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[Test] Aviary Attorney – L’avocat poids plume [PC]

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Faire un visual novel judiciaire uniquement avec des éléments entrés dans le domaine public, c’est le sympathique défi que s’est lancé Jeremy Noghani et son studio…

Faire un visual novel judiciaire uniquement avec des éléments entrés dans le domaine public, c’est le sympathique défi que s’est lancé Jeremy Noghani et son studio Sketchy Logic avec Aviary Attorney. Il a ainsi étudié le travail du caricaturiste français Grandville qui s’était amusé à reproduire des scènes de la vie parisienne avec des animaux anthropomorphes. Il ne restait plus à Noghani qu’à animer sommairement ces personnages, à leur écrire de beaux dialogues et programmer des mécaniques inspirées de Phoenix Wright. Le pitch était efficace, il a d’ailleurs convaincu de nombreuses personnes à donner de l’argent sur le Kickstarter du projet. Aviary Attorney est-il parvenu à voler plus loin que la simple bonne intention ?

Aviary-Attorney

Le jeu dépeint les aventures de Jayjay Falcon, avocat privé de peu d’expérience au sein de l’agence Aviary Attorney. Il est toujours accompagné de Sparrowson, son fidèle assistant, qui l’aidera tout au long de ses enquêtes dans le Paris tiraillé de 1848. Ce postulat de départ, l’aspect historique mis à part, rappelle évidemment celui du tout premier Ace Attorney et sera l’occasion pour le jeu de rappeler les règles de l’exercice : enquêter, contre-interroger, opposer les bonnes preuves sur les bonnes déclarations. On pouvait craindre une certaine paresse à ce niveau-là. Car, disons-le, la formule du jeu d’avocats de Capcom, affinée au fil des épisodes, est maintenant très performante. Aviary Attorney cherche cependant malgré à innover à la marge.

Il y a tout d’abord la notion du temps. Une caractéristique qui n’est pas présente dans les jeux de ce type. Habituellement, le procès démarre une fois que vous avez réuni toutes les preuves. Dans Aviary Attorney, ce n’est pas le cas et le procès commence à date fixe, que vous ayez fait sérieusement votre enquête ou non. Au début de chaque jour, vous aurez le choix d’inspecter différents lieux de la capitale. Certains endroits seront signalés par une horloge, ce qui signifie qu’une journée passera s’ils sont visités. Il est donc tout à fait possible d’arriver devant le juge sans les preuves qui permettront de blanchir votre client. Les conséquences peuvent alors être diverses : une conclusion moins heureuse, voire une ligne temporelle complètement différente.

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En même temps, du haut de ses quatre affaires, vous n’aurez pas si souvent que ça l’occasion de rater votre procès. Seules les enquêtes du 2e et du 3e chapitre ont une réelle incidence sur le dénouement. La 4e affaire sera même différente en fonction des choix que le joueur aura faits dans l’avant-dernier acte. Le jeu permet toutefois de revenir à tout moment en arrière grâce à un simple calendrier dans le menu principal.

Aviary Attorney demande également au joueur de bien gérer sa bourse. Avec les francs durement gagnés auprès de ses clients ou gagnés dans des jeux d’argent (il est possible de parier sur une version simplifiée du black jack), Jayjay aura la possibilité de donner quelques pièces histoire de graisser la patte à un indicateur mal luné. Parfois, le manque de générosité du joueur lui sera reproché d’un chapitre sur l’autre. À d’autres moments, il manquera quelques pièces pour payer un détective qui vous fera gagner un temps précieux. Cependant, on se rend compte que l’aspect pécuniaire n’influe qu’assez peu avec un peu de bon sens. On ne manque jamais réellement d’argent et les compromis sont souvent suffisants pour garder des finances saines tout au long de l’histoire.

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[nextpage title=”Les procès ont un coup dans l’aile”]

Ces petites facéties de gameplay sont tout à fait agréables et bienvenues, malheureusement Aviary Attoney pêche sur ce qu’il y a de plus poignant dans les jeux de ce type : les procès. On n’est jamais réellement surpris par la façon dont ils se déroulent et les twists sont quasiment inexistants. On est loin des situations ubuesques des Phoenix Wright/Danganronpa dans lesquelles le joueur doit trouver de minuscules incohérences dans des situations où tout semble accuser votre client. Ici, les situations sont résolument classiques et les procès se résolvent en 3 ou 4 argumentaires.

La mise en scène laisse également parfois à désirer. Le joueur étant obligé de suivre le fil de l’aventure, les effets de dramatisation doivent être percutants et poignants, quitte à être dans l’excès, afin de le garder concentré. Malheureusement, Aviary Attorney reste assez sage et propose un rythme un peu plan-plan, malgré son histoire documentée et ses dialogues très bien écrits.

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Peut-être que cela vient des musiques choisies ? Respectant son idée d’utiliser des musiques libres de droits, ce sont de jolis morceaux classiques de Berlioz ou de Debussy (entre autres) qui ont été choisis pour donner une ambiance sonore au jeu. Mais bien que ces compositions soient très agréables, elles peinent à donner le punch dont le jeu a définitivement besoin, notamment dans les phases de procès.

Et c’est bien dommage, car pour le reste, Aviary Attorney remplit son office et propose un humour inspiré de Phoenix Wright très réussi. Le comique de situation et les tacles que s’envoient régulièrement Jayjay et Sparrowson sont très drôles et parviennent même à nous faire oublier qu’on est devant des gravures d’animaux immobiles. Les dialogues percutent, les personnages sont hauts en couleur et les développeurs ont même poussé le vice en insérant çà et là des petites locutions en français sans que ça paraisse forcé. On sent dans Aviary Attorney que les auteurs aiment l’histoire de Paris et de la France, qu’ils se sont intéressés au sujet et qu’ils se sont servi de cette matière première très noble pour construite un jeu au charme particulier.

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Notre avis

N’est pas Ace Attorney qui veut, mais la philosophie derrière Aviary Attorney mérite d’être saluée. Le titre parvient à se dépatouiller, non sans y laisser quelques plumes, de sa proposition initiale pas évidente et offre au joueur une expérience assez unique, surtout s’il n’a jamais joué à un jeu de ce type auparavant. Cependant, les aficionados risquent bien de bâiller devant le manque de challenge et de circonvolutions lors des différentes affaires. Cela ne les empêchera pas de rire de bon cœur aux dialogues écrits avec soin. Pour un coup d’essai, ce n’est en tout cas pas si mal et on espère d’autres jeux de la part de Sketchy Logic dans ce genre trop peu représenté.

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