Sorti ce 19 août, 12 Minutes est décrit par son créateur comme étant un thriller interactif, à mi-chemin entre le cinéma et le jeu vidéo. Dans ce titre vous incarnez un homme, doublé par James McAvoy, qui se retrouve piégé dans une boucle temporelle de douze minutes, au mieux, lorsque sa femme se voit accusée d’un meurtre qu’elle aurait commis il y a plusieurs années.
Suite à cela, le policier vous tue et vous réapparaissez au début de la soirée, conscient de ce qu’il vient de se passer. Le but est donc d’utiliser les connaissances que vous acquérez au fil des boucles temporelles pour régler votre situation problématique.
Une narration de génie
12 Minutes est un titre qui est dirigé par une belle proposition narrative remplie d’options et de chemins à prendre en compte. Si l’intrigue peut paraître simple de prime abord, elle est en réalité extrêmement bien ficelée et très engageante. Elle mise avant tout sur le postulat de départ que le joueur est curieux et qu’il va reconnaître dans le discours narratif les indices qui l’aideront à mettre en place des théories et à les appliquer.
Au fil du temps, les mécaniques narratives apparaissent plus clairement et c’est à ce moment que l’on fait des choix plus éclairés. Parfois il vaut mieux se sacrifier pour en apprendre plus, et d’autres fois on se raccroche à n’importe quoi pour ne pas mourir encore et encore, et c’est là toute la force du jeu qui nous pousse à réfléchir davantage et à nous mettre dans la peau des personnages.
On salue par ailleurs l’esprit ingénieux de Luis Antonio pour avoir pensé à toutes les conséquences de chaque action et de chaque objet de son jeu. Rien n’est laissé au hasard et tous les indices sont bons à prendre pour avancer dans l’histoire. Si au départ on éprouve une grande difficulté à s’orienter, une fois sur la voie, on ne peut qu’avancer et apprendre de ses erreurs, tout en testant différents scénarios, juste au cas-où.
Au fil du temps, les actions laissent place à la discussion et les possibilités dans les dialogues s’avèrent être une mine d’informations qui ne demande qu’à être exploitée… si tant est que vous en ayez le temps. En effet, si le jeu s’intitule 12 Minutes, vous aurez rarement plus de 5 minutes au début de votre aventure pour en apprendre plus sur votre sort. Il est donc très important de veiller à rallonger votre espérance de vie du mieux que vous le pouvez afin d’être réellement productif.
Simplicité rime avec efficacité
Tout cela est supporté par des mécaniques de gameplay encore une fois assez simples, mais qui suffisent largement. Si l’accent est avant tout porté sur l’intrigue et la trame narrative, il est alors parfaitement logique de faire l’impasse sur les mécaniques de jeu compliqués et se contenter d’un point’n click efficace.
Du côté de la technique, Luis Antonio laisse entrevoir ses quelques lacunes avec des graphismes assez basiques et des animations qui tiennent la route mais qui font dater un peu le gameplay de manière générale. Certaines postures sont peu naturelles, et les mouvements des PNJ sont souvent saccadés. Toutefois, on fait vite abstraction des imperfections du jeu au profit de l’aspect visuel général qui se veut assez glauque, sombre et étriqué.
C’est quoi le nom du film ?
Dans ce sens, la vue du dessus est une prise de risque qui finalement s’ancre bien dans la dynamique du jeu et de ce que veut proposer Luis Antonio. Alors qu’il a déclaré vouloir créer un sentiment de claustrophobie et de voyeurisme, on se retrouve vite happé par le suspense et l’ambiance presque hitchockienne du titre. On sent l’immense inspiration cinématographique qui contribue largement au succès du jeu tant les genres sont mêlés avec brio.
Plutôt que de subir cette expérience, le créateur du jeu vous invite à la prendre à bras le corps et à tout tester, quitte à mourir puisque vous recommencerez de toute façon. C’est une manière originale de voir la mort, qui ne frustre pas puisque les boucles sont de tout de manière très courte. Les transitions entre celles-ci sont par ailleurs réfléchies et ne manquent pas d’originalité.
De manière générale, les dialogues sont bien pensés et occupent une place prépondérante dans la narration. On note ça et là des touches sarcastiques et une finesse d’esprit qui caractérise le personnage principal, auquel on s’attache rapidement.
Côté casting, Luis Antonio a fait appel à quelques pointures du grand écran. Si l’on sait déjà que James McAvoy prête sa voix au personnage du mari, c’est Daisy Ridley (Star Wars) qui interprète sa femme et Willem Dafoe (Spider-Man) qui joue le rôle du policier. Tous sont très convaincants dans leurs personnages respectifs et amènent une âme au titre qui aurait été bien morne sans cela. Finalement, on ne peut qu’applaudir Luis Antonio pour avoir brillamment réussi à réduire l’écart entre le jeu vidéo et le cinéma.
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