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Test de Detroit : Become Human ou quand Hollywood s’invite dans nos PS4

Peut-on véritablement associer jeux vidéo et cinéma ? Est-il possible que ces deux arts fusionnent pour donner vie à une expérience singulière, mais suffisamment distrayante ? Deux questions auquel essaye de répondre David Gage depuis bien des années. Le fondateur du studio Quantic Dream, a qui l’on doit notamment Fahrenheint, Heavy Rain et Beyond Two Souls a passé plus de cinq années sur un projet unique. En 2012, lorsque le français présente Kara pour une démo technique basée sur la PS3, il n’imaginait pas que ce personnage deviendrait, en 2018, l’une des protagonistes d’un jeu vidéo très attendu, nommé Detroit : Become Human. Mais cette nouvelle œuvre vaut-elle vraiment le coup ?

Le jeu vidéo cinématographique à son meilleur ?

On a souvent tendance à définir les jeux créés par David Cage comme des expériences cinématographiques. Detroit n’échappera pas non plus à la comparaison, c’est une certitude. Il faut dire que la façon dont a été pensé ce nouveau titre laisse peu de place au doute. On y suit trois histoires d’androïdes dont les chemins finissent par se croiser au fur et à mesure que les événements progressent.

Markus, le robot parfait qui vit avec un propriétaire qui a tout du père biologique pour lui. Kara, une femme androïde à la recherche du bonheur et qui souhaite absolument protéger l’enfant de la maison. Et Connor, le dernier modèle créé par la société CyberLife en termes d’intelligence artificielle, capable d’épauler la Police dans ses enquêtes. Chacun apporte sa vision, sa douceur et son amertume à l’aventure en se fixant des objectifs bien différents, mais qui auront des impacts significatifs sur la fin.

L’histoire de Detroit : Become Human est captivante, d’un bout un l’autre et encore plus dans sa dernière partie. On ressent la passion avec laquelle David Cage et ses équipes ont écrit cette aventure se situant dans un futur assez proche, en 2038. Bien évidemment, que ce soit au niveau de sa mise en scène ou du rythme imposé au joueur, on a l’impression d’être dans un long film et peut-être même pour la première fois dans un jeu Quantic Dream, dans une série. Tout est savamment orchestré pour poser des bases puis faire monter la pression jusqu’à un dénouement final qui est propre à chaque joueur, en fonction des choix effectués.

Car c’est bien là que réside la grande force du jeu : proposer un grand nombre de chemins narratifs en fonction des décisions du joueur. S’il est important de privilégier l’instinct lors de sa première partie et donc de ne pas recommencer les chapitres, même si la tournure des événements ne convient pas, il reste que l’on ressent le travail immense qu’a représenté la création du jeu. Chaque détail compte et il faut parfois déterminer, en une fraction de seconde, le choix qui est le plus pertinent pour nos personnages et l’histoire qui les entoure. Du destin d’un poisson rouge jusqu’à une révolte pacifique ou violente, vos choix engendreront votre histoire. Et celle-ci sera très probablement bien différente de celle de vos amis.

Encore trop rigide

On note tout de même, après avoir terminé le jeu une première fois et tenté de recommencer les chapitres, que certaines décisions n’ont pas une importance si significative pour le reste de l’aventure que ce qu’elles pouvaient laisser paraître. Ainsi, même en tentant des approches bien différentes, on ressent que le titre contient tout de même certaines obligations scénaristiques frustrantes. Par exemple, il aurait été bienvenu de laisser la possibilité au joueur de décider de ne pas devenir un androïde déviant (qui devient autonome et ne répond plus aux ordres humains), quitte à ce que l’aventure se termine prématurément. Dommage, mais finalement pas si grave tant il y a plusieurs centaines de chemins différents qui s’offriront à vous au fil des heures.

Prenez le temps de regarder les possibilités qui s’offrent à vous

Ce qui est plus dérangeant néanmoins, c’est qu’on aurait apprécié que Quantic Dream règle certaines tares récurrentes dans ces titres précédents et notamment la grande rigidité du gameplay. Même en 2018, cinq ans après Beyond, qui tentait pourtant une approche plus libre de la vision de Cage, les déplacements sont très lourds et les interactions avec l’environnement ou les PNJ très limitées.

Pire encore, on ne ressent presque jamais cette sensation de liberté, très présente aujourd’hui, pour visiter le monde qui nous entoure et on se sent parfois oppressé par l’obligation de se rendre d’un point A à B sans pouvoir effectuer quelconque détour. Des éléments qui n’ont, certes, jamais fait partie de l’ADN du studio français, mais il aurait été intéressant de travailler dessus pour offrir une autre approche aux joueurs. Peut-être la prochaine fois ?

Comme d’habitude, jouer à Detroit : Become Human se résume à effectuer des déplacements de nos personnages via les joysticks, faire plusieurs manipulations de touches pour définir nos actions et se parer à de nombreuses séquences de QTE. Le système de Quick Time Event est toujours prédominant dans le jeu, ce qui n’est pas une surprise, mais il a l’avantage d’être très bien pensé et implanté avec suffisamment de cohérence pour offrir un bon degré de divertissement. Forcément, certains ressentiront parfois un manque de challenge évident, le titre était, il faut l’avouer, un peu trop facile, mais ce n’est pas ici qu’il souhaite faire la différence. Comme évoqué précédemment, c’est bien face à la difficulté de prendre certaines décisions qu’il faut être vaillamment préparé.

Plus beau qu’un film hollywoodien

Cette nouvelle production signée David Cage peut être longue, très longue si tant est qu’on veuille bien s’y plonger à cœur ouvert. La durée de vie est plutôt généreuse, mais bien différente selon les façons de jouer. Une personne qui compte faire l’histoire rapidement, sans chercher les chemins et options annexes peut en faire le tour en à peine dix heures. Une autre qui souhaite connaitre tous les dénouements, sauver le maximum de personnes et terminer de nombreux chapitres à 100% avec les différents protagonistes peut y passer 30, 40 ou même 50 heures sur le titre. En clair, tout va dépendre de votre degré d’implication.

Un exemple de chapitre terminé

Techniquement, Detroit est sublime et affiche des modélisations qui atteignent un niveau de réalisme simplement rarement vu jusqu’à maintenant. La ville de Détroit et l’univers futuriste dépeint par les équipes de Quantic Dream sont d’une grande beauté et les visages des personnages, notamment les trois androïdes principaux, sont esthétiquement irréprochables. La PlayStation 4 a permis aux développeurs du studio français de franchir un nouveau cap qui ne peut que ravir les joueurs à la recherche de graphismes de haute qualité. Si l’on peut noter quelques textures parfois étrangement baveuses et des chutes de framerates lors des scènes d’action, rien ne remet en cause le superbe travail effectué.

Pour terminer, évoquons les doublages du jeu, excellents, aussi bien en VO qu’en VF. Un ouvrage remarquable a été effectué avec les acteurs, tous excellents (une pensée particulière pour Clancy Brown et Lance Henriksen) et c’est un plaisir aussi bien pour nos yeux que nos oreilles de suivre cette aventure.

Clancy Brown, l’une des belles surprises que réserve Detroit

 

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Notre avis

Comme c’est la coutume depuis plus d’une décennie, le nouveau-né de Quantic Dream et David Cage va diviser. Doté d’un univers singulier et profond, d’une trame passionnante et de graphismes léchés, le titre est toujours aussi rigide en ce qui concerne son gameplay. La liberté scénaristique est là, mais il faut avouer que, manette en main, c’est plus compliqué. Reste une expérience unique, qu’il faut vivre de son propre chef pour l’évaluer vraiment, avec les critères qui nous sont chers.
Note : 8  /  10

Les plus

  • Des modélisations sublimes
  • Un univers futuriste glaçant de réalisme
  • Des choix multiples...
  • ...aux nombreuses conséquences
  • Une histoire passionnante du début à la fin
  • Des doublages de grande qualité

Les moins

  • Trop rigide et trop fermé manette en main
  • Une durée de vie dépendante de l'intérêt qu'on porte au système du jeu
  • Certaines décisions obligatoires et frustrantes

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