Pokémon fête ses 25 ans. Habitué aux remakes nostalgiques, la licence japonaise nous offre aujourd’hui ses versions Diamant Étincelant et Perle scintillante, versions revues et corrigées des générations Diamant et Perle sortie en 2006. Entre nostalgie et renouveau graphique, notre retour à Sinnoh vaut-il son pesant d’or ?
Un scénario qui ne brille pas
Il faut bien l’admettre, les jeux principaux de la saga Pokémon n’ont jamais fait preuve d’une grande originalité. Pour son remake de Diamant et Perle, Nintendo sort ses plus vieilles marmites, et nous sert une recette éculée mais délicieusement efficace. Dans Pokémon Diamant étincelant et Perle scintillante, on incarne encore et toujours un jeune personnage, passionné par les monstres de poche, et bien décidé à arpenter le monde pour venir à bout des dresseurs de la région de Sinnoh. Le scénario ne change pas, et s’il n’a foncièrement rien de révolutionnaire, il permet de renouer avec la quatrième génération de Pokémon, tout en (re)découvrant l’une des plus belles régions du monde Pokémon, qui n’a pas terni malgré les années.
Durant les premières heures de jeu, rien de surprenant au programme donc, si ce n’est le plaisir presque coupable qu’on prend à sillonner une région qu’on connaît pourtant par cœur. Il faut dire qu’il y a quinze ans, la sortie de Diamant et Perle sur Nintendo DS nous avait offert notre première véritable aventure Pokémon, les générations précédentes s’étant simplement cantonnées à quelques heures de jeu volées sur les GameBoy XP de camarades de classe décidément trop chanceux.
Visuellement : le flou artistique
En 2006, les versions originales de Pokémon Diamant et Perle souffraient logiquement des contraintes techniques imposées par la Nintendo DS. C’est justement sur ce point que Nintendo entendait redorer l’héritage de son titre, avec une refonte graphique globalement réussie. Si nous n’avons pas eu l’occasion de tester le jeu sur Nintendo Switch OLED, les performances de la console next-gen rendent définitivement hommage au titre, avec des personnages style chibi (petit corps, grosse tête) qui n’est pas pas sans rappeler la frimousse de Link dans le remake de The Legend of Zelda : Link’s Awakening.
On regrettera cependant que — comme dans Link’s Awakening — les développeurs aient opté pour un effet de flou particulièrement désagréable autour du personnage principal, et notamment sur la partie supérieure de l’écran. Rien de réellement dramatique, mais de quoi offrir aux plus sensibles un sérieux mal de crâne au bout de quelques heures de jeu, surtout en mode TV.
De plus, malgré son graphisme lisse et édulcoré parfaitement assumé, Pokémon Diamant étincelant manque parfois de texture, et c’est quand même dommage, surtout en 2021. Si les personnages bénéficient d’une jolie refonte graphique, ils bougent toujours comme il y a 15 ans. C’est d’autant plus flagrant en mode TV, et contrairement à Let’s Go Pikachu et Evoli, qui avait joliment réussi à moderniser la première génération sur Switch, les remakes de Diamant et Perle ne brillent pas toujours par leur efficacité. À ce niveau-là, le studio ILCA en charge des titres aurait largement pu faire mieux. Un constat qui heureusement, s’atténue un peu en mode portable.
Sinnoh la nostalgique
S’ils ne réinventent pas la licence, Pokémon Diamant étincelant et Perle scintillante sauront pourtant séduire les nostalgiques. Avec sa copie quasiment conforme des épisodes originaux, Nintendo réussit sans mal à nous faire replonger la tête la première dans le Lac Colère, à la recherche du terrible Léviator Rouge. Car c’est bien là la magie de Pokémon : les jeux ont beau être toujours les mêmes, on a bien du mal à bouder notre plaisir en lançant une Pokéball. Combattre les champions d’arène s’avère toujours aussi jouissif, et il faut bien admettre que l’arc narratif autour de la Team Galaxie est l’un des meilleurs de la saga.
Car en plus de proposer un joli remake, Diamant étincelant et Perle scintillante se paient surtout le luxe de porter sur Switch l’une des générations les plus abouties de la licence Pokémon. Non seulement la lutte contre Hélio, qui cherche à contrôler l’espace et le temps grâce aux pouvoirs de Palkia, Dialga et Giratina est épique, mais en plus la quatrième génération marque la naissance de plusieurs Pokémon devenus emblématiques.
En plus des starters Tortipouss, Ouisticram et Tiplouf, c’est une centaine de nouveaux monstres qui vient ainsi étoffer le Pokédex, allant de Capidextre à Phyllali et Givrali, en passant par Motisma et les fabuleux Créhelf, Créfollet et Créfadet. Plus important encore, c’est aussi dans Diamant et Perle que les joueurs et les joueuses ont pu découvrir pour la première fois le Légendaire Arceus, qui sera à l’honneur de l’intrigue du jeu Légendes Pokémon : Arceus.
En plus de proposer l’une des mythologies les plus complètes du lore de l’univers Pokémon, Diamant et Perle introduisaient aussi plusieurs mécaniques de jeu originales, comme la cuisine des poffins, l’accès aux bases secrètes ou encore la Pokémontre. Autant de fonctionnalités que l’on pourra retrouver dans les remakes, et qui pour l’occasion bénéficient de plusieurs améliorations : les Grands Souterrains notamment, ont droit à un gros ravalement de façade, tandis que les concours de beauté changent de nom pour devenir les Super Concours Show. Bonne nouvelle, ces derniers se jouent désormais en multijoueur, et proposent de nouveaux jeux de rythme bien plus intéressants qu’à l’époque.
Concernant le rythme justement, on saluera aussi le brillant remaster des musiques originales de la 4Gen, qui constitue peut-être le plus beau remake de Diamant étincelant et Perle scintillante.
Du côté de la Pokémontre en revanche, c’est la douche froide. À l’époque de la DS, Diamant et Perle étaient parvenus avec brio à tirer parti du double écran tactile, en inaugurant un compagnon de jeu pratique, accessible partout, et qui permettait d’accéder à bon nombre de fonctionnalités. Le passage vers la Switch n’est pas aussi reluisant, puisqu’en l’absence d’un écran supplémentaire, la Pokémontre est reléguée au second plan, et devient plus encombrante qu’indispensable. L’exploitation de l’écran tactile de la Nintendo Switch laisse elle aussi à désirer, puisqu’il ne sert tout simplement… à rien.
Place à la nouvelle génération
Tandis que New Pokémon Snap sorti en avril dernier, espérait nous proposer un remake librement inspiré de son opus original, Pokémon Diamant étincelant et Perle scintillante font ainsi le pari de transposer presque à l’identique un voyage débuté en 2006. Cela peut paraître paresseux de la part de Nintendo, mais l’intérêt est en réalité double pour le géant japonais.
Premièrement, il faut bien garder en tête que si Pokémon Diamant étincelant et Perle scintillante sauront parler aux nostalgiques, c’est avant tout pour séduire un (très) jeune public que Nintendo a pensé son remake. Avec son graphisme édulcoré et la simplification assumée de son gameplay, Big N se concentre sur son nouveau cœur de cible, pour transformer Diamant et Perle en une sympathique introduction à l’univers Pokémon. Malheureusement, cela passe par quelques sacrifices, comme le MultiExp généralisé qui permet à n’importe quel Pokémon de gagner de l’XP même s’il n’est pas utilisé en combat. Depuis Let’s Go Pikachu et Evoli, l’objet autrefois si rare est désormais activé de base pour tous les monstres de l’équipe, sans pouvoir être désactivé.
Cette simplification a pourtant quelques avantages, comme la course automatique, qui ne nécessite désormais plus de presser B pour sprinter, ou les raccourcis d’objets en combat. Depuis la Pokémontre, il est également possible de consulter ses objectifs d’aventure, une fonctionnalité plutôt pratique par rapport aux précédentes générations. Une volonté assumée de la part de Nintendo, mais qui manque parfois de challenge, surtout au niveau des combats.
Enfin, le choix d’un retour à Sinnoh est tout sauf anodin pour Nintendo. Après plusieurs générations sans réelles prises de risques, The Pokémon Company dévoilera dans quelques mois son RPG Légendes Pokémon : Arceus. Un titre autrement plus ambitieux, qui mettra en lumière l’héritage féodal de la région introduite en 2006. Le choix d’un remake de Diamant et Perle permet non seulement de faire patienter les fans, mais constitue aussi une introduction exhaustive à toutes celles et ceux qui n’auraient jamais mis le pied à Sinnoh.
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