Blood Bowl et moi, nous nous sommes rencontrés au milieu des années 90, cela faisait déjà une petite dizaine d’années que le jeu de plateau de Games Workshop existait. Notre histoire a immédiatement pris, s’est développée, et a atteint son climax à l’été 1996, non loin de Carnac. Carnac, ville de moins de 5000 âmes située dans le département du Morbihan, connue pour ses nombreux menhirs, paraît-il. Car pour être honnête, les menhirs, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de les approcher. Retranchés dans la maison de famille d’un copain, nous passions nos journées entières à nous étriper sur Blood Bowl. La légende dira qu’on est sorti une fois pour acheter de la glue et recoller une figurine qui s’était malencontreusement retrouvée jetée contre le mur. Mais la légende dira aussi qu’au bout d’une semaine nous étions devenus des adolescents peu fréquentables, capables d’exploser de rage au moindre jeté de dés qui n’allait pas dans notre sens. Trop de passion tue la passion, notre amour s’est consumé au gré des coups de tatanes autant que des coups du sort, et il n’a été ranimé qu’en 2009, à la sortie du Blood Bowl vidéoludique développé par les studios Cyanide. Voilà pour la petite histoire personnelle.
Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de Blood Bowl, sachez que c’est un jeu de stratégie au tour par tour où l’espace de jeu s’apparente à un terrain de football américain. Sur le pré damé, deux équipes issus de l’univers de Warhammer Fantasy Battle (nains, humains, elfes, etc.) se disputent la victoire. Jusque-là, rien de fou. Mais la particularité de Blood Bowl, ce qui lui confère sa patte inimitable, c’est qu’il est possible de massacrer ses adversaires. Pas pour le plaisir de les massacrer (encore que) mais tout simplement parce qu’il est plus facile de marquer quand son adversaire n’a plus que 3 joueurs sur le pré alors qu’on en a toujours 11. Si toutes les factions ne mettent pas la baston au centre de leur système tactique (certaines équipes ont plus intérêt à jouer sur leur vitesse de déplacement et leur agilité), c’est une mécanique de jeu que chaque coach devra prendre en compte à l’heure du coup de sifflet.
Dernier point à noter : la réussite d’une action, quelle qu’elle soit, doit être validée par un jet de dés. Vous voulez taper un adversaire ? Jet de dés. Passer ou rattraper un ballon ? Jet de dés. Fuir un adversaire qui se situe dans une case adjacente ? Jet de dés. Vous aurez beau occuper le terrain avec intelligence, opérer les plus savants choix tactiques, vous ne serez jamais à l’abri de trébucher ou de voir un de vos meilleurs joueurs tué (et il ne reviendra pas pour le prochain match). Oui, Blood Bowl peut s’avérer terriblement cruel. Il s’agit donc, avant tout, de hiérarchiser ses priorités, de l’action la moins risquée à la plus risquée, et de mesurer le risque encouru à chaque jet de dés. Car si une de vos actions échoue, c’est le turnover, et c’est à votre adversaire de pouvoir déglinguer vos défenses.
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L’avantage du jeu vidéo, c’est aussi de donner la possibilité de jouer un match de Blood Bowl quand on en a envie. Du matin au soir, sans être à Carnac devant les parents atterrés par le comportement indigne de son fils et son copain. Si Cyanide nous a concocté une campagne solo bien fichue, dans laquelle on prendra ou reprendra ses marques, c’est bien le multi qui reste le nerf de la guerre. Et on sent bien que les développeurs ont voulu donner le maximum de liberté à chaque coach, avec des options pour créer et gérer ses équipes, héberger ou rejoindre des ligues, assister à des duels en live ou revisionner ses parties a posteriori. Pour l’heure, il manque quand même un certain nombre d’informations au sujet des ligues et des coachs adverses. Et c’est plutôt important car dans un jeu aussi « frustrant », le pourcentage de ragequitters est assez important. D’où la nécessité d’avoir toutes les informations à disposition pour pouvoir intégrer une ligue sérieuse avec des coachs sérieux. Une mise à jour devrait arriver rapidement nous a précisé l’éditeur du jeu, construite sur la base des retours des bêtas testeurs.
C’est plus de l’ordre du détail, mais espérons aussi que le bouton « Fin de tour » soit rapidement changé de place. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de cliquer dessus sans le vouloir, mettant ainsi fin à mon tour en même temps qu’à ma joie de vivre. Enfin, il faudrait toucher un mot de la politique des DLC. Blood Bowl 2 compte 8 factions de base (dont les Bretonniens), les autres débarqueront comme des DLC. Reste à voir le prix que coutera chaque équipe, en priant pour que le cas Evolve ait calmé la gourmandise de certains.
Blood Bowl 2, édité par Focus Home Interactive, disponible sur PC (testé sur PC), Xbox One et PS4, 45 euros environ sur Steam.
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