Créer un jeu vidéo sans avoir la moindre notion de programmation ? Le concept est alléchant, mais il n’est pas vraiment nouveau. Avec L’Atelier du jeu vidéo, Nintendo suit les pas de plusieurs références du genre, et notamment de l’excellent Dreams, qui s’annonce difficile à détrôner. Pourtant, Big N aussi n’en est pas à son coup d’essai. Avec la saga Super Mario Maker, l’entreprise japonaise nous avait déjà offert un outil de création de niveaux à la fois simple et particulièrement bien pensé. Sans doute galvanisée par cette réussite, la firme récidive aujourd’hui avec un jeu unique pour les créer tous. Puzzle game, Shoot’em up ou party game, il n’y a qu’à se décider.
L’école du jeu vidéo
Dans L’Atelier du jeu vidéo, pas de ligne de code ni d’outils trop complexes. Fidèle à son positionnement familial, Nintendo a préféré diviser son logiciel en deux parties distinctes : un mode Leçons interactives, qui vous apprendra les rudiments de la création vidéoludique sous la forme d’un (très long) tutoriel, et un mode Programmation libre, qui vous offrira une feuille vierge pour accueillir tous vos projets les plus fous.
Avant de se lancer dans le grand bain de la Programmation libre, il est indispensable de passer par le mode Leçons interactives. Si aucune connaissance particulière n’est requise avant de jouer, L’Atelier du jeu vidéo nécessite tout de même une solide introduction en la matière, et pour cause : le jeu a beau être destiné à tous (à partir de 7 ans indique le développeur), il n’en reste pas moins complexe.
À travers sept chapitres, le titre vous invite ainsi à découvrir les bases (et même un peu plus) de la création d’un jeu. Contrairement à Dreams, L’Atelier du jeu vidéo se divise en niveaux thématiques (Shoot’em up, party game en coopération locale, etc), eux-mêmes divisés en cours pratiques sur un aspect technique particulier, comme le suivi de caméra, la création d’un platformer 3D ou d’un compteur de points. Ingame, l’interface se divise en une partie “front-office”, qui affiche le jeu visible à l’écran, et une partie “back-office”, qui permet d’avoir une vue d’ensemble sur les coulisses du niveau en cours. Au total, en comptabilisant les sept chapitres principaux, les points de contrôle et le très complet Guide d’Alice, la partie tutoriel du jeu se révèle particulièrement intense : comptez une bonne centaine de niveaux à compléter avant de venir à bout du jeu.
Des Nodons et des jeux
Pour simplifier le concept de création vidéoludique, Nintendo a eu la bonne idée de remplacer de fastidieuses lignes de code par des Nodons, de sympathiques personnages possédant chacun leurs propres fonctions. Besoin de s’équiper d’un redoutable pistolet laser pour combattre des aliens ? Pas de soucis, il suffit de créer un Nodon “Lancer objet”, de paramétrer la forme du projectile, la vitesse et l’intervalle de lancement, puis de le connecter au Nodon d’entrée “Bouton poussé”, avant de le relier au canon de l’arme. Chaque tir pourra aussi être accompagné de son bruitage grâce aux Nodons “Transposer” et “Produire son”. On appréciera d’ailleurs le caractère jovial des Nodons, qui rivalisent d’imagination pour nous régaler de leurs calembours et de leurs petites blagues. Car c’est surtout là le tour de force de Nintendo avec L’Atelier du jeu vidéo : réussir à rendre ludique et sympathique un langage de programmation généralement austère.
En plaçant les Nodons au bon endroit, en paramétrant leurs comportements et en les reliant judicieusement les uns aux autres, le jeu vidéo se crée progressivement sous nos yeux, et il faut bien admettre que l’expérience est particulièrement satisfaisante. Avec un peu d’entrainement, certains automatismes se créent, et il est rapidement possible d’anticiper certaines demandes du guide de jeu. De toute façon, le jeu se charge de vous challenger, en se montrant de plus en plus exigeant, et en vous laissant de plus en plus autonome.
C’est d’ailleurs à partir du cinquième tutoriel que les choses commencent réellement à se corser. Alors que le jeu était plutôt accessible, même pour un enfant, la multiplication des Nodons et la complexité des interactions augmentent soudainement, au point de nous perdre un peu. D’autant plus que les explications se révèlent parfois insuffisantes, sans doute une volonté de Nintendo de ne pas nous surcharger d’informations techniques. Sous son apparente simplicité, L’Atelier du jeu vidéo souffre parfois de quelques aspects pas forcément “noob-friendly”. La modélisation 3D notamment, ou le positionnement des objets dans l’espace peuvent parfois se révéler particulièrement retors.
Programmation libre, le jeu commence ?
Sous ses airs de tutos géants, la partie Leçons interactives de L’Atelier du jeu vidéo est en réalité assez dense et complexe pour s’imposer comme un jeu à part entière. Pourtant, c’est bien une fois les niveaux terminés que les choses sérieuses commencent. Dans Programmation libre, les joueurs peuvent ainsi laisser cours à leur imagination, et créer (presque) n’importe quel jeu à partir d’une page blanche. Tandis que les plus talentueux ont déjà réussi à reproduire des mastodontes du genre comme Mario Kart, The Legend of Zelda ou encore Hotline Miami, on se sera de notre côté, contentés d’imaginer un petit jeu d’arcade des plus basiques. Avec beaucoup de temps et d’expérimentation, il est cependant possible d’arriver à de véritables pépites. On regrette simplement l’absence des personnages issus des licences Nintendo, qu’on aurait adoré pouvoir utiliser dans nos créations. Force est de constater que si Nintendo se montrera sans doute plus clément qu’avec Dreams et Roblox quand les joueurs essaieront de reproduire ses titres depuis L’Atelier du jeu vidéo, l’entreprise se montre toujours aussi fermée sur l’idée des fanarts version homebrew.
Prix et disponibilité
Sorti le 11 juin dernier, L’Atelier du jeu vidéo est proposé au prix de 29,99€ sur le Nintendo eShop. Un tarif plus que valable pour cet excellent titre, qui s’impose comme un très bon cas d’école, et bénéficie d’une durée de vie particulièrement longue. À ce prix, on aurait tort de s’en priver.
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Je l ai acheté pour mon fils, il a 8 et cree déjà ses jeux, il y consacre 1 à 2 heures par jours, c’est très sympathique.
Par contre, les gros points noirs pour moi sont:
-il n y a pas de menu pour naviguer à travers les créations des autres personnes 🙁 on doit aller sur internet et chercher des codes à entrer manuellement pour tester.
– pas de possibilité de créer des niveaux :on ne peut créer que de simple stage ou niveau, pas plus
– on est limité à 512 nodons, clairement pas suffisant pour un gros projet.
J ai pas de petiot mais le concept est super. Ca m étonne même qu il y ait pas plus de concepts de ce genre sur le marché. Plus on avance plus je me dis que les enfants avec un background de programmation partiront avec un avantage énorme dans la vie a l avenir.