Le premier constat qui s’impose avec Starfield, c’est qu’il fait honneur à la tradition de Bethesda sur un point en particulier : la quantité de contenu jouable est massive, tout simplement. Bethesda affirme que ce titre comporte plus d’éléments faits à la main que tous ses autres titres précédents, et il faut admettre que le contrat est rempli à ce niveau. Il faudra sans doute des centaines d’heures de jeu pour explorer la totalité du contenu disponible.
Cela commence évidemment par l’incontournable quête principale, qui est à la fois plutôt longue (comptez facilement une trentaine d’heures) et de bonne facture. On regrette un peu le manque d’importance globale des choix sur le long terme (n’est pas Mass Effect qui veut) ou de compagnons marquants et charismatiques. Mais la trame narrative reste tout de même suffisamment prenante pour valoir le détour.
Mais là où Starfield brille véritablement, c’est par le nombre invraisemblable de quêtes annexes qui s’emboîtent souvent les unes avec les autres. Dans la plus pure tradition des sagas Elder Scrolls et Fallout, on se retrouve avec une foultitude d’arcs secondaires parfois assez superficiels, mais souvent très intéressants dans lesquels on se perd avec plaisir, jusqu’à se retrouver complètement happés. Aucun doute, l’ADN de Bethesda est donc bien présent; Starfield contient tout ce qu’il faut pour se construire une aventure sur mesure. Ce point à lui tout seul suffit à en faire un bon jeu, surtout au premier contact. L’effet waouh est bien présent, c’est indéniable.
Mais avec Starfield, le studio ne nous promettait pas seulement une déclinaison spatiale de ses anciens titres. Bethesda a fait de gros efforts de communication pour présenter son nouveau blockbuster comme un véritable tournant générationnel. Et lorsqu’on prend ce paramètre en compte, le verdict est soudainement beaucoup plus nuancé.
Un jeu artistiquement hétérogène
Le premier point qui mérite quelques discussions, c’est le côté côté graphique. Force est de constater que Starfield offre quelques panoramas absolument grandioses qui mettent une véritable claque au premier abord.
Il est évident que certaines zones ont été conçues avec un vrai souci du détail. L’immensité et le côté épique de l’espace ressortent régulièrement, pour notre plus grand plaisir. Les villes et avant-postes ont tous droit à une ambiance convaincante et sont globalement bien réalisés, à défaut d’être particulièrement inspirés. D’autres, par contre, n’ont clairement pas bénéficié de la même attention ; certains éléments de décors semblent franchement datés, pour ne pas dire assemblés à la truelle – mention spéciale à New Atlantis. Mais ces exemples restent heureusement des cas isolés.
Pour ce qui est du côté purement technique, le résultat est assez mitigé. Les textures en elles-mêmes, si elles sont bien réalisées dans l’ensemble, ne sont malheureusement pas mises en valeur par la qualité franchement décevante de certains effets d’ombre et de lumière. C’est d’autant plus évident pour les joueurs qui seront forcés de renoncer à la qualité Ultra pour des raisons de performances ; dès que la qualité baisse, de nombreux éléments, notamment la végétation, semblent tout droit sortis de Fallout 4 (2015).
L’espace n’est qu’un décor
Et ce côté approximatif est encore plus criant au niveau du lien entre le gameplay et la direction artistique. Lorsqu’on gratte cette première couche de peinture, on constate que contrairement à ce que suggère le titre, l’immensité de l’espace n’est pas aussi perceptible qu’on aurait pu le penser : c’est un prétexte, un décor, et certainement pas le bac à sable infini dont certains joueurs rêvaient. Et cela nous amène au principal reproche que nous faisons à Starfield. L’exploration et le fait de pouvoir naviguer de façon organique et en toute liberté dans cette montagne de contenu a toujours été le point fort des jeux de Bethesda.
Depuis l’ère Morrowind, tous les titres du studio ont systématiquement été assez brillants à ce niveau. Le concept est simple, mais rudement efficace : l’exploration d’une simple grotte débouche sur une nouvelle vallée pleine de quêtes qui nous emmènent vers de nouveaux horizons avec leur lore singulier, et ainsi de suite. Les pérégrinations du joueur étaient toujours grisantes et dûment récompensées ; une dynamique à la fois agréable et gratifiante. Malheureusement, l’énorme ambition de Bethesda se révèle plutôt contre-productive de ce côté.
Le monde de Starfield est vaste, extrêmement vaste — un bon point sur le papier. Mais en pratique, cela signifie que le contenu le plus intéressant est massivement dilué. Les innombrables points d’intérêt qui font le charme de Bethesda sont toujours là, et en masse, mais ce matériel est désormais noyé dans un océan de contenu procédural terriblement insipide et redondant.
Et puisque tous ces éléments ne sont accessibles qu’à travers le système de fast-travel incontournable, l’univers semble finalement assez cloisonné, moins organique… et finalement plus petit qu’il ne l’est en réalité. Au fil du temps, le côté grandiose et si saisissant qui frappe pendant les premières heures s’estompe donc assez rapidement. On a clairement l’impression que tout le contenu aurait facilement pu tenir sur une poignée de planètes liées de façon moins artificielle. Assez paradoxal pour un univers aussi immense, et un crève-cœur pour les amoureux de l’exploration à l’ancienne. Dans Starfield, les promenades sont loin d’être grisantes.
Certes, on peut considérer cet aspect comme un choix de design assumé ; après tout, cette immensité et l’omniprésence du vide font intrinsèquement partie du thème de l’espace. Mais en pratique, le résultat nous a laissé un arrière-goût un peu amer qui rend le jeu nettement moins mémorable que les légendaires Skyrim ou New Vegas, par exemple.
Moteur, (in)action
Autre point qui nous a fait froncer les sourcils : les mécaniques, et en particulier celles des combats. Ces derniers n’ont jamais été la grande force des jeux Bethesda, c’est le moins qu’on puisse dire. Et il serait injuste d’attaquer le studio à outrance sur ce terrain. Après tout, ce n’est pas la philosophie de ce RPG; il ne s’agit en aucun cas d’un jeu d’action à proprement parler.
Mais on peut difficilement s’empêcher d’être un peu déçus du manque d’évolution à ce niveau. Année après année, jeu après jeu, le moteur de Bethesda souffre toujours des mêmes limites, et elles deviennent de plus en plus criantes au fil des années.
Il faut admettre qu’en termes de sensations, le gunplay est meilleur qu’il ne l’était dans Fallout 4, par exemple. Les ennemis réagissent davantage aux impacts, le sound design est plus convaincant. Mais au niveau purement mécanique, Starfield reste relativement mollasson, pour ne pas dire sclérosé. Il hérite de nombreuses lourdeurs que l’on aurait espéré voir disparaître sur ce titre de nouvelle génération.
Certains détails de gameplay qui donnaient un peu de piment à ces combats ont même disparu. On regrette tout particulièrement la disparition du démembrement et surtout de notre bien aimé V.A.T.S, deux points forts de la série Fallout qui auraient parfaitement eu leur place dans Starfield. À ce niveau, ce titre pourtant futuriste s’embourbe dans un retour en arrière difficilement explicable.
Mention spéciale à l’IA des ennemis, qui est toujours aussi pathétique. C’est un point qui était éventuellement excusable dans un Fallout où tout le monde a le cerveau ramolli par les radiations, mais un peu triste lorsqu’on est censés affronter une coalition de pirates surentraînés…
Nous aurions aussi aimé voir quelques mécaniques supplémentaires directement liées à l’espace en elle-même, comme des fuites d’oxygène liées aux impacts de balles. Mais malheureusement, pas grand-chose à signaler de ce côté, à part le fait de pouvoir détruire les jetpacks qui est, il faut l’admettre, assez amusant — jusqu’à ce que le cadavre d’un boss chargé de précieux butin se retrouve catapulté à l’autre bout de la carte. Woopsie.
Des vaisseaux qui font de la figuration
Et malheureusement, cette hétérogénéité se retrouve aussi au niveau des vaisseaux. Dans l’ensemble, la construction de son propre véhicule est franchement bien pensée. Un très bon point, sachant que l’identité du jeu repose en grande partie sur ces machines. Mais malheureusement, les possibilités pratiques qu’ils offrent sont excessivement décevantes.
Certes, il aurait été déraisonnable de s’attendre à un équivalent de No Man’s Sky ou d’Elite Dangerous, par exemple. Ce n’était absolument pas l’objectif du studio. Mais nous avons tout de même été très déçus de voir que Bethesda a fait le strict minimum pour satisfaire ceux qui cherchaient un tantinet d’immersion spatiale.
Cela commence par les voyages. Pour ceux qui ont eu la naïveté d’espérer des rentrées atmosphériques spectaculaires ou des voyages à la vitesse de la lumière sans transition, le retour à la réalité a été assez brutal ; tout se déroule à travers des écrans de chargement qui nuisent énormément à l’immersion. Même l’entrée et la sortie des vaisseaux sont ponctuées d’un écran noir… Autre grosse déception : le vol atmosphérique est entièrement inexistant, ce qui prive l’exploration d’un côté organique qui aurait été très appréciable.
Les affrontements dans l’espace, de leur côté, sont tout simplement pathétiques. À part le système qui consiste à assigner les ressources du générateur à la volée, Bethesda ne semble avoir fait absolument aucun effort d’imagination pour rendre ces moments dynamiques, ou ne serait-ce qu’intéressants.
Là encore, de la même façon qu’il ne s’agit pas d’un véritable shooter, Starfield n’est pas un simulateur de vol. Certes. Mais cela excuse-t-il la pauvreté confondante de ces séquences en vaisseau ? Probablement pas. Même en faisant abstraction de l’équilibrage assez catastrophique, il s’agit simplement d’un système de point-and-shoot au raz des pâquerettes, sans la moindre profondeur stratégique ou mécanique. Entre l’absence totale de manœuvres et l’arsenal fade à souhait, il n’y a pas grand-chose à sauver dans ces séquences qui ressemblent plus à un mini-jeu qu’à autre chose.
Encore une fois, oui, Starfield n’est ni un shooter ni un simulateur de vol. Mais au bout du compte, le jeu reste tout de même rythmé par tous ces frictions entre factions, que ce soit à pied ou dans l’espace. Le combat et le voyage font partie intégrante de l’expérience, et il est vraiment dommage que Bethesda n’ait pas accordé une place plus importante à ces vaisseaux. C’est une grosse occasion manquée de donner un supplément d’âme à un jeu qui n’en déborde malheureusement pas.
Conclusion
Dans l’ensemble, en toute objectivité, Starfield est très loin d’être la catastrophe que certains continuent de fustiger à grands coups de posts d’un kilomètre sur Reddit. Il s’agit tout de même d’un bon jeu qui cache une quantité de contenu est assez énorme, une ribambelle de quêtes secondaires qui se savoure sans arrière-pensée, des tas d’options pour personnaliser son aventure…En d’autres termes, Starfield répond présent sur ce que Bethesda sait faire de mieux.
Mais personne ne s’attendait à ce que ce titre déroge à cette règle. Bethesda était attendu au tournant sur de nombreux autres points. Et force est de constater qu’à bien des égards, il ne s’agit clairement pas de la claque attendue – d’où le fait que nous ayons accordé une place significative aux critiques négatives dans cet article.
Le vrai problème, c’est que l’ambition démesurée de Bethesda s’est heurtée à une timidité assez paradoxale. Le manque de vraie innovation au niveau du moteur et des mécaniques (certains préféreront parler d’absence totale de prise de risque) fait qu’il existe un écart considérable entre les prétentions du studio et la réalité du terrain. Le meilleur exemple est certainement l’exploration, dont les lacunes brident fortement le côté épique de l’aventure. Résultat des courses : on se retrouve avec une expérience pas désagréable, mais pas non plus mémorable.
Starfield échoue à nous mettre des étoiles dans les yeux comme l’avaient fait Oblivion ou Skyrim, pour ne citer qu’eux. Est-ce un mélange de nostalgie et d’attentes qui ont augmenté avec les progrès techniques de l’industrie ? Probablement. Mais quoi qu’il en soit, on ressort de Starfield un peu amer et pas aussi diverti qu’on l’attendait, vu l’anticipation gigantesque que le studio avait pris grand soin d’alimenter pendant ce cycle de développement interminable. Un bon jeu, sans aucun doute, mais qui aura sûrement du mal à prendre autant de place que ses illustres prédécesseurs dans le cœur des fans.
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Toujours est il qu’il est graphiquement dépassé d’au moins 10 ans
Qu’on a l ‘impression de jouer a Fallout dans l’espace
Et que la quête dite “principale ” est juste anecdotique et scandaleusement riquiqui
Je regrette amèrement mon achat
Ca me fait penser a Baldur ,perle de culture occidentale genre Tati et de l’autre coté un navet avec John Wayne ,les USA ne changerons jamais !
NB quand a la construction de base et de vaisseau c’est du housing pour allonger la durée de vie et je déteste ca
Mouai, même si je suis assez d’accord avec vous dans l’ensemble, je trouve Starfield bien plus agréable à jouer que Zelda TotK par exemple, même si je suis un grand fan de cette licence. Starfield a des lacunes, et manque d’épiques dans son aventure, mais en terme d’ambiance et de contenu il est au top.
Quand vous faites le comparatif avec Skyrim, ce qui le distingue après son univers, c’est sa bande-son. Et forcément même si l’ambiance sonore de Starfield est parfaite, y’a aucune musique épique et je me demande même si ça n’aurait pas tranché avec le reste.
Pour moi il mérite d’être dans les nominés au GOTY.
Je suis habitué aux jeux Bethesda et je ne comprends toujours pas pourquoi le paramétrage des claviers AZERTY n’est toujours pas implémenté par défaut dans leurs jeux en 2023 alors qu’on parle ici d’un AAA.
C’est tout bête mais c’est réellement chiant ! :’)
Il aurai peut être fallu mettre un peu moins d’argent dans le marketing qui a vendu du rêve alors que c’est juste un RPG Bethesda sur le thème de l’espace.^^
Je suis un hyper casual car j’ai peu d’heures à consacrer au jeu par semaine. Je suis très content de Starfield qui est exactement ce que j’attendais : un Fallout dans l’espace :=)
assez d’accord sur le coté hétérogéne de l’ensemble, graphiquement parlant : les arbres surtout sont décevants et la rupture graphique est totale quand on les compare aux vaisseaux, personnages, armes, décors, etc.
c’est à se demander s’ils ont vraiment eu le temps de travailler dessus, parce que dans l’ensemble, cela ressemble à du modelage rapide, sans détails, avec une couche de peinture verte pour le feuillage et une marron pour le tronc et j’exagére à peine…
Je veux bien croire qeu le théme principal est l’espace, mais comme on ne peut pas totalement en profiter, les yeux cherchent d’autres décors pour s’émerveiller et les planètes et leurs biomes ne sont pas vraiment au point : ca sent le prototypage avec quelques lissages et c’est tout.
Bon, je pense que le modding apportera sans doute les éléments manquants, dés que le création kit sera disponible, mais à condition également que ce création kit ne soit pas non plus une déception : the forge semble avoir été sollicité pour le refondre, mais j’ai pêur de trouver el même foutoir que les créations kit précédents, tout en espérant me tromper.
J’ai aimé lire ce test et sûrement le plus objectif et honnête que j’ai pu lire, en précisant ce que le jeu est vraiment, les défauts qui y sont présents ainsi que ces qualités, et en soulignant les attentes de certains qui étaient démesurées ou à côté de la plaque en le comparant à d’autres jeu qui n’ont pas vocation de jouer dans le même style de jeu (comparer Starfield à BG3 , c’est comme comparer le PSG aux Chicago Bulls).
Mais malgré ses qualités et ses défauts, son immensité qui aurait certe pu être plus concise (100 planètes visitables au lieu de mille où les points d’intérêts sont trop espacés) , Starfield est ce qu’il est, et a été présenté et vendu pour ce qu’il est , un rpg avec l’espace a visiter, pas un Space opéra ni de la science fiction, mais de l’anticipation simplement…et comme dit dans le test :
“En d’autres termes, Starfield répond présent sur ce que Bethesda sait faire de mieux.”
Pour certain ça n’est pas assez, pour d’autres c’est amplement suffisant.
Pour les graphismes ce sont surtout les pc-istes qui se plaignent (vu le nombre de supports et de cartes graphiques différentes), car sur console et même sur une Series S le jeu est vraiment beau et a le mérite de n’avoir quasi pas de bug contrairement aux pc.
Le jeu est au fraise techniquement sur xbox serie S : il se fige régulièrement (en cours de mission, dans les menus, dont celui de sauvegarde). Bref obliger de sauvegarder plus que de raison et de relancer souvent la console. Une honte pour un jeu à 80 balles.
Quant au reste, c’est bien vide et le voyage rapide quasi systématique est une blague par rapport à “l’épopée spatiale” qui a été faussement mise en avant. Allez hop ! Poubelle ! On peut trouver bien mieux en 2023
Ce jeu est un chef d oeuvre mais je vais pas perdre mon temps a vous en parler j y retourne !
Oh là làààà… Mais que de tristes sires blasés de tout devenus absolument incapables de simplement s’amuser, on a aujourd’hui affaire à de véritables handicapés du fun totalement sclérosés dans leurs pseudo ” analyses techniques ” qui les font désespérément se noyer dans un océan de termes plus pompeux et ineptes les uns que les autres, quand il s’agirait simplement de rêver, de s’évader, de se divertir, de vivre une aventure, tout ce qui en somme a toujours été l’essence même du Jeu-Vidéo, et ce pathétique constat ne concerne évidemment pas seulement ce Starfield, il s’agit d’un phénomène récurrent soigneusement caché derrière ce terme repris systématiquement par tous ces soit-disant ” gamers ” ” L’exigence “… Terme générique appliqué bêtement et en toutes circonstances pour simplement éviter d’avouer : ” Maintenant les Jeux-Video m’ennuient “. Starfield n’est pas parfait, aucun Jeux-Video ne l’est, ne le sera, et ne l’a jamais été.
@Sardatrion
Allez hop poubelle! Comme ton commentaire finalement.
Aucun des problèmes que tu décris sur Xbox Series S.
Ca doit encore être un problème d’interface canapé/manette
En tout cas on ne s’ennuie pas sur ce jeu. Je vais faire comme Rananen, j’y retourne