que vous pouvez personnaliser. C’est une bonne idée. Le mode nuit est bien fait.
Roulage : puissance et confort à défaut du sport
Rouler en fatbike est une expérience qui se veut relaxante et ludique. Déjà par le poids (37,65 kg), puis par la géométrie qui n’est pas optimisée du tout pour rouler fort. Dans le cas du Fiido Titan, elle n’est pas faite pour rouler tout court, mais, et contrairement à pas mal de vélos du même genre, reste confortable si vous souhaitez pédaler.
Autre bon point : la longueur modérée du Titan. Assez court avec 185 cm de long, il permet, grâce à un tube diagonal très relevé et un empattement court de tourner facilement. Mais malheureusement, son poids rend les manœuvres pied à terre compliquées. Il sera donc possible de faire demi-tour dans un mouchoir de poche, mais il faudra le faire les 2 pieds sur les pédales.
Le capteur de couple disparaît rapidement dans les modes d’assistance Turbo et Turbo +. Le vélo part à la moindre sollicitation de la pédale et la force exercée sur celle-ci n’a alors aucune importance. Au point que nous doutions de son existence lors des premiers tours de roue. En mode Sport ou normal, il entre bien en jeu.
Ces modes d’assistance, parlons-en. Ils sont au nombre de 5 ou de 3, selon votre choix sur l’application. De vous à nous, trois suffisent largement.
Nous avons droit aux modes suivants :
- Éco : vous allez lutter
- Normal : vous allez lutter
- Sport : vous allez moins lutter
- Turbo : vous ne luttez plus
- Turbo+ : vous vous laissez porter
Qui deviennent :
- Rien : vous allez mourir
- Éco : vous allez souffrir, mais mourir quand même
- Normal : vous allez lutter
- Sport : vous allez vous laisser porter
Le confort est exceptionnel : entre les pneus, la fourche suspendue et la selle royale offrant une mousse dense, mais moelleuse, il vous sera facile d’enchainer les kilomètres sans faire violence à votre corps. Cela, qu’il s’agisse de votre séant ou de vos bras. La géométrie n’est pas faite pour arsouiller, comme on dit dans le jargon, mais elle est bien faite pour ne pas ressentir de douleur, que ce soit au dos ou aux bras.
Le freinage est excellent à tous les niveaux. Les poignées répondent à la perfection. L’ajustement depuis les molettes est simple et permet un réglage fin. La course offre assez de progressivité pour contrôler précisément son ralentissement. Les étriers à quatre pistons serrent fort. Les 37,65 kg se ressentent au freinage, mais n’empêchent pas le Titan de freiner court.
La forme du cintre avec ses poignées remontées et évasées est agréable pour rouler tranquillement, porter par l’assistance.
Le seul point critiquable de cette partie est l’inertie prise par le vélo, compte tenu du centre de gravité haut et du poids. Cela se ressent dans les virages.
Bon point, les pneus sont résistants et écrasent à peu près tout. Heureusement, car leur format est compliqué à trouver en France.
De nuit et sous la pluie : ça accroche moyennement, mais c’est confortable
Une bonne partie de cet essai de plusieurs semaines s’est faite sous la pluie et souvent de nuit. L’éclairage est bon. Il y avait de quoi s’attendre à un angle plus large et une puissance plus importante compte tenu du dessin, mais le spectre est largement suffisant. Le feu arrière est plus modeste. Point de feu de stop lorsqu’on freine, dommage pour un engin qui mime une moto.
L’adhérence des pneus sur sol mouillé n’est pas géniale. Les crampons sont trop séparés pour bien évacuer l’eau. La gomme, tendre, rattrape un peu le coup.
Enfin, le freinage sous la pluie n’a guère besoin d’ABS. Il reste toujours aussi bon.
Le mode débridé : illégal et peu utile
Ce mode n’est réservé qu’à un usage sur voie privé. Il permet d’exploiter le plein potentiel du moteur brushless de 70 Nm de couple. Les 750W transforment le vélo en scooter, littéralement. Malheureusement, le pédalage devient rapidement compliqué tant le coup de pédale génère de puissance. Qu’importe le mode choisi d’ailleurs.
Nous vous rappelons que l’énergie augmente avec le carré de la vitesse. Arrêter les 38 kilos (sans compter le cycliste) en étant lancé à 45 km/h est autrement plus compliqué que la même chose par 25 km/h. La distance de freinage est très longue.
Mais dans le contexte d’un long tracé sur une vaste route vide, ou zone montagneuse, ce mode prend du sens. Reste que la loi l’interdit : ainsi, rouler avec ce vélo débridé est un délit, car il n’est, dans ce cas, plus homologué.
Autonomie : le jeu des 100 bornes
La recharge est longue avec le chargeur 2,5A fourni. Comptez 9 heures pour une charge pleine. 7 heures pour une charge de 20 % à 100 %.
La bonne nouvelle, c’est que l’autonomie est excellente compte tenu du poids et des pneus : en mode Turbo + (le niveau d’assistance le plus élevé) et un cycliste de 110 kg sur la selle, vous allez parcourir 78 km. Vous éviterez les autres modes tant le vélo est impossible à rouler autrement. Avec uniquement la gâchette, nous avons parcouru 52 km.
Le vélo débridé, il peut atteindre 45 km/h. Dans ces conditions, vous ne pourrez déjà pas rouler légalement en France, que ce soit sur la route ou les pistes cyclables. Puis votre autonomie va (logiquement) fondre pour tomber à 35 km au grand maximum. Ce qui réduit totalement l’intérêt du vélo.
Le retrait de la batterie n’est faisable que par déverrouillage électronique. Quand le système fonctionne, il n’apporte clairement rien de plus qu’une version à clé. Lorsqu’il ne fonctionne pas, c’est le drame. N’ayant pas pris de photo de la batterie extraite avant notre souci, nous nous contenterons d’une photo du cache retiré et de la batterie interne. Un cache dont le pourtour est doté d’un joint en caoutchouc massif pour éviter l’intrusion d’eau, mais dont l’attache est plutôt légère.
Notez qu’il est possible d’ajouter deux batteries supplémentaires logées dans des supports qui remplacent les sacoches.
Conclusion : pas pour nous
Sur le papier, le Fiido Titan avait de quoi nous amuser. Idéal pour les balades confortables hors des sentiers battus, capable de rouler fort et loin, plutôt bien construit, il pêche par son système de verrouillage de la batterie, son application perfectible (pour ne pas dire nulle), des choix de conception discutables (le cache-batterie un peu léger, le système de verrouillage et des composants qu’il faudra importer vous-même. Ajoutons tout de même le poids sur la balance (37,65 kg s’il vous plaît).
Ajoutez des caractéristiques non légales en France (et en Europe d’ailleurs) et vous obtenez un jouet à l’usage fastidieux et surtout restreint. Dommage, car la finition était plutôt correcte et le rapport prix-fun-confort-puissance-autonomie dans le haut du panier. Enfin, si ces défauts ne vous rebutent pas, vous avez la possibilité d’ajouter un pack de 2 batteries positionnées sous le porte-bagages, qui étendent l’autonomie, en version débridée à 100 km et en version bridée à 230 km pour un prix total, vélo inclus, de 2397 euros.
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