Lors de la présentation de ses nouvelles cartes graphiques de la génération RTX 50, Nvidia a avancé des chiffres impressionnants. Avec sa puce Blackwell, la RTX 5080 serait par exemple 90 à 120 % plus performante que la 4080. Ces chiffres restent néanmoins à prendre avec des pincettes, puisqu’ils représentent des usages bien précis, mettant à profit les Tensor cores de la carte, et donc ses capacités d’intelligence artificielle et plus particulièrement du DLSS 4 avec MFG (Multi Frame Generation).
Beaucoup ont alors vilipendé la marque au caméléon, évoquant de « fausses frames », et donc de fausses performances, ne pouvant pas être reproduites dans tous les cas de figure. Il est vrai que les jeux incompatibles avec le DLSS 4 ne pourront pas en tirer parti, mais le débat reste néanmoins bien plus complexe que cela, d’autant que l’abandon du réseau de neurones convolutifs (CNN) au profit du nouveau modèle Transformer apporte une qualité d’image bien supérieure.
On va donc se concentrer ici sur une question en particulier : le jeu en 4K est-il confortable avec cette RTX 5080 ?
Caractéristiques de la KFA2 RTX 5080
Le modèle que nous avons testé n’est pas une Founder’s Edition proposée par Nvidia, mais le modèle de la marque KFA2. Celle-ci est SFF-Ready, c’est-à-dire qu’elle est compatible avec les boitiers de petit format comme les mini-ITX.
- Architecture : Blackwell GB203
- Cœurs CUDA : 10 752
- Cœurs RT : 84
- Cœurs Tensor : 336
- Fréquence d’horloge en boost : 2625 MHz (2640 MHz 1-Click OC)
- Mémoire : 16 Go GDDR7
- Bande passante : 960 GB/s
- Interface bus : PCIe 5.0
- TDP : 360 W
- Ventilateurs : 3x 92 mm
- Sorties : DisplayPort 2.1b (x3) + HDMI 2.1 b (x1)

Précisons que nos tests ont été réalisés avec la fréquence d’horloge de base, non-overclockée, les pilotes 572.60 et avec la configuration suivante :
- ASUS TUF GAMING B650-E WIFI
- AMD Ryzen 7 9800X3D (4,7 GHz)
- Samsung SSD 990 Pro 2 To
- Arctic Liquid Freezer III 360 – 360 mm
- DDR5 G.Skill RipJaws S5 Noir – 32 Go (2 x 16 Go) 6400 MHz – CAS 32
- be quiet ! Straight Power 12 – 850W
Les benchmarks 3DMark
Après avoir installé la RTX 5080 dans notre PC de test, nous avons bien sûr vérifié qu’elle était entièrement fonctionnelle. Heureusement, nous ne faisons pas partie des 0,5 % ayant une carte amputée de quelques ROP (les unités de rendu), la nôtre en possède bien 112 !
Place aux résultats de benchmarks théoriques sur 3DMark !
- Speed Way : 9000 (99,3 % de stabilité)
- Steel Nomad DirectX 12 : 8046 (81 FPS)
- Steel Nomad Vulkan : 8829 (88 FPS)
- Time Spy Extreme (graphique) : 16107
- Test DLSS : 49,43 FPS (désactivé) / 183,55 FPS (activé)
Par rapport à une configuration équivalente avec une RTX 4080, les scores sont plus élevés d’environ 20 à 25 %, pour une enveloppe thermique 12 % supérieure. Sur le papier, la différence n’est pas gargantuesque. Nous sommes donc sur une évolution incrémentale avec une génération qui ne gonfle pas ses muscles outre mesure, mais le secret de la RTX 5080 se cache davantage du côté de ses cœurs Tensor et de son DLSS.
Peut-on jouer confortablement en 4K avec une RTX 5080 ?
Le jeu en 4K est encore très peu fréquent sur PC à en croire les statistiques de Steam. Sur le mois de janvier 2025, environ 4 % des utilisatrices et utilisateurs de la plateforme de jeu affichent une définition de 3440 x 1440 pixels ou plus. On est bien loin des 57 % de joueurs en Full HD ou des 25 % en 1440p.
Est-ce que la RTX 5080 est en mesure de faire monter ce chiffre ? Spoiler : oui, elle l’est.

Testée sur une bonne dizaine de jeux récents et populaires, la RTX 5080 affiche toujours de bons résultats en rastérisation pure (les pixels directement générés depuis le GPU, sans artifice lié à l’IA).
Ainsi, Spider-Man 2 tourne par exemple à 60 FPS en moyenne en définition 4K et en qualité Ultra. Indiana Jones et le Cercle Ancien à 90 FPS, Monster Hunter Wilds à 65 FPS, Cyberpunk 2077 à 70 FPS et Avowed à 76 FPS. Sur ce dernier, c’est le tearing (déchirement d’image) qui s’est montré dérangeant, nous obligeant ainsi à activer la synchronisation verticale et donc à limiter le framerate à 60 FPS. Même sur les jeux les plus récents, on peut donc atteindre les 60 FPS avec une excellente stabilité en 4K Ultra, ce qui est ce que l’on attend au minimum pour une expérience confortable. Bien sûr, sur des jeux compétitifs moins gourmands, comme Marvel Rivals ou Fortnite, les chiffres montent facilement encore plus haut.
Certains argueront que l’évolution n’est pas exceptionnelle par rapport à la génération précédente, d’autant que cela s’accompagne d’une hausse de la consommation proportionnelle, et c’est vrai. C’est n’est toutefois pas une surprise puisque la 5080 repose sur une architecture très proche de celle de la 4080.
Toujours plus haut (grâce à l’IA)
Il faut dire que les améliorations en la matière sont de plus en plus difficiles à atteindre à chaque génération, ce qui pousse les constructeurs à se tourner vers d’autres artifices : l’IA. Et dans ce domaine, la RTX 5080 atteint les 1800 TOPS, contre 780 TOPS pour la 4080 grâce à ses Tensor Cores de 4e génération.
C’est là qu’entre en jeu le DLSS, cette technologie de mise à l’échelle permettant de générer les images dans une définition moindre et à les upscaler par IA. Les gains sont généralement notables et permettent parfois d’atteindre ou d’approcher les 120 FPS, ou les 90 FPS pour les titres les plus gourmands. C’est le cas par exemple sur Indiana Jones qui tourne à 125 FPS lors de nos tests ou de Spider-Man 2 (105 FPS). Black Myth: Wukong plafonne quant à lui à 88 FPS.

Au-delà des chiffres, la RTX 5080 impressionne par la finesse de ses technologies de mise à l’échelle. Avec son nouveau modèle Transformer remplaçant les réseaux neuronaux convolutifs (CNN), Nvidia a grandement amélioré la qualité d’image en réduisant les artefacts ou les flous de mouvement. Il devient quasi impossible de discerner lorsque le DLSS est activé, à moins de réellement disséquer chaque image.
Génération d’images et Ray-tracing
Pour encore améliorer la qualité d’image, il reste à activer le Ray tracing, mais c’est là que l’on commence à toucher certaines limites de la RTX 5080. Cette technologie particulièrement énergivore fait régulièrement passer le framerate des jeux sous la barre des 60 FPS. C’est le cas sur Spider-Man 2 (37 FPS de moyenne), Cyberpunk 2077 (36 FPS), Black Myth Wukong (54 FPS) ou Indiana Jones (59 FPS avec Path Tracing réglé sur “moyen”).
Pour en profiter pleinement, il faut donc faire appel à la génération d’images (ou frame generation) du DLSS. Cela permet de rajouter une à trois images supplémentaires générées par IA entre deux images rendues par le GPU.

Avec une telle configuration, on atteint alors de très bonnes performances, même avec le Ray tracing activé. 102 FPS sur Avowed, 220 FPS sur Indiana Jones, 90 FPS sur Black Myth Wukong, 112 FPS sur Monster Hunter Wilds, 180 FPS sur Cyberpunk 2077 (avec le Path tracing)… tous les plus gros jeux du moment tournent parfaitement.
Un mot sur le 1440p
Ce test se concentre essentiellement sur la 4K, seule réelle difficulté pour les 5080, mais cela ne nous a pas empêché de tester quelques jeux en 1440p également. Avec Path tracing ou Ray tracing intégral, les jeux tournent sans le moindre problème.
À titre d’exemple, sans génération de frames, Cyberpunk 2077 tourne à 88 FPS de moyenne et Black Myth Wukong à 86. Ajoutez-y la génération d’images et vous atteindrez 267 FPS pour le premier et 142 FPS pour le second. Autant dire que vous avez de longues années de jeu devant vous avant d’être limité.
Un nouveau paradigme
Au premier regard, la RTX 5080 peut sembler décevante pour certains, notamment en raison de sa VRAM qui n’évolue pas en quantité (16 Go) et de ses gains de performances en rastérisation directement proportionnels à la hausse de sa consommation. Et pourtant, cette carte a selon nous de nombreux atouts à faire valoir dans un écosystème en pleine mutation.
Ainsi, si vous avez une 4080 ou même une 3080, opter pour la nouvelle génération n’aura d’intérêt que si vous voulez jouer en 4K. Sinon, attendez peut-être une version Ti ou Super plus adaptée à vos besoins, voire carrément la génération 6000 qui, on l’espère, profitera d’un gain plus conséquent sur ses performances brutes. Toujours est-il que la 5080 est au même prix que la 4080 Super si vous arrivez à la trouver au MSRP (1179 euros, prix de cette version KFA2) et elle reste meilleure en tout point. Si vous arrivez à trouver du stock, c’est donc un choix gagnant, d’autant qu’AMD ne propose aucune concurrence sur ce segment.

Le gain est d’autant plus grand que la série 5000 s’accompagne de l’arrivée des RTX Neural Shaders. Cette nouveauté vise à changer la manière dont les développeurs de jeux gèrent la compression des textures, les matériaux à plusieurs couches (les effets de soie ou de porcelaine par exemple) et l’éclairage. Ces nouveautés devraient permettre à l’avenir d’économiser en VRAM et déporter une partie des calculs des cœurs de rendu CUDA sur les cœurs d’IA Tensor. Certes, ce sont là des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient et les plus petits développeurs ne pourront peut-être pas prendre le temps de réinventer leur façon de créer des jeux, mais au vu de la force de frappe et de l’omniprésence de Nvidia dans le paysage vidéoludique, il n’y a que peu de doute que les futurs gros jeux des éditeurs les plus réputés devraient utiliser ces technologies.
Seule ombre au tableau : la concurrence de la RTX 5070 Ti. Pour le commun des mortels qui ne souhaite pas jouer en 4K, cette petite sœur offre des performances quasi équivalentes pour un prix un peu plus doux. Encore une fois sous réserve de trouver du stock disponible à son prix de base.
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