Sans revenir sur l’aventure rocambolesque qu’a été le développement et surtout le financement de Shenmue III, il est tout de même important de garder à l’esprit que cet épisode vient apporter une réponse à la conclusion brutale du second opus. Une fin orpheline qui avait considérablement frustré les fans. 18 ans après, Shenmue III vient donc apporter de l’eau à un moulin dont plus personne ne s’occupait avec une décontraction étonnante. Toujours en binôme avec la jeune Shenhua, Ryo Hazuki poursuit sa recherche de l’assassin de son père, mêlé de près ou de loin à une sombre affaire de miroirs ancestraux. Le jeune homme a emmené avec lui sa détermination et son sens des arts martiaux, mais également toute une époque, à savoir le début des années 2000. Le jeu développé par YS Net est en ce sens une photographie mouvante de cette période, où nombre de codes actuels du game design, nombre de gimmicks, n’existaient pas encore. De ce point de vue, Shenmue III est pur, jamais éraflé dans son écrin de 2001-2002, comme s’il était directement sorti sur une Dreamcast quasi morte-née. Son discours aux fans passe essentiellement par ce biais : retrouver les sensations d’antan pour enfin fermer une blessure. L’ironie étant que le jeu en ouvre bien d’autres.
Peur de dragon
Fournir la possibilité de goûter une dernière fois au design du début du siècle est une chose. Ne pas prendre en compte quasiment 20 ans d’évolution du jeu vidéo est un aveu d’échec. Shenmue III est une sorte d’organigramme de tout ce qu’il ne faut pas faire pour maintenir un joueur dans une partie. Il est possible de proposer une radicalité sans pour autant mettre de côté un certain confort de jeu, ou proposer des mécaniques engageantes : Death Stranding en est le meilleur exemple récent. Mais là où le jeu de Kojima Productions se sert de ce choix dans le rapport jeu/joueur pour structurer un gameplay et un game design, Shenmue III n’en fait rien. L’austérité lutte ici sans cesse contre le plaisir de l’expérience, alignant les lourdeurs dans des séquences lunaires. Reprenant l’aspect enquête de ses prédécesseurs, le titre réalisé par Yu Suzuki repose par définition sur la collecte d’informations et la recherche de pistes pour progresser dans la trame.
L’interaction avec l’environnement et les PNJ devrait alors être un élément fondamental et se montrer le plus accessible possible. Shenmue III dit non, préférant remonter à pied, en contresens, l’autoroute de la logique. Que ce soit dans les phases de dialogue (interminables, mal écrites et où il est impossible de passer la moindre seconde) ou dans le fait d’être forcé d’effectuer 3 manipulations différentes pour ramasser une plante, voire même quatre pour fouiller dans un seul tiroir, le jeu rend la moindre action pénible. Problème qui pourrait être accepté par la force des choses au fil de l’aventure si tout ce qui gravite autour n’était pas, là aussi, raté.
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Les problèmes dont il s’agit ici ne sont pas la conséquence de concepts vieillissants, ce qui peut avoir un certain charme dans une recherche d’“authenticité” mais de choix, mettant en équilibre chaque partie. Le joueur peut à tout moment se faire sortir du jeu par ces décisions, notamment en ce qui concerne les erreurs de mises en scène. Mis à part certains instants-clés, il semble n’y avoir aucune direction dans le placement des caméras, et pire, il arrive souvent qu’un dialogue entamé lors d’une promenade s’arrête brutalement sur un “cut to black” pour repartir ensuite sur un face-à-face fixe où les deux personnages se sont stoppés sans raison pour poursuivre la discussion.
Rien n’est fluide, tout semble mécanique et rien ne justifie jamais les cadres choisis. Toujours dans le registre du grave manque de finition, la gestion des informations récoltées par Ryo fait naître malgré elle des trésors de comédie. Imaginez rencontrer une vieille moniale, dont le discours vibrant sur le père du héros amène un des rares moments pénétrés d’une sincère émotion. Cette scène terminée, remotivé dans la conduite de votre quête, vous vous adressez de nouveau à la femme âgée qui… ne reconnaît pas Ryo et lui présente le temple comme s’il venait de débarquer. Ce genre d’incohérence est presque systématique. Tout comme les soucis cognitifs du même Ryo qui acquiert parfois une réponse permettant de résoudre une mission, mais ne peut rien en faire tant que la bonne personne ne lui a pas donné – exactement – la même réponse. Une ensemble de lourdeurs et de situations absurdes qui n’ont qu’une issue, la prise de recul du joueur et donc la fin d’une immersion déjà mise à mal par les errances du game design.
L’ombre de Ryo
Pourtant, tout n’est pas aussi peu peaufiné ou cohérent dans Shenmue III et il arrive même parfois que le jeu puise dans son statut de série culte pour y dénicher quelques bribes du savoir-faire de Yu Suzuki. Il y a une science unique de la flânerie, évidente, permettant de laisser le temps s’écouler au rythme désiré, jamais pressé par une quête. Existent ces scènes de quelques minutes où la jolie relation entre Ryo et Shenhua opère, séparés tous deux de leurs carcans de timidité, prêts à s’avouer leurs sentiments et à entretenir un respect mutuel touchant. Surgissent ces conjonctions d’un thème musical, d’un panorama enchanteur, formant une saynète dans laquelle la sensibilité affleure. Et au milieu de tout cela, éclos le coeur du jeu, son système de combat qui, sans être d’une densité folle, permet de varier les approches et de faire de chaque affrontement un vrai duel prenant. Encore faut-il relativiser : les entraînements nécessaires à l’acquisition de techniques et/ou d’endurance se révèlent répétitifs et sans grand intérêt. Voilà justement le résumé de l’expérience Shenmue III, l’absence d’une envie. Il est possible d’y effectuer une myriade d’activités annexes, de découvrir des dizaines de petits secrets, de quêtes cachées, mais jamais le jeu ne donne de réelle récompense à ce temps pris pour les effectuer, jamais le jeu ne sait comment rendre tout cela attractif. Sans aller trop loin, il semble qu’en grattant le revêtement de cette glace sans tain, c’est en quelque sorte le désamour de Suzuki pour le jeu vidéo qui regarde le joueur se dépêtrer en vain.
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Presse française toujours dans le bashing du jeu. Les notes de la presse internationale sont bien meilleures et s’attardent moins sur la technique et ont plus de considération pour l’âme qui se dégage du jeu.
Ah ça il est beau Death Stranding, mais mortellement ennuyeux !
Oui j ai du mal a comprendre la critique. On adorait ce jeu autrefois. Sous pretexte que le monde a evolue, on devrait ne plus l’aimer? Shenmue est shenmu, justement il ne fallait pas’léchanger. Death stranding n a pas de passe, alors oui il lui faut etre moderne.
Vous avez du mal a comprendre les critiques ? faut arrêter d’être un fan boy et un gros con et voir la réalité en face…
Le jeux est mou et dégueulasse ! on est en 2019 … même les jeux les plus pourries sont mieux en global, et il y a tout ce qu’il faut pour faire des jeux minimum correct avec les moteurs actuels.. que cela soit sur les animations, textures et lumières, faut arrêter de se foutre de la gueule du monde…
Votre pseudo c’est une auto critique LOL
La même presse qui est dithyrambique sur Death Stranding ? Ce jeu original uniquement par son scénario mais vide à souhait… Faut se rendre à l’évidence que parfois un jeu n’est pas bon.
Des grands noms arrivent à passer à travers les critiques, hideo kojima, mais quand il aura perdu de sa splendeur comme yu suzuki, enfin on verra que ça fait un moment que ses jeux ne sont pas bon et bien trop torturé pour être apprécié.
Bref un shenmue 3 sans hype = moyen nul.
Parfois certaines légende non fini, sont bonnes à rester des légendes non fini
LOL beaucoup n’ont vraiment rien compris, mais s’évertuent tout de même à donner leur avis. Quand je lis cet article j’ai l’impression d’entendre un adepte des “croisières grands luxes all inclusive”, expliquer de quelle manière il n’a pas apprécié son trek en Mongolie à dos de cheval, se plaignant de devoir ***** dehors, d’avoir eu froid, d’avoir mal dormi, etc… en reconnaissant tout de même que l’équitation c’est sympa… Donc oui le jeu a plein de défaut et si cela rempli la vie de certain que d’en faire la liste, grand bien leur fasse. Moi, clairement, ce jeu me plait et semble d’ailleurs plaire à une grande majorité de fans et ce, pas par manque d’objectivité, mais parce que le paradigme de départ est différent de celui sur lequel se basent ceux qui n’ont jamais joué au jeu à l’époque…
Vous savez, ceux qui n’ont pas aimé le jeu ont aussi le droit à la critique. Vous n’avez pas l’apanage de la vérité et vous ne pouvez pas constamment invoquer “l’esprit original de l’époque” comme je le vois partout pour objecter que “les autres ont rien compris”.
Les défauts cités un peu partout doivent être cités. Faire l’autruche ne les fera pas disparaître. Même remis en contexte, ça change rien, Shenmue 3 n’a pas à avoir un traitement de faveur quelconque. C’est loin d’être la seule vieille licence à être sortie de terre, toutes ont subi les avis des joueurs, bons ou mauvais, que ça vous plaise ou non et Shenmue 3 ne fait exception.
Et je précise tout de suite : je suis un immense fan de la saga, j’ai grandi avec les 2 premiers, je ne compte plus le nombre de fois que j’ai pu les retourner dans tous le sens.
Mais zapper 20 ans d’histoire de jeux-vidéos, de simplification ou de mécanique nouvelle, c’est “objectivement” pas terrible et peu justifiable. On parle pas d’esprit, d’ambiance ou de quoique ce soit qui rendent le jeu unique, on parle bien de mécaniques datées frustrantes qui cassent l’immersion.
Cela dit, que vous, vous aimiez le jeu, tant mieux hein, personne ne va vous le reprocher.
Mais ***** c’est Shenmue quoi. Il méritait tellement plus et mieux !
comment être crédible à critiquer les choses quand on croit que l’expression “coup de pied dans l’eau” existe ?
drôle d’époque où le moindre analphabète tombé de son lit se permet de donner son avis sur tout et n’importe quoi…