Avec une sortie prévue vendredi 28 janvier 2022, Légendes Pokémon Arceus ambitionne déjà de renouveler la licence culte créée par Satoshi Tajiri et Ken Sugimori. Un pari d’envergure, pour ce mastodonte du jeu vidéo, qui peine à se réinventer depuis quelques années. Ancrée dans une temporalité nouvelle, aux confins de la région médiévale d’Hisui (ancienne Sinnoh), cette aventure inédite a-t-elle permis au jeu d’évoluer ?
Pokémon s’offre enfin une narration à sa hauteur
La recette des jeux Pokémon n’a pas franchement évolué depuis 25 ans, mais il faut bien admettre que c’est elle qui constitue en grande partie le charme de la saga vidéoludique. Pour Nintendo, le défi était donc de réussir à réinventer la franchise, sans en perdre le sel originel. Un pari de taille, que la firme relève via un ambitieux RPG en monde semi-ouvert.
La trame narrative d’abord, sans révolutionner le genre, nous offre un réel changement par rapport aux opus précédents. La temporalité différente du jeu permettait quelques fantaisies, force est de constater que Nintendo a su en tirer parti, avec une intrigue originale et efficace. Contrairement à bon nombre d’épisodes avant lui, Légendes Pokémon Arceus s’offre une aventure teintée de mystères, qui même après plusieurs heures continue de soulever certaines questions. L’introduction notamment, a le mérite de nous plonger dans un univers jusqu’alors inconnu, et de nous surprendre, jusque dans le choix des starters.
Délesté des enjeux des épisodes principaux, Légendes Pokémon Arceus est aussi l’occasion d’aborder un sujet souvent relégué au second plan dans la franchise : le lore. Généralement cantonné aux Légendaires, et sans grande incidence sur le reste de l’aventure, cet aspect pourtant fondamental de la licence s’offre enfin tout l’intérêt qu’il mérite. Il faut dire qu’à Sinnoh tout particulièrement, les légendes du monde Pokémon ont une place centrale. C’est en effet dans cette région que le dieu Arceus émerge du néant originel pour donner naissance à Dialga et Palkia, capables de contrôler respectivement le temps et l’espace. Un épisode biblique fondamental dans l’histoire du jeu.
Si Hisui s’offre donc sensiblement la même géographie que les épisodes Diamant, Perle et Platine (puis par la suite les remakes Diamant Étincelant et Perle Scintillante), ce voyage dans le passé de la licence est donc l’occasion de découvrir la région sous un jour totalement différent. Ici, pas de tournois ni de champions d’arènes, l’objectif est d’aider le professeur Lavande à répertorier tous les Pokémon des environs pour créer le premier Pokédex de l’Histoire. Une tâche titanesque, qui poussera le personnage principal à rejoindre le Groupe Galaxy (le même qui, quelques siècles plus tard, tentera de diriger le monde), et à rencontrer les Clans Diamants et Perle pour enquêter sur les mystérieux Pokémon Monarques. Entre lore et fan-service, le titre est ainsi l’occasion de découvrir plus en profondeur les origines d’un univers qu’on pensait pourtant connaître par cœur.
Promenons-nous à Hisui
Loin du gameplay souvent très linéaire de ses prédécesseurs, Légendes Pokémon Arceus nous offre un vaste monde ouvert à explorer. C’était d’ailleurs l’une des promesses principales du jeu, avant que l’on réalise finalement que ce dernier serait en fait morcelé en plusieurs zones distinctes. Si beaucoup craignaient de voir leur élan d’aventure freiné par ce détail, force est de constater que Game Freak a très bien réussi son coup : bien qu’indépendants les uns des autres, ces espaces clos constituent un terrain de jeu bien assez grand pour nos ambitions de dresseurs.
C’est finalement avec plaisir qu’on se retrouve rapidement à déambuler dans les marécages du Plateau Tourbeux, ou le long de la Digue de l’Estuaire. Chaque zone possède son propre environnement, et donc ses propres Pokémon, qui changeront selon la météo ou le moment de la journée. En plus de s’offrir une dimension contemplative plutôt sympathique, le jeu permet aussi une jolie diversité dans l’approche des Pokémon sauvages. Il est ainsi possible d’engager un combat au tour par tour, ou de tenter une capture par surprise, ce qui ajoute un réel challenge à l’exercice. Attention, certaines espèces plus agressives que les autres n’hésiteront pas à attaquer directement le personnage jouable, qui possède désormais sa propre réserve de vie. Couplé à la disparition des rencontres surprise dans les hautes herbes, ce renouveau du gameplay se révèle plutôt salutaire pour le jeu, au point que même après une dizaine d’heures, on ne se lasse pas de l’exercice.
Avec des ambitions à la hauteur du Mont Couronné, Légendes Pokémon Arceus souffre pourtant de plusieurs défauts incompréhensibles sur un jeu de cette ampleur. À commencer par la direction artistique d’Hisui, qui sans être ratée, n’est franchement pas à la hauteur de ce qu’on attend en 2022. Difficile de ne pas jouer la comparaison avec The Legend of Zelda : Breath of The Wild, pourtant sorti près de cinq ans plus tôt. Privé de textures, d’éléments atmosphériques et de bon nombre de détails, le monde semble parfois très vide, au point de manquer cruellement de dimension.
Dans certains espaces clos notamment, le constat fait presque peine à voir tant on a parfois l’impression d’être dans un environnement de préproduction destiné aux développeurs. On retrouve aussi bon nombre de bugs visuels, principalement sur les combats en milieux aquatiques et marécageux, ou lorsque l’on tente d’escalader un rocher. En marge de ses ambitions et de ses nombreuses qualités, Légendes Pokémon Arceus souffre de certaines défaillances difficilement pardonnables, mais aussi de quelques absences qui semblent pourtant indispensables à n’importe quel RPG. À commencer par la mini-map inexistante, qui nous contraint à consulter régulièrement la carte pour ne pas se perdre en route. Espérons sur ce point que Nintendo reverra sa copie dans les premières mises à jour du titre.
Au bonheur des complétistes
Les fans de Pokémon le savent, c’est une fois l’aventure principale terminée que les titres de la licence prennent tout leur intérêt. En reléguant les combats au second plan, Game Freak offre enfin aux Jacky Léon en herbe la possibilité de devenir des observateurs Pokémon, plutôt que de suivre la voie de l’insupportable Sacha. Enfin un rôle à la hauteur de nos ambitions : en plus de devoir compléter le tout premier Pokédex de l’histoire d’Hisui, il faudra aussi mener à bien plusieurs centaines de missions d’observation pour comprendre les monstres de poche qui nous entourent. La tâche est longue, mais s’impose comme une véritable épopée pour celles et ceux qui l’accepteront.
Car ce voyage dans le passé de la franchise est aussi l’occasion de découvrir plusieurs créatures inédites. En plus de quelques espèces encore jamais observées, Légendes Pokémon Arceus regorge aussi de formes régionales, dont l’aspect et les compétences se sont adaptés à l’environnement d’Hisui. L’idée n’est pas nouvelle, puisque depuis Alola dans Pokémon Soleil et Lune, ces déclinaisons spéciales sont devenues un passage obligé pour les jeux. Pour autant, leur découverte se révèle toujours aussi grisante, au point qu’on en redemande.
L’âge de la maturité
Malgré plusieurs défauts dont on se serait bien passés, Légendes Pokémon Arceus est pourtant loin de nous décevoir. Sans renier ses origines, le titre réussit le pari de renouveler certaines mécaniques jusqu’alors immuables, comme la maîtrise de certaines capacités, ou l’ajout de “styles” de combat qui permettent d’adapter son jeu à l’adversaire. Des changements salutaires pour la franchise, qui semble enfin prendre conscience que ses fans de la première heure ont désormais passé la trentaine, et qu’ils aspirent sans doute à un peu plus de stratégie.
Le jeu n’exclut cependant pas la nouvelle génération, puisque certains défis proposeront d’adapter leur niveau de difficulté après une première défaite. Pour autant l’expédition se veut désormais plus autonome. Alors que Game Freak avait la fâcheuse habitude de nous tenir la main tout au long du voyage, ce nouvel opus parvient à mûrir les codes de la licence, laissant désormais plus de place à l’exploration sauvage et aux nombreuses quêtes annexes. Même les combats, s’ils sont plus anecdotiques dans l’histoire, gagnent en difficulté. Les Monarques notamment, délaissent désormais le tour par tour pour des affrontements épiques qui se rapprochent davantage des mécaniques des boss de franchises comme The Legend of Zelda ou de Mario. Sur ce point en particulier, on regrettera cependant que les commandes ingame peinent à suivre, notamment lorsqu’il est question d’esquiver.
Le monde ouvert aussi, nous offre son lot de challenges et de bonnes surprises. À commencer par la présence de Pokémon Monarques à l’état sauvage sur la map, qui n’hésiteront pas à vous faire la peau si vous avez le malheur de croiser leur chemin un peu trop tôt dans l’aventure. Le craft et la survie, sans révolutionner le jeu, permettent aussi d’apporter une nouvelle dimension au titre, en nécessitant de mieux gérer son stock d’objets, mais aussi son niveau de santé. Autant de nouveautés qui sonnent comme un retour aux sources pour Nintendo, qui profite de ce voyage temporel pour renouveler une licence trop longtemps restée dans le passé.
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Clairement je suis d’accord sur le fait que Legend Arceus aurait pu faire beaucoup mieux sur les graphismes très clairement, mais même si la comparaison avec Botw est normale je ne trouve pas ça très juste parce que bien que le jeu sois sorti 5 ans avant, il a disposé d’un temps de développement beaucoup plus long et avec beaucoup plus de personnes travaillant dessus, et je pense sincèrement que Game Freak doit vraiment embaucher plus de personnes pour taffer sur les graphismes parce que même si il y a du mieux par rapport à Epee et Bouclier cest toujours loin de ce dont la switch est capable