Le monde de la trottinette électrique s’est outrageusement étoffé, proposant des modèles pour tout usage et tout profil. La Navee N65i se situe entre deux catégories diamétralement opposées : la compacte pratique et la grosse Bertha endurante. Elle réussit à tirer son épingle du jeu, mais non sans quelques sacrifices.
Design : dans le plus pur style Mad Max
Visuellement, la Navee N65i ne fera pas tourner les têtes lors d’un défilé. Plus proche du bon vieux bleu de travail que du costume sur mesure, elle se pare d’un alliage d’aluminium anodisé noir. Le deck, massif, large (18 cm mesurés pour 20,5 cm annoncés), long (57 cm mesurés) mais sans repose-pied, permet d’y loger deux baskets de taille 45, ou de réaliser des pas de danse pour les plus téméraires. Il est entièrement recouvert d’un grip d’excellente qualité. Il est durable et offre une bonne adhérence.
Déplié, le guidon culmine à 120 cm de hauteur.
L’écran en son centre est d’une inutilité rare puisqu’il indique l’autonomie restante par un système de barres presque fiables et la vitesse, dont tout le monde se moque, puisque vous serez systématiquement limité à 25 km/h. Il faut se rabattre sur l’application, tout aussi lamentable, dont nous parlerons plus loin pour avoir un peu plus d’informations.
Le châssis se la joue costaud. Les soudures sont apparentes et plutôt laides. Qu’importe, la structure tubulaire de 42 mm de diamètre est rigide et ne montre aucun jeu ni signe de faiblesse. Le tout permet d’y placer une flopée d’antivols.
Navee a opté pour d’énormes pneus tubeless de 10,5 pouces de diamètre et 80 mm de large. Oui, deux systèmes métriques sont nécessaires ici. Ces pneus possèdent une structure spécifique, avec rainures profondes et profilées, qui s’adaptent très bien aux revêtements humides, boueux et sableux.
Mais ne pensez pas faire du cross non plus. Primo, car la N65i est démunie de tout système d’amortissement (ce sont les pneus qui encaissent tout), et secundo, car la garde au sol fait seulement 86 mm, conséquence de la batterie de 600 Wh logée en dessous, soit 110 Wh de plus que la Navee S60i dont l’autonomie nous avait déçu.
Le design général semble sorti d’un film Mad Max et ça lui donne un certain charme. Mais qui dit design, dit « forme qui sert la fonction ». Pour cela, la Navee N65i dispose d’une astuce, pas nouvelle, mais encore trop rare : le guidon pivote à 90° pour s’aligner avec la colonne de direction.
Le gain d’espace latéral est réel puisque l’on passe des 61 cm de largeur de guidon à 10 cm, soit moins que la largeur du deck. Une fois pliée, la colonne est parfaitement alignée avec le deck, un bon point.
En revanche, le système d’attache se fait par le côté et ne verrouille pas. Durant l’essai, la colonne s’est détachée, dont une fois en la sortant du coffre. Heureusement, sans bobo. Mais c’est mal fichu.
La finition générale est au-dessus de la S60i testée récemment. Sans atteindre les meilleurs du genre, la N65i fait plus sérieuse, et elle l’est. Moins plastique, mieux finie, mieux assemblée, plus robuste, elle n’a pas subi moins que la S60i, mais s’en est bien mieux sortie.
Concernant l’intermodalité, la N65i n’est pas idéale. Mais ce n’est pas impossible. Durant l’essai, les 23 kg ont été difficiles à porter, mais le pliage est assez pratique. Cela sera uniquement ponctuel et sous réserve que les wagons offrent un espace suffisant.
Conduite : agréable sur surfaces lisses
Sur la route, la N65i s’impose en mode tracteur : elle avance droit, sereinement, et vous pouvez compter sur elle pour éviter les glissades involontaires.
Les trois systèmes de freinage (tambour, disque et régénératif) forment un combo solide, permettant de passer de 25 km/h à l’arrêt complet en 3,5 m. Un bon score, d’autant que le freinage est progressif et que les roues, notamment celle à l’arrière, puisqu’elle est dotée d’un disque, ne se bloquent pas. D’ailleurs, le frein arrière est contrôlé par la poignée de droite et l’avant, par celle de gauche.
Les pneus larges façon fatbike offrent une excellente adhérence, même sous une pluie d’automne. En revanche, ils ne compensent pas l’absence de suspension et les chocs et aspérités de la route se ressentent intensément dans le guidon et, plus problématique, dans les genoux. Il faut être concentré et garder les deux mains sur le guidon.
Côté moteur, la trottinette fait la timide en côte, et pas qu’un peu. Sur le plat, les 450 W de puissance nominale répondent présents. Mais l’accélération faiblit fortement sous les 60%. En montée, nous sommes très loin des 24% d’inclinaison annoncés. Ainsi, dans une pente à 20%, la N65i peinait à dépasser les 10 km/h. Les 1000 W en crête ne durent pas assez longtemps (pour éviter la surchauffe et la casse du moteur sûrement).
Mais relativisons : d’abord, car tout le monde ne pèse pas 100 kg, et ensuite, parce que ce genre de dénivelé n’est pas si courant. Le plus étrange reste tout de même ce côté ON/OFF, puisque les pentes à 10-12% sont avalées à 25 km/h sans sourciller. Disons que nous trouvons mensonger les 24% mentionnés dans la fiche technique.
L’éclairage du phare manque de puissance, mais son spectre est large et parfaitement diffus. Le feu arrière est volumineux mais, comme d’habitude, bas. Les clignotants logés au bout des poignées sont invisibles en journée, mais très voyants de nuit. Le mode feux de détresse manque à l’appel. Dommage, c’est pratique en circulation.
Application : très basique et agaçante
Un enfer. Le mot de passe est à redéfinir systématiquement. Le code envoyé ne s’applique plus dès lors que vous avez quitté l’application Navee pour, au hasard, voir le mail contenant le code…
Une fois connecté (enfin !), le blanc est le maître mot. Les polices d’écriture sont minuscules. L’agencement des options est mal pensé, bref, elle sert surtout à paramétrer quelques petites choses et d’indicateur, plutôt fiable, de l’autonomie restante.
Le tableau de bord est utile, dans la mesure où l’écran n’offre aucune précision. L’affichage reste trop petit. Avec l’espace disponible, c’est dommage. Problématique cependant : le guidon n’est pas adapté à un support smartphone. Il faut donc bidouiller. Re-dommage !
Autonomie et recharge : c’est à la fois très long puis trop long !
La recharge se fait via un port plutôt bien protégé et bien placé, sur l’un des tubes du deck.
L’un des arguments phares de la N65i est son autonomie. Le constructeur annonce 65 km dont vous ne verrez jamais la couleur. Cependant, nous avons effectué plusieurs fois un parcours type, y compris lorsqu’il faisait 0°C à l’extérieur. Toujours pareil, un rider de 100 kg (poids + équipement). La moyenne est à 30 km. Le plus bas a été de 25 km. De quoi effectuer un aller-retour au travail en habitant en petite couronne de métropole, par exemple.
Et tant mieux, car il vous faudra une patience d’ange pour la recharge. Comptez 10 heures pour une charge de 0 à 100%. C’est simple, la N65i récupère 10% par heure !
Verdict : un modèle qui rappelle la Ninebot Max G30, presque 5 ans après
La Ninebot Max G30 a été un best seller et un modèle populaire au point d’avoir une grande communauté sur Telegram. La Navee N65i y fait beaucoup penser : massive, robuste, endurante, sans suspension, longue à charger.
Cependant, son système de pliage astucieux ajoute un petit plus. Reste un bémol : son prix actuel est un peu élevé compte tenu de ce que la concurrence propose. Mais elle est à ajouter à votre liste des véhicules fiable pour se rendre au bureau à moindre frais.
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