On ne lâattendait plus. AnnoncĂ© en avril dernier, Return to Monkey Island avait eu lâeffet dâun boulet de canon chez les joueurs. AprĂšs plus dâune dĂ©cennie dâabsence, une guerre des droits et des suites pas franchement saluĂ©es par la critique, Guybrush Threepwood est de retour, bien dĂ©cidĂ© Ă percer le dernier secret de lâĂźle aux Singes. Un sixiĂšme jeu inespĂ©rĂ©, pour des retrouvailles douces comme la brise marine.
LâhĂ©ritage des Threepwood
DĂšs les premiĂšres minutes de Return to Monkey Island, Ron Gilbert pose un dĂ©cor quâon nâattendait pas : un parc dâattractions miteux, trois gamins en vadrouille⊠lâĂ©poque de la piraterie semble loin pour Guybrush Threepwood. Le pirate a troquĂ© son sabre contre une vie plus tranquille, mais nâa rien perdu de son talent pour raconter les histoires. En catapultant son personnage dans un tutoriel hors du temps, le jeu parvient habilement Ă crĂ©er un pont entre passĂ© et prĂ©sent. La nouvelle vague est bien lĂ , et la relĂšve est assurĂ©e.
En trois dĂ©cennies dâaventures, lâineffable Guybrush a vĂ©cu bon nombre de pĂ©ripĂ©ties, mais il a aussi construit sa lĂ©gende. Câest dâailleurs Ă travers ces notions dâhĂ©ritage et de transmission que sâarticule Return to Monkey Island. Le jeu ne se prive pas pour jouer la carte du fan service, jonglant habilement entre easter-eggs et autocitations. VĂ©ritable dĂ©claration dâamour Ă lâun de ses plus illustres personnages, Ron Gilbert va mĂȘme jusquâĂ dĂ©dier un musĂ©e Ă la gloire de ses exploits⊠mais oĂč le nom du flibustier n’apparaĂźt jamais. Les rĂ©fĂ©rences visuelles et narratives sont nombreuses, les joueurs et les joueuses de la premiĂšre heure pourront revivre avec Ă©motion certaines scĂšnes cultes de la licence. Loin de sentir le grog rĂ©chauffĂ©, ce retour sur l’Ăźle aux Singes nous rappelle aux bons souvenirs du personnage, pour des retrouvailles quâon n’espĂ©rait plus.
Les nouvelles aventures de Guybrush sur lâĂźle de MĂȘlĂ©e ont beau sâoffrir un air de dĂ©jĂ -vu, elles sâancrent pourtant dans une temporalitĂ© bien diffĂ©rente. Le dĂ©cor est familier, mais la ville nâa plus grand-chose Ă voir avec celle que nous avions laissĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 2000 aprĂšs Escape from Monkey Island. Seuls le pirate et son inimitable catogan sont restĂ©s les mĂȘmes. Le monde lui, a eu tout le temps dâĂ©voluer. En trois dĂ©cennies, les pirates bedonnants ont laissĂ© place Ă la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Le Scumm Bar est devenu un Ă©tablissement presque respectable, et mĂȘme le terrible pirate fantĂŽme LeChuck sâoffre dĂ©sormais les services dâune conseillĂšre en communication.
SubmergĂ© par un monde qui change plus vite que lui, Guybrush Threepwood sâimpose comme le double fidĂšle dâun Ron Gilbert dĂ©passĂ© par lâampleur de son Ćuvre. Si vous avez suivi les pĂ©ripĂ©ties de ce sixiĂšme opus, vous savez que le dĂ©veloppeur revient de loin. Suite au succĂšs des deux premiers volets, le crĂ©ateur de la saga quitte le navire. Les Ă©pisodes The Curse of Monkey Island (1997), Escape from Monkey Island (2000) puis Tales of Monkey Island (2009) se feront sans lâĂ©quipe originelle, et ne rencontreront pas le succĂšs critique dâantan. AprĂšs sâĂȘtre battu des annĂ©es pour rĂ©cupĂ©rer les droits de sa licence des mains de Disney, le retour sur lâĂźle aux Singes devait offrir un second souffle Ă la licence. Un poids difficile Ă porter pour le dĂ©veloppeur. Ă lâheure des rĂ©seaux sociaux, les critiques sur Return to Monkey Island auront eu raison de la patience de Ron Gilbert, au point de pousser le dĂ©veloppeur Ă ne plus vouloir sâexprimer sur le sujet. Internet est un ocĂ©an de haine, auquel mĂȘme le plus fĂ©roce des pirates ne peut se mesurer sans y laisser quelques plumes.
Oh, un singe Ă trois tĂȘtes !
Les talents narratifs de Ron Gilbert ne sont plus Ă prouver. Retour Ă lâĂąge dâor du pointân click, Guybrush et ses compagnons de fortune sont une parodie assumĂ©e des Ă©popĂ©es pirates grandiloquentes. La sauvagerie et lâhonneur sont sabrĂ©s Ă grand coup de couardise et de concours dâinsultes. Lâabsurde suinte jusque dans les cales moisies de LeChuck, et si la quĂȘte romantique du personnage pour voler le cĆur de la belle Elaine nâest plus dâactualitĂ©, câest Ă un autre de ses amours que le pirate va sâattaquer.
EntourĂ© de son Ă©quipe originelle, Ron Gilbert mise sur une recette qui a dĂ©jĂ fait ses preuves. Sans renier ses aĂŻeux â ni mĂȘme les derniers opus qui sont volontiers citĂ©s dans lâalbum illustrĂ© du pirate â le crĂ©ateur de Monkey Island sâentoure de son coscĂ©nariste historique Dave Grossman, qui jongle avec les rĂ©pliques dĂ©calĂ©es et lâhumour absurde qui ont fait lâĂąge dâor de la saga, Ă laquelle il faut dĂ©sormais inviter la nostalgie. Les dialogues sont incisifs, les insultes ravageuses. Plus que le secret de lâĂźle aux Singes, Return to Monkey Island sâattarde surtout sur les innombrables dĂ©tours superflus du voyage pour nous faire revivre les grandes heures du pointân click.
Les retrouvailles du Seigneur Poulet
Return to Monkey Island a beau reposer en (trĂšs) grande partie sur la nostalgie quâil instille Ă chacune de ses scĂšnes, le jeu sâoffre pourtant un passage rĂ©ussi vers la modernitĂ©. Contrairement Ă Guybrush, Elaine, LeChuck, Murray, et mĂȘme Lady Vaudou ont eu le temps dâĂ©voluer en mĂȘme temps que les annĂ©es. Les codes du pointân click sont toujours au rendez-vous, mais profitent dâanimations dynamiques et dâune meilleure lisibilitĂ© des commandes.
Qui dit modernitĂ© dit aussi refonte visuelle. Exit les amas de pixels qui fleurent bon lâair du large et les annĂ©es 1990, la nouvelle tĂȘte de Guybrush a de quoi surprendre. Pour autant, une fois lâĂ©tonnement des premiĂšres scĂšne passĂ©es, le parti-pris de Ron Gilbert nous rappelle Ă lâordre : oui ça change, mais le rĂ©sultat est fichtrement rĂ©ussi. PortĂ©es par une bande originale magistrale signĂ©e Michael Land, qui signe lui aussi son grand retour sur la saga, les nouvelles aventures de Guybrush Threepwood rĂ©ussissent encore une fois Ă saborder nos cĆurs.
En plus de gagner en confort de jeu, Return to Monkey Island fait la part belle aux pirates en herbes, qui auraient besoin dâun petit coup de pouce pour leur premier abordage. Avec deux niveaux de difficultĂ© et un systĂšme dâaide intĂ©grĂ© (mais optionnel), le jeu prouve que la modernitĂ© a souvent du bon. Que les puristes se rassurent, ce bras-squelette tendu vers la nouvelle gĂ©nĂ©ration nâest pas synonyme de simplicitĂ©. Les Ă©nigmes restent tout aussi loufoques et savoureuses. Sur ce point en particulier, Ron Gilbert nâa rien perdu de sa superbe, et multiplie les trouvailles saugrenues et les associations dâidĂ©es tordues pour rĂ©soudre les nombreux casse-tĂȘtes de lâĂźle de MĂȘlĂ©e.
Ă ce joyeux nâimporte quoi sâajoute aussi bon nombre de collectibles destinĂ©s Ă rendre lâaventure encore plus savoureuse. On apprĂ©cie tout particuliĂšrement les succĂšs dĂ©blocables et les cartes quiz qui viennent ponctuer le gameplay. Seule dĂ©ception finalement : lâabsence de doublage en français. La version originale est loin dâĂȘtre mauvaise, mais le souvenir des doublages de Paolo Domingo nous rappelle encore aux bons souvenirs de ce cher Guybrush.
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Euh … c’est sur quelle plate forme ?
Est-ce qu’il y aura une version tablette comme c’Ă©tait le cas pour Monkey Island 2 qui avait Ă©tĂ© publiĂ© sur l’Apple Store du temps de l’ipad 2 … avant d’ĂȘtre retirĂ© Ă tout jamais ?
pas de doublage en VF ça continue le manque de respect envers tout ce qui n’est pas “none aright” il commence Ă me taper sur le systĂšme ces rosbeefs qui renifle leur propre pets
en cherchant un peu j’ai vu que le prĂ©cĂ©dents Ă©pisode avait une VF intĂ©grale et lĂ on ce fait chier dessus bref rien que pour ça je dĂ©sinstalle du gamepass jeu fait en plus par deux Français il me semble Bref garder votre jeu de cons et casser vous chez les ricains
si vous ĂȘtes mĂȘme pas capable de proposer votre propre langue