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Test d’Opération Tango : l’espionnage à la sauce asymétrique

Le studio Clever Plays (Leap of Fate) revient avec sa deuxième création, Operation Tango, un titre au gameplay asymétrique. Ce genre assez peu répandu peut se targuer d’avoir quelques vraies perles dans ses rang; pour beaucoup, la simple comparaison avec les superbes Keep Talking And Nobody Explodes ou It Takes Two aura suffit à susciter, assez injustement, quelques attentes assez élevées. Operation Tango sera-t-il du même acabit ?

Commençons par le début, à savoir l’aspect graphique qui saute aux yeux dès le début. Operation Tango a misé sur une ambiance cartoon un tantinet dépouillée; pas de vraies textures, pas de post-processing, des décors très minimalistes, une interface assez peu élégante… Pas particulièrement flatteur pour vos mirettes, en somme. L’ensemble manque un peu trop de finition pour pouvoir être considéré comme un vrai parti pris artistique. Mais au moins, ce design que l’on qualifierait de minimaliste est mis au service de la clarté. On identifie rapidement les éléments qui vont être importants… reste encore à deviner ce qu’il faudra en faire.

De l’asymémétrique pur jus

Une fois les mains dans le cambouis, votre objectif va évoluer en fonction de votre rôle. Pour ceux qui ne connaissent pas cette niche vidéoludique, les jeux asymétriques sont un genre exclusivement multijoueur où chaque participant dispose d’informations et / ou de moyens d’action différents. Pour atteindre l’objectif commun, chacun devra jouer son rôle.

Dans un titre asymétrique, il serait dommage de tricher sous peine de perdre tout l’intérêt du jeu. © Clever Plays / Journal du Geek

La narration d’Operation Tango essaye clairement d’installer une ambiance façon Mission Impossible; on joue un duo composé d’ un hacker, et une agent de terrain. Le premier devra user de ses compétences pour aider la seconde à se repérer et à se frayer un passage en zone hostile. Pour cette raison, il est indispensable de s’aider mutuellement : si l’un des deux agents traine la patte, c’est le duo entier qui en pâtit.

Mais pas de panique : derrière ce concept se cache en fait un jeu très abordable en termes de difficulté. Avec le recul, la majorité des énigmes et mini-jeux sont assez simples pour ne bloquer personne trop longtemps. Beaucoup reposent sur des concepts déjà établis par les grands noms du genre : déplacer un curseur, ajuster une jauge, sélectionner des informations… des mécaniques qui seraient certainement rébarbatives, s’il n’y avait pas cette fameuse asymétrie qui définit le genre. Car lorsqu’il faut coopérer à l’aveugle, la tâche la plus basique devient soudainement bien plus coton !

Les copains d’abord

Il faut donc se coordonner avec ingéniosité pour exécuter une mission préparée au poil. On cherche à communiquer clairement et rapidement, à transmettre les informations les plus pertinentes possibles pour éviter à notre partenaire de se faire rôtir les sourcils par un laser, ou pire. C’est un peu comme le jeu de la brouette : on s’applique à bien faire pour ne pas laisser tomber son partenaire la tête dans la gadoue. Cela génère une sorte de responsabilité et par conséquent du risque et de l’adrénaline, qui permettent au joueur de s’investir.

Jeeee teee voiiiiis !© Clever Plays / Journal du Geek

C’est là qu’Operation Tango marque des points. Dans les énigmes, les rôles sont astucieusement bien répartis, de sorte que toute la difficulté provient de la dynamique du duo, et non pas du jeu en lui-même. Sans surprise, ce sont bien ces interactions qui font tout le sel de la partie.

Fun Over

Cette dynamique ne fonctionne malheureusement pas aussi bien dans certaines missions. On remarque très vite l’absence totale de conséquence en cas d’erreur : dans Operation Tango, le game over n’existe pas. Cela signifie que lors d’un échec dans une mission chronométrée, on se retrouve plus ou moins privé de toute l’excitation de résoudre l’énigme en temps réel; on a pris de l’avance sur la solution, mais le chronomètre reprend à zéro.

Dans cette mission, le chronomètre repart à chaque échec, ce qui lui retire tout enjeu. © Clever Plays / Journal du Geek

Après un respawn, on a plus l’impression de se retrouver dans une promenade de santé sans implications que dans une opération secrète minutieusement préparée. Cela casse un peu la dynamique du duo d’espions d’élite, et par la même occasion, un petit peu l’immersion. Un peu frustrant, parce que ces rares respawns privent un peu les joueurs des enjeux et de la gratification qui va avec; fun over à la place du game over, en somme.

“A gauche !” “Non, à droite !” “Non, l’autre droite !” “Mais attends, de quelle droite tu parl– AAAH, JE SUIS TOMBE !” 

C’est d’autant plus dommage qu’au premier essai, la recette fonctionne plutôt bien ! Contrairement à de nombreux autres tests qui les ont largement critiqués, nous avons trouvé les mini-jeux plutôt bien calibrés. S’ils ne brillent pas particulièrement par leur originalité, ils ne sont jamais complètement triviaux, ni exaspérants de difficulté. Et surtout, ils remplissent bien leur rôle principal : forcer la communication coûte que coûte. Cela génère des situations cocasses, et un bon nombre de quiproquos très amusants sur des situations pourtant assez évidentes. Ne soyons pas hypocrites : les missions les plus rythmées nous auront malgré tout servi quelques belles tranches de rire.

Mieux vaut faire confiance à votre partenaire, sinon c’est le saut de l’ange garanti ! © Clever Plays / Journal du Geek

Les missions plus lentes, elles, sont plus hétérogènes dans leur difficulté et dans la satisfaction qu’elles procurent. L’une d’entre elles, en particulier, s’est révélée assez opaque pour en être légèrement frustrante. Mais dans l’absolu, la satisfaction de progresser en tandem prend presque toujours le pas sur les défauts soulignés dans le paragraphe précédent, et cela mérite amplement d’être souligné.

Le fond plutôt que la forme

Cette absence d’enjeux, certains vont certainement l’apprécier, préférant se concentrer tranquillement sur la résolution des énigmes sans se frustrer. Mais quel que soit votre position dans ce débat, il y en a un aspect qui est plus difficilement défendable. Les missions sont courtes, voire très courtes lorsque les deux compères sont sur la même longueur d’ondes. Et puisque le nombre de missions est lui aussi très faible (on vous laisse la surprise), on se retrouve avec une durée de vie famélique : même des novices du jeu vidéo risquent de passer moins d’une dizaine d’heures sur Operation Tango.

Operation Tango est assez pauvre visuellement; mais au moins, le testeur de chocolat professionnel fan de dinosaures est là. © Clever Plays / Journal du Geek

Malheureusement, ce n’est pas un New Game + qui viendra colmater les brèches à ce niveau; à moins d’échanger les rôles (et encore), la rejouabilité du titre est un concept très abstrait. Et impossible de faire appel à la trame narrative pour sauver les meubles. À l’image des graphismes, elle est très minimaliste. Tout juste le narrateur se contente-t-il de nous donner le nom de quelques protagonistes et de nous briefer sur la mission actuelle.

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Notre avis

Le contenu du test vous a peut-être paru très négatif par rapport à la note finale, mais c’est un de ces cas de figure où faire une simple moyenne des critères habituels serait injuste. Car au bout du compte, Operation Tango est un bon exemple de jeu qui a plus à offrir que la somme de ses parties. Même avec ses nombreuses approximations, le titre peut offrir une expérience assez jouissive; elle dépendra entièrement de la dynamique avec votre collègue de mission. Si on le prend pour ce qu’il est sans trop forcer la comparaison avec les grands noms du genre, on obtient un titre très divertissant qui vous fera passer un bon moment avec un proche ou un ami !











Note : 7  /  10

Les plus

  • L’asymétrie plutôt ingénieuse des mini-jeux
  • L’absence de temps mort dans l’attente de son partenaire
  • L’expérience cross-play irréprochable
  • La moustache satinée du hacker
  • Une ambiance prometteuse au premier abord…

Les moins

  • ...mais assez peu exploitée par la suite
  • Une durée de vie famélique
  • La partie artistique nettement en retrait
  • L’absence totale d’enjeux
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